La Bibliothèque de la Pléiade

Version du 30 octobre 2015

Version du 19 février 2016

Version du 29 mars 2016

En décembre 2013, j’écrivis une modeste note consacrée à la politique éditoriale de la célèbre collection de Gallimard, « La Bibliothèque de la Pléiade », dans laquelle je livrais quelques observations plus ou moins judicieuses à ce propos. Petit à petit, par l’effet de mon bon positionnement sur le moteur de recherche Google et du manque certain d’information officielle sur les prochaines publications, rééditions ou réimpressions de la collection, se sont agrégés, dans la section « commentaires » de cette chronique, de nombreux amateurs. Souvent bien informés – mieux que moi – et décidés à partager les informations dont Gallimard est parfois avare, ils ont permis à ce site de proposer une des meilleures sources de renseignement officieuses à ce sujet. Comme le fil de discussions commençait à être aussi dense que long (près de 100 commentaires), et donc difficile à lire pour de nouveaux arrivants, j’ai pensé qu’il pourrait être intéressant, pour les nombreuses personnes qui trouvent mon blog par des requêtes afférentes à la « Pléiade », que toutes les informations soient regroupées sur cette page. Les commentaires y sont ouverts et, à l’exception de ce chapeau introductif, les informations seront mises à jour régulièrement. Les habitués de l’autre note sont invités à me signaler oublis ou erreurs, j’ai mis un certain temps à tout compiler, j’ai pu oublier des choses.

Cette page, fixe, ne basculera pas dans les archives du blog et sera donc accessible en permanence, en un clic, dans les onglets situés en dessous du titre du site.

Je tiens à signaler que ce site est indépendant, que je n’ai aucun contact particulier avec Gallimard et que les informations ici reprises n’ont qu’un caractère officieux et hypothétique (avec divers degrés de certitude, ou d’incertitude, selon les volumes envisagés). Cela ne signifie pas que l’information soit farfelue : l’équipe de la Pléiade répond aux lettres qu’on lui adresse ; elle diffuse aussi au compte-gouttes des informations dans les médias ou sur les salons. D’autre part, certains augures spécialistes dans la lecture des curriculums vitae des universitaires y trouvent parfois d’intéressantes perspectives sur une publication à venir. Le principe de cette page est précisément de réunir toutes ces informations éparses en un seul endroit.

J’y inclus aussi quelques éléments sur le patrimoine de la collection (les volumes « épuisés » ou « indisponibles ») et, à la mesure de mes possibilités, sur l’état des stocks en magasin (c’est vraiment la section pour laquelle je vous demanderai la plus grande bienveillance, je le fais à titre expérimental : je me repose sur l’analyse des stocks des libraires indépendants et sur mes propres observations). Il faut savoir que Gallimard édite un volume en une fois, écoule son stock, puis réimprime. D’où l’effet de yo-yo, parfois, des stocks, à mesure que l’éditeur réimprime (ou ne réimprime pas) certains volumes. Les tirages s’épuisent parfois en huit ou dix ans, parfois en trente ou quarante (et ce sont ces volumes, du fait de leur insuccès, qui deviennent longuement « indisponibles » et même, en dernière instance, « épuisés »).

Cette note se divise en plusieurs sections, de manière à permettre à chacun de se repérer plus vite (hélas, WordPress, un peu rudimentaire, ne me permet pas de faire en sorte que vous puissiez basculer en un clic de ce sommaire vers les contenus qu’ils annoncent) :

I. Le programme à venir dans les prochains mois

II. Les publications possibles ou attendues ; les séries en cours

III. Les volumes « épuisés »

IV. Les rééditions

V. Les volumes « indisponibles provisoirement »

VI. Les volumes « en voie d’indisponibilité »

Cette page réunit donc des informations sur le programme et le patrimoine de la collection.

Les mises à jour correspondent à un code couleur, indiqué en ouverture de note (ce qui évite à l’habitué de devoir tout relire pour trouver mes quelques amendements). La prochaine mise à jour aura lieu dans quelques temps, lorsque le besoin s’en fera sentir.

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I. Le programme à venir dans les prochains mois

Le programme du premier semestre 2016 est officiellement connu et publié sur le site officiel.

->Henry James : Un Portrait de femme et autres romans. Après la publication des Nouvelles complètes, Gallimard décide donc de proposer plusieurs romans de l’épais corpus jamesien. Le volume comprend quatre romans : Roderick Hudson (1876), Les Européens (1878), Washington Square (1880) et Portrait de femme (1881). La perspective de publication semble à la fois chronologique et thématique. Elle n’est pas intégrale puisque sont exclus trois romans contemporains du même auteur : Le Regard aux aguets (1871), L’Américain (1877) et Confiance (1879). En cas de succès, il paraît probable que ce volume soit néanmoins suivi d’un ou deux autres, couvrant la période 1886-1905.

On peut imaginer que le(s) volume(s) à venir comprendra/comprendront Les Bostoniennes, Ce que savait Maisie, Les Ambassadeurs, Les Ailes de la Colombe ou La Coupe d’Or, mais comme certains de ces ouvrages ont été retraduits, fort récemment, par Jean Pavans, il est difficile d’établir avec certitude ce que fera la maison Gallimard du reste de l’œuvre. La solution la plus cohérente serait de publier deux autres tomes (voire trois…).

->Mario Vargas Llosa : Œuvres romanesques I et II. M. Vargas Llosa a beaucoup publié, souvent d’épais romans (ou mémoires – comme le très recommandable Le Poisson dans l’eau). La Pléiade ne proposera qu’une sélection de huit romans parmi la vingtaine du corpus. Le premier tome couvre la période 1963-1977 et comprend La Ville et les chiens (1963), La Maison verte (1965), Conversation à La Cathedral » (1969) et La Tante Julia et le scribouillard (1977). Le deuxième tome s’étend de 1981 à 2006 et a retenu La Guerre de la fin du monde (1981), La Fête au bouc (2000), Le Paradis un peu plus loin (2003) et Tours et détours de la vilaine fille (2006).

Il faut noter l’absence des Chiots, de l’Histoire de Mayta et de Lituma dans les Andes, ainsi que des derniers romans parus. De ce que je comprends de l’entretien donné par M. Vargas Llosa au Magazine Littéraire (février 2016), cette sélection a été faite voici dix ans. Cela peut expliquer quelques lacunes. Entre autres choses, le Nobel 2010 de littérature dit aussi que, pour lui, féru de littérature française et amateur de la Bibliothèque de la Pléiade depuis les années 50, il fut plus émouvant de savoir qu’il entrerait dans cette collection que de se voir décerner le Nobel de littérature. Il faut dire qu’à la Pléiade, pour une fois, il précède son vieux rival Garcia Marquez – dont les droits sont au Seuil.

-> en coffret, les deux volumes des Œuvres complètes de Jorge Luis Borges, déjà disponibles à l’unité.

-> Jules Verne (III)Voyage au centre de la terre et autres romans. L’œuvre de Verne a fait l’objet de deux volumes en 2012 ; un troisième viendra donc les rejoindre, signe que cette publication, un peu contestée pourtant, a eu du succès. Quatre romans figurent dans ce tome : Voyage au centre de la terre (1864) ; De la terre à la lune (1865) ; Autour de la lune (1870) et, plus étonnant, Le Testament d’un excentrique (1899), un des derniers romans de l’auteur – où figure en principe une sorte de jeu de l’oie, avec pour thème les États-Unis d’Amérique (qui ne sera peut-être pas reproduit).

Un quatrième tome est-il envisagé ? Je ne sais.

-> Shakespeare, Comédies II et III (Œuvres complètes VI et VII). Gallimard continue la publication des œuvres complètes du Barde en cette année du quatre centième anniversaire de sa mort. L’Album de la Pléiade lui sera également consacré. C’est une parution logique et que nous avions, ici même, largement anticipée (ce « nous » n’est pas un nous de majesté, mais une marque de reconnaissance envers les commentateurs réguliers ou irréguliers de cette page, qui proposent librement leurs informations ou réflexions à propos de la Pléiade).

Le tome II des Comédies (VI) comprend Les Joyeuses épouses de Windsor, Beaucoup de bruit pour rien, Comme il vous plaira, La Nuit des rois, Mesure pour mesure, et Tout est bien qui finit bien.

Le tome III des Comédies (VII) comprend Troïlus et Cressida, Périclès, Cymbeline, Le Conte d’hiver, La Tempête et Les Deux Nobles Cousins.

J’ai annoncé un temps que les poèmes de Shakespeare seraient joints au volume VII des Œuvres complètes, ce ne sera pas le cas. Ils feront l’objet d’un tome VIII, à venir. Ce corpus de poésies étant restreint (moins de 300 pages, ce me semble, dans l’édition des années 50, déjà enrichie de divers essais et textes sur l’œuvre), il est probable qu’il sera accompagné d’un vaste dossier documentaire, comme Gallimard l’a fait pour les rééditions Rimbaud et Lautréamont, ou pour la parution du volume consacré à François Villon.

Le programme du second semestre 2016 a filtré ici ou là, via des « agents » commerciaux ou des vendeurs de Gallimard. Nous pouvons l’annoncer ici avec une relative certitude.

-> Après Sade et Cervantès, le tirage spécial sera consacré à André Malraux, mort voici quarante ans. Il reprendra La Condition humaine, et, probablement les romans essentiels de l’écrivain (L’Espoir, La Voie royale, Les Conquérants). Ces livres sont dispersés actuellement dans les deux premiers des six volumes consacrés à Malraux.

Je reste, à titre personnel, toujours aussi dubitatif à l’égard de cette sous-collection.

–> Premiers Écrits chrétiens, dont le maître d’œuvre est Bernard Pouderon ; selon le site même de la Pléiade, récemment et discrètement mis à jour, le contenu du volume sera composé des textes de divers apologistes chrétiens, d’expression grecque ou latine : Hermas, Clément de Rome, Athénagore d’Athènes, Méliton de Sardes, Irénée de Lyon, Tertullien, etc. Ce volume  n’intéressera peut-être que modérément les plus littéraires d’entre nous ; il pérennise toutefois la démarche éditoriale savante poursuivie avec les Premiers écrits intertestamentaires ou les Écrits gnostiques.

Pour l’anecdote, Tertullien seul figurait déjà à la Pléiade italienne, dans un épais et coûteux volume ; ici, il n’y aura bien évidemment qu’une sélection de ses œuvres.

–> Certains projets sont longuement mûris, parfois reportés, et souvent attendus des années durant par le public de la collection. D’autres, inattendus surprennent ; à peine annoncés, les voici déjà publiés. C’est le cas, nous nous en sommes faits l’écho ici-même, de Jack London. Dès cet automne, deux volumes regrouperont les principaux de ses romans, dont, selon toute probabilité Croc-blanc, L’Appel de la forêt et Martin Eden. Le programme précis des deux tomes n’est pas encore connu.

L’entrée à la Pléiade de l’écrivain américain a suscité un petit débat entre amateurs de la collection, pas toujours convaincus de la pertinence de cette parution, alors que deux belles intégrales existent déjà, chez Robert Laffont (coll. Bouquins) et Omnibus.

-> enfin, s’achèvera un très long projet, la parution des œuvres de William Faulkner, entamée en 1977, et achevée près de quarante ans plus tard. Avec la parution des Œuvres romanesques V, l’essentiel de l’œuvre de Faulkner sera disponible à la Pléiade. Ce volume contiendra probablement La Ville, Le Domaine, Les Larrons ainsi que quelques nouvelles.

Comme souvent, la Pléiade fait attendre très longtemps son public ; mais enfin, elle est au rendez-vous, c’est bien là l’essentiel.

Cette année 2016 est assez spéciale dans l’histoire de la Pléiade, car neuf volumes sur dix sont des traductions, ce qui est un record ; l’album est également consacré à un écrivain étranger, ce qui n’est pas souvent arrivé (Dostoïevski en 1975, Carroll en 1990, Faulkner en 1995, Wilde en 1996, Borges en 1999, les Mille-et-une-nuits en 2005).

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Le domaine français fera néanmoins son retour en force en 2017, avec la parution (selon des sources bien informées) de :

-> Perec, Œuvres I et II. Georges Perec ferait également l’objet de l’Album de la Pléiade. Voici quelques années déjà que l’on parle de cette parution. Des citations de Georges Perec ont paru dans les derniers agendas, M. Pradier m’avait personnellement confirmé en 2012 que les volumes étaient en cours d’élaboration pour 2013/14 ; il est donc grand temps qu’ils paraissent.

Que contiendront-ils ? L’essentiel de l’œuvre romanesque, selon toute vraisemblance (La Disparition, La vie, mode d’emploi, Les Choses, W ou le souvenir d’enfance, etc.). Le Condottiere, ce roman retrouvé par hasard récemment y sera-t-il ? Je ne le sais pas, mais c’est possible (et c’est peut-être même la raison du retard de parution).

-> Tournier, Œuvres (I et II ?). Michel Tournier l’avait confirmé lui-même ici ou là, ses œuvres devaient paraître d’ici la fin de la décennie à la Pléiade. Sa mort récente peut avoir « accéléré » le processus ; preuve en est que Pierre Assouline, très au fait de la politique de la maison Gallimard, a évoqué, sur son site et dans son hommage à l’auteur, la parution pour 2016 de ces deux volumes. Il s’est peut-être un peu trop avancé, mais selon nos informations, un volume (au moins) paraîtrait au premier semestre 2017 (ou bien les deux ? rien n’est certain à cet égard), ce qu’Antoine Gallimard a confirmé au salon du livre.

-> Quand on aime la Pléiade, il faut être patient. Après dix-sept ans d’attente, depuis la parution du premier volume, devrait enfin sortir des presses le tome Nietzsche II. Cette série a été ralentie par les diverses turpitudes connues par les éditeurs du volume. La direction de ce tome, et du suivant, est assurée par Marc de Launay et Dorian Astor.

Cela fait quatre ou cinq tomes, soit l’essentiel du premier semestre. D’autres volumes sont attendus, mais sans certitude, pour un avenir proche, peut-être au second semestre 2016 :

-> Flaubert IV : la série est en cours (voir plus bas), le volume aurait été rendu à l’éditeur. On évoquait ici-même sa parution pour 2015.

-> Nimier, Œuvres. Je n’oublie pas que l’Agenda 2014 arborait une citation de Nimier, ce qui indique une parution prochaine.

-> Beauvoir, Œuvres autobiographiques. Ce projet se confirme d’année en année : annoncé par les représentants Gallimard vers 2013-2014, il est attesté par la multiplication des mentions de Simone de Beauvoir dans l’agenda 2016 (cinq, dans « La vie littéraire voici quarante ans », qui ouvre le volume). Gallimard est coutumier du fait : il communique par discrètes mentions d’auteurs inédits, dans les agendas, que les pléiadologues décryptent comme, jadis, les kremlinologues analysaient le positionnement des hiérarques soviétiques lors des défilés du 1er mai.

-> Leibniz : un volume d’Œuvres littéraires et philosophiques s’est vu attribuer un numéro d’ISBN (cf. sur Amazon). C’est un projet qui avait été évoqué dans les années 80, mais plus rien n’avait filtré le concernant depuis. Je n’ai (toujours) pas trouvé de mention de ce volume dans des CV d’universitaires. Comme pour Nietzsche II, je tiens cette sortie pour possible (ISBN oblige) mais encore incertaine. Cependant, le site Amazon indique une parution au 1er mars… 1997 : n’est-ce pas là, tout simplement, un vieux projet avorté, et dont l’ISBN n’a jamais été annulé ? À bien y réfléchir, l’abandon est tout à fait plausible.

-> D’autres séries sont en cours et pourraient être complétées : Brontë III, Stevenson III, Nabokov III, la Correspondance de Balzac III. D’autres séries, en panne, ne seront pas plus complétées en 2016 que les années précédentes (cf. plus bas) : Vigny III, Luther II, la Poésie d’Hugo IV et V, les Œuvres diverses III de Balzac, etc.

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II. Les publications possibles ou attendues ; les séries en cours

a) Nouveaux projets et rééditions

Les volumes que je vais évoquer ont été annoncés ici ou là, par Gallimard. Si dix nouveaux volumes de la Pléiade paraissent chaque année, vous le constaterez, la masse des projets envisagés énumérés ci-dessous nous mène bien au-delà de 2020.

–> un choix de Correspondance de Sade ;

–> les œuvres romanesques de Philip Roth, en deux volumes ; une mention de Roth, dans l’agenda 2016, atteste que ce projet est en cours.

–> l’Anthologie de la poésie américaine ; les traducteurs y travaillent depuis un moment ;

–> une nouvelle édition des œuvres de Descartes et de la Poésie d’Apollinaire (direction Étienne-Alain Hubert) ; Jean-Pierre Lefebvre travaille en ce moment sur une retraduction des œuvres de Kafka, une nouvelle édition est donc à prévoir (les deux premiers tomes seulement ? les quatre ?) ; une nouvelle version de L’Histoire de la Révolution française, de Jules Michelet est en cours d’élaboration également ;

–> Une autre réédition qui pourrait bien être en cours, c’est celle des œuvres de Paul Valéry, qui entreront l’an prochain dans le domaine public ; certains indices dans le Paul Valéry : une Vie, de Benoît Peeters, récemment paru en poche, peuvent nous en alerter ; la réédition des Cahiers, autrefois épuisés, n’est certes pas un « bon » signe (cela signifie que Gallimard ne republiera pas de version amendée d’ici peu – ce qui ne serait pourtant pas un luxe, l’édition étant ancienne, partielle et, admettons-le, peu accessible) ; en revanche, les Œuvres pourraient faire l’objet d’une révision, comme l’ont été récemment les romans de Bernanos ou les pièces et poèmes de Péguy. La publication de la Correspondance de Valéry pourrait être une excellente idée, d’un intérêt certain – mais c’est là seulement l’opinion du Lecteur (Valéry y est plus vif, moins sanglé que dans ses œuvres).

–> Tennessee Williams, probablement dirigée par Jean-Michel Déprats ; une mention discrète dans l’agenda 2016 tend à confirmer cette parution à venir ;

–> Blaise Cendrars, un troisième volume, consacré à ses romans (les deux premiers couvraient les écrits autobiographiques) ; selon le CV de Mme Le Quellec, collaboratrice de cette édition, ce volume paraîtrait en 2017 ;

–> George Sand : une édition des œuvres romanesques serait en cours ; l’équipe est constituée.

–> De même, Michel Onfray a évoqué par le passé, dans un entretien, l’éventuelle entrée d’Yves Bonnefoy à la Pléiade. Ce projet est littérairement crédible, d’autant plus que l’Agenda 2016 cite plusieurs fois Bonnefoy. Je suppose qu’il s’agira d’Œuvres poétiques complètes, ne comprenant pas les nombreux ouvrages de critique littéraire. Quelque aventureux correspondant a posé franchement la question auprès de Gallimard, qui lui a répondu que Bonnefoy était bien en projet.

-> Il faut également s’attendre à l’entrée à la Pléiade du médiéviste Georges Duby. Une information avait filtré en ce sens dans un numéro du magazine L’Histoire ; cette évocation dans l’agenda, redoublée, atteste de l’existence d’un tel projet. J’imagine plutôt cette parution en un tome (ou en deux), comprenant plusieurs livres parmi Seigneurs et paysans, La société chevaleresque, Les Trois ordres, Le Dimanche de Bouvines, Guillaume le Maréchal, et Mâle Moyen Âge.

-> Le grand succès connu par le volume consacré à Jean d’Ormesson (14 000 exemplaires vendus en quelques mois) donne à Gallimard une forme de légitimité pour concevoir un second volume ; les travaux du premier ayant été excessivement vite (un ou deux ans), il est possible de voir l’éditeur publier ce deuxième tome dès 2017…

-> Jean-Yves Tadié a expliqué, en 2010, dans le Magazine littéraire, qu’il s’occupait d’une édition de la Correspondance de Proust en deux tomes. Cette perspective me paraît crédible et point trop ancienne. À confirmer.

–> Textes théâtraux du moyen âge ; en deux volumes, j’en parle plus bas, c’est une vraie possibilité, remplaçant Jeux et Sapience, actuellement « indisponible ». La nouvelle édition, intitulée Théâtre français du Moyen Âge est dirigée par J.-P.Bordier.

–> Soseki ; le public français connaît finalement assez mal ce grand écrivain japonais ; pourtant sa parution en Pléiade, une édition dirigée par Alain Rocher, est très possible. Elle prendra deux volumes, et les traductions semblent avoir été rendues.

–> Si son vieux rival Mario Vargas Llosa vient d’avoir les honneurs de la collection, cela ne signifie pas que Gabriel Garcia Marquez soit voué à en rester exclu. Dans un proche avenir, la Pléiade pourrait publier une sélection des principaux romans de l’écrivain colombien.

–>Enfin, et c’est peut-être le scoop de cette mise à jour, selon nos informations, officieuses bien entendu, il semblerait que les Éditions de Minuit et Gallimard aient trouvé un accord pour la parution de l’œuvre de Samuel Beckett à la Pléiade, un projet caressé depuis longtemps par Antoine Gallimard. Romans, pièces, contes, nouvelles, en français ou en anglais, il y a là matière pour deux tomes (ou plus ?). Il nous faut désormais attendre de nouvelles informations.

Cette première liste est donc composée de volumes dont la parution est possible à brève échéance (d’ici 2019).

Je la complète de diverses informations qui ont circulé depuis trente ans sur les projets en cours de la Pléiade : les « impossibles » (abandonnés), les « improbables » (suspendus ou jamais mis en route), « les possibles » (projet sérieusement évoqué, encore récemment, mais sans attestation dans l’Agenda et sans équipe de réalisation identifiée avec certitude).

A/ Les (presque) impossibles

-> Textes philosophiques indiens fondamentaux ; une édition naguère possible (le champ indien a été plutôt enrichi en 20 ans, avec le Ramayana et le Théâtre de l’Inde Ancienne), mais plutôt risquée commercialement et donc de plus en plus incertaine dans le contexte actuel. Zéro information récente à son sujet.

–> Xénophon ; cette parution était très sérieusement envisagée à l’époque du prédécesseur de M. Pradier, arrivé à la direction de la Pléiade en 1996 ; elle a été au mieux suspendue, au pire abandonnée.

–> Écrits Juifs (textes des Kabbalistes de Castille) ; très improbable en l’état économique de la collection.

–> Mystiques médiévaux ; aucune information depuis longtemps.

–> Maître Eckhart ; la Pléiade doit avoir renoncé, d’autant plus que j’ai noté la parution, au Seuil, cet automne 2015, d’un fort volume de 900 pages consacré aux sermons, traités et poèmes de Maître Eckhart ; projet abandonné.

–> Joanot Martorell ; le travail accompli sur Martorell a été basculé en « Quarto », un des premiers de la collection ; la Pléiade ne le publiera pas, projet abandonné.

–> Chaucer ; projet abandonné de l’aveu de son maître d’œuvre (le travail réalisé par les traducteurs a pu heureusement être publié, il est disponible via l’édition Bouquins, parue en 2010).

-> Vies et romans d’Alexandre est un volume qui a été évoqué depuis vingt-cinq ans, sans résultat tangible à ce jour. Jean-Louis Bacqué-Grammont et Georges Bohas étaient supposés en être les maîtres d’œuvre. Une mention récente dans Parole de l’orient (2012) laisse à penser que le projet a été abandonné. En effet, une partie des traductions a paru en 2009 dans une édition universitaire et l’auteur de l’article explique que ce « recueil était originellement prévu pour un ouvrage collectif devant paraître dans la Pléiade ». C’est mauvais signe.

Ces huit volumes me paraissent abandonnés.

B/ Les improbables

–> Aimé Césaire, Léon Gontran Damas et Léopold Sedar Senghor ; ce tome était attendu pour 2011 ou 2012, le projet semble mettre un peu plus de temps que prévu. Selon quelques informations recueillies depuis, il semble que, malgré l’effet d’annonce, la réalisation ce volume n’a jamais été vraiment lancée.

–> Saikaku ; quelques informations venues du traducteur, M. Struve, informations vieilles maintenant de dix ans ; notre aruspice de CV, Geo, est pessimiste, du fait du changement opéré dans l’équipe de traduction en cours de route.

–> Carpentier ; cela commence à faire longtemps que ce projet est en cours, trop longtemps (plus de quinze ans que Gallimard l’a évoqué pour la première fois). Carpentier est désormais un peu oublié (à tort). Ce projet ne verra probablement pas le jour.

–> Barrès ; peu probable, rien ne l’a confirmé ces derniers temps…

–> la perspective de la parution d’un volume consacré à Hugo von Hofmannsthal avait été évoquée dans les années 90 (par Jacques Le Rider dans la préface d’un Folio). La Pochothèque et l’Arche se sont occupés de republier l’écrivain autrichien. Cette parution me paraît abandonnée.

–> En 2001, Mme Naudet s’est chargée du catalogage des œuvres de Pierre Guyotat en vue d’une possible parution à la Pléiade. Je ne pense pas que cette réflexion, déjà ancienne, ait dépassé le stade de la réflexion. Gallimard a visiblement préféré le sémillant d’Ormesson au ténébreux Guyotat.

-> Voici quelques années, M. Pradier, le directeur de la collection avait évoqué diverses possibilités pour la Pléiade : Pétrarque, Leopardi et Chandler. Ce n’étaient là que pistes de réflexions, il n’y a probablement pas eu de suite. Un volume Pétrarque serait parfaitement adapté à l’image de la collection et son œuvre y serait à sa place. Je ne sais pas si la perspective a été creusée. Boccace manque aussi, d’ailleurs. Pour Leopardi, le fait qu’Allia n’ait pas réussi à écouler le Zibaldone et la Correspondance (bradée à 25€ désormais) m’inspirent de grands doutes. Le projet serait légitime, mais je suis pessimiste – ce qui est logique en parlant de l’infortuné poète bossu. Enfin, Chandler a fait l’objet depuis d’un Quarto, et même s’il est publié aux Meridiani (pléiades italiens), je ne crois pas à sa parution en Pléiade.

Ces neuf volumes me paraissent incertains. Abandon possible (ou piste de réflexion pas suivie).

C/ Les plausibles

–> Nathaniel Hawthorne ; à la fois légitime (du fait de l’importance de l’auteur), possible (du fait du tropisme américain de la Pléiade depuis quelques années) et annoncé par quelques indiscrétions ici ou là. On m’a indiqué, parmi l’équipe du volume, les possibles participations de M. Soupel et de Mme Descargues.

-> Le projet de parution d’Antonin Artaud à la Pléiade a été suspendu au début des années 2000, du fait des désaccords survenus entre la responsable du projet éditorial et les ayants-droits de l’écrivain ; il devrait entrer dans le domaine public au 1er janvier 2019 et certains agendas ont cité Artaud par le passé ; un projet pourrait bien être en cours, sinon d’élaboration, tout du moins de réflexion.

–> Romain Gary, en deux tomes, d’ici la fin de la décennie.

–> Kierkegaard ; deux volumes, traduits par Régis Boyer, maître ès-Scandinavie ; on n’en sait pas beaucoup plus et ce projet est annoncé depuis très longtemps.

–> Jean Potocki ; la découverte d’un second manuscrit a encore ralenti le serpent de mer (un des projets les plus anciens de la Pléiade à n’avoir jamais vu le jour).

–> Thomas Mann ; il faudrait de nouvelles traductions, et les droits ne sont pas chez Gallimard (pas tous en tout cas) ; Gallimard attend que Mann tombe dans le domaine public (une dizaine d’années encore…), selon la lettre que l’équipe de la Pléiade a adressé à un des lecteurs du site.

–> Le dit du Genji, informations contradictoires. Une nouvelle traduction serait en route.

–> Robbe-Grillet : selon l’un de nos informateurs, le projet serait au stade de la réflexion.

–> Huysmans : Michel Houellebecq l’a évoqué dans une scène son dernier roman, Soumission ; le quotidien Le Monde a confirmé que l’écrivain avait été sondé pour une préface aux œuvres (en un volume ?) de J.K.Huysmans, un des grands absents du catalogue. Le projet serait donc en réflexion.

–> Ovide : une nouvelle traduction serait prévue pour les années à venir, en vue d’une édition à la Pléiade.

–> « Tigrane », un de nos informateurs, a fait état d’une possible parution de John Steinbeck à la Pléiade. Information récente et à confirmer un jour.

–> Calvino, on sait que la veuve de l’écrivain a quitté le Seuil pour Gallimard en partie pour un volume Pléiade. Édition possible mais lointaine.

–> Lagerlöf, la Pléiade n’a pas fermé la porte, et un groupe de traducteurs a été réuni pour reprendre ses œuvres. Édition possible mais lointaine.

Enfin, j’avais exploré les annonces du catalogue 1989, riche en projets, donc beaucoup ont vu le jour. Suivent ceux qui n’ont pas encore vu le jour (et qui ne le verront peut-être jamais) – reprise d’un de mes commentaires de la note de décembre 2013.

– Akutagawa, Œuvres, 1 volume (le projet a été abandonné, vous en trouverez des « chutes » ici ou là)
Anthologie des poètes du XVIIe siècle, 1 volume (je suppose que le projet a été fondu et  dans la réfection de l’Anthologie générale de la poésie française ; abandonné)
Cabinet des Fées, 2 volumes (mes recherches internet, qui datent un peu, m’avaient laissé supposer un abandon complet du projet)
– Chénier, 1 volume, nouvelle édition (abandonné, l’ancienne édition est difficile à trouver à des tarifs acceptables – voir plus bas)
Écrits de la Mésopotamie Ancienne, 2 volumes (probablement abandonné, et publié en volumes NRF « Bibliothèque des histoires » – courants et néanmoins coûteux, dans les années 90)
– Kierkegaard, Œuvres littéraires et philosophiques complètes, 3 volumes (serpent de mer n°1)
– Laforgue, Œuvres poétiques complètes, 1 volume (abandonné, désaccord avec le directeur de l’ouvrage, le projet a été repris, en 2 coûteux volumes, par L’Âge d’Homme)
– Leibniz, Œuvres, 3 volumes : un ISBN attribué à un volume Leibniz a récemment été découvert. Les possibilités d’édition de Leibniz dans la Pléiade, avec une envergure moindre, sont donc remontées.
– Montherlant, Essais, Volume II (voir plus bas)
Moralistes français du XVIIIe siècle, 2 volumes (aucune information récente, abandonné)
Orateurs de la Révolution Française, volume II (mis en pause à la mort de François Furet… en 1997 ! et donc abandonné)
– Potocki, Manuscrit trouvé à Saragosse, 1 volume (serpent de mer n°1 bis)
– Chunglin Hsü, Roman de l’investiture des Dieux, 2 volumes (pas de nouvelles, le dernier roman chinois paru à la Pléiade, c’était Wu Cheng’en en 1991, je penche pour l’abandon du projet)
– Saïkaku, Œuvres, 2 volumes (cas exploré plus haut)
– Sôseki, Œuvres, 2 volumes (cas exploré plus haut)
– Tagore, Œuvres, 2 volumes (le projet a été officiellement abandonné)
Théâtre Kabuki, 1 volume (très incertain, aucune information à ce sujet)
Traités sanskrits du politique et de l’érotique (Arthasoutra et Kamasoutra), 1 volume (idem)
– Xénophon, Œuvres, 1 volume (évoqué plus haut)

b) Les séries en cours :

Attention, je n’aborde ici que les séries inédites. J’évoque un peu plus bas, dans la section IV-b, le cas des séries en cours de réédition, soit exhaustivement : Racine, La Fontaine, Vigny, Balzac, Musset, Marivaux, Claudel, Shakespeare et Flaubert.

Aragon : l’éventualité de la publication un huitième volume d’œuvres, consacré aux écrits autobiographiques, a pu être discutée ; elle est actuellement, selon toute probabilité, au stade de l’hypothèse.

Aristote : le premier tome est sorti en novembre 2014, sans mention visuelle d’un quelconque « Tome I ». Le catalogue parle pourtant d’un « tome I », mais il a déjà presque un an, l’éditeur a pu changer d’orientation depuis. La suite de cette série me paraît conditionnelle et dépendante du succès commercial du premier volume. Néanmoins, les maîtres d’œuvre évoquent, avec certitude, la parution à venir des tomes II et III et l’on sait désormais que Gallimard ne souhaite plus numéroter ses séries qu’avec parcimonie. Il ne faut pas être pessimiste en la matière, mais prudent. En effet, la Pléiade a parfois réceptionné les travaux achevés d’éditeurs pour ne jamais les publier (cas Luther, voir quelques lignes plus bas).

Brecht : l’hypothèse d’une publication du Théâtre et de la Poésie, née d’annonces vieilles de 25 ans, est parfaitement hasardeuse. La mode littéraire brechtienne a passé et l’éditeur se contentera probablement d’un volume bizarre d’Écrits sur le théâtre. Dommage qu’un des principaux auteurs allemands du XXe siècle soit ainsi mutilé.

Brontë :  Premier volume en 2002, deuxième en 2008, il en reste un, Shirley-Villette. Il n’y a pas beaucoup d’information à ce sujet, mais le délai depuis le tome 2 est normal, il n’y a pas d’inquiétude à avoir pour le moment. La traduction de Villette serait achevée.

Calvin : L’Institution de la religion chrétienne est absent du tome d’Œuvres. Aucun deuxième volume ne semble pourtant prévu.

Cendrars : voir plus haut, un volume de Romans serait en cours de préparation.

Écrits intertestamentaires : un second volume, dirigé par Marc Philonenko, serait en chantier, et quelques traductions déjà achevées.

Giraudoux : volume d’Essais annoncé au début des années 90. Selon Jacques Body, maître d’œuvre des trois volumes, et que j’ai personnellement contacté, ce quatrième tome n’est absolument pas en préparation. Projet abandonné.

Gorki : même situation que Brecht et Faulkner, réduction de voilure du projet depuis son lancement. Suite improbable.

Green : je l’évoque plus bas, dans les sections consacrées aux volumes « indisponibles » et aux volumes en voie d’indisponibilité. Les perspectives de survie de l’œuvre dans la collection sont plutôt basses. Aucun tome IX et final ne devrait voir le jour.

Hugo : Œuvres poétiques, IV et V, « en préparation » depuis 40 ans (depuis la mort de Gaëtan Picon). Les œuvres de Victor Hugo auraient besoin d’une sérieuse réédition, la poésie est bloquée depuis qu’un désaccord est survenu avec les maîtres d’ouvrage de l’époque. Il est fort improbable que ce front bouge dans les prochaines années, mais Gallimard maintient les « préparer » à chaque édition de son catalogue. À noter que le 2e tome du Théâtre complet, longtemps indisponible, est à nouveau dans les librairies.

Luther : Le tome publié porte le chiffre romain I. Une suite est censée être en préparation mais l’insuccès commercial de ce volume (la France n’est pas un pays de Luthériens) a fortement hypothéqué le second volume. Personne n’en parle plus, ni les lecteurs, ni Gallimard. Suite improbable. D’autant plus que M. Arnold, le maître d’œuvre explique sur son CV avoir rendu le Tome II… en 2004 ! Ces dix années entre la réception du tapuscrit et la publication indiquent que Gallimard a certainement renoncé. Projet abandonné.

Marx : Les Œuvres complètes se sont arrêtées avec le Tome IV (Politique I). L’éditeur du volume est mort, la « cote » de Marx a beaucoup baissé, il est improbable que de nouveaux volumes paraissent à l’avenir, le catalogue ne défend même plus cette idée par une mention « en préparation ». Série probablement arrêtée.

Montherlant : Essais, tome II. Le catalogue évoque toujours un tome I. Aucune mention de préparation n’est présente (contrairement à ce que les catalogues de la fin des années 2000 annonçaient). Le premier volume a été récemment retiré (voir plus bas, dans la section « rééditions »), tout comme les volumes des romans. Perspective improbable néanmoins.

Nietzsche : Œuvres complètes, d’abord prévues en 5 tomes, puis réduites à 3 (c’est annoncé au catalogue). Le premier volume a paru en 2000. Le deuxième devrait paraître au premier semestre 2017 (information officieuse et à confirmer).

Orateurs de la Révolution française : paru en 1989 pour le bicentenaire de la Révolution, ce premier tome, consacré à des orateurs de la Constituante, n’a pas eu un grand succès commercial. François Furet, son éditeur scientifique, est mort depuis. Tocqueville, son autre projet, a été retardé quelques années, mais a pu s’achever. Celui-ci ne le sera pas. Suite abandonnée.

Queneau : en principe, ont paru ses Œuvres complètes, en trois tomes, mais le Journal n’y est pas, pas plus que ses articles et critiques. Un quatrième tome, non annoncé par la Pléiade, est-il néanmoins possible ? Aucune information à ce sujet.

Sand : un volume de Romans est en préparation (cf. plus haut).

Stevenson : un troisième tome d’Œuvres est en préparation. Le deuxième volume a paru en 2005 déjà, il serait temps que le troisième (et dernier) sorte dans les librairies.

Supervielle : une édition des Œuvres en 2 volumes avait été initialement prévue, la poésie est sortie en 1996, le reste doit être abandonné.

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III. Les volumes « épuisés »

Ces volumes ne sont plus disponibles sur le marché du livre neuf. Gallimard ne compte pas les réimprimer. Cette politique est assortie de quelques exceptions, imprévisibles, comme les Cahiers de Paul Valéry, « épuisés » en 2008 et pourtant réimprimés quelques années plus tard. Cet épuisement peut préluder une nouvelle édition (Casanova par exemple), mais généralement signe la sortie définitive du catalogue. Les « épuisés » sont presque tous trouvables sur le marché de l’occasion, à des prix parfois prohibitifs (je donne pour chaque volume une petite estimation basée sur mes observations sur abebooks, amazon et, surtout, ebay, lors d’enchères, fort bon moyen de voir à quel prix s’établit « naturellement » un livre sur un marché assez dense d’amateurs de la collection ; mon échelle de prix est évidemment calquée sur celle de la collection, donc 20€ équivaut à une affaire et 50€ à un prix médian).

1/ Œuvres d’Agrippa d’Aubigné, 1969 : Gallimard a exclu explicitement la réédition. C’est le cas de beaucoup de volumes des années 1965-1975, majoritaires parmi les épuisés. Ils ont connu un retirage, ou aucun. 48€ au catalogue, peut monter à 70€ sur le marché de l’occasion.

2/ Œuvres Complètes de Nicolas Boileau, 1966 : Gallimard a exclu explicitement la réédition. Le XVIIe siècle est victime de son progressif éloignement ; cette littérature, sauf quelques grands noms, survit mal ; et certains auteurs ne sont plus jugés par la direction de la collection comme suffisamment « vivants » pour être édités. C’est le cas de Boileau. 43€ au catalogue, il est rare qu’il dépasse ce prix sur le second marché.

3/ Œuvres Complètes d’André Chénier, 1940 : Gallimard a exclu explicitement la réédition. Étrangement, il était envisagé, en 1989 encore (source : le catalogue de cette année-là), de proposer au public une nouvelle édition de ce volume. Chénier a-t-il été victime de l’insuccès du volume Orateurs de la Révolution française ? L’œuvre, elle-même, paraît bien oubliée désormais. 40€ au catalogue, trouvable à des tarifs très variables (de 30 à 80).

4/ Œuvres de Benjamin Constant, 1957 : Gallimard a exclu explicitement la réédition. À titre personnel, je suis un peu surpris de l’insuccès de Constant. 48€ au catalogue, assez peu fréquent sur le marché de l’occasion, peut coûter cher (80/100€)

5/ Conteurs français du XVIe siècle, 1965 : pas d’information de la part de l’éditeur. L’orthographe des volumes médiévaux ou renaissants de la Pléiade (et même ceux du XVIIe) antérieurs aux années 80 n’était pas modernisée. C’est un volume dans un français rocailleux, donc. 47€ au catalogue, assez aisé à trouver pour la moitié de ce prix (et en bon état). Peu recherché.

6/ Œuvres Complètes de Paul-Louis Courier, 1940 : pas d’information de la part de l’éditeur. Courier est un peu oublié de nos jours. 40€ au catalogue, trouvable pour un prix équivalent en occasion (peut être un peu plus cher néanmoins).

7/ Œuvres Complètes de Tristan Corbière et de Charles Cros, 1970 : pas d’information de la part de l’éditeur. C’était l’époque où la Pléiade proposait, pour les œuvres un peu légères en volume, des regroupements plus ou moins justifiés. Les deux poètes ont leurs amateurs, mais pas en nombre suffisant visiblement. Néanmoins, le volume est plutôt recherché. Pas de prix au catalogue, difficilement trouvable en dessous de 80€/100€.

8/ Œuvres de Nicolas Leskov et de M.E. Saltykov-Chtchédrine, 1967 : Gallimard a exclu explicitement la réédition. Encore un regroupement d’auteurs. Le champ russe est très bien couvert à la Pléiade, mais ces deux auteurs, malgré leurs qualités, n’ont pas eu beaucoup de succès. 47€ au catalogue, coûteux en occasion (quasiment impossible sous 60/80€, parfois proposé au-dessus de 100)

9/ Œuvres de François de Malherbe, 1971 : Gallimard a exclu explicitement la réédition. Et pour cause. C’est le « gadin » historique de la collection, l’exemple qu’utilise toujours Hugues Pradier, son directeur, quand il veut illustrer d’un épuisé ses remarques sur les méventes de certain volume. 39€ au catalogue, je l’ai trouvé neuf dans une librairie il y a six ans, et je crois bien que c’était un des tout derniers de France. Peu fréquent sur le marché de l’occasion, mais généralement à un prix accessible (30/50€).

10/ Maumort de Roger Martin du Gard, 1983 : aucune information de Gallimard. Le volume le plus récemment édité parmi les épuisés. Honnêtement, je ne sais s’il relève de cette catégorie par insuccès commercial (la gloire de son auteur a passé) ou en raison de problèmes littéraires lors de l’établissement d’un texte inachevé et publié à titre posthume. 43€ au catalogue, compter une cinquantaine d’euros d’occasion, peu rare.

11/ Commentaires de Blaise de Monluc, 1964 : aucune information de Gallimard. Comme pour les Conteurs français, l’orthographe est d’époque. Le chroniqueur historique des guerres de religion n’a pas eu grand succès. Pas de prix au catalogue, assez rare d’occasion, peut coûter fort cher (60/100).

12/ Histoire de Polybe, 1970 : Gallimard informe ses lecteurs qu’il est désormais publié en « Quarto », l’autre grande collection de l’éditeur. Pas de prix au catalogue. Étrange volume qui n’a pas eu de succès mais qui s’arrache à des prix prohibitifs sur le marché de l’occasion (difficile à trouver à moins de 100€).

13/ Poètes et romanciers du Moyen Âge, 1952 : exclu d’une réédition en l’état. C’est exclusivement de l’ancien français (comme Historiens et Chroniqueurs ou Jeux et Sapience), quand tous les autres volumes médiévaux proposent une édition bilingue. Une partie des textes a été repris dans d’autres volumes ou dans l’Anthologie de la poésie française I. 42€ au catalogue, trouvable sans difficulté pour une vingtaine d’euros sur le marché de l’occasion.

14/ Romanciers du XVIIe siècle, 1958 : exclu d’une réédition. Orthographe non modernisée. Un des quatre romans (La Princesse de Clèves) figure dans l’édition récente consacrée à Mme de Lafayette. Sans prix au catalogue, très fréquent en occasion, à des prix accessibles (20/30€).

15/ et 16/ Romancier du XVIIIe siècle I et II, 1960 et 1965. Gallimard n’en dit rien, ce sont pourtant deux volumes regroupant des romans fort connus (dont Manon LescautPaul et VirginieLe Diable amoureux). Subissent le sort d’à peu près tous les volumes collectifs de cette époque : peu de notes, peu de glose, à refaire… et jamais refaits. 49,5€ et 50,5€. Trouvables à des prix similaires, sans trop de difficulté, en occasion.

17/, 18/ et 19/ Œuvres I et II, Port-Royal I, de Sainte-Beuve, 1950, 1951 et 1953. Gallimard ne prévoit aucune réimpression du premier volume de Port-Royal mais ne dit pas explicitement qu’il ne le réimprimera jamais. Les chances sont faibles, néanmoins. Son épuisement ne doit pas aider à la vente des volumes II et III. Le destin de Sainte-Beuve semble du reste de sortir de la collection. Les trois volumes sont sans prix au catalogue. Les Œuvres sont trouvables à des prix honorables, Port-Royal I, c’est plus compliqué (parfois il se négocie à une vingtaine d’euros, parfois beaucoup plus). L’auteur ne bénéficie plus d’une grande cote.

20/, 21/ et 22/ Correspondance III et III, de Stendhal, 1963, 1967 et 1969. Cas unique, l’édition est rayée du catalogue papier (et pas seulement marquée comme épuisée), pour des raisons de moi inconnues (droits ? complétude ? qualité de l’édition ? Elle fut pourtant confiée au grand stendhalien Del Litto). Cette Correspondance, fort estimée (par Léautaud par exemple) est difficile à trouver sur le marché de l’occasion, surtout le deuxième tome. Les prix sont à l’avenant, normaux pour le premier (30/40), parfois excessifs pour les deux autres (le 2e peut monter jusque 100). Les volumes sont assez fins.

23/ et 24/ Théâtre du XVIIIe siècle, I et II, 1973 et 1974. Longtemps marqués « indisponibles provisoirement », ces deux tomes sont récemment passés « épuisés ». Ce sont deux volumes riches, dont Gallimard convient qu’il faudrait refaire les éditions. Mais le contexte économique difficile et l’insuccès chronique des volumes théâtraux (les trois tomes du Théâtre du XVIIe sont toujours à leur premier tirage, trente ans après leur publication) rendent cette perspective très incertaine. 47€ au catalogue, très difficiles à trouver sur le marché de l’occasion (leur prix s’envole parfois au-delà des 100€, ce qui est insensé).

Cas à part : Œuvres complètes  de Lautréamont et de Germain Nouveau. Lautréamont n’est pas sorti de la Pléiade, mais à l’occasion de la réédition de ses œuvres voici quelques années, fut expulsé du nouveau tome le corpus des écrits de Germain Nouveau, qui occupait d’ailleurs une majeure partie du volume collectif à eux consacrés. Le volume est sans prix au catalogue. Il est relativement difficile à trouver et peut coûter assez cher (80€).

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 IV. Les rééditions

Lorsque l’on achète un volume de la Pléiade, il peut s’agir d’une première édition et d’un premier tirage, d’une première édition et d’un ixième tirage ou encore d’une deuxième (ou, cas rare, d’une troisième, exceptionnel, d’une quatrième) édition. Cela signifie qu’un premier livre avait été publié voici quelques décennies, sous une forme moins « universitaire » et que Gallimard a jugé bon de le revoir, avec des spécialistes contemporains, ou de refaire les traductions. En clair, il faut bien regarder avant d’acheter les volumes de ces auteurs de quand date non l’impression mais le copyright.

Il arrive également que Gallimard profite de retirages pour réviser les volumes. Ces révisions, sur lesquelles la maison d’édition ne communique pas, modifient parfois le nombre de pages des volumes : des coquilles sont corrigées, des textes sont revus, des notices complétées, le tout de façon discrète. Ces modifications sont très difficiles à tracer, sauf à comparer les catalogues ou à feuilleter les derniers tirages de chaque Pléiade (un des commentateurs, plus bas, s’est livré à l’exercice – cf. l’exhaustif commentaire de « Pléiadophile », publié le 12 avril 2015)

La plupart des éditions « dépassées » sont en principe épuisées.

a) Rééditions à venir entièrement (aucun volume de la nouvelle édition n’a paru)

Parmi les rééditions à venir, ont été évoqués, de manière très probable :

Kafka, par Jean-Pierre Lefebvre (je ne sais si ce projet concerne la totalité des quatre volumes ou seulement une partie).

Michelet, dont l’édition date de l’avant-guerre ; certes quelques révisions de détail ont dû intervenir à chaque réimpression, mais enfin, l’essentiel des notes et notices a vieilli.

Descartes (l’édition en un volume date de 1937) en deux volumes.

Apollinaire, pour la poésie seulement (la prose est récente).

Jeux et sapience du Moyen Âge, édition de théâtre médiéval en ancien français, réputée « indisponible provisoirement ». La nouvelle édition est en préparation (cf. plus haut). Cette édition, en deux volumes serait logique et se situerait dans la droite ligne des éditions bilingues et médiévales parues depuis 20 ans (RenartTristan et Yseut, le Graal, Villon).

De manière possible

Verlaine, on m’en a parlé, mais je ne parviens pas à retrouver ma source. L’édition est ancienne.

Chateaubriand, au moins pour les Mémoires d’Outre-Tombe mais l’hypothèse a pris du plomb dans l’aile avec la reparution, en avril 2015, d’un retirage en coffret de la première (et seule à ce jour) édition.

Montherlant, pour les Essais… c’est une hypothèse qui perd d’année en année sa crédibilité puisque le tome II n’est plus annoncé dans le catalogue. Néanmoins, un retirage du tome actuel a été réalisé l’an dernier, ce qui signifie que Gallimard continue de soutenir la série Montherlant… Plus improbable que probable cependant.

b) Rééditions inachevées ou en cours (un ou plusieurs volumes de la nouvelle édition ont paru)

Balzac : 1/ La Comédie humaine, I à XI, de 1935 à 1960 ; 2/ La Comédie humaine, I à XII, de 1976 à 1981 + Œuvres diverses I, en 1990 et II, en 1996 + Correspondance I, en 2006 et II, en 2011. Le volume III de la Correspondance est attendu avec optimisme pour les prochaines années. Pour le volume III des Œuvres diverses en revanche, l’édition traîne depuis des années et le décès du maître d’œuvre, Roland Chollet, à l’automne 2014, n’encourage pas à l’optimisme.

Claudel : 1/ Théâtre I et II (1948) + Œuvre poétique (1957) + Œuvres en prose (1965) + Journal I (1968) et II (1969) ; 2/ Théâtre I et II (2011). Cette nouvelle édition du Théâtre pourrait préfigurer la réédition des volumes de poésie et de prose (et, sans conviction, du Journal ?), mais Gallimard n’a pas donné d’information à ce sujet.

Flaubert : 1/ Œuvres complètes, I et II, en 1936 ; 2/ Correspondance I (1973), II (1980), III (1991), IV (1998) et V (2007) + Œuvres complètesI (2001), II et III (2013). Les tomes IV et V sont attendus pour bientôt (les textes auraient été rendus pour relecture selon une de nos sources). En attendant le tome II de la vieille édition est toujours disponible.

La Fontaine : 1/ Œuvres complètes I, en 1933 et II, en 1943 ; 2/ Œuvres complètes I, en 1991. Comme pour Racine, le deuxième tome est encore celui de la première édition. Il est assez courant. Après 25 ans d’attente, et connaissant les mauvaises ventes des grands du XVIIe (Corneille par exemple), la deuxième édition du deuxième tome est devenue peu probable.

Marivaux : 1/ Romans, en 1949 + Théâtre complet, en 1950 ; 2/ Œuvres de jeunesse, en 1972 + Théâtre complet, en 1993 et 1994. En principe, les Romans étant indisponibles depuis des années, une nouvelle édition devrait arriver un jour. Mais là encore, comme pour La Fontaine, Vigny ou le dernier tome des Œuvres diverses de Balzac, cela fait plus de 20 ans qu’on attend… Rien ne filtre au sujet de cette réédition.

Musset : 1/ Poésie complète, en 1933 + Théâtre complet, en 1934 + Œuvres complètes en prose, en 1938 ; 2/ Théâtre complet, en 1990. La réédition prévue de Musset en trois tomes, et annoncée explicitement par Gallimard dans son catalogue 1989, semble donc mal partie. Le volume de prose est « indisponible provisoirement » et la poésie est toujours dans l’édition Allem, vieille de 80 ans. Là encore, comme pour La Fontaine et Racine, il est permis d’être pessimiste.

Racine : 1/ Œuvres complètes I, en 1931 et II, en 1952 ; 2/ Œuvres complètes I, en 1999. Le deuxième tome est donc encore celui de la première édition. Il est très rare de le trouver neuf dans le commerce. Le délai entre les deux tomes est long, mais il l’avait déjà été dans les années 30-50. On peut néanmoins se demander s’il paraîtra un jour.

Shakespeare : 1/ Théâtre complet, en 1938 (2668 pages ; j’ai longtemps pensé qu’il s’agissait d’un seul volume, mais il s’agirait plus certainement de deux volumes, les 50e et 51e de la collection ; le mince volume de Poèmes aurait d’ailleurs peut-être relevé de cette édition là, mais avec une vingtaine d’années de retard ; les poèmes auraient par la suite été intégrés par la nouvelle édition de 1959 dans un des deux volumes ; ne possédant aucun des volumes concernés, je remercie par avance mes aimables lecteurs (et les moins aimables aussi) de bien vouloir me communiquer leurs éventuelles informations complémentaires) ; 2/ Œuvres complètes, I et II, Poèmes (III) (?) en 1959 ; 3/ Œuvres complètes I et II (Tragédies) en 2002 + III et IV (Histoires) en 2008 + V (Comédies) en 2013. Les tomes VI (Comédies) et VII (Comédies) sont en préparation, pour une parution en 2016. Le tome VIII (Poésies) paraîtra ultérieurement.

Vigny : 1/ Œuvres complètes I et II, en 1948 ; 2/ Œuvres complètes I (1986) et II (1993). Le tome III est attendu depuis plus de 20 ans, ce qui est mauvais signe. Gallimard n’en dit rien, Vigny ne doit plus guère se vendre. Je suis pessimiste à l’égard de ce volume.

c) Rééditions achevées

Quatre éditions :

Choderlos de Laclos : 1/ Les Liaisons dangereuses, en 1932 ; 2/ Œuvres complètes en 1944 ; 3/ Œuvres complètes en 1979 ; 4/ Les Liaisons dangereuses, en 2011. Pour le moment, les éditions 3 et 4 sont toujours disponibles.

Trois éditions :

Baudelaire : 1/ Œuvres complètesI et II, en 1931 et 1932 ; 2/ Œuvres complètesen 1951 ; 3/ Correspondance I et II en 1973 + Œuvres complètesI et II, en 1975 et 1976.

Camus : 1/ Théâtre – Récits – Nouvelles, en 1962 + Essais, en 1965 ; 2/ Théâtre – Récits et Nouvelles -Essais, en 1980 ; 3/ Œuvres complètesI et II, en 2006, III et IV, en 2008.

Molière : 1/ Œuvres complètesI et II, en 1932 ; 2/ Œuvres complètesI et II, en 1972 ; 3/ Œuvres complètesI et II, en 2010. L’édition 2 est encore facilement trouvable et la confusion est tout à fait possible avec la 3.

Montaigne : 1/ Essais, en 1934 ; 2/ Œuvres complètes, en 1963 ; 3/ Essais, en 2007.

Rimbaud : 1/ Œuvres complètes, en 1946 ; 2/ Œuvres complètes, en 1972 ; 3/ Œuvres complètes, en 2009.

Stendhal : 1/ Romans, I, II et III, en 1932, 1933 et 1934 ; 2/ Romans et Nouvelles, I et II en 1947 et 1948 + Œuvres Intimes en 1955 + Correspondance en 1963, 1967 et 1969 ; 3/ Voyages en Italie en 1973 et Voyages en France en 1992 + Œuvres Intimes I et II, en 1981 et 1982 + Œuvres romanesques complètes en 2005, 2007 et 2014. Soit 16 tomes différents, mais seulement 7 dans l’édition considérée comme à jour.

Deux éditions :

Beaumarchais : 1/ Théâtre complet, en 1934 ; 2/ Œuvres, en 1988.

Casanova : 1/ Mémoires, I-III (1958-60) ; 2/ Histoire de ma vie, I-III (2013-15).

Céline : 1/ Voyage au bout de la nuit – Mort à crédit (1962) ; 2/ Romans, I (1981), II (1974), III (1988), IV (1993) + Lettres (2009).

Cervantès : 1/ Don Quichotte, en 1934 ; 2/ Œuvres romanesques complètesI (Don Quichotte) et II (Nouvelles exemplaires), 2002.

Corneille : 1/ Œuvres complètes, I et II, en 1934 ; 2/ Œuvres complètes, I (1980), II (1984) et III (1987).

Diderot : 1/ Œuvres, en 1946 ; 2/ Contes et romans, en 2004 et Œuvres philosophiques, en 2010.

Gide : 1/ Journal I (1939) et II (1954) + Anthologie de la Poésie française (1949) + Romans (1958) ; 2/ Journal I (1996) et II (1997) + Essais critiques (1999) + Souvenirs et voyages (2001) + Romans et récits I et II (2009). L’Anthologie est toujours éditée et disponible.

Goethe : 1/ Théâtre complet (1942) + Romans (1954) ; 2/ Théâtre complet (1988). Je n’ai jamais entendu parler d’une nouvelle édition des Romans ni d’une édition de la Poésie, ce qui demeure une véritable lacune – que ne comble pas l’Anthologie bilingue de la poésie allemande.

Mallarmé : 1/ Œuvres complètes, en 1945 ; 2/ Œuvres complètes I (1998) et II (2003).

Malraux : 1/ Romans, en 1947 + Le Miroir des Limbes, en  1976 ; 2/ Œuvres complètes I-VI (1989-2010).

Mérimée : 1/ Romans et nouvelles, en 1934 ; 2/ Théâtre de Clara Gazul – Romans et nouvelles, en 1979.

Nerval : 1/ Œuvres, I et II, en 1952 et 1956 ; 2/ Œuvres complètes I (1989), II (1984) et III (1993).

Pascal :  1/ Œuvres complètes, en 1936 ; 2/ Œuvres complètes I (1998) et II (2000).

Péguy : 1/ Œuvres poétiques (1941) + Œuvres en prose I (1957) et II (1959) ; 2/ Œuvres en prose complètes I (1987), II (1988) et III (1992) + Œuvres poétiques dramatiques, en 2014.

Proust : 1/ À la Recherche du temps perdu, I-III, en 1954 ; 2/ Jean Santeuil (1971) + Contre Sainte-Beuve (1974) + À la Recherche du temps perdu, I-IV (1987-89).

Rabelais : 1/ Œuvres complètes, en 1934 ; 2/ Œuvres complètes, en 1994.

Retz : 1/ Mémoires, en 1939 ; 2/ Œuvres (1984).

Ronsard : 1/ Œuvres complètes I et II, en 1938 ; 2/ Œuvres complètes I (1993) et II (1994).

Rousseau : 1/ Confessions, en 1933 ; 2/ Œuvres complètes I-V (1959-1969).

Mme de Sévigné : 1/ Lettres I-III (1953-57) ; 2/ Correspondance I-III (1973-78).

Saint-Exupéry : 1/ Œuvres, en 1953 ; 2/ Œuvres complètes I (1994) et II (1999).

Saint-Simon : 1/ Mémoires, I à VII (1947-61) ; 2/ Mémoires, I à VIII (1983-88) + Traités politiques (1996).

Voltaire : 1/ Romans et contes, en 1932 + Correspondance I et II en 1964 et 1965 ; 2/ le reste, c’est à dire, les Œuvres historiques (1958), les Mélanges (1961), les deux premiers tomes de la Correspondance (1978) et les onze tomes suivants (1978-1993) et la nouvelle édition des Romans et contes (1979).

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V. Les volumes « indisponibles provisoirement »

Un volume ne s’épuise pas tout de suite. Il faut du temps, variable, pour que le stock de l’éditeur soit complètement à zéro. Gallimard peut alors prendre trois décisions : réimprimer, plus ou moins rapidement ; ou alors renoncer à une réimpression et lancer sur le marché une nouvelle édition (qu’il préparait déjà) ; ou enfin, ni réimprimer ni rééditer. Je vais donc ici faire une liste rapide des volumes actuellement indisponibles et de leurs perspectives (réalistes) de réimpression. Je n’ai pas d’informations exclusives, donc ces « informations » sont à prendre avec précaution. Elles tiennent à mon expérience du catalogue.

-> Boulgakov, Œuvres I, La Garde Blanche. 1997. C’est un volume récent, qui n’est épuisé que depuis peu de temps, il y a de bonnes chances qu’il soit réimprimé d’ici deux ou trois ans (comme l’avait été le volume Pasternak récemment).

-> Cao Xueqin, Le Rêve dans le Pavillon Rouge I et II, 1981. Les deux volumes ont fait l’objet d’un retirage en 2009 pour une nouvelle parution en coffret. Il n’y a pas de raison d’être pessimiste alors que celle-ci est déjà fort difficile à trouver dans les librairies. À nouveau disponible (en coffret).

-> Defoe, Romans, II (avec Moll Flanders). Le premier tome a été retiré voici quelques années, celui-ci, en revanche, manque depuis déjà pas mal de temps. Ce n’est pas rassurant quand ça se prolonge… mais le premier tome continue de se vendre, donc les probabilités de retirage ne sont pas trop mauvaises.

-> Charles Dickens, Dombey et Fils – Temps Difficiles Le Magasin d’Antiquités – Barnabé Rudge ; Nicolas Nickleby – Livres de Noël ; La Petite Dorrit – Un Conte de deux villes. Quatre des neuf volumes de Dickens sont « indisponibles », et ce depuis de très longues années. Les perspectives commerciales de cette édition en innombrables volumes ne sont pas bonnes. Les volumes se négocient très cher sur le marché de l’occasion. Gallimard n’a pas renoncé explicitement à un retirage, mais il devient d’année en année plus improbable.

-> Fielding, Romans. Principalement consacré à Tom Jones, ce volume est indisponible depuis plusieurs années, les perspectives de réimpression sont assez mauvaises. À moins qu’une nouvelle édition soit en préparation, le volume pourrait bien passer parmi les épuisés.

-> Green, Œuvres complètes IV. Quinze ans après la mort de Green, il ne reste déjà plus grand chose de son œuvre. Les huit tomes d’une série même pas achevée ne seront peut-être jamais retirés une fois épuisés. Le 4e tome est le premier à passer en « indisponible ». Il pourrait bien ne pas être le dernier et bientôt glisser parmi les officiellement « épuisés ».

 -> Hugo, Théâtre complet II. À nouveau disponible.

-> Jeux et Sapience du Moyen Âge. Cas évoqué plus haut de nouvelle édition en attente. Selon toute probabilité, il n’y aura pas de réédition du volume actuel.

-> Marivaux, Romans. Situation évoquée plus haut, faibles probabilité de réédition en l’état, lenteur de la nouvelle édition.

-> Mauriac, Œuvres romanesques et théâtrales complètes, IV. Même si Mauriac n’a plus l’aura d’antan comme créateur (on le préfère désormais comme chroniqueur de son époque, comme moraliste, etc.), ce volume devrait réapparaître d’ici quelques temps.

-> Musset, Œuvres en prose. Évoqué plus haut. Nouvelle édition en attente depuis 25 ans.

-> Racine, Œuvres complètes II. En probable attente de la nouvelle édition. Voir plus haut.

-> Vallès, ŒuvresI. La réputation de Vallès a certes un peu baissé, mais ce volume, comprenant sa célèbre trilogie autobiographique, ne devrait pas être indisponible depuis si longtemps. Réédition possible tout de même.

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VI. Les volumes « en voie d’indisponibilité »

Ce n’est là qu’une courte liste, tirée de mes observations et de la consultation du site « placedeslibraires.com », qui donne un aperçu des stocks de centaines de librairies indépendantes françaises. On y voit très bien quels volumes sont fréquents, quels volumes sont rares. Cela ne préjuge en rien des stocks de l’éditeur. Néanmoins, je pense que les tendances que ma méthode dégage sont raisonnablement fiables. Si vous êtes intéressé par un de ces volumes, vous ne devriez pas hésiter trop longtemps.

– le Port-Royal, II et III, de Sainte-Beuve. Comme les trois autres tomes de l’auteur sont épuisés, il est fort improbable que ces deux-là, retirés pour la dernière fois dans les années 80, ne s’épuisent pas eux aussi. Ils sont tous deux assez rares (-10 librairies indépendantes).

– la Correspondance (entière) de Voltaire. Les 13 tomes, de l’aveu du directeur de la Pléiade, ne forment plus un ensemble que le public souhaite acquérir (pour des raisons compréhensibles d’ailleurs). Le fait est qu’on les croise assez peu souvent : le I est encore assez fréquent, les II, III et XIII (celui-ci car dernier paru) sont trouvables dans 5 à 10 librairies du réseau indépendant, les volumes IV à XII en revanche ne se trouvent plus que dans quelques librairies. Je ne sais pas ce qu’il reste en stock à l’éditeur, mais l’indisponibilité devrait arriver d’ici un an ou deux pour certains volumes.

– les Œuvres de Julien Green. Je les ai évoquées plus haut, à propos de l’indisponibilité du volume IV. Les volumes V, VI, VII et VIII, qui arrivent progressivement en fin de premier tirage devraient suivre. La situation des trois premiers tomes est un peu moins critique, des retirages ayant dû avoir lieu dans les années 90.

– les Œuvres de Malebranche. Dans un entretien, Hugues Pradier a paru ne plus leur accorder grand crédit. Mais je me suis demandé s’il n’avait pas commis de lapsus en pensant à son fameux Malherbe, symbole permanent de l’échec commercial à la Pléiade. Toujours est-il que les deux tomes se raréfient.

– les Œuvres de Gobineau. Si c’est un premier tirage, il est lent à s’épuiser, mais cela vient. Les trois tomes sont moins fréquents qu’avant.

– les Orateurs de la Révolution Française. Série avortée au premier tome, arrêtée par la mort de François Furet avant l’entrée en lice de Robespierre et de Saint-Just. Elle n’aura jamais de suite. Et il est peu probable, compte tenu de son insuccès, qu’elle reste longtemps encore au catalogue.

– le Théâtre du XVIIe siècle, jamais retiré (comme Corneille), malgré trente ans d’exploitation. D’ici dix ans, je crains qu’il ne soit dans la même position que son « homologue » du XVIIIe, épuisé.

– pèle-mêle, je citerais ensuite le Journal de Claudel, les tomes consacrés à France, Marx, Giraudoux, Kipling, Saint François de Sales, Daudet, Fromentin, Rétif de la Bretonne, Vallès, Brantôme ou Dickens (sauf David Copperfield et Oliver Twist). Pour eux, les probabilités d’épuisement à moyen terme sont néanmoins faibles.

13 788 réflexions sur “La Bibliothèque de la Pléiade

  1. À titre informatif, le volume 3 de la guerre du Péloponnèse par Donald Kagan aux Belles Lettres a été repoussé à quatre reprises cette année et a complètement disparu des radars. Quel que soit le problème, il concerne tous les éditeurs…

    • Eh bien, c’est le moment pour moi de lire la moitié de ma bibliothèque qui attend que j’ouvre ses volumes. J’ai encore de l’électricité pour cela pour l’instant.

    • En flânant aux Belles-Lettres, mon oeil a été attiré par les vives couleurs des dix volumes de la série indienne, parus cette année. Pas du tout connaisseur, je fais appel à mon ami à New Delhi, qui m’éclaire en deux mots sur la teneur des livres: Hitopadesha comme un ancien Disney, Raghuvamsha de Kalidasa comme Homère, Chandogya pour les hippies, Manavadharmashastra est un Talmud…
      J’ai pris en main le « Talmud », mais à la lecture de quelques lignes, notamment le terme « vampirisme », je constate que la traduction de Georges Strehly est de 1892 ! En fait toute la série présente des traductions au mieux du milieu du XXème siècle, avec un nouvel appareil de notes…
      Quelqu’un peut-il éclairer ma lanterne, pas de nouvelles traductions dans ce domaine ou l’éditeur recycle des vieux fonds à moindre frais ? (à un prix public très raisonnable il est vrai autour de 24€ pour des volumes très joliment fabriqués).

        • C’est, à mon sens, l’un des ratages de cette série indienne. L’éditeur a paresseusement recyclé de vieilles traductions pour la plupart. Même la traduction du livre de Babur a paru antérieurement aux POF… L’autre grand défaut tient au fait que de nombreux volumes sont des anthologies, et non les textes intégraux.

          On sent la volonté d’éditer une petite collection annuelle à moindres frais. J’avais échangé à ce sujet avec le libraire « officiel » à Paris. Il m’a été dit que la volonté première était de permettre la découverte de textes indiens pour un large public.

          Décidément, il y a ces deux grandes tendances aux Belles Lettres : des volumes fort sérieux, dans leur sujet que leur confection d’un côté, d’autres bien plus mauvais ou inintéressants, peut-être pour des raisons d’équilibre financier.

          • Il faut différencier les ouvrages publiés sous le patronage de l’Association Guillaume Budé des autres, qui sont parfois beaucoup plus contestables et en effet sûrement dans un but de rentabilité.
            Il y a en fait eu un début de série budé sanskrite (collection Émile Sénart), quelques ouvrages ont été publiés au début du siècle dernier et puis elle a disparu — comme la série arabe et la série des textes français ; la série byzantine a survécu mais n’est pas en grande forme…

          • J’ai feuilleté à nouveau Les Lois de Manu (IIe siècle av. J.-C.) illustré par des photos inédites de fin XIXe. Cette juxtaposition anachronique marque aussi le laxisme de cette édition – je laisse tomber.
            Je rejoins vos opinions, il y a du sérieux et du frivole dans cette librairie, et c’est bien ainsi, si c’est une condition pour sa survie, tout comme notre chère collection Pléiade.

          • Les Belles Lettres vont mal depuis l’arrivée de Caroline Noirot. Piloté par cette comptable, l’éditeur de prestige s’est perdu à force de se diversifier vers le tout public, pas forcément cultivé, et de multiplier les collections fantaisistes
            ou les séries occupant des niches éditoriales au cahier des charges absurde (Classiques en poche, une escroquerie, Commentario, une tentative risible pour émuler les Cambridge Greek and Latin Classics, dits Green Classics, etc), dilapidant le crédit patiemment acquis par ses deux séries savantes. La C.U.F. est la plus connue, mais on citera surtout la collection d’études anciennes, où figuraient des chefs-d’oeuvre : côté grec, en bleu, citons Les mages hellénisés de Bidez et Cumont, la Vie de l’empereur Julien de Cumont, Les mythes d’Homère et la pensée grecque de Buffière, Athènes au IIe et au IIIe siècle de S. Follet, les Recherches sur les acteurs dans la Grèce classique de Ghiron-Bistagne, Le dialogue platonicien de la maturité par Laborderie (sans doute le plus bel ouvrage jamais publié par l’éditeur, sur un magnifique papier glacé pour faire ressortir les centaines de photos d’inscriptions en noir et blanc), la Bibliographie historique et critique d’Eschyle et de la tragédie grecque 1518-1974 par Wartelle, l’Hippocrate. Pour une archéologie de l’Ecole de Cnide par Jouanna ; côté latin, en rouge, L’art de la déformation historique dans les Commentaires de César par Rambaud, La méthode d’Ammien Marcellin par Sabbah, le Le Vocabulaire latin des relations et des partis politiques sous la République d’Hellegouarc’h, Alter ab illo. Recherches sur l’imitation dans la poésie personnelle à l’époque augustéenne de Thill. Cette série a hélas commencé à prendre mauvaise tournure dans les années 70 avec le passage aux volumes brochés ; de méchantes compilations comme les travaux sur les tragiques grecs de la mère Aélion en thèses sans enjeu type Nouhaud sur les orateurs attiques, elle n’a plus proposé, occultant les toutes dernières belles thèses (Pédech sur l’historiographie polybienne), que des inutilia antiphilologiques et des cochonneries littéraires. La série Emile Sénart, la Nouvelle collection de textes et de documents, la série française où parut le splendide Leconte de Lisle de Pich, ont également été marquantes ; et il est à regretter que certaines éditions grecques datant de la période héroïque (années 20-30) n’aient jamais été réimprimées, malgré leur très grand intérêt philologiques, ainsi le traité pseudo-aristotélicien Sur le monde par William Lorimer ou les Argonautiques orphiques posthumes de Georges Dottin, avec leur introduction de 150 pages qui contient, entre autres bonnes choses, la seule étude linguistique parue au XXe siècle sur cet étrange poème tardif.

          • L’aparte sur le plus beau livre des Belles Lettres (selon moi) vise le titre de Ghiron-Bistagne et non pas le Laborderie.

  2. Ce que je reproche surtout aux Belles Lettres, c’est de lancer sans arrêt de nouvelles collections. Je préfèrerais moins de dispersion et plus d’efficacité…

  3. Il y a de l’intérêt dans plusieurs collections à mon sens, au-delà de la CUF. La collection Japon par exemple fait mon bonheur. Je suis heureux de la collection Bibliothèque chinoise également, même si Neo-Birt7 en avait bien montré les limites ici. Il y a quantités d’ouvrages fort passionnants : la série sur l’histoire de la Chine en cours de publication, les guides belles lettres des civilisations etc. On trouve cependant aussi de plus en plus d’ouvrages complètement ineptes, et notamment ceux qui fleurent les considérations politiques de droite à peine déguisées (« Entreprendre, donc servir » qui, selon l’éditeur, « est le témoignage d’un cadre dirigeant qui a relevé le défi industriel de Lafarge en Algérie sous le mandat Bouteflika » – sans commentaire).

    J’avais écrit à l’éditeur il y a quelques temps d’ailleurs pour demander s’il était possible d’obtenir un catalogue historique de l’ensemble des publications, mais je n’ai pas eu de réponse. (D’ailleurs, de façon générale, je n’ai la plupart de temps pas de réponse lorsque j’écris à des éditeurs. J’imagine qu’ils ont mieux à faire que de répondre à mes questions – ce que je comprends fort bien au demeurant.) Il existe en effet de belles éditions de textes parues dans les années 70 ou 80 qui sont inconnues aujourd’hui.

    • Neo-Birt7, ou quelque autre belle âme, avez-vous d’ailleurs quelque avis concernant des volumes parus dans la série « Textes français » de la C.U.F, hormis le Leconte de Lisle ?

      Je vous en remercie.

      • Dans cette jolie série, le Boileau posthume de C. Boudhors (7 vol., 1934-1943) est tout particulièrement important, surtout pour son annotation (200 pages dans le seul tome contenant les Épîtres, l’Art poétique et le Lutrin) et a servi de source principale à l’édition Escal dans la Pléiade. On y trouve aussi un assez bon Rabelais signé de J. Plattard. Elle m’a cependant toujours semblé moins intéressante que la « Collection nationale des classiques français », à L’Imprimerie nationale, dont les tomes, d’un format légèrement inférieur, sont reliés et présentent une charte graphique de toute beauté qui répond à la rigueur du contenu (e.g. le Chamfort de P. Grosclaude).

      • Ah mais Gallimard m’a répondu deux fois que je me plaignais de pages en doublon et de cahiers manquants : en Pléiade (Giraudoux) et en blanche (Rebatet). Et ils m’ont gracieusement échangé le volume.

          • Eh bien, c’est honteux. D’ailleurs, concernant Gallimard, j’avais posé une question très précise sur le premier volume Nietzsche en Pléiade à l’époque de sa sortie. On m’avait passé quelqu’un dans les bureaux qui avait pris le temps d’effectuer des recherches et de me rappeler pour me répondre. J’avais apprécié.

  4. Merci cher Neo-Birt pour cette dénonciation de l’évolution mesquine et grotesque des Belles Lettres qui de toute façon ne soutiennent plus la comparaison avec les grandes maisons anglo-saxonnes et a fortiori d’outre-Rhin depuis quelques décennies déjà (pour de multiples et complexes raisons, certes) ; avant que ne replongiez dans les méandres de votre librairie, auriez-vous des informations d’initié à propos de la situation présente et à venir du fonds des respectables éditions de Boccard ? tel moteur de recherche renvoyant encore et toujours à des annonces légales quant à leur liquidation judiciaire (ce document un peu détaillé pour les plus curieux : https://docplayer.fr/230958178-Dossier-de-presentation-sarl-editions-de-boccard-4-rue-de-lanneau-paris.html)…

  5. Vous m’apprenez là une bien triste nouvelle ! Comment se peut-il que ces libraires éditeurs patrimoniaux ayant bien mérité du service public pendant des générations n’aient en aucune manière une protection étatique minimale ? Il n’en va pas de De Boccard comme de Lemerre, Garnier ou Klincksieck… Pendant ce temps-là, Les Belles Lettres continuent de publier des saloperies pseudo-savantes. Je viens de mettre la main sur l’ouvrage récipiendaire du prix Alfred-Croiset 2022 La Muse trompeuse. Dramaturgie de la ruse dans les tragédies d’Euripide par A. Latifses ; il s’agit d’une cochonnerie littéraire bon teint où la bibliographie montre une ignorance, de plus en plus courante chez les jeunes générations de classicistes, de l’allemand (la Poétique d’Aristote n’est ainsi jamais conférée avec son commentaire le plus récent et vaste, celui d’Arbogast Schmitt dans la série « Aristoteles Werke in deutscher Übersetzung », 2008 [508 pages in-quarto tout de même !]), à côté de l’usuelle dilection envers les travaux de la science philologique française molle (ouvrages de J. de Romilly, de P. Demont, de S. Saïd, etc). Plus regrettable encore est la terminologie choisie par Mme Latifses : à l’exemple des substantifs grecs correspondants, l’épithète ‘rusé(e)’ y qualifie à tout bout de champ des mots abstraits comme ‘invention’, ‘stratagème’, ‘artifice’, ‘machine / mèchanè‘, ‘face-à-face’ ; le vieilli et poétique ‘feintise’ remplace ‘feinte’ parce qu’elle voulait exprimer une nuance de procès ; tout un concept se voit abruptement résumé par un seul mot impropre, ainsi la paire ‘trompeur’ / ‘trompé’ désignant les personnages tragiques respectivement ourdisseur et victime de ruse ; etc. Et ne parlons pas du gain d’intellection résultant de ces 500+ pages ennuyeuses !

  6. Bonne nouvelle en ce temps de l’Avent.

    Le tome des œuvres de Saint François de Sales, après un trop long temps de purgatoire ( qu’elle ironie ! ) est à nouveau disponible ! Un bon point pour la collection et pour sa partie 17éme siècle. Autant vous dire que J’ai bien envie de saisir l’occasion et de remplacer mon vieil exemplaire.

    Peut-être que l’un d’entre vous a pû mettre la main sur ce nouveau tirage…
    Alors
    La question qui fâche, la question qui titille, la question qui fait mal vous la connaissez forcément : est-ce un tirage Aubin ou un tirage Roto ?

    • Au bain, tu rotes haut ?
      (Pardon, pardon – que ne ferait-on pas pour entrer à l’Académie Française – que la honte m’étouffe et que le grand cric me croque !)

      • Au-bin mince alors, Domonkos ! Ne vous étouffez pas de honte !
        Un Roto-to et au dodo.

        Ceci dit, concernant ce cher et tendre François de Sales y a de l’espoir. Le dernier tirage en date, celui de 2002, étant ( sauf erreur de ma part ) un Roto.

        • Je suis en train de relire les Nouvelles du XVIIIe siècle : imprimé par Aubin en 2002 (première édition), ce volume est une honte pour l’éditeur et une épreuve pour le lecteur. Chaque feuillet tourné nécessite une patience d’ange pour être saisi et différencié du suivant, tandis que le volume menace de se refermer à chaque page avec le papier qui gondole et les blocs de feuilles qui se raidissent de part et d’autre. L’ayant acquis d’occasion – en état strictement neuf et jamais lu, évidemment -, je ne peux le retourner.

          Pour que cette information remonte, il faut multiplier les mots-clés : Gallimard, Pléiade, honte, désastre, arnaque,mal imprimé, illisible, etc.

  7. Et Puisque nous sommes sur la qualité et le tirage, quelqu’un aurait-il l’amabilité de me renseigner sur le qualité du tirage des œuvres théâtral en deux tomes de Claudel paru en 2011 ? Aubin ou Roto ?
    Encore jamais rien lu de cette auteur. J’ai bien de le découvrir dans les meilleures conditions possibles…

    • Je vous conseillerais plutôt le Journal claudélien, admirablement édité avec un très riche commentaire par J. Petit, ce bon faiseur de Pléiades, en duo avec le théologien F. Varillon (2 vol. qui en sont restés, je crois, au tirage initial de 1968-1969 puisque Gallimard les propose encore sous boîtier blanc). Moins littéraire et introspectif que les Cahiers barrésien, véritable éphéméride d’une âme incapable de mal s’exprimer, on trouve dans ce Journal l’ombre portée de la vie du grand auteur chrétien et l’atelier de sa création ; c’est ce qu’il a produit de moins bondieusard de plus vif et immédiatement lisible aujourd’hui pour le lecteur discriminant, hormis les fréquentes tartines christologiques). Le théâtre claudélien, comme sa poésie, datent énormément ; longueur, diffusion, onction, voire autocomplaisance, les rendent assez peu digestes (le théâtre de Montherlant a tellement plus d’éclat et de panache naturel).

  8. Le Journal de Claudel ? Pourquoi pas. Merci Néo-birt pour la suggestion. Le mois de janvier sera décidément pour moi un mois Claudel.

    Tirage Aubin pour les deux tomes du théâtre de Claudel. Pauvre Claudel qui se trouve sur la liste maudite, la longue liste des Aubin(s) si bien référencée par le toujours très utile site Catalogue – Pléiade.

    Une fois n’est pas coutume, Gallimard me contraint à faire une croix sur un coffret ! un coffret qui me faisait l’effet d’une tentation à laquelle je me devais de céder sans me faire prier.

    Quel malheur que cette éditeur qui oblige si souvent ses plus fidèles clients à se détourner de lui et de ses malfaçons !

    Je vais donc humblement convertir ma tentation de coffret vers l’ancienne édition en deux tomes-et que l’on trouve si aisément sur le marché heureusement béni de l’occasion.

    • Je confirme la piètre facture du tirage original par Aubin de la nouvelle édition du théâtre claudélien (par ailleurs scientifiquement remarquable ). Outre l’exaspérante gouttière convexe’et les pages fort froissées au contact du tranchefile, les deux tomes sont de maniement difficile – le papier résiste au feuilletage, les coutures crissent et craquent, les cahiers s’écartent les uns des autres quand on a réussi à plier suffisamment le livre pour qu’il tienne ouvert. En outre, les coffrets blancs sont un peu trop étroits, rendant plus délicate qu’elle ne devrait l’être l’extraction des ouvrages ; la présence saugrenue des demies-jaquettes dans mon exemplaire (clairement un ancien coffret invendu) ajoute à l’embarras de l’affaire – et la maniabilité ne s’améliore presque pas à les retirer. Enfin, mon tome Ier souffre d’une impression approximative : les marges verticales des pp. XIII-XX sont erronées et le texte mal centré (trop de blanc en haut pour presque pas en bas, dans des proportions d’ailleurs différentes de page en page). Gallimard, contacté à plusieurs reprises, m’a finalement répondu qu’il ne s’agissait pas d’un défaut assez grave pour justifier l’échange. Je déconseille donc l’acquisition de cet ensemble qui n’a pas été traité par l’imprimeur avec le soin nécessaire.

  9. Parcourant la nouvelle édition de Spinoza, je suis (une fois n’est pas coutume) reconnaissant à Gallimard de nous offrir une édition qui, pour autant que j’en puisse juger, est amplement commentée, intéressante, instructive, et accessible à tous.
    J’avoue cependant quelque difficulté avec la philosophie en général. Contrairement à la pensée scientifique, j’ai bien du mal à entrevoir une « progression » dans la pensée philosophique, un élargissement des notions depuis une conception plus ou moins « obscurantiste » vers une « vérité » plus représentative, plus consensuelle et mieux établie. Tout au plus une évolution des modes de pensée et des mentalités, et une petite constellation de « systèmes », chacun doté de son langage propre, souvent ardu.

    Un premier point, général, est relatif à la question de Dieu. Contrairement à ce que prétend un ouvrage relativement récent, et surexposé par des médias bien trop complaisants, la science n’apportera jamais de preuve de l’existence, ou de la non-existence de Dieu : son domaine d’application, c’est le monde physique, et rien de plus. Mais, n’en déplaise à certains philosophes, dans quelque système de pensée que ce soit, Dieu restera toujours une construction hypothétique, indémontrable, une simple affaire de croyance personnelle, et qui devrait, à cause de cela et pour le bien de tous, rester confinée à la sphère privée. Par exemple, la 3e thèse de création en vogue, intermédiaire entre la Bible et Darwin (je ne sais comment l’appeler : « dessein intelligent » ?) est fondée sur un non-sens conceptuel. Selon ces gens-là, il y a trop de coïncidences favorables dans l’évolution du monde pour qu’elle n’ait pas été pensée par une force surnaturelle. Or, en théorie, tout événement, ou combinaison d’événement, dont la probabilité d’apparition n’est pas nulle peut se produire, aussi infime que soit cette probabilité. Dans le cas contraire, d’ailleurs, personne ne jouerait au loto.
    Je conçois parfaitement qu’au temps de Spinoza, la question de Dieu était fondamentale.

    Ma deuxième critique, plus gênante, est relative à la construction logique des systèmes philosophiques. La logique mathématique est simple, bien formalisée, car elle dispose d’un langage simple, complètement défini, et univoque. On ne peut malheureusement en dire autant de la logique philosophique, qui se construit à partir d’un langage autrement plus complexe, ambivalent, sans même mentionner les problèmes de traduction. Cela conduit malheureusement à des erreurs manifestes. Y compris chez les plus grands penseurs.
    Je lis en effet, à la fin du « Court traité » de Spinoza (p 154) : « Première proposition. Plus une chose a d’essence, plus elle a d’action et moins elle a de passion. »
    Et, page suivante :
    « Première conséquence. Vu que l’essence de Dieu est infinie, elle a une action infinie et une négation infinie de la passion, suivant la première proposition ».
    Or cette déduction est logiquement fausse (tout dépend de la manière dont l’action s’accroît et la passion décroît avec l’essence).
    En mathématique, nous dirions que, selon la première proposition, l’action est une fonction croissante de l’essence. Or une fonction croissante n’a pas, nécessairement, une valeur (limite) infinie, lorsque l’argument de la fonction devient infini. Prenez par exemple, pour tout nombre positif ou nul, le rapport x/(x+1) de ce nombre avec son « successeur ». Cette fonction est toujours croissante, pour des valeurs entières elle prend les valeurs successives (toujours plus grandes) 0, 1/2, 2/3, 3/4, …, 1000/1001, …, et pourtant elle ne dépassera jamais la valeur 1, qui est sa valeur « limite », à l’infini (on peut aussi l’écrire sous la forme : 1-1/x+1). Bien entendu, au temps de Spinoza, l’analyse mathématique n’avait pas encore clairement formalisé toutes ces notions, en particulier d' »infini », donc l’erreur était tout à fait possible et excusable. De nos jours, cependant, on ne peut plus avoir le même regard.

    Et c’est bien pour cela que j’ai lu d’un oeil sévère le « Vent Paraclet » dans le volume Pléiade consacré à Michel Tournier. Dans la dernière partie (« les malheurs de Sophie ») en particulier, il traite la science avec une condescendance bien « légère », après avoir cependant signalé son absence de réussite scolaire en mathématique (p 1507 : « Il n’y a que des raisons accidentelles qui s’opposent à ce que j’apprenne la physique, l’astronomie ou la génétique en quelques jours, quelques heures. Dans la mesure où ces sciences sont des constructions abstraites entièrement assimilables par l’intelligence et la mémoire, le temps de leur assimilation est affaire purement technique qui ne dépend que des méthodes pédagogiques employées. » Les profs apprécieront). Constructions abstraites, les sciences ? Elles reposent pourtant sur l’observation du monde concret, le calcul puis la vérification dans ce même monde physique, mais pour lui, ce ne sont que des suites d’équations, symboles dépourvus de sens, alors que (p1342) « Le propre de la métaphysique au contraire, c’est toujours de plonger au coeur même du concret » ! Selon moi, le concret consiste moins en l’existence d’un Dieu que, par exemple, en l’observation de l’espace-très-lointain, aux confins même du Big Bang initial. Chacun prêche-t-il pour sa seule paroisse ?
    Pour en finir avec ce Tournier, j’ai bien apprécié les deux premiers romans (Vendredi et surtout Le roi des aulnes), mais par la suite, ça se gâte. Etant donné qu’il fait de sa conviction individuelle (l’existence de Dieu) une vérité établie et générale, ses derniers « romans » (Gaspard, Melchior et Balthazar, puis Gilles et Jeanne) se réduisent trop souvent à une banale modernisation des hagiographies médiévales. Quant aux Météores, cela me semble un sommet d’expression, souvent de goût douteux, des fantasmes de l’auteur, plus parcimonieusement disposés, heureusement, ailleurs. Tournier a le goût de la provocation, il faut dire.
    Je terminerai, pour être complet, en précisant que j’ai trouvé une explication du titre « Le vent Paraclet » dans la notice du roman « Les Météores », haut de p 1630, puisque ce titre devait initialement lui être attribué (contrairement à une information donnée par Néo-Birt il y a quelques mois). Les notices, relativement succinctes, sont cependant instructives, malgré des rubriques dont je ne comprends pas l’utilité (réception de l’oeuvre).

    • En matière de religion, mon meilleur souvenir restera à tout jamais la tête de cette tante éloignée, Témoin de Jéhovah, lorsqu’elle apprit que le petit chien que nous avions emmené avec nous (un loulou de poméranie mini-ourson crème), s’appelait Darwin.
      La pauvre femme a eu du mal à refermer la bouche et, pendant 30 secondes, en est restée figée comme une pelleteuse de chantier.
      Mais sur ce sujet, tous mes souvenirs ne sont pas riants et je guette le prochain prêtre qui passerait à portée de conversation pour le démolir publiquement.
      Sur la philosophie, Phil, je crains de faire le même constat que vous : absence de progression, chapelles toutes personnelles, langage abstrus (indice : ce qui ne s’énonce pas clairement est potentiellement de l’arnaque intellectuelle), constructions alambiquées pour « démontrer » de vilains à-priori.
      Par bonheur, l’ensemble de la littérature « générale » donne déjà suffisamment à penser pour une pleine vie d’homme.

    • Phil, j’avais renvoyé à un article de S. Ratti (auteur du superbe Histoire Auguste et autres historiens païens) sur le sens du titre, jamais vraiment éclairci et encore moins par les éditeurs de la Pléiade ; je n’ai pas lu Tournier ni ne m’intéresse le moins du monde à lui.

      Le nouveau Spinoza m’a franchement déçu ; ce n’est ni une édition exégétique indépendante et sérieuse, comme les trois ou quatre tomes parus chez PUF Épiméthée, ni une intégrale annotée et traduite sur frais nouveaux, mais un mélange gallimardesque de vieilleries plus ou moins retouchées et de neuf d’un aloi difficilement contrôlable. Pautrat a fait du Pautrat, comme en son temps Jerphagnon sur Saint Augustin dans la même collection. Le seul intérêt à mes yeux indiscutable de cette édition tient dans l’adjonction de la correspondance et du travail sur la grammaire hébraïque (certes utile pour compléter le tableau de l’activité spinoziste mais rien moins que superfétatoire pour l’historien de la philosophie).

      • Pour ce qui est de l’édition de Spinoza, il est annoncé en fin d’introduction que le destinataire est le « lecteur cultivé » (histoire peut-être de flatter l’acheteur potentiel ?). La Pléiade n’est pas, non plus, une bibliothèque de philosophie, contrairement à la collection que vous citez ; elle n’a plus, depuis longtemps vous le savez, vocation d’outil à portée « universitaire », en dépit du maintien de la mention au « chercheur » en tête de ses catalogues.
        Les premiers textes que j’ai lus dans le volume, très correctement annotés, compréhensibles, me semblent répondre à ce « cahier des charges ».
        Bien entendu, on peut aussi être plus exigeant …

  10. Démolir publiquement un prêtre, Draak ? On rappellera quand-même que les chrétiens, dont évidemment des prêtres ( en Afrique notamment ) font partie de la catégorie de personnes la plus persécuter au monde.

    Réjouissez-vous, cher Draak, beaucoup de gens se chargent de les démolir à votre place. La France, dites républicaine, n’a d’ailleurs jamais été avare en démolition de prêtres… On pourrait aussi, de nos jours, rappeler les récents attentats meurtriers en France visant des prêtres,.des chrétiens ( Père Hamel en 2016, basilique de Nice en 2020, ect….. )

    Il faudrait aussi parler des profanations d’églises et autres monuments chrétiens. Nombre en hausse depuis plusieurs années.

    Et de l’amalgame profondément injuste et pourtant si répandu de nos jours : prêtre=pédophile.
    Les prêtres ont bien du courage. Nous vivons dans un monde post chrétien.

    Pour ceux qui comme moi s’intéresse à ce sujet, je recommande le livre de Chantal Delsol : La fin de la Chrétienté.

    • Effectivement point besoin de les démolir, le temps s’en charge tout seul.

      Encore 14 000 prêtres en France en 2021 contre 40 000 en 1965. La profession compterait quelques 600 membres de moins chaque année.

      Une page, bien obscure, de l’histoire humaine s’apprête à se tourner. Dieu merci.

    • Draak, ne le prenez pas pour vous personnellement. Vous avez sans doute vos raisons personnelles de détester les prêtres. Je vous respecte. Mais il est bon aussi de rappeler certaines vérités qui, de nos jours, sont passées sous silence. Vous pouvez bien entendu me contredire.

      Sinon je clos le hors sujet.

    • Dans tous les pays de l’univers, les prêtres composent une classe horrible et vrai rebut de la société, une classe en un mot qui ne sert qu’au trouble des familles et à la perte de toutes les douceurs de la société.

      — Sade, Voyage d’Italie.

      • Sade ? Il me séduisait lorsque j’étais athée. Il est celui qui a poussé le plus loin le matérialisme. je me réjoui de m’être libéré de son influence.

        Désormais, je préfère les douceurs de Jésus, le courage de la majorité des prêtres dévouant leur vie au Christ et la paix du Saint-Esprit.

  11. Ouh là, là, ça déborde… Juste un petit mot pour Phil, bien que votre commentaire soit des plus intéressants, je ne partage pas votre avis sur les Météores de Tournier, roman riche et foisonnant et je vous trouve très sévère pour la philosophie. Pour le reste, d’accord avec vous. Quant à la défense des prêtres….

    • Sade me séduisait ? Dans la limite du raisonnable, évidemment.

      Par exemple, jamais été au bout des 120 journées de Sodome. Aline et Valcour est un roman à découvrir.
      Camarades anticléricaux, sachez que je fus l’un des vôtres. Du divin Marquise vous lirez avec profit le dialogue entre un prêtre et un moribond. Un régal pour un athée.
      Sur ceux, moi je m’apprête à découvrir le Journal de Claudel…

      • Lis actuellement le Journal de Claudel. Lecture complexe. L’impression que ce journal n’était pas destiné à la publication. Les notes sont très utiles.

        Méa Culpa envers Draak pour mon message d’hier à 14h21. Je n’avais pas à supposer qu’il devait se réjouir des attentats envers les prêtres, ect… J’ai manqué de mesure.

        On sent mieux les choses dans le calme de la nuit.

        Je retourne au Journal de Claudel.

        • Cher Un Passant,

          Voilà bien un sujet propre à l’exacerbation des arguments ; pas de mal, donc, si chacun (dont moi) sait retrouver la mesure.

          Pour en revenir à la littérature, j’ai posé cette question à un traducteur français des textes de Qumran, mais il n’a pas daigné répondre : la traduction française a fait le choix de présenter ces textes selon une distinction textes canoniques/textes apocryphes. C’est une distinction qui ne se retrouve ni dans le matériau original, ni dans les traductions étrangères, pour le peu que j’en sais. C’est pourtant une travail scientifique. Quelqu’un aurait-il une réflexion sur le sujet ?

          Que l’esprit de concorde illumine votre fin d’année.

          • Je subodore que ce spécialiste ne vous a jamais répondu car vous lui débitâtes une fieffée sottise. Le corpus de Qûmran est constitué, pour un quart, de copies des livres bibliques (tous représentés, parfois en plusieurs exemplaires, hormis Esther) auxquels s’ajoutent trois livres laissés de côté par le canon hébreu mais intégrés dans le canon grec des Septante puis de là passés dans le canon chrétien dans sa tranche des Deutérocanoniques, et pour tout le reste d’un ensemble hétéroclite mêlant les textes proprement ‘esséniens’ (Florilèges et Commentaires / Midrashim de l’Ancien Testament ; compositions sapientales, législatives, littéraires) et les écrits dits pseudépigraphes [pour les protestants] / apocryphes [pour les catholiques] de l’Ancien Testament, soit inédits, soit connus par ailleurs, qui sont des imitations des livres de l’A.T. Ne serait-ce que pour imposer le minimum de clarté dans cet ensemble textuel disparate, la distinction générique-typologique entre textes canoniques (= exemplaires de la Bible juive) et textes apocryphes dans la documentation de Qûmran est donc absolument pertinente, surtout dans le contexte d’une traduction totale ou partielle de ces 800 et quelques documents, tout en restant insuffisante d’un point de vue scientifique ; une traduction peut se permettre de délester tout le matériel issu de l’Ancien Testament, pour lequel nous disposons d’excellents manuscrits de base purifiés (Massorah de Ben Asher), pour se concentrer sur les compositions strictement ‘esséniennes’ , éventuellement sur les chrestomathies et commentaires bibliques et sur les apocryphes ou pseudépigraphes.

      • Il y aurait beaucoup à dire sur Sade, mais ce serait trop long.

        Il y a un homme de lettres du XVIIIème siècle dans Sade, qu’on retrouve dans nombre de ses nouvelles ou romans (considérés comme « mineurs » pas assez « sadiens » à leur goût par les sadomaniaques). Un homme de lettres du XVIIIème siècle que j’apprécie, comme beaucoup d’autres.

        Il y a un génie fou dans les grands romans torrentiels. Qui m’horrifie et me fascine.

        Et il y a un pauvre fou misérable, enfermé, qui s’exprime dans le long catalogue d’infamies masturbatoires des « 120 Journées » qui n’aurait jamais dû voir le jour : l’écrivain Sade, sorti de prison, n’a jamais jugé bon d’y revenir ni d’en tirer quelque chose de publiable. Un pauvre fou qui m’inspire le même dégoût qu’un fruit pourri, n’étant pas moi-même un médecin aliéniste.

        C’est un texte à usage privé, que les prétendument bien intentionnés sadologues n’auraient pas dû sortir du caniveau où il se trouvait enfoui. Une ordure pour Confesseurs dont le cuir est tanné par les noirceurs de « l’âme » humaine. Illisible, d’un incommensurable ennui, ne pouvant rien inspirer d’autre que l’horreur et la pitié.
        Voire le ricanement et le sarcasme.

        Je ne comprends pas l’obstination des éditeurs à s’encanailler en le publiant à la devanture de l’oeuvre salienne (en Pléiade, par exemple, et repris comme s’il s’agissait de l’essentiel sadien, dans le « tirage spécial »).

        • Merci pour cet amuse-bouche intellectuel.
          Sade ne m’est pas encore connu mais votre avis, tout en contraste, me donne l’envie de commander le premier tome de ses œuvres disponible dans notre cher Pléiade.
          Il est bon d’élargir nos lectures à tous les esprits, surtout ceux jugés les plus fous et misérables.

        • Ah ! Comme je partage (en partie) vos remarques sur Sade. Mais les 120 journées ne sont pas à négliger. La lecture en est difficile, tellement elle nous heurte. Mais justement, se dire qu’une œuvre écrite il y a plus de 230 ans, qui nous bouscule, nous mets si mal à l’aise, ne peut que nous amener à nous interroger, en particulier sur notre « humanité », ce fil si ténu entre la barbarie et la civilisation. Vive Sade qui nous fait si mal ! Merci pour vos commentaires judicieux. Bonnes fêtes et merveilleuses lectures.

          • Merci.
            Ce que je veux dire (en tentant d’y mettre le moins de passion et de sentimentalisme possible), c’est que « Les 120 Journées » n’est pas à proprement parler un texte littéraire, même s’il est de la main de Sade. C’est un exutoire écrit par le prisonnier rendu fou d’enfermement et de frustration, à des fins clairement masturbatoires, une suite de fantasmes de plus en plus fous et atroces, dans une surenchère sans fin (dans son désir délirant « d’en faire toujours plus » le prisonnier dépasse très souvent les bornes du grotesque, je pense en particulier aux invraisemblances et à l’obsession de la coprophagie), dont la plus grande partie n’est qu’un catalogue à peine esquissé, qui s’apparente aux graffitis tracés sur les murs par un prisonnier plutôt qu’à une oeuvre littéraire, même une esquisse d’oeuvre.
            Je répète que c’est à peu près illisible, l’atrocité ne résidant pas seulement dans ce qui est décrit mais dans la façon dont c’est décrit : hors la passion du moment du prisonnier se brisant le cerveau, qui nous est inaccessible, plus de deux siècles après – non seulement refroidie, mais proprement rancie – c’est d’un ennui accablant.

            Libéré, Sade n’y est jamais revenu, il n’a pas jugé bon de transformer ce flot de fantasmes en oeuvre littéraire, encore moins songé à le publier.
            Il a beau avoir poussé des cris céliniens sur la perte de ce manuscrit (sur lequel il n’était lui-même pas revenu durant les quatre dernières années de son embastillement, alors que rien ne l’en empêchait sinon l’impossibilité de mener à bien cette entreprise absurde et « au-delà de l’imagination ») il n’a jamais fait la moindre tentative de reconstitution. Il est, à proprement parler passé à autre chose.
            Entre autre à la gigantesque saga de Justine/Juliette (là aussi de surenchère en surenchère), où on retrouve en grande partie l’énumération des atrocités des « 120 Journées », mais portées par un souffle, une puissance de l’imaginaire, dont on chercherait vainement la moindre trace dans les « 120 Journées ».
            Le fameux manuscrit a eu une vie clandestine jusqu’à ce qu’un psychiatre l’exhume à la fin du XIXème siècle, puis que Maurice Heine juge bon de le publier comme une « oeuvre » du « divin marquis » en 1929. N’en déplaise à tous les sadolâtres, c’est bien là le pire mauvais service qu’il pouvait lui rendre. Et, révérence parler envers Annie Le Brun, dont je suis un admirateur par ailleurs, ce « bloc d’abîme » n’a absolument rien de sublime.

            Je maintiens qu’il s’agit plutôt d’un document clinique sur la folie d’un prisonnier dont le désir de liberté absolue hurle et se cogne aux murs (ceux de la prison et ceux de la société), qui n’aurait pas dû être intégré au corpus littéraire sadien, mais produit en appendices, dans les marges de l’oeuvre, ou son background.

            Le faire figurer en majesté en tête du premier volume de la Pléiade (juste après le court « dialogue entre un prêtre et un moribond »), précédent le « Aline et Valcour » qui est représentatif de « l’homme de Lettres » Sade – deux objets à peu près étrangers l’un à l’autre – et encore dans le « tirage spécial » censé réunir la substantifique moelle des écrits sadiens, est une abomination.

            Mieux vaudrait aborder Sade par le second volume (l’horrifique et formidable cycle de Justine, ouvert par le presque aimable « Les Infortunes de la Vertu ») et le troisième (« Juliette » et « La Philosophie dans le Boudoir » qui représentent le sommet de la « philosophie » de Sade), et revenir ensuite à « Aline et Valcour », pour finir, pour ceux qui veulent descendre jusqu’au fond de l’ordure et de la folie, finir par « Les 120 Journées » si ça leur chante.

            L’autre Sade, l’agréable écrivain de son temps, maniant les passions saliennes avec une légèreté et une modération de salons de lecture, est représenté en Pléiade, de façon dispersée, par quelques contes et nouvelles dans les volumes « Nouvelles » et « Romanciers » du XVIIIème siècle.

    • Je l’ai trouvée au petit matin
      Toute nue dans mes grands souliers
      Placés devant la cheminée
      Pas besoin de vous faire un dessin

      De battre mon cœur s’est arrêté
      Sur le lit j’ai jeté mon fouet
      Tout contre elle je me suis penché
      Et sa beauté m’a rendu muet

      Fatigué j’ai la gueule de bois
      Toute la nuit j’avais aidé mon père
      Dans le feu j’ai remis du bois
      Dans la ch’minée y avait pas son père

      C’était la fille du Père Noël
      J’étais le fils du Père Fouettard
      Elle s’appelait Marie Noël
      Je m’appelais Jean Balthazar

      Toute la nuit j’avais fouetté
      A tour de bras les gens méchants
      Toute la nuit elle avait donné
      Des cadeaux à tous les enfants

      C’était la fille du Père Noël
      J’étais le fils du Père Fouettard
      Elle s’appelait Marie Noël
      Je m’appelais Jean Balthazar
      (…)
      (Les « frères Jacques » : Dutronc et Lansmann)

  12. Bonjour mes très chers Brumiens,

    J’ai besoin de vos esprits plus éclairés que le mien.
    J’ai la manie de lire systématiquement après chaque roman d’un auteur une biographie dudit auteur.
    Bien souvent après une rapide recherche sur le site internet de ma librairie préférée je ne trouve qu’une seule biographie encore éditée.
    Mais parfois, comme aujourd’hui, le choix est plus conséquent.. ayant fini Les Misérables de notre Victor national je cherche à en lire une biographie. Et forcément le choix est large (Max Gallo, Sandrine Fillipetti, Alain Decaux, Jean-Marc Hovasse, Jeanne Ozbolt…). Je m’y perds je m’y perds…

    Avez vous donc un conseil concernant le biographe parfait ?

    Merci !

    • Bonjour, pour ma part j’ai lu le HUGO de Marc Hovasse chez Fayard. 3 tomes prévus, je crois, mais je ne sais pas si le 3ème tome est paru, je me suis arrêté au deuxième (1864). Cela m’a paru très bien documenté. Bonnes lectures à vous.

  13. Bonjour,
    Une personne parmi vous a-t-elle lu l’essai « Proust inachevé – Albertine disparue » par Nathalie Mauriac Dyer ?
    Si oui, qu’en avez-vous pensé ?

  14. Permettez-moi de recopier ici l’annonce FB de Xavier du CCP – à ce rythme son inventaire colossal sera presque achevé en fin d’année – tenez bon Xavier !

    « En ce début d’année 2023, le Catalogue critique de la Pléiade, qui fête ses 2 ans, poursuit son petit bonhomme de chemin . Il compte désormais 165 auteurs et décrit 61% des volumes de la collection). Il s’est enrichi aujourd’hui des quatre volumes du théoricien du surréalisme que fut André Breton.
    Il s’étend, mais il revoit également, notamment à la lumière de vos commentaires, ses publications passées: Baudelaire, Lautréamont et Cohen ont ainsi été récemment mis à jour. Que ceux qui prennent quelques minutes pour signaler manquements et erreurs en soient une nouvelle fois remerciés.
    Bonne année à tous. »
    https://www.catalogue-pleiade.fr/Breton.jF.htm

    • Est-ce que je me trompe ou bien est-ce le maître d’oeuvre du Catalogue critique qui a loupé le coche ?
      En face du sommaire du tome II est bien reproduit la couverture du tome II, comme il convient
      mais en face du sommaire du tome III est de nouveau reproduite la couverture du tome II…

      Là n’est certes pas l’essentiel, mais…

      • Merci Domonkos pour ce signalement. L’anomalie est corrigée.

        La fiabilité du site, objectif recherché en contrepoint du site Gallimard, et, je l’espère, fruit principal du travail réalisé, est altérée par ces fautes d’inattention. Donc, d’une certaine façon, c’est essentiel.
        Une partie de la qualité de ce site repose sur les commentaires de la collectivité des passionnés de la collection.
        Xavier du CCP

        • Bonjour Xavier.
          Puisque vous semblez solliciter nos remarques, j’en profite.
          J’ai cru remarquer quelques petites choses :
          sur la page de Saint Augustin, on trouve une photo d’un volume de Stendhal.
          La page Fitzgerald débouche sur Faulkner.
          La page Gary débouche sur Genêt.
          La photo du 2nd volume de Gracq est en fait Genêt.
          C’est la même photo pour deux volumes de Simenon.
          Sinon tous mes compléments pour l’ampleur du travail.

    • Merci Pléiadophile. Tout cela est corrigé à l’exception de la page de Saint-Augustin: la photo du volume de Stendhal illustre l’annonce un peu prématurée de la parution de ces œuvres en 1947. Cela n’était pas bien clair. Une légende corrige désormais ce défaut.

  15. Le site gallimardesque de la Pléiade toujours aussi avare de renseignements sur le Steinbeck a paraître début mars. À part le nombre de pages…

    Apparition de « Oeuvres Poétiques » (sans nom d’auteur) pour avril : nul doute qu’il s’agisse d’Yves Bonnefoy, même le crétinisant Laurent Ruquier, dans ses « Grosses Têtes » (de …euh), que j’ai capté par hasard à la radio, alors que je me déplaçais en ouature (diesel) l’a évoqué et en a fait l’objet d’une question posée à son quarteron de béotiens (qui n’ont pas trouvé, et à qui il a fallu souffler la réponse, bien sûr).

    • bon, ce n’est pas le pire printemps que j’aie connu : le tirage spécial Colette me permettra de retrouver cette écrivaine de mon adolescence, sans me farcir son oeuvre complète en quatre volumes (ce dont je ne me sens pas le courage) ; Steinbeck, enfin ! même insuffisant, je m’en contenterai ; et Bonnefoy, ma foi, n’est pas illégitime (j’espère simplement que la part belle sera faite aux oeuvres poétiques que j’apprécie, plutôt qu’aux oeuvres critiques que j’apprécie beaucoup moins : j’aimerais bien que les écrivains se mêlent beaucoup moins de commencer la peinture, ils ne font, la plupart du temps, que parler d’eux-mêmes et se complaire de « belle écriture » et n’ont pas de compétence particulière dans l’art pictural. Sauf quelques grandes exceptions (Baudelaire ?). Généralement, datant de l’époque où ils étaient moins prétentieux.

      • Cher Domonkos Szenes, je me permets quand même de vous signaler que l’article de Milan Kundera (lu dans la pléiade) sur Francis Bacon est tout à fait pertinent, entre-autres…. Quant à Steinbeck en pléiade, certes oui, mais je viens de relire En un combat douteux, sans avoir été transporté… Toujours un plaisir de vous lire.

        • Je n’ai pas d’excellents souvenirs de « En un Combat Douteux », trop démonstratif me semble-t-il.
          Mais je viens de relire, successivement, à la faveur de re-publications dans de nouvelles traductions, « Des Souris et des Hommes » et « Les Raisins de la Colère », avec beaucoup de plaisir.
          « Les Raisins » quoi qu’on puisse penser de l’écriture – qui certes n’apporte pas grande chose en terme de nouveauté, par rapport à un Faulkner et même à Hemingway – me paraît être un grand livre.

          Je ne vais pas me lancer dans des querelles qui risquent d’être interminables, concernant les écrivains commentant la peinture – chacun avancera ses « champions », j’ai les miens – et je veux bien reconnaître que mon jugement à l’emporte-pièce contient sa part d’injustice.
          Je n’ai pas le souffle et l’endurance pour ce genre de débat et sur le plan des compétences je connais mes limites.
          Mais je maintiens le terme « d’auto-complaisance » de la part des écrivains ou poètes qui, le plus souvent, se servent des oeuvres qu’ils analysent plus qu’ils ne les servent.
          Ce qui, par ailleurs, donne parfois des chefs-d’oeuvre littéraires !

          • En fait, ce que j’avais en arrière-pensée, c’est que la peinture et la littérature sont deux Arts tout à fait autonomes et, à mes yeux, fort éloignés l’un de l’autre. Beaucoup de fausses compréhensions et beaucoup de malentendus. Et j’ai connu intimement quelques peintres qui auraient aimé écrire, tandis que j’aurais aimé peindre…

            Il me semble que l’écriture a plus d’affinité avec la musique (ce n’est pas Céline dont, pour une fois je ne vais pas dire de mal, qui me démentirait).

            Je confirme également que l’Histoire du Surréalisme est très certainement la plus grande rencontre entre la Poésie et la Peinture. Au point de pouvoir difficilement faire la part de l’une et de l’autre.

        • J’avais surtout dans l’arrière-pensée l’idée que la Littérature et la Peinture sont deux Arts extrêmement différents, autonomes, voire antagonistes, et que le mélange des genres, au prix de beaucoup de malentendus, est rarement pertinent.
          J’ai moi-même intimement fréquenté quelques peintres – autrefois, dans cette autre vie si lointaine qui fut, paraît-il, mienne.

          Je continue de penser que le Surréalisme fut une formidable exception, la plus grande Rencontre jamais advenue, entre Poésie et Peinture, au point qu’il est difficile de faire la part de l’une et la part de l’autre.
          Mouvement de rapprochement qui fut peut-être annoncé par l’Impressionnisme, le nabisme, puis les mouvements picturaux du début du XXème siècle…
          Mais ces épousailles ne dépassent pas la période surréaliste, chacun des deux membres du couple reprend ses affaires et part de son côté.

          Selon moi, les affinités sont bien plus grandes entre le travail de l’écriture et la musique (ce n’est pas Céline, dont pour une fois je ne vais pas dire de mal, qui me démentirait).

      • « Yves Bonnefoy et John Steinbeck se côtoieront dans la Pléiade
        La célèbre collection de Gallimard s’agrandit encore. Après l’entrée remarquée de HP Lovecraft en août dernier, deux nouveaux visages vont rejoindre La Pléaide. »

        ………………………….

        « Après l’entrée remarquée de HP Lovecraft en août dernier », vraiment ?

        Voyons mon agenda, où étais-je en « août dernier » : dans un bathyscaphe au fond de la Fosse des Mariannes, à cent mètres sous terre, en villégiature sur la planète mars ?
        Comment ai-je pu rater ça ?

        • Il semblerait plutôt qu’il faille comprendre :  » après la confirmation de l’entrée de Lovecraft dans la Pléiade. » J’avais aussi remarqué cette erreur…

  16. Ce rapprochement musique et littérature, oui, encore que je me demande toujours quel choix je devrais faire si je ne devais garder qu’un seul de ces arts. La musique, c’est tellement merveilleux, ça ouvre l’imaginaire à un point tel ! Farewell la 45 ème symphonie de Haydn, il y a de quoi écrire mille livres et peindre 200 tableaux avec ça. Ceci est un exemple parce que j’adore ce cher Haydn, mais combien d’autres musiques peuvent nous transporter…

    • Un beau chant, fait de beaux vers et de belle musique, et hop ! vous avez les deux pour le prix d’un !
      Et, pour peu que vous ayez un peu de mémoire, vous pourrez continuer à le fredonner, même si on vous dépouille de tout : livres, instruments, clavier d’ordinateur…
      Parce que, tout de même, la voix humaine reste le dernier instrument à votre disposition, permettant de porter les deux arts, quand bien même seriez-vous échoué, nu et les mains vides, sur une plage de la fameuse « île déserte ».

      Vous m’direz : avec un doigt traçant des lignes sur le sable, vous pouvez faire un tableau. Décidément, pas moyen d’avoir le dernier mot ! J’abandonne…

  17. Je vous confirme la parution pour le 13 avril d’un volume d’Œuvres poétiques d’Yves Bonnefoy, à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance. Pour ma part, J’attendais ce pléiade avec impatience, je suis donc ravi. Édition établie par Odile Bombarde, Patrick Labarthe, Daniel Lançon, Patrick Née et Jérôme Thélot.
    Les liens ci-dessous renvoie à des photographies que j’ai prises des argumentaires transmis aux libraires. Vous y trouverez notamment le sommaire du volume qui s’annonce très riche.

    https://ibb.co/G2MZFW2
    https://ibb.co/X4TPZft
    https://ibb.co/hM7g1zw
    https://ibb.co/9WYH49n

    Mode des coffrets et des anniversaires oblige, Avril verra également la parution d’un coffret Pascal, contenant les deux tomes d’œuvres complètes parus respectivement en 1998 et 2000.

  18. Je vous confirme la parution pour le 13 avril d’un volume d’Œuvres poétiques d’Yves Bonnefoy, à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance. Pour ma part, J’attendais ce pléiade avec impatience, je suis donc ravi. Édition établie par Odile Bombarde, Patrick Labarthe, Daniel Lançon, Patrick Née et Jérôme Thélot.
    J’ai essayé de mettre des liens menant vers les argumentaires présentés aux libraires, ce qui vous aurait dévoilé le sommaire du volume, mais mon commentaire reste inexplicablement en attente de modération…

    Mode des coffrets et des anniversaires oblige, Avril verra également la parution d’un coffret Pascal, contenant les deux tomes d’œuvres complètes parus respectivement en 1998 et 2000.

      • Excusez-moi cher Brumes. N’étant pas très versé dans la haute informatique (si tant est que poster un simple lien relève bien de l’informatique et non des savoirs fondamentaux que l’on apprend aujourd’hui au cour élémentaire), je pensais naïvement qu’il s’agissait d’un « bug » de WordPress.

        • Non c’est simplement une précaution contre le spam. Pour un message légitime, j’en reçois 100 qui relèvent du spam (viagra, escroqueries, etc.) Donc il y a des filtres qui font le travail à ma place 99,9% du temps sans que j’aie à intervenir. Mais de temps en temps, un de vos messages coince et il me faut le temps de le valider.

    • Merci pour les liens. ça fait envie en effet et j’ai hâte de l’avoir. Seul petit bémol et sans doute Brumes sera d’accord avec moi, les poèmes de Séféris qu’il a traduits (3 poèmes secrets, me semble-t-il) n’y sont pas…

  19. Bonjour à tous,
    La maison Gallimard aurait elle communiqué concernant une refonte de l’édition de Gorki dans la Pléiade ?
    Un seul volume qui s’arrête en 1917 actuellement n’est ce pas un peu léger ?

  20. En parcourant la page sur « La Pléiade des adolescents » ici https://www.catalogue-pleiade.fr/Ados-pleiade.iF.htm
    Deux réflexions:
    – combien de Brumeux ont-ils vu leurs Pléiades lus ou manutentionnés par des ados ?
    – cette liste scolaire, sans surprise, bourgeoise ne pourrait-elle pas inclure des auteurs un peu plus « hardcore », si la littérature est toujours un refuge pour les malheureux et les isolés ? Les Hauts de Hurlevent ou Eugénie Grandet pour les jeunes dans la misère ? Un jeune mal aimé, lâche et méchant prendrait plaisir à enrichir son vocabulaire fielleux dans Céline et se reconnaitrait mal dans les nobles héros de Dumas ? Ou même Voltaire et Nietzsche pour commencer à apprendre à penser sans jargon ?

    Je me souviens avoir ressenti adolescent la puissance des passions de Balzac, de Shakespeare, de Dostoïevski (en zappant les longueurs théorisantes). Et je crois m’en être sorti plus grandi – au moins en sensibilité littéraire – qu’en lisant le Petit Prince.

    • Tout à fait d’accord avec vous, quoi que Belle de jour de Kessel (faisant partie du lot « ados »), peut leur offrir des perspectives dans ces temps difficiles. En même temps, je lis en ce moment La petite Dorrit et je me régale…

    • Duquel des auteurs de notre collection, sagaces lecteurs de ce blog, ces quelques réflexions sur la littérature de jeunesse ?

      « … Livre ‘pour la jeunesse’, périlleux essais d’hommes et de femmes qui ont oublié la leur.… Combien y ont échoué depuis Perrault – que je ne connais pas ? Je na’i pas voulu vous lire, contes immortels de Perrault, parce que Gustave Doré avait glissé, entre vos pages, un château noir percé de fenêtres ardentes, un chat debout dans ses bottes à créneaux, une princesse sur son char, rêveuse, et qui tournait vers moi son visage et son bras aussi blancs que la géante lune en faucille… Je ne vous ai pas lus, parce qu’à vous lire mon exaltation tombait, et je revolais vite au château hanté, à la princesse fugitive, et même à la couverture du grand livre, ondée à petits flots, comme une source où dort le Dragon, et fabuleuse elle aussi… Puis je quittais toutes ces féeries, et sournoisement j’attaquais un des blocs de l’énorme Balzac, comme un chien jeune ronge, de ses dents neuves, le bas d’une porte massive… »

      • Extrait de Sido, de Colette, à (re)paraître le 28 février prochain, en Pléiade « spéciale » non numérotée. Elle saisit bien comment la jeunesse curieuse peut lire sans mode d’emploi et sans logique autre que le plaisir du texte.

        • Amusant de la part d’un auteur qui n’a presque rien fait d’autre qu’écrire sur la jeunesse et qui n’avait peut-être pas « oublié la (sienne) » mais l’avait, pour le moins, ainsi qu’il sied et qu’il est inévitable, reconstruite, comme un château imaginaire.
          Il n’est pas moins paradoxal de bannir la lecture de Perrault au motif qu’un illustrateur né cent ans après lui, a accolé à son texte sa propre vision imagée. « Coupable » post mortem ? Refuserai-je de lire Jules Verne à cause de Riou ou Benett ? Dante à cause du même Gustave Doré ?

          Enfin, si je devais suivre Colette jusqu’au bout, il faudrait bannir toute oeuvre littéraire, car il ne s’agit jamais que de l’imaginaire de quelqu’un d’autre – et passé par le filtre ou le carcan de la langue codifiée – à moins de s’emparer de cet imaginaire et le faire sien.

          Quant au réel et à la vérité, quelle naïveté ce serait que de croire que la littérature en contienne la moindre parcelle ! Zola n’est pas plus « réaliste » ni plus « vrai » que Perrault.

          Comme souvent, en lisant Colette, on est pris par le charme, puis, y réfléchissant, on aperçoit l’insignifiance.

          • Naturellement, s’il me venait l’idée saugrenue de relire un de ces jours ce petit texte sorti de ma plume, je serais également saisi par son insignifiance, ainsi qu’il m’arrive 99 fois sur cent.

            Ce pourquoi je me garde autant que faire se peut de ce genre d’exercice. Rien de pire que les restes d’un repas refroidi.
            Les paroles s’envolent ? Tant mieux !
            Les écrits restent ? Tant pis !

          • Colette ne dénigre pas Perrault mais décrit une expérience que nous avons tous vécue je crois, quand le pouvoir d’une illustration absorbe ou dépasse celle du texte en regard (Jules Verne, La Fontaine, les contes). C’est le pouvoir de l’image et/ou l’effort de lecture qui génère cette expérience, tout va bien tant que l’on ne lit pas encore des BD à l’âge adulte !
            Ici nous avons aussi tous cette triste expérience où le bel objet Pléiade s’admire plus de l’extérieur qu’à la lecture, avec un papier désagréable ou une traduction lamentable.

          • Cher Valère, juste une précision : je ne dis pas que Colette dénigre Perrault, mais qu’elle affirme ne l’avoir pas lu à cause des illustrations de Gustave Doré qui barraient son imagination. Je trouve ça un peu léger.

            …………………………..

            Quant à la bande dessinée (qu’on nomme « roman graphique » quand on veut faire sérieux, ce qui, comme le dit Roxa Lux, revient à en faire un sous-genre du roman), aïe ! aïe ! aïe ! je sens que je vais me faire prendre à partie par tout le monde, les pro et les anti bande dessinée, car… j’adore ça ! Même à 72 ans (mais suis-je « adulte » ?).

            Pontifex qui est un homme sérieux ne va pas aimer que je dise que j’aime la bande dessinée classique, celle qui a aussi le parfum de l’enfance, mêlant une certaine perfection technique, une esthétique et une poésie.
            Sans parler de l’inventivité des formes, des modes d’expression, chez les meilleurs d’entre elles.
            Qu’on le veuille ou non, Hergé est un créateur.
            Il va se fâcher tout rouge si j’affirme que je n’aime pas trop la bande dessinée qui se veut « grave », sérieuse, concurrente de la littérature… J’ai beaucoup aimé « Maus » mais franchement je ne le mets pas au pinacle et ça ne vaut pas tripette si je le compare à Dostoïevski (c’est à cela qu’on s’expose quand on veut faire de la bande dessinée à prétentions intellectuelles ou littéraires, comme Spiegelman, l’enfant chéri de Télérama). Donnez-moi du Crumb à la place, je préfère cent fois !
            Me pardonnera-t-il tout de même, rien qu’un petit peu, si je lui dis que je suis cependant un fan de véritables « auteurs » de bande dessinée, et à la fois artistes, comme Enki Bilal ?

            Valère qui êtes encore plus sérieux que Pontifex, au point de rejeter entièrement la bande dessinée avec les langes de votre enfance, vous ne trouverez rien de bon dans mon goût immodéré pour ces albums illustrés..

            Peut-être rencontrerai-je l’approbation de Rosa Lux, mais ce n’est pas certain.

            Et, pour finir, je tiens à proclamer haut et fort que la bande dessinée est un art à part entière, hormis la question de la qualité de tel ou tel. Je précise au passage, à propos de qualité et de médiocrité, que si en effet 99% de la production est à jeter à la poubelle, le même pourcentage de livres qui ne sont pas de la bande dessinée, devrait suivre le même chemin.
            Un art à part entière (je ne ferai pas un classement hiérarchie des arts, quel intérêt ? art « mineur » si vous voulez, cela ne me dérange pas du tout), et indépendant. Qui n’est ni du dessin ou de la peinture, ni de la littérature.
            Et je déteste par-dessus tout l’adaptation des grandes oeuvres littéraires en bande dessinée – sauf rarissimes « re-créations » qui en font de nouvelles oeuvres – dont le but est de permettre aux instituteurs de faire connaître, approximativement, Albert Camus, à des élèves qui n’ont pas et n’auront jamais le courage de lire ses livres.
            Pitoyable et hypocrite démission !

            Évidemment, et dans le droit fil de ce qui précède, il serait d’une hallucinante stupidité d’envisager de faire entrer des bandes dessinées en Pléiade (même celles du fondateur Rodolphe Töpfer, qui avait l’ambition d’écrire de la littérature imagée).

          • « Cher Valère, juste une précision : je ne dis pas que Colette dénigre Perrault, mais qu’elle affirme ne l’avoir pas lu à cause des illustrations de Gustave Doré qui barraient son imagination. Je trouve ça un peu léger. »

            Désolé de m’auto-citer, mais c’est pour préciser, que je ne crois pas du tout cette affirmation de Colette. Ce serait vraiment trop bête et indigne d’elle. À mon avis, c’est une pose. Elle a voulu « faire son intéressante » comme on disait dans ma famille.

        • Cher Valère, vous dénigrez bien vite la B.D. La lecture de Maus d’Art Spiegelman vaut largement de nombreuses lectures médiocres ou moyennes, je vous cite ça, mais il y a d’autres romans graphiques qui peuvent tout aussi bien nous faire réfléchir et penser le monde. S’il suffisait de lire de bons textes pour que ce monde soit parfait ou qu’il change…

          • Merci pour cette défense de la bande dessinée, mais par pitié cessons de la défendre en utilisant le terme « roman graphique » qui ne fait que la desservir, la subordonnant au roman dont elle est pourtant un art indépendant.

          • Je ne nie pas que B.D., cinéma ou jeux vidéos puissent donner à penser, mais nous sommes ici à la recherche des classiques en tenue de cuir, déjà bien marris de l’intrusion prochaine des auteurs du XXIème… alors la B.D. … pitié…

          • Cher Domonkos Szenes, j’ai toujours un grand plaisir à vous lire, même si je ne partage pas toujours vos opinions (sur Zola entre autres…), mais vous avez tort de croire que je suis sérieux, légèrement plus vieux que vous, je n’ai plus grand chose à défendre, me fou
            s un peu de tout et n’aspire qu’au beau (vaste programme, tant la merde nous envahit) et je partage bien sûr votre avis sur la B.D. qui est un art à part entière, quoique je trouve Enki Bilal surfait, c’est un bon dessinateur, faisant toujours la même chose et je ne retiendrai que la Foire aux immortels, et que bien qu’art à part entière, la B.D, au même titre que le cinéma n’aura jamais, bien évidemment, le souffle immense de la bonne littérature, celle que nous aimons tous, y compris celle de celui que vous n’aimez guère, Céline. Mais D’un château l’autre et surtout Nord portent une telle puissance… Bon, je ne vais pas essayer de vous convaincre, vous qui êtes un érudit, alors que je ne suis qu’un modeste lecteur, amateur de beaux textes et de beaux livres. Aujourd’hui, parfois, car je ne suis guère courageux, j’aime lire des textes du XVII ème et je suis ébloui par la puissance et la précision de cette langue. J’ai découvert récemment Théophile de Viau, je trouve cela remarquable et bien qu’athée, les oraisons funèbres de Bossuet ne me laissent pas indifférent, la langue devient alors presque une musique. C’est évident que notre langage aujourd’hui s’appauvri ou se spécialise et n’offre plus guère cette petite musique si cher à Ferdinand. Je ne m’étendrai pas sur la médiocrité des parutions de notre chère collection tant dans le fond que dans la forme, beaucoup a été dit. Toujours content de vous lire et surtout quand vous lancez des petits piques car ce sont de petits charbons qui alimentent le feu et en ces temps de crise énergétique, c’est toujours bon à prendre. Amicalement à vous.

          • Je n’ose prétendre au titre « d’érudit ». J’ai rencontré de véritables érudits et je me suis senti tout petit face à eux. C’est tout juste si je me considère comme un borgne au royaume des aveugles (et je ne crois pas, n’en déplaise à votre modestie, que vous fassiez partie des aveugles).
            Mais basta, foin de ces échanges de politesse, je ne veux relever qu’un point dans votre intervention : Enki Bilal.

            Il y a une dizaine d’années de cela j’en parlais exactement de la même façon que vous. « Il se répète, il n’a plus rien à dire, il se perd dans l’abstraction et ses prétentions artistiques avec un grand « A », etc. » Je me souviens d’und ébat que j’ai eu à l’époque avec un vrai spécialiste de la bande dessinée et je rougis en repensant à mes propos de l’époque.

            Et puis j’ai voulu aller voir de plus près, la tétralogie du « Monstre » (où il puise dans ses racines balkaniques et dans la « Guerre de Sécession » de la Yougoslavie), la trilogie du « Coup de Sang » (« Animal’z » etc) qui se situe sur une terre bouleversée, arasée, d’où presque toute vie a disparu, traitée d’une manière presque abstraite et la tétralogie en cours « Bug » qui imagine un futur dans lequel toutes les communications et toute l’informatique ont brusquement disparu, hormis un homme traqué qui porte en lui toute la mémoire informatique du monde…

            Ajoutez-y son tout récent livre d’entretiens « Sublime Chaos » qui n’est pas qu’un livre d’entretien mais une oeuvre littéraire sur un auteur-créateur, construit, tendant vers un but, bénéficiant d’un vrai travail d’écriture de la part de Christophe Ono-Dit-Biot qui est par ailleurs un écrivain. Un livre sans équivalent dans le domaine de la bande dessinée où on se contente généralement d’hagiographies sur le modèle des livres destinés aux fans des pop-stars (il n’y a guère que Hugo Pratt ou Hergé sur qui on a écrit des choses sérieuses). Il y a des moments véritablement émouvants.
            J’ai retrouvé l’homme que j’avais pu rencontrer dans une séance de signature, dans une petite boutique de Nîmes, il y a des années de cela, et avec lequel, me prévalant de mes origines hongroises qui nous mettait dans une certaine proximité, j’avais pu avoir des échanges dépassant quelque peu les phrases convenues dans ce genre de circonstances.
            Une vraie épaisseur humaine.

            Donc, j’y suis retourné, et j’ai été complètement repris !
            Dans les deux dernières séries, j’ai vu un vrai renouvellement des thèmes, de la manière et de la matière artistiques, une maturité jamais atteinte auparavant et rarement atteinte dans le domaine de la bande dessinée (surtout pas chez les auteurs à prétentions « intellectuelles »).

            Je n’ai malheureusement guère de don de critique littéraire et surtout artistique pour pouvoir développer plus avant.

            Pour en revenir à la littérature, bien entendu je la place au-dessus de tout. Et d’ailleurs, outre le plaisir et l’émotion que me procurent les grandes oeuvres, romanesques ou poétiques, je prétends que celui qui veut connaître quelque chose de l’humain et quelque chose de l’histoire humaine ferait mieux de lire les grands auteurs (poètes et romanciers) plutôt que les philosophes, historiens, sociologues (classés dans l’ordre déclinant sur l’échelle de la valeur) !

          • Merci Domonkos Szenes, je vais remettre le nez et surtout les yeux dans l’œuvre de Bilal, vous m’avez si ce n’est convaincu, au moins fait douter. Bonnes lectures.

    • Sur LaLibrairie.com également. Toujours se méfier de ces dates. Quand la date du 03 novembre est arrivée et que rien n’est apparu sur les rayons des librairies, ces mêmes sites annonçaient le 22 novembre, alors qu’un représentant de Plon avait informé mon libraire que tout cela était repoussé à une date éloignée de 2023…

      Par contre, étonnante, cette information du nombre de pages par volume. Comme si ceux-ci étaient déjà imprimés et mis en boîte !

      • Le projet étant déjà finalisé chez Plon, il n’est pas étonnant que le nombre de pages par volumes soit connu. Mon avis est que Plon a peut-être voulu attendre une baisse du prix du papier pour un tel ouvrage.

  21. Cher Domonkos, j’interviens ici en réaction à votre échelle de valeurs avec les grands auteurs au sommet puis, dans un ordre décroissant, les philosophes, les historiens, les sociologues.
    Je suis bien conscient du fait que vous émettez votre stricte opinion personnelle et non pas une vérité absolue.
    C’est une classification intéressante qui m’a fait réfléchir. Quelle serait la mienne ?
    Chacun a tendance à placer très haut les intérêts qui lui sont propres, c’est parfaitement humain.
    Donc en tant qu’historien, je devrais placer l’histoire au sommet des productions humaines. Mon cœur dit  » bien sûr » mais mon cerveau dit « pas si vite! ».
    Examinons la question de plus près.
    Et d’abord, peut-on classer sur la même échelle des concepts si différents ?
    La littérature est un art et l’histoire une science. Il y a une différence de nature plus que de degré. La littérature est du domaine de l’émotion, de l’esthétique, de l’enthousiasme. L’histoire est le champ de la méthode, du pragmatisme, de la raison froide.
    Je reviendrai à la philosophie un peu plus tard mais qu’en est-il de la distinction entre histoire et sociologie ?
    Pour moi, l’une ne « vaut » pas plus que l’autre. Ce sont des outils : on ne dirait pas qu’une pelle vaut plus qu’un tournevis, l’important est d’être adapté à la fonction désirée. La sociologie est une science plus jeune que l’histoire mais tout aussi utile.
    Elle examine horizontalement les sociétés humaines alors que le point de vue historique est vertical.
    L’histoire est une science idiothétique, pour parler comme W. Dilthey, et non nomothétique comme la sociologie mais sinon je les range sur le même plan, en y ajoutant l’ethnologie et la linguistique.
    La philosophie est une discipline zététique et non une science stricto sensu.
    On ne peut donc la comparer à quoi que ce soit. Tandis que l’histoire absorbe toutes les autres sciences pour affiner ses analyses, la philosophie, drapée dans sa dignité, est indépendante de tout ce qui est contingent.
    Il est amusant de voir que philosophie et histoire sont nées chez le même peuple à peu près au même moment et n’ont jamais eu la moindre prise l’une sur l’autre : la philosophie de l’histoire n’est pas de l’histoire, pas plus que l’histoire de la philosophie n’est de la philosophie.
    Je maintiens donc que les différentes productions de l’esprit sont parallèles.
    Évidemment, certains historiens ont été de grands auteurs : Thucydide, Gibbon, Michelet pour ne citer qu’eux.
    Mais il s’agit d’une plus-value accessoire si leurs œuvres charment en plus d’ instruire.
    Quand je lis Tacite, son style m’importe peu du moment que j’en sache plus sur Tibère ou Galba.
    Pour répondre à mon interrogation initiale, je pense que l’histoire est plutôt une base qu’un couronnement. Chaque être humain est le produit de l’histoire qui lui donne ses coordonnées civilisationnelles, même celui qui ignore tout de la littérature ou de la philosophie. Les sciences affermissent le sol où nous évoluons. Sur ce socle consolidé par les progrès de l’esprit, nous pouvons lever les yeux vers les clartés éternelles de la littérature, de l’art, de la philosophie.
    L’histoire est humble, elle sait qu’elle ne s’occupe que du transitoire: Napoléon passe, Nerval, Platon et Titien restent.

    • Cher ami,
      Je vous trouve particulièrement rude avec Tacite. C’est un auteur réputé ( à juste titre ) difficile à traduire, mais un bon latiniste, sans problème, pourra faire une étude stylistique de Tacite, tant son œuvre est remarquable sur le plan littéraire. Comparez-le à Suétone, vous verrez lequel des deux est un écrivain. De plus, l’influence de Tacite, au dix-septième siècle, est majeure. Sans Tacite, Racine n’aurait pas écrit Britannicus.
      Enfin, parlant de l’Histoire comme une science ( humaine… ) en lui revendiquant une praxis objective, cela est assez discutable. Tacite, issu de l’ordre équestre, regrettait sans doute, ces temps où l’aristocratie sénatoriale, démembrée pendant la dynastie julio-claudienne, avait une influence majeure dans la vie politique. Et puis, il était d’abord un moraliste, un explorateur de la psychée, avant d’être un historien. Comme disait Hugo à son propos :  » Les hommes comme Tacite sont malsains pour l’autorité ».

      • Ami Zino, loin de moi l’idée de dénigrer Tacite, au contraire. C’est un écrivain merveilleux. Mais en tant qu’historien, son style ne doit pas m’influencer: comme source, je lui demande de m’éclairer, non de m’éblouir.
        À la limite, on devrait le lire comme on lit le verbeux Florus ou l’obséquieux Velleius Paterculus, d’un œil froid et critique.
        Maintenant il est vrai que TOUS les historiens jusqu’au XVIIIe siècle inclus sont avant tout des écrivains sans prétention scientifique.
        L’histoire comme discours objectif est un phénomène assez récent. Les universitaires actuels dissèquent le passé, ils ne le peignent plus.
        Mais si la connaissance y gagne, tant mieux.

        • Ami strasbourgeois,
          Je crois, hélas, que les historiens contemporains commentent le présent, ils ne dissèquent plus le passé…
          Concernant les historiens de l’antiquité, vous avez raison : mieux vaut en effet, un historien besogneux plutôt qu’un peintre des passions.
          Et puis, il y a plus de vérité historique dans les graffitis découverts sur les murs de Pompéi que dans le bellum gallicum de César. L’épigraphie, l’archéologie, objectivisent le fait historique, bien mieux que la plupart des grands historiens de l’antiquité. Je ferais peut-être une exception pour Salluste et Pline…
          J’arrête là. Je suis stylisticien, pas historien 🙏
          Bien à vous.

        • Dans l’Histoire, hormis les découvertes archéologiques (encore faut-il pouvoir les interpréter), on travaille sur des documents, des sources humaines. Il n’y a aucun moyen d’accéder aux événements du passé, directement, sans filtre, à moins de disposer de la machine à voyager dans le temps. C’est toujours un travail de seconde main. On ne travaille que sur des témoignages humains, dont on connaît la fragilité et l’incertitude.

          Les Historiens modernes se veulent « objectifs » (hum !) – ce qui n’est pas l’équivalent de « scientifique » – mais de quels objets parle-t-on ?

          Bien sûr, la méthodologie historique a fait d’énormes progrès, et les historiens sérieux tachent de faire un « travail scientifique » sur les documents dont ils disposent, mais leur matière première est toujours incertaine et invérifiable (cent témoignages ne valent pas beaucoup plus qu’un seul ou pas forcément plus : cent menteurs ne valent pas plus qu’un qui dit la vérité).

          Et je passe sur la subjectivité propre des Historiens, même modernes, qui sont, en dépit de leurs idéaux, des hommes et des femmes, des hommes et des femmes de leurs temps, forcément poreux aux idées, mentalités et préjugés de leur temps – même à l’insu de leur plein gré.
          Dans « sciences humaines » il y a trop « d’humain » et pas assez de « science ».

          Il n’empêche que ma bibliothèque comporte pas mal de rayonnages « encombrés » d’ouvrages d’Historiens, que je trouve passionnants.

          Je vous demande pardon, cher Strasbourgeois, de me mêler de ce qui ne me regarde pas, ne prenez surtout pas ombrage de mes petites considérations pour lesquelles je ne briserai pas des lances. Leur seule vertu est de vous donner l’occasion de défendre vos positions. Considérez-moi comme l’avocat du diable.

    • Ce serait vous faire insulte de penser que vous n’avez pas perçu dans mon affirmation la dimension provocatrice, voire paradoxale.

      Cependant, pour établir cette « hiérarchie » (vous avez raison, elle n’est aucunement contraignante et parfaitement subjective), je me base sur une constatation : quand on veut parler d’un type humain, d’un caractère, d’un phénomène historique, d’un changement dans les attitudes, les mentalités, les moeurs, et même de grands changements sociologiques, on se réfère la plupart du temps à quoi ? À des oeuvres littéraires, à des héros ou héroïnes romanesques.

      En fait, mon intervention n’est qu’une réaction (excessive, forcément excessive, pour faire bouger le balancier) contre une certaine tendance à prendre trop au sérieux les sociologues, philosophes, historiens, politologues, tous réputés « spécialistes » de ces choses, maîtres de matières « nobles », au détriment des poètes et romanciers, trop souvent encore considérés (en tous cas, au niveau du « bon sens populaire » si ce n’est de l’université), comme des rêveurs, des subjectifs, non fiables, voire irrationnels…
      Et pourtant, grâce à la force intrinsèque de l’imaginaire et de la littérature, qui mieux qu’eux sait « capter l’air du temps », la mentalité de ses contemporains, et même souvent l’anticiper, et la traduire en des figures mémorables ?

      Mon but n’est autre que vouloir « réhabiliter » les écrivains qui n’ont pas proféré plus de bêtises que les plus hautes « autorités », ni répandu plus d’erreurs, et souvent, comme chantait Jean Ferrat, en référence à Aragon (d’accord, mauvais exemple que ces vieux staliniens mal repentis !) : « Le poète a toujours raison – qui voit plus loin que l’horizon » (Je vous épargne la suite, parce que justement, cela irait à l’encontre de ma tentative de démonstration, puisque c’est une grosse bêtise : vous savez, le fameux « la femme est l’avenir de l’homme » ! affirmation dont, à l’instar de Jacques Brel dans une autre chanson, « je ne suis pas bien sûr »).

      • Sérieux, je prends mon stylo rouge et marque « HORS SUJET » sur toutes vos interventions depuis la défense de la BD. Circonstance atténuante: rien à moudre en décembre et janvier dans notre chère collection.

        • Il est facile, du haut de son stylo rouge, de critiquer la plume, imparfaite, d’autrui, mais plus difficile est de proposer, de son stylo noir, ou bleu si vous y goûtez, une réflexion propre a nous faire gigoter deux neurones.
          Car, bien souvent, l’âge venant, les pensées s’arrondissent et l’écriture suit, dans une noria de poncifs réactionnaire, rabâchées sans cesse, à tel point qu’on ne sait plus si c’est le disque qui est rayé ou le lecteur défectueux.

          Mais je peux comprendre que, pour certains, un enieme échange sur le thème, multi-defloré, du « c’était mieux avant », puisse paraître plus enviable qu’une discussion, nouvelle, sur la bande dessinée ou les mérites comparés de l’Histoire et de la littérature.

          Sur ce, je retourne à mon Proust.

          • L’intermède sur l’histoire comme discipline morale et littéraire, qui prend l’aventure humaine comme objet de réflexion philosophique et guide éthique (ce qu’elle fut même sous la plume du maître Thucydide), et l’histoire comme science de ce qui fut vraiment, quel qu’en soit la « leçon » morale qu’on puisse en tirer (et qui n’est plus l’objet du labeur de nos historiens modernes) est fort intéressant.
            J’ai par le passé lu Taine, et ses Origines de la France contemporaine, c’est un texte d’une qualité littéraire exceptionnelle et qui, il me semble, n’est pas historiquement indéfendable pour l’époque où il fut écrit. Ce texte n’est plus lu, pâtissant peut-être de son extrême longueur et du dédain dans lequel Taine est tenu par une certaine historiographie, et c’est bien dommage.
            Toujours est-il que selon moi tout texte d’histoire datant disons d’avant 1900 (et peut-être 1950) gagne à être lu en appliquant et les méthodes de l’historien et les méthodes du critique littéraire. C’est autant un objet de savoir qu’un objet de rhétorique et articuler ces deux dimensions n’est pas inutile.

            Il pourrait d’ailleurs être agréable que les historiens modernes s’adressant au grand public dans les collections de référence pour les petits bourgeois avides de savoir (Fayard, Tallandier, Perrin, Passés Composés), aient parfois une meilleure plume… Je ne demande pas cela dans les textes savants, mais enfin quand on s’adresse à la plèbe lectorale des semi-incultes, dont je fais partie, un peu de style ne gâcherait rien.

            Bref, j’ai moi aussi digressé. Côté Pléiade, je pense que l’incertitude du programme vient aussi des problèmes d’approvisionnement actuels.

          • Il nous semble que Mme Wieviorka, en particulier dans son récent « Tombeaux » (titre mallarméen, soit dit en passant), devrait répondre à vos exigences et pleinement vous satisfaire. Ses ouvrages, en tout cas, sont d’aussi agréable et enrichissante lecture que bien des produits « littéraires ».
            Cordialement,
            UAPI

        • Je vous comprends, Valère, moi aussi j’ai passé une mauvaise nuit : gros rhume, toux, insomnie… Comment être de bonne humeur en se « réveillant » d’une nuit sans sommeil ?
          Heureusement, il suffit de venir chez Brumes et… les brumes se dissipent !

          Faites attention, quand même, en ces temps de pénuries diverses et variées, épargnez votre stylo rouge, on pourrait demain en manquer dans le commerce et vous seriez bien embêté !

      • Bonjour Domonkos, je suis plutôt d’accord avec vous sur les sciences humaines (NB : il s’agit d’une simple opinion). Il me semble, d’ailleurs, que leur plus grand échec (en incluant la philosophie), qui a, hélas, des conséquences sérieuses pour l’avenir de l’humanité, a consisté en l’incapacité de relativiser la valeur de notre civilisation. J’ai l’impression, par exemple, que l’ethnologie est moins ouverte à la différence, qu’elle étudierait plutôt comme un objet de « curiosité », que le discours de Montaigne sur les « sauvages ».
        Par contre, votre remarque relative au choix préférentiel d’un héros romanesque plutôt qu’un personnage réel pour marquer l’air d’un temps s’explique, il me semble, assez facilement. Car, si l’auteur a bien « senti » le parfum de l’époque, il lui est tout à fait loisible d’en faire la synthèse à travers un choix pertinent de personnage (chose qu’il est beaucoup plus rare de trouver dans le monde « réel »), ou de trame romanesque.
        Donc oui, une oeuvre de fiction peut proposer une vision assez fidèle, et mémorisable, d’une époque, alors que la « réalité » est souvent plus complexe, moins « schématique » ; pour ma part je ne vois pas de raison d’accorder une « valeur » préférentielle à l’une ou à l’autre : les deux se complètent.

        • Étant parti sur les chapeaux de roue sur d’autres échanges qui nous ont mené assez loin, je découvre malheureusement un peu tard votre réponse. Un peu tard pour y répondre avec le soin et la réflexion nécessaires.
          Je ne suis pas très fort en cuisine (même littéraire) et je n’arrive pas à garder un oeil sur deux ou trois casseroles qui mijotent en même temps. Nul doute que nous aurons une autre occasion d’en parler.

  22. Pardon Valère.
    Vous avez raison, revenons à nos moutons-pléiades.
    Mais c’est plus fort que moi, quand j’entends le mot « histoire », je suis comme le chien de Pavlov…

    • Ne vous excusez pas cher Strasbourgeois.

      En tant qu’historien vos interventions sur l’Histoire ne peuvent être qu’enrichissante.

      Et, même si elles répondent à un réflexe pavlovien, elles ont le mérites d’être neuves, au contraire de bien d’autres sur ce forum, qui, tout aussi pavlovienne, ne ressassent que la même idée, la décadence de cette chère pléiade, si ce n’est la décadence généralisée depuis la seconde moitié du XXeme siècle.

      • Faudrait savoir, à la fin, de quoi qu’on cause et à qui qu’on adresse notre jactance ?

        J’apprécie moultement et plus encore la texture et l’odeur du cuir, le velouté du papier bible, l’élégance de la typographie, une belle et confortable reliure, et tutti quanti, mais, s’il ne faut parler que de cela, autant se rendre sur un site dédié aux aspects techniques de la reliure et de l’imprimerie !

        À moi, dans ma béate bêtise de béotien, il me semble tout de même que ce bel habit n’a d’autre usage (à part décorer des rayonnages et frimer devant les copains) que de faire honneur au contenu : c’est-à-dire de la bonne et belle littérature, philosophie, histoire (y en a pour tout le monde)…

        La reliure, c’est l’os, la littérature c’est la moelle (substantifique, forcément substantifique depuis que Maître Rabelais en a ainsi décidé).

        Alors, s’il est malséant et « hors sujet » de parler ici de littérature, de philosophie, d’histoire… je vais faire appel à un grand penseur, l’immortel Séraphin Lampion, agent des Assurances Mondass, pour lancer le mot de la fin : « Notez que je ne suis pas contre la musique (*), mais franchement, là, dans la journée, je préfère un bon demi ».

        ……………

        (*) pour les besoins de la cause, remplacer « musique » par « littérature »

          • De mon côté, pour en finir avec le sujet, je dirais que les livres d’histoire, quand j’étais jeune, étaient comme une passerelle vers la littérature. C’est parce que, très jeune, j’ai lu Benoist-Mechin et ses biographies  » approximatives », incomplètes des grandes figures occidentales en Orient ( et sûrement « orientées », Benoist-Mechin était un collaborationniste notoire ) que j’ai lu Xenophon, Yourcenar et Shakespeare. Et les grands romantiques allemands.
            Il est illusoire ( et stupide, je pense… ) de mettre en concurrence Histoire et littérature.
            Fin du HS 😄

          • Mon petit texte est, plutôt qu’une réponse à l’un ou à l’autre (à vous pas plus et pas moins qu’à un autre), un plaidoyer pro domo, et c’est de manière quelque peu abusive et maladroite que je vous l’ai adressé.

            Pour moi, il s’agit également d’une réflexion plus générale, distanciée, ou d’une porte de sortie d’une discussion qui tourne un – et je me demande bien pourquoi – à l’aigre.
            J’aurais dû le poster comme un texte indépendant.
            Je vous prie, dans tous les cas, de n’y point voir la moindre intention agressive à votre égard.
            Bien à vous.

        • J’ai remarqué que depuis que le CBD est en vente libre, ce site dédié devient un peu n’importe quoi ! ? Mais où sont les belles neiges d’antan ?

          • Dédié à rien du tout, mon cher. Étymologiquement, on dédie à un Dieu, pas à autre chose. C’est un des mésusages contemporains les plus répandus, je vous l’accorde cependant bien volontiers.

            Puisque vous en parlez, ici à l’origine, c’était un simple blog de lecture, dont une page, sur laquelle vous êtes, a fini par être centrée sur un sujet qui n’avait guère de place hors des canaux officiels de Gallimard, la Pléiade. J’ai toujours été fort libéral dans la discussion qui se tenait, même quand la vie m’a éloigné, du blog d’abord, de la Pléiade ensuite.

            Vous êtes assez grands pour vous respecter et vous modérer. Quelques incartades hors de la Pléiade, pour parler de littérature, d’histoire ou de philosophie sont bien sûr admises. Ce qui ne serait pas admis ce seraient 1/ les pures insultes, 2/ le bavardage politique, 3/ l’éloge des œuvres de Christine Angot.

            À part ça, vous saurez bien vous modérer sans vous morigéner mutuellement au moindre écart.

          • Pensez-vous, cher Pontifex, que certains moments d’égarement du bon Jean-Jacques Rousseau présenteraient un lien avec sa passion d’herboriser ?

            Vous ouvrez là des pistes de recherche.

            Je vous souhaite un bon dimanche.

  23. Ce n’était là que petite plaisanterie et je remercie bien bas et Brumes et vous cher Domonkos pour vos apports respectifs à ce blog et de plus, jamais de ma vie je n’aurais pensé à faire l’éloge de Dame Angot, ni d’ailleurs de Dame Nothomb.

    • Ah ! Que dire des Dames du Temps Présent ?
      Dame Ernaux vous siérait-elle mieux ?

      Pour poursuivre dans la veine villonesque que vous avez initiée :

      « Dictes-moy où, n’en quel pays,
      Est Flora, la belle Romaine ;
      Archipiada, ne Thaïs,
      Qui fut sa cousine germaine ;
      Echo, parlant quand bruyt on maine
      Dessus rivière ou sus estan,
      Qui beauté eut trop plus qu’humaine ?
      Mais où sont les neiges d’antan !
      (…)
      Prince, n’enquerez de sepmaine
      Où elles sont, ne de cest an,
      Qu’à ce refrain ne vous remaine :
      Mais où sont les neiges d’antan ! »

      …………………………….

      Sur ce, retournons à nos (peaux de) moutons… Je veux parler, bien sûr, de celles qui recouvrent nos Pléiades.
      Et hop ! pirouette, cacahouète, je retombe sur mes pattes !

      Bonne fin de dimanche à tous ; courage, pour ceux qui reprennent le boulot demain, et courage aux autres aussi, car il en faut pour occuper utilement ses longs loisirs.

  24. Pour continuer à radoter, quelques chiffres de source sûre:
    – le très agréable coffret Proust en 2 vol., sorti en avril 2022 s’est écoulé à 6000 exemplaires, cette édition spéciale « limitée » est bien entendu toujours disponible.
    – les Essais de Proust, parus simultanément, sont partis à 3000 exemplaires, sans doute grâce au titre racoleur et fallacieux de cette réédition très facultative du précédent Contre Sainte-Beuve.
    – Les Épicuriens, volume sérieux sorti en octobre 2010, fait une belle carrière avec 19000 exemplaires vendus, il est enfin, depuis janvier 2021, disponible en réimpression chez Roto, à la suite d’Aubin.
    – Histoire Auguste, volume exigeant sorti en novembre dernier est parti à 2000 exemplaires.
    Pour parler comme l’ami Domonkos, Histoire et Philosophie sont à égalité, mais Proust, romancier mais aussi historien et philosophe, 3 en 1, se vend trois fois plus.

    • Si ces chiffres correspondent à des ventes réelles (et non pas des exemplaires mis en place), pour des livres dont le prix est relativement élevé, je les trouve fort honorables dans le contexte actuel de l’édition, et notamment de la littérature d’une certaine exigence.

      Sait-on à combien d’exemplaires vendus un(e) Pléiade « rentre dans ses frais », sachant que le coût peut certainement varier assez considérablement d’un ouvrage à l’autre ?

      • Ces chiffres sont bien des ventes sorties de caisses. (Erratum: Les Épicuriens en Roto, c’est janvier 2022, non pas 2021)
        Je me demande si la collection globalement « rentre dans ses frais » – est-elle sous perfusion ou au contraire une vache à lait ? L’éditeur rate d’un mois l’anniversaire de Colette (le volume spécial sort le 23 février, les célébrations dans la presse sont pour le 28 janvier) – la collection se porte sans doute assez bien pour marcher à coté des chemins habituels du marketing.
        Est-ce que moi-même je rentre dans mes frais en achetant des Pléiades ? Globalement oui quand contenant et contenu sont satisfaisants, quand le volume ne contient pas trop de commentaires hautement périssables, et grâce à la bonne tenue de la valeur sur le marché de l’occasion.

        • Bonjour Valère,
          J’ai l’impression que les chiffres que vous annoncez sont assez lissés pour ressembler plus au C.A. de l’éditeur auprès des réseaux de distribution – c’est à dire à la somme des ventes de détail et des stocks sur les points de vente – qu’aux ventes effectives des libraires aux particuliers. Quelle en est la source ?

          • Bonjour Lombard,
            Vous pouvez, si vous y avez accès, comparer ces chiffres avec ceux du respectable Edistats, ils seront je n’en doute pas similaires, mais moins ronds.

          • Bonjour Lombard (et, par la même occasion, merci à Valère pour sa réponse),

            C’était bien là le sens de ma question.

            Il me vient cependant à l’esprit un correctif : je pense que les « stocks sur les points de vente » sont beaucoup moins importants qu’il y a quelques années.
            J’ai fait des constatations qui ne sont que partielles et ponctuelles, mais j’imagine pas particulières à ma région (qui va de Marseille à Montpellier, en passant par Avignon et Nîmes, pour ne citer que les villes les plus notables).

            Que ce soit dans les petites librairies ou bien dans les grandes enseignes, j’ai vu d’année en année se réduire les rayonnages de Pléiades en stock, et le nombre de volumes qui arrivent à chaque parution. Au point qu’à présent je suis obligé de commander par avance certains volumes à paraître, car je crains de ne pas les voir arriver sans cela.

            Je me souviens d’un temps où, dans n’importe quelle librairie un peu « respectable » je pouvais débarquer à l’improviste et me promener parmi un nombre de rayons de Pléiades conséquent pour en choisir une, au gré de mon envie du moment. C’est bien fini. Tout juste si j’en trouve deux ou trois qui se courent après, voire absolument aucun comme c’est de plus en plus souvent le cas.
            Dans la grande librairie emblématique de ma petite ville d’Alès (Sauramps, filiale de la grande librairie Sauramps de Montpellier pour ceux qui connaissent), il en reste encore une trentaine là où, il y a dix ans, il y en avait plus du double.
            À la Fnac de la même ville, on ne voit même pas l’ombre d’une nouveauté, à celle de Nîmes tout au plus une dizaine, toutes récentes, sur une table là où il y en avait une armoire, à la Fnac de Montpellier guère plus. Marseille rien d’affriolant, Avignon, ville qui se targue de Culture et du prestige de Son Festival une pincée (quand aux marchands d’occasion ils disparaissent plus vite que les derniers éléphants).
            Je ne vous parle pas des petites librairies où cela devient aussi rare que les paillettes d’or dans les torrents qui dévalent des Cévennes.

            Tout ça pour dire que l’écart entre le nombre d’exemplaires effectivement vendus et le nombre d’exemplaires sortis de chez l’Éditeur doit s’être bien réduit.

          • Les stocks en librairie se sont réduits, c’est certain. Deux raisons possibles: les commandes sont livrées plus rapidement, et les clients entrent dans les petites librairies de manière plus militante, en « sauveurs », plus patients sur les nécessaires délais. Aussi: il faut faire de la place en rayon pour la frénésie des B.D…
            Consolation: les petits libraires font encore les 3/4 des ventes de Pléiades, alors qu’ils ne vendent plus la majorité des « best-sellers » et autres prix littéraires.

          • Valère, pour avoir souvent discuté avec les libraires, la principale raison c’est qu’ils ne peuvent plus se permettre de faire des « avances de trésorerie » aux éditeurs en stockant des livres qui mettront un an à se vendre. Sans parler du boulot de manutention pour refaire les emballages et les trimballer pour les retours.
            Quand la pile des retours est à peine moins haute que la pile des arrivées, le libraire renonce. Surtout s’il souffre d’un lumbago. J’en connais une, une amie, qui n’a pas besoin d’aller dans une salle de musculation !

            Les discussions sur les « offices » entre représentants et libraires auxquelles j’ai souvent assisté sont devenues de véritables marchandages de tapis au souk : l’un voulant mettre le maximum de bouquins, l’autre voulant en prendre le minimum. Bien des libraires y ont même renoncé, n’achetant plus que des ventes certaines à court terme et des commandes.

            Comme l’éditeur ne peut pas non plus supporter de trop gros frais de stockage, on va de plus en plus vers le « flux tendu ». Quand un livre marche un peu, le client qui a tardé à se décider se voit répondre qu’il est indisponible et qu’il faut attendre un (éventuel) re-tirage. Le libraire vraiment sympa ou dont vous êtes un très bon client téléphone à ses confrères pour savoir s’ils en ont un en rayon (ça m’est arrivé).

            Quant à la bande dessinée (qu’est-ce qui vous est arrivé, Valère, vous avez été cruellement mordu par une BD méchante ?), je crains que vous soyez en retard d’une bataille : les rayons se réduisent à grande vitesse pour laisser la place… aux mangas.
            Même les jeunes lecteurs qui lisent les classiques de la littérature en bande dessinée sont en train de devenir des « has been » : les Japonais adaptent déjà à tour de bras nos classiques littéraires en manga.

            C’est dire si nous autres, tous ici, sommes carrément des dinosaures !

          • Dans ma petite ville, il y a depuis vingt ans une très belle et vaste librairie de bandes dessinée tenue par des passionnés. Où on trouve tout dans le genre, et même le meilleur et le plus rare. Ils ont ouvert, voici trois mois, une petite succursale deux rues plus loin, consacrée exclusivement au manga qui commençait à prendre trop de place. Le chiffre d’affaire de la succursale est déjà en passe de dépasser celui de la « maison-mère » !

            Le petit bouquiniste qui est mitoyen du magasin de manga se frotte les mains, grâce aux retombées : il récupère des manges d’occasion et les revend et il voit arriver une jeune clientèle comme il n’en avait plus depuis des années dans sa boutique.

            Je vous parle de Choses Vues…

          • Attention cher Domonkos, peut-on tirer des conclusions à partir d’un échantillonnage de 45000 personnes, soit 0,6% de la population ?

          • Cher Domonkos Szene, une exception à cette règle, semble-t-il, la librairie Mollat de Bordeaux, qui présente du 1er janvier au 31 décembre plusieurs centaines de Pléiades sur un mur haut comme l’Everest. Au moins un exemplaire de chaque numéro, parfois doublé ou triplé en stock (situé haut dans un rayon annexe sur la droite).

            Quant à la quinzaine et la période de Noël, les volumes dégueulent littéralement sur les tables de présentation, des piles qui poussent comme des champignons.

          • Ce à quoi, vous me répondrez, le rayon Pléiade de Mollat est proportionnel à l’immensité tentatculaire de la librairie. En tout cas, ils ont fait le choix de proposer l’intégralité de la collection, celle-ci réapprovisionnée comme il se doit. Vous achetez un ou plusieurs volumes d’un auteur ? Le trou que vous infligez au rayon est bouché cicatrisé la semaine qui suit.
            Bordeaux est plutôt bien lotie. La Machine à lire, « moyenne » librairie faisant concurrence à Mollat (le peut-on ?) arbore quant à elle une petite centaine de Pléiades…

          • Je parle d’une évolution constatée depuis une vingtaine d’années, et j’ai bien précisé que je n’ai pas travaillé sur un « panel représentatif », mais, tout de même, de Marseille à Montpellier en passant par Avignon, Nîmes et Alès, cela fait un peu plus de 45 000 habitants.
            Je ne suis plus retourné à Grenoble, ma ville natale, depuis une petite dizaine d’années, ni à Paris, ni à Lyon, villes que je connaissais bien. Etant donné le niveau socio-culturel de ces villes, je ne doute pas que la situation se soit un peu mieux maintenue.
            Au cours d’un voyage à Lille, il y a cinq ans, ville où j’avais auparavant beaucoup séjourné également, j’avais commencé à éprouver de la déception, mais peut-être avais-je embelli mes souvenirs.
            Je suis content d’apprendre que Bordeaux continue à se défendre. Mais je ne crois pas me tromper beaucoup en pensant que la tendance générale n’est pas bonne.

            En ce qui concerne la « Quinzaine » je me souviens d’un temps où c’était un événement, très attendu, assez médiatisé. Les tables croulaient sous les Pléiades. Il y avait une certaine excitation, côté vendeur et côté acheteur. On achetait une ou deux nouveautés, et pour compléter le lot et avoir droit à l’album, on pouvait piocher dans un vaste choix d’anciens volumes ressortis pour l’occasion. Aujourd’hui, pfffffft ! cela passe inaperçu !
            Il n’y a plus guère qu’ici que nous en faisons un phare, parmi les Brumes…

          • Mon commentaire sous forme de pourcentage ne concernait que votre ville et votre super magasin de mmm… Je ne prononcerai plus le nom, car je n’ai pas envie que Valère ait une attaque. Oui, bien sûr des pléiades en veux-tu, en voilà à la librairie Mollat, mais ça fait bien longtemps que les librairies ferment, remplacées par des magasins de vêtements ou des magasins de nourritures rapides. Dans les années 90, à Paris déjà, les librairies commençaient à fermer. Moins de pléiades neuves, oui, mais plus de pléiades d’occasion. Très faciles à trouver sur internet ou dans les villes qui comptent encore des bouquinistes et même parfois sur les vide-greniers. Alors ? De quoi se plaint-on, puisque on fait des économies… Et il y a tellement de bonnes et vieilles pléiades à lire et à relire. Je lis en ce moment La Petite Dorrit, l’exemplaire de 1970 est imprimé sur les presses de l’imprimerie Sainte-Catherine et le papier bible est épais, très facile à manipuler en comparaison avec les pléiades qui paraissent. Bonnes lectures à tous les brumeux.

          • Draak voilà un cas de malchance obstinée tellement improbable, qu’à votre place je m’inquièterais !
            Dépêchez-vous de vendre ou mieux encore d’offrir cet exemplaire à votre pire ennemi, car je crains qu’il ne fasse entrer dans votre vie que ruine et désolation !

            …………..

            Pontifex, je suis conscient que ce n’est pas le lieu de parler de bande dessinées.
            Je n’ai même pas songé à acheter le numéro de Libération, comme je le faisais autrefois. Mais la bande dessinée actuelle, totalement soumise au wokisme, est tombée tellement bas ! Angoulême est un naufrage.
            Les grands créateurs des années 70, 80 et 90 vieillissent ou ont disparu. Bien sûr il y a quelques dinosaures qui survivent et, dans les générations immédiatement suivantes quelques auteurs intéressants (dans les tous jeunes, je ne sais pas, chaque fois que je fais une tentative, influencé par un « connaisseur », je m’en mords les doigts).
            Je pourrais citer des noms – des plus grands et des plus regrettables – mais Dieu sait si je survivrais aux traits que je recevrais de la part des vrais pléiadophiles fidèles à leur Foi et à leur Reine dont l’emblème est cousu à leur pourpoint, et qui me guettent, embusqués derrière leurs créneaux.

            Me restent, à titre de consolation, ces trois décennies précitées, et puis, la bande dessinée antérieure, magique, avec son mélange de naïveté et d’inventivité. Je ne nie ni ne renie le parfum d’enfance qu’elle dégage.

            Bon, le mois prochain, nous pourrons parler des nouvelles parutions en Pléiade, et je pourrai dire tout le mal qu’il me plaira de l’édition Steinbeck ou de Colette ! Ha ! Ha !
            Bien à vous.

          • Il faudra un jour qu’on en parle tous les deux. Quand les maniaques du papier bible et de la peau de mouton seront partis en pèlerinage à Sainte Catherine. J’ai été un collectionneur acharné dans les années 70/80, faisant régulièrement des virées à Bruxelles, sous l’égide de la figure tutélaire des éditions Casterman, me précipitant chaussée de Wavre pour remplir ma besace de bien bonnes choses, sans oublier la boutique de Michel Deligne. Mais ceci est une longue histoire… Ce message s’adresse à Domonkos. Merci à Valère et autres de me pardonner ce petit moment d’égarement. Mais je vous promets de finir le Nabokov commencé dans notre chère collection et que je n’ai pas réussi à finir : Ada ou l’ardeur (pffff…) Mais comment estimer un auteur qui déteste Faulkner et Henry James ?

        • « La Petite Dorrit » fait partie de mes meilleurs souvenirs de lecture de romans de Dickens. Dans le trio de tête (je n’ai jamais goûté « Pickwick », je crois même n’avoir jamais pu le terminer, et ne suis pas fanatique du fameux « Oliver Twist », je sais, ça fait snob de dire ça !)

          Mais mon préféré, celui dont je n’ai jamais oublié certaines pages, dont des passages entiers sont entrés tels quels dans mon imaginaire personnel, de mon imagerie mentale ou de mes rêves, c’est « De Grandes Espérances ».
          Il y a des livres qui entrent dans votre vie et qu’on finit par confondre avec ses propres souvenirs d’enfance, ne sachant plus très bien ce qu’on a lu et ce qu’on a vécu.

          • Ah, Domonkos, vous me tendez une perche : « De Grandes espérances / Souvenirs intimes de David Copperfield » que je revends absolument neuf pour qui en veut à bon compte. Les signets n’ont pas même été déplacés.

            On me l’a offert à Noël sur la foi de ma « liste de lecture » dactylographiée, malheureusement obsolète de quelques jours, car je venais de m’acheter l’exemplaire. Des espions avaient vérifié dans ma bibliothèque que le volume n’était pas présent, mais, comble de malchance, le volume était sur ma table de nuit car je venais précisément d’en commencer la lecture.

            Je peux dédicacer l’exemplaire si besoin, ah ah.

          • Oui bien sûr De Grandes Espérances est magnifique, hélas, la traduction en pléiade laisse à désirer, il faudrait une nouvelle traduction. Ce que j’aime chez Dickens, c’est ce mélange d’humour avec le côté dramatique des choses. Pour moi ça reflète vraiment la vie où au plus noir de certains moments, il ne reste plus qu’à rire tellement on est descendu bien bas. Ou comme le dit Beckett : « Quand on est dans la merde jusqu’au cou, il ne reste plus qu’à chanter ». Je ne parlerai plus de bande dessinée, car j’ai constaté que cela entraîne une telle cacophonie que là aussi il ne reste plus qu’à chanter. A ce propos, j’ai acheté L
            ibération ce matin car, Angoulême oblige, tout le numéro est illustré. Je vous le déconseille fortement, c’est une honte !

          • Je vous ai répondu, chers Draak et Pontifex, mais j’ai mal placé ma réponse sur le fil : elle se trouve juste au-dessus, avant vos interventions.
            Pardon à tous pour le dérangement.
            Je m’esquive, sur la pointe des pieds.

  25. Erreur : non pas 0,6% mais 0,06 % ! Mais je vous rejoins sur les pléiades, obligé de les commander. J’attends Mai, joli mois, où il est possible d’avoir un petit cadeau en plus de ses achats. Certes, l’album est de plus en plus inintéressant, mais très facile à obtenir pour juste l’achat de 2 pléiades neuves. Tous les libraires indépendant ou presque acceptent. J’ai même réussi à acheter le second album Flaubert pour 10 euros à un libraire qui ne savait qu’en faire.

  26. Cher Domonkos – « Qu’est-ce qui vous est arrivé, Valère, vous avez été cruellement mordu par une BD méchante ? »
    J’ai été mordu deux fois récemment: en visitant la salle Ovale de la BNF fraichement réouverte, 9000 B.D. (et mangas) en accès libre pour seulement 20000 livres ! Rabelais y est introuvable en français moderne, deux éditions seulement: la Pléiade et un Gargantua critique aux Editions de la Renaissance.

    Les Pléiades en nombre décorent un meuble dédié – Mr Dewey n’est pas content, elles sont invisibles à leur place logique. Il ne manque qu’un fond musical pour achever la transformation de cette salle en hypermarché.

    Deuxième morsure: en parcourant les volumes de cet espace B.D. tout me semble outré, caricatural… Par exemple « Maus » que vous citez, best-seller mondial qui traite de l’Holocauste par un procédé de zoomorphisme…

    • Très intéressant ce que vous m’apprenez. Je suis aussi scandalisé que vous par cette invasion de bandes dessinées et de mangas dans la salle Ovale de la BNF !

      Alors, au risque de déplaire encore une fois à quelques-unes (qu’ils me le pardonnent, s’ils le peuvent) je vais revenir sur cette question de la bande dessinée, pour conclure en ce qui me concerne du moins.
      Je serai violemment radical.

      J’aime et je révère les bons livres et, par-dessus tout la très bonne, l’excellentissime Littérature (qui date très rarement de moins de trente ou quarante ans, désolé).
      Parallèlement (je dis bien « parallèlement ») j’aime la bande dessinée.
      J’aime aussi la musique, le cinéma, la cuisine, domaines qui n’ont pas plus ni moins à voir avec les livres et la littérature que la bande dessinée.
      Les deux domaines sont pour moi radicalement différents et n’ont rien à faire dans la même pièce, la même boutique (les rayons bandes dessinées qu’on trouve dans les librairies généralistes sont ridicules), les mêmes revues, les mêmes émissions de télé ou de radio.
      Ils n’ont rien de comparable et encore moins d’équivalent. Deux arts radicalement différents.
      Quand je parle avec un amateur ou un professionnel (auteur ou commentateur ou vendeur) de bande dessinée, je me rends vite compte qu’il ne connait rien, rien de rien, en littérature. C’est à pleurer ! Même dans une grande librairie généraliste ou bibliothèque. Quand je parle avec un amateur ou un professionnel (auteur, commentateur, vendeur) de littérature… ne connait rien de rien en bande dessinée. À pleurer, etc.

      Quelques points à préciser :

      – Je considère que les albums de bande dessinée ne sont pas des « Livres ». Ni matériellement ni conceptuellement. Ce sont des albums de bande dessinée, directement imités des livres pour enfants de jadis, qui ayant acquis une autonomie et une identité.
      Il n’est même pas opportun ni pertinent de les rapprocher des livres illustrés. Pas même des livres illustrés pour enfants. La bande dessinée est un art autonome, ce n’est pas du texte illustré. Ce n’est pas non plus un livre d’art, reproduisant des oeuvres graphiques commentées et analysées.

      – C’est une des raisons pour lesquelles je déteste par principe les adaptations d’oeuvres littéraires en bande dessinée, qui ne sont plus ni des oeuvres littéraires ni de véritables bandes dessinées et dont le but n’est que de dispenser les (jeunes) lecteurs fainéants de lire les oeuvres littéraires. Sauf rarissimes exceptions où l’on a affaire à une véritable re-création (mais ceci est vrai de tous les arts, notamment du cinéma).
      Les romans de « genre » où l’écriture n’est pas toujours le premier enjeu – Polar qui fournit des ambiances, des personnages récurrents et des intrigues, le Fantastique à cause de son côté spectaculaire – s’y prêtent un peu mieux. Ainsi que la Science-Fiction appartenant aux sous-genres « Fantasy » ou « Space Opera ». Mais essayez donc d’adapter Philip K. Dick en bande dessinée, vous ne serez pas « déçu » ! Edgar Poe en bande dessinée ça marche – et encore, c’est discutable, la déperdition est considérable et le gain est nul – mais le Henry James du « Tour d’Écrou » ?…

      – Conséquence, je me refuse absolument à employer la prétentieuse appellation « Roman Graphique » qui est un oxymore d’une rare bêtise. Le roman graphique c’est, soit de la bande dessinée qui veut se faire passer pour autre chose, parce qu’elle a honte de ce qu’elle est ou veut échapper à sa « mauvaise réputation », soit une caricature de roman.

      – Beaucoup d’auteurs de bande dessinée voudraient être pris soit pour des écrivains, soit pour des peintres, preuve qu’ils ne sont ni l’un ni l’autre ou bien qu’ils sont des romanciers ratés et frustrés ou des peintres ratés et frustrés. Ils feraient mieux de tâcher d’être de très bons auteurs de bandes dessinées. Certains le sont, mais ne peuvent s’en contenter, souffrant du mépris ou de ce qu’ils ressentent comme du mépris, à l’égard de leur art.
      Hergé lui-même, grand admirateur et amateur de la peintre moderne, a voulu s’y essayer : comme il était un peu moins bête et plus lucide que la plupart, il s’est rendu compte de son égarement et a sagement rangé ses oeuvres dans une pièce réservée à son seul plaisir.
      Des scénaristes prestigieux de bande dessinés (comme l’anglo-américain Neil Gaiman, l’anglais Alan Moore ou le français Pierre Christin) ont voulu publier des romans : ce n’est même pas du « roman de gare », ce n’est, littéralement, rien. Ou du roman « pour ados » ce qui est bien la pire catégorie.

      – Idem pour les bandes dessinées qui prétendent traiter d’un sujet politique, historique, philosophique, sociologique ou d’actualité. D’une laideur absolue et d’une bêtise – entre pédagogisme pour petites classes primaires et militantisme sectaire – à faire rire mon cheval !
      J’allais oublier les biographies : des cochonneries, à l’égal des (trop) fameux « biopics » filmés.

      – Je déplore que les Bibliothèques soient devenues des « Médiathèques » où se trouvent mêlés en un abominable brouet les Livres, les BD, les Mangas, les Films, les Disques, les Jeux Video, et puis quoi encore ? Où les livres sont noyés dans la masse. Les Médiathèques sont les tombeaux des Bibliothèques.

      – Il est inutile et nuisible d’user des mêmes outils critiques pour analyser ou estimer une bande dessinée et une oeuvre littéraire. C’est la garantie de n’y rien comprendre. De même, il est rare qu’une personne puisse être suffisamment compétente dans les deux domaines pour se prétendre spécialiste de l’un et de l’autre.

      Ceci étant dit, dans le seul but de tracer une frontière infranchissable entre la bande dessinée et la littérature (et notamment la littérature pléiadisée) qui est notre sujet de prédilection, j’assume mon goût pour la bande dessinée, y compris dans sa part enfantine.
      Que le Ciel me foudroie et le Grand Cric me croque, si j’y reviens encore une fois ! (Mais, ne me provoquez pas.)

      ………………………….

      PS : Ce n’est pas moi qui ai cité le premier « Maus » comme le nec plus ultra de la bande dessinée, et j’ai même, en réponse, émis des réserves sur la surestimation de cette oeuvre. Estimable, et pas plus. C’est le titre qui est régulièrement cité par ceux qui n’aiment pas la bande dessinée pour prouver leur « ouverture » ou leur tolérance, comme le fameux « bon Juif » de tout antisémite non assumé.

      • Bien d’accord avec vous qu’il s’agit de 2 domaines séparés, deux planètes éloignées. Pour tapisser une librairie, il faut pas moins de 40 pléiades par m2 (à plat pas en rangs…) ou seulement 8 ou 10 B.D. par m2, le rendement est bien meilleur avec les B.D., et c’est plus coloré, même si Gallimard fait des efforts avec les coffrets…
        Ouverture du Festival d’Angoulême dont le site titre: « Les 3 auteur.e.s en lice pour le grand prix 2023 », une autre planète en effet… Dans cette sélection figure Catherine Meurisse, si jeune et déjà membre de l’Académie des Beaux-Arts…
        Consolation, jamais le « roman graphique » ne paraitra en Pléiade, pour une raison technique: la partie graphique rend très mal sur papier bible, voir les tristes gribouillis de l’agenda 2023 par exemple.

        • S’il y avait un Grand Prix de la Meilleure Gestion de Carrière, il lui serait décerné haut la main. Elle a même décroché le titre de martyr « Rescapée de la tuerie de Charlie » !… Impossible à égaler.
          Quant à son « oeuvre »… Joliesse et mièvrerie, délicatesse dans le trait, la couleur et la pensée… Un véritable Ouvrage de Dame, à l’ancienne. Avec des « audaces » qui auraient rougir ces dames de jadis, en public, et les auraient fait rire, en privé. C’est bien la peine d’avoir jeté les crinolines par-dessus le Moulin Rouge, tiens !

          Au fait, dernière minute : à Uzès (jolie ville du Gard, aux allures toscanes, où Gide retrouva quelques-unes de ses racines, très bobo, exact inverse de la prolétarienne Alès près de laquelle j’habite), la librairie du centre-ville, ne pouvant plus faire face à la demande, vient aussi d’ouvrir une succursale entièrement dédiée au Manga.

          Je ne crois pas qu’on puisse envisager de publier des bandes dessinées franco-belges ou bien de chez Marvel en Pléiade, question de format, de couleurs, etc. Mais, ne désespérons pas, le format, le papier bible, la possibilité de contenir plus de deux mille pages, donnent vocation naturelle à la Pléiade de passer directement, peut-être lors de la prochaine décennie, au manga. Les interminables sagas japonaises y trouveront une place toute désignée, au lieu des vieilles lunes comme le Genji Monogatari. On commencerait par l’énoooorme « Vie de Bouddha » du Maître incontesté Tezuka Osamu, on ne peut rêver plus bel alibi « culturel » pour inaugurer la série.

          Résignez-vous, gentes Dames et beaux Messieurs, pléiadophiles et pléiadomanes, on n’arrête pas le cours de l’Histoire.

      • Oui, mais non. Quand même, L’Arabe du futur, de cet auteur franco-syrien primé à Angoulême, ce n’est pas mal du tout… et plus éclairent sur les problèmes du Moyen Orient (on parle ici de culture, voire au sens germanique de Kultur), plus éclairant que bien des essais « savants ». Comment classeriez-vous d§s lors le nommé Sattouf ?
        Cordialement,
        UAPI

        • Il y a deux Sattouf. Le Sattouf qui m’émouvait parfois et me faisait rire souvent, celui de Réjémy et de l’inénarrable Pascal Brutal. Il ne se la pétait pas, il était un eu maladroit, c’était un peu immature. Mais c’était un personnage que j’aimais et c’était de la bonne bande dessinée. J’aime bien que la bande dessinée ait un côté un peu immature.

          Et puis, arrivé le Sattouf de L’Arabe du Futur. Au début, disons pendant les deux premiers tomes, je l’ai confondu avec le premier. Cette enfance en Syrie, cet entre-deux entre le Moyen-Orient et l’Europe, vu par le petit bout de la lorgnette.

          Puis, au fur et à mesure qu’il bénéficiait de la grande reconnaissance de Télérama, France Culture et de tous les instituteurs de France, le second Sattouf a un peu (selon moi) étouffé le premier…

          Enfin, pour le dire plus brièvement : se prend un peu au sérieux, non ?
          Je ne peux lui en vouloir : quand on est encensé à ce point par le monde de la Culture. Mais il flotte un peu dans le costar taillé vraiment trop large pour lui.
          J’dis mais ça n’a rien de méchant, je l’aime bien encore. Mais il ne me fait plus rire et ne m’enchante plus.

          Enfin, bon, n’a pas encore pris le gigantesque melon de Sfar. Celui qui croit qu’on n’attendait que lui pour nous expliquer Platon. Tiens, Sfar me fait penser un peu à Albert Cohen sur ce plan – et quelques autres. Il n’empêche, qu’est-ce que j’ai aimé son « Pascin », son « Klezmer » (d’une sacrée actualité aujourd’hui, suivez mon regard vers Odessa), et même les premiers « Chat du Rabbin » (avant que ça ne se gâte).

          Purée, j’avais promis ! Juré ! Plus parler de bande dessinée !
          Mais j’avais aussi demandé qu’on ne me provoque pas, hein !…

          • Sans provocation, vos lumières dans le domaine connexe des trottinettes ou des meilleures marques de pâtes à tartiner ?

          • Je me permets de prolonger gentiment la discussion sur Sattouf. Domonkos que pensez vous des cahiers d’Esther ? Les avez vous lu ? J’ai récemment, sur sa acheté le tome 1 et 2 à ma fille de 11ans.

            J’ignorais absolument que ma fille avait les mêmes goûts que vous cher Domonkos.

          • Désolé « Un Passant » : je l’avais essayé avec ma petite fille, mais sans grand succès (surtout, je pense, à cause de l’opposition de sa mère). Je n’ai donc pas pu bénéficier de ses impressions de lecture. Je n’ai donc rien de très intéressant à dire sur la question (c’est ce cher Valère qui va être bien déçu).

            De plus, l’évocation de ma petite-fille m’est très douloureuse en ce moment…

            ………………….

            NB : toujours à l’attention de ce cher Valère dont la propre attention à mon égard m’est chère, j’ai le regret de ne pouvoir l’éclairer sur les trottinettes (chaque fois que j’en croise une avec mon automobile, je m’empresse de lui rouler dessus), par contre je puis l’assurer que « la meilleure pâte à tartiner » c’est la mienne !
            Chacun en pourra voir la preuve, ici même sur ce forum, en constatant que sont sans rivales l’abondance et la résistance de mes tartines… de texte.
            Elles tiennent au corps, certains lecteurs qui en sont particulièrement friands les accusent même d’ère responsables de leur embonpoint. D’autres les trouvent indigestes ou écoeurantes, j’en suis marri mais on ne saurait plaire à tout le monde.

  27.  »sur sa recommandation ». Évidemment.

    Je précise que mon ignorance du monde de la bd est absolument abyssale. J’ai le vague souvenir, dans mon adolescence, d’avoir lu Luky Luke et Titeuf.

  28. Il faut absolument que Brumes fasse un blog dédié, il y a quand même beaucoup de jolies choses dans cet univers là. C’est drôle d’ailleurs, car je n’ai lu des B.D. qu’après 30 ans, mis à part le sublime, le merveilleux Tintin of course ! Il y aurait visiblement des lacunes à combler et des rigidités à briser, on pourrait monter une petite cellule, qu’en pensez-vous Domonkos ?

  29. Si on commence à parler BD, un auteur s’impose absolument, surtout ici où nous sommes tous férus de littérature : l’Américain Chris Ware, auteur entre autres de Jimmy Corrigan, Building Stories, Rusty Brown. On dit souvent de lui que c’est le Proust de la BD, tant son style graphique est complexe, fourmillant de détails. À cela on peut ajouter son travail sur la mémoire, la nostalgie des petits rien qui imprègne son Œuvre. Ware est selon moi un des grands génies de notre temps.
    Ce qui ne m’empêche pas par ailleurs d’adorer Riad Sattouff, même si bien sûr je ne le place pas au même niveau.

    • Un artiste qui tire le meilleur parti des possibilités de son mode d’expression. Je ferais le rapprochement (bien qu’il ne travaille qu’en noir et blanc), sans parler d’équivalence, avec le travail (d’aucuns lui reprochent un « intellectualisme » un peu forcé, ce n’est pas mon avis) de Marc-Antoine Mathieu, en France.

    • Au fait, parmi ceux qui daubent à qui mieux mieux sur la bande dessinée sont-ils sûr de toujours savoir de quoi ils parlent ? Connaissent-ils, par exemple, la bouleversante « Ascension du Haut-Mal » de David B. ?

      Parce que, le mépris de l’ignorance, n’est-ce pas, c’est amusant au début, mais ça finit par devenir lassant.

      • Pas de meilleure réponse que vos propres tartines:
        « Deux arts radicalement différents. Rien de comparable et encore moins d’équivalent. Quand je parle avec un amateur ou un professionnel de bande dessinée, je me rends vite compte qu’il ne connait rien, rien de rien, en littérature. C’est à pleurer ! Même dans une grande librairie généraliste ou bibliothèque. Quand je parle avec un amateur ou un professionnel de littérature… ne connait rien de rien en bande dessinée. À pleurer, etc. »

        J’ajouterais: Incommunicabilité sans doute à cause d’un fonctionnement différent, certains sont plus sensibles aux pouvoirs du Verbe, comment il peut ouvrir un monde spirituel d’images, de souvenirs etc. Comment le Verbe peut devenir vérité incarnée et former, transformer nos vie. Comment l’illustration des discours peut sembler étroite, redondante, cloisonnée, « l’effrayante délimitation des êtres » disait Kafka, accentuée par le trait de crayon, ou même la photo de couverture du Poche tiré du film etc.
        D’autres succombent plus aux pouvoirs de l’image, un autre type d’imagination plus charnelle et fantasmatique, qui a toujours inspiré méfiance aux lettrés, aux philosophes et aux religieux – seulement quelques vitraux pour édifier les analphabètes…
        A la suite de cette vieille tradition, il est de bon ton dans certains milieux de snober la bande dessinée, d’imposer une échelle de valeurs, mais nous sommes quasiment minoritaires…
        « 2022 L’univers BD devient ainsi le second type de livre le plus acheté en France avec 24% du marché en volume, talonnant de très près les œuvres de Littérature générale (25%) » Alors n’ayez les coeurs contre nous endurcis, nous qui voyons l’espace feutré de la BNF également envahi par les dessins à bulles (avec les trottinettes dans le parking).
        J’essaie de m’ouvrir à vos passions, j’ai feuilleté en boutique une B.D. de Chris Ware, ça ne fonctionne pas pour moi, comment peut-on dire que cette prose hachée dans des bulles serait Proustienne ? Mon cerveau n’est pas ou plus allumé par ça, alors j’envie les ambidextres Domonkosiens qui peuvent admirer à la fois ces deux univers distants.

        • Ah ! Valère, chacun tient les mêmes discours. Tous les hommes sont semblables par les paroles ; et ce n’est que les actions qui les découvrent différents.

          • Ne m’assassinez point, je vous prie, par les sensibles coups d’un soupçon outrageux, et donnez-moi le temps de vous convaincre, par mille et mille preuves…

          • Peste soit la sincérité ! c’est un mauvais métier. Désormais j’y renonce, et je ne veux plus dire vrai. — Vive Monsieur de Molière ! —

        • Merci de votre réponse, Valère.
          Je suis très mauvais prêcheur, je n’ai jamais converti personne et j’ai depuis longtemps renoncé à ce métier.

          Précision : si j’apprécie Chris Ware, ce n’est pas pour autant mon préféré, et ce n’est pas moi qui ait parlé de Proust. Je me garde autant que faire se peut de toute référence littéraire ou picturale quand je parle de bande dessinée.

          Bien à vous. Bon dimanche.

          C’est bien long jusqu’au mois de mars !
          (Oui, celui que j’attends c’est Steinbeck, le digest Colette m’indiffère.)

        • Hélas Valère ! qu’avec facilité on se laisse persuader par les personnes que l’on aime ! Oui, Valère, je tiens votre cœur incapable de s’abuser. Je crois que vous aimez Domonkos d’un véritable amour, et que vous lui serez fidèle ; je n’en veux point du tout douter, et je retranche mon chagrin aux appréhensions du blâme qu’on pourra me donner.

          • Domonkos après la plume, le masque ? Sinon d’où vient cette malicieuse Élise ? Molière si proche, si populaire mais remarquez la complexité sémantique et syntaxique de « je retranche mon chagrin aux appréhensions du blâme qu’on pourra me donner. »
            Translatons ceci pour nos jeunes lecteurs de BD: Non non, je te kiffe grave, mais mes darons ?

          • Serais-je partie prenante dans cette étrange affaire « Élise » ? Que non point, cher Valère mon étonnement égale le vôtre – ne serait-ce pas vous, au contraire, qui me montrez ce miroir afin de me faire tomber dans ce piège ?

            Je ne connais « Élise » ni des lèvres ni des dents, comme disait un certain, mais je m’incline devant sa finesse de plume, dont je serais bien incapable.

            Peut-être est-ce l’expression d’une impatience devant nos interminables débats et nos atermoiements, et une élégante façon de nous inviter à conclure ! (Non pas « conclure » dans le sens où l’entend Jean-Claude Dusse, dans « Les Bronzés font du ski », Dieu m’en garde !)

            Nouvelle remarque : ni vous ni moi ne devrions nous essayer au « parler jeune » ou supposé tel, ce ne serait pas nous rendre justice ; non plus que réduire la bande dessinée à un lectorat forcément jeune et semi-illettré. N’empêche que Molière, c’est un sacré keum !

          • Je plaide coupable. Élise, c’est moi. Comment aurais-je pu résister au délice de donner vie virtuelle pendant un instant à un personnage de fiction ? Sujet fascinant.

            Et taquiner Domonkos est toujours un plaisir.

          • Domonkos, dans votre message de 23h05, vous vous avez oublié un mot ( et titiller du coup ma curiosité )

             »Ni des lèvres ni des dents comme un certain »…. Mystère .

            J’ai fait mes recherche dans l’Internet…et j’ai trouvé ! Un certain Jacques Auguste Simon Collin de Plancy, occultiste et essayiste français (1794 – 1881)

            Combien sommes nous en France à pouvoir citer en passant du Jacques Auguste Simon Collin de Plancy ?
            De la BD à Jacques Auguste Simon Collin de Plancy. Tel est Domonkos.
            Je ne déraisonne pas en disant que votre culture, comme l’Univers, n’a semble-t-il aucune limite…

            P-s : Toujours par curiosité on peut lire sur wikisource son HISTOIRE
            DES VAMPIRES
            ET
            DES SPECTRES MALFAISANS
            AVEC UN EXAMEN DU VAMPIRISME.

            https://fr.m.wikisource.org/wiki/Histoire_des_Vampires

            Bonne lecture.

          • Ah, ce très cher Collin de Plancy, à la pensée duquel mon coeur se serre !
            Que de soirées de beuveries (de sang) passâmes-nous, Plancy et moi (oui, dans l’intimité je l’appelais « Plancy », et parfois, en toute fin de soirée « Coco ») ! Je conserve encore aujourd’hui, comme un trésor, l’exemplaire de son maître ouvrage vampirique qu’il me dédicaça, avec un envoi que, par modestie, je ne puis ici dévoiler.

            Il arrivait assez souvent que ses amis nous accompagnassent dans nos virées, mais je dois reconnaître que, si je me liai assez facilement avec Auguste (et continuai même de le fréquenter après la mort de Plancy dont souvent nous évoquâmes l’ombre tutélaire), Jacques et Simon maintinrent toujours quelque soupçonneuse distance à mon égard. Je ne pu jamais démêler les raisons exactes de cette réserve qui se transforma peu à peu en hostilité à peine dissimulée..

            Ce fut au point que, les derniers temps, ils se mirent à monter une garde serrée auprès du malheureux Plancy, nous repoussant, Auguste et moi hors du cercle de lumière. C’est ainsi que nous ne pûmes assister notre ami dans ses derniers instants et en gardâmes longtemps le regret et rancune à l’encontre des deux jaloux.

    • Vitesse et précipitation seraient-elle une seule et même chose pour Gallimard ?
      À moins que cela ne s’appelle « toujours prendre un tour d’avance sur la concurrence. »
      Cette course à l’échalote ne me dit rien qui vaille.

      • Chacun ses goûts Domonkos. Évidemment l’ouvrage de Jacques Auguste Simon Collin de Plancy sur le vampirisme ( que vous considérez peut-être à raison comme sa pièce maîtresse ) est un chef-d’œuvre de style et d’érudition.

        Moi je donne ma préférence à sa grande œuvre titanesque :

        Le Dictionnaire infernal ou Répertoire universel des êtres, des personnages, des livres, des faits et des choses qui tiennent aux esprits, aux démons, aux sorciers, au commerce de l’enfer, aux divinations, aux maléfices, a la cabale et aux autres sciences occultes, aux prodiges, aux impostures, aux superstitions diverses et aux pronostics, aux faits actuels du spiritisme, et généralement à toutes les fausses croyances merveilleuses, surprenantes, mystérieuses et surnaturelles ; SIXIÈME ÉDITION, AUGMENTÉE DE 800 ARTICLES NOUVEAUX,
        et illustrée de 550 gravures, parmi lesquelles les portraits de 72 démons, dessinés par M. L. BRETON, d’après les documents formels.

        Oui. ce cher Jacques Auguste Simon Collin de Plancy était un amoureux des lettres, un jongleur des mots, un adorateur de la longueur.

        Si on peut dire que Chris Ware est vraiment le Proust de la BD, on peut sans blague affirmer que Jacques Auguste Simon Collin de Plancy est sans contestation possible le Proust de l’occultisme.
        Le bougre, n’ayons pas peur des mots, avait une très belle plume.

        Parlons Pléiade.
        Je considère que l’essai sur le vampirisme avait tout à fait sa place en annexe ou en ouverture du tome de la pléiade consacré aux vampires. Le rêve ultime ? Un coffret des œuvres de Jacques Auguste Simon Collin de Plancy en 2 tomes ( avec l’album )

        • Pour vous dire la vérité, la majeure partie de ma « culture » (qui s’est faite entièrement hors les murs des Collèges, Lycées et Facs où je n’ai jamais mis les pieds), a des origines fort modestes, voire « inavouables ». Ainsi, j’ai découvert Collin de Plancy grâce à l’édition (incomplète) de son « Dictionnaire Infernal » dans la collection Marabout. (Bien sûr, je me suis ensuite procuré d’autres éditions.)

          J’en profite pour rendre hommage à la Collection Marabout, à qui je dois tout (tout ce que je ne dois pas à l’ancien Livre de Poche, et à Garnier-Flammarion pour les Classiques et les Antiques), dans la constitution de ma culture de 12 à 18 ans (ça remonte à… oh, je n’ose le dire !). Il y eut aussi la collection de poche « Idées » pour les essais, dès son premier numéro en 1962 (j’avais 11 ans et je ne voyais aucune contradiction à lire un Bob Morane le matin, et Le Mythe de Sisyphe le soir).

          En effet, j’ai d’abord pillé toutes les bibliothèques à ma portée (municipale, centre social, comité d’entreprise de l’usine où mon père était ouvrier), avant d’acheter les seuls livres à portée de mes finances (ou… de les voler, aux « Nouvelles Galeries » à une époque où il n’y avait ni surveillance ni caméras, qu’on me pende pour ce crime ! Pour seule excuse j’arguerais de ma pauvreté et de la nécessité, car les livres représentaient pour moi ce que représente le pain pour un mort de faim).

          Marabout était particulièrement bien représenté dans la bibliothèque de l’usine, j’ai commencé par les Bob Morane et autres « Marabout Junior », puis les gros volumes Dumas, Eugène Sue, Féval, Ponson du Terrail, Walter Scott, les Brontë, Swift, Daniel de Foë, Lewis Carroll, mais aussi Flaubert, Dostoïevski, Tolstoï. Ensuite j’ai découvert la SF et le Fantastique… J’ai d’ailleurs, entre 50 et 60 ans reconstitué toute la collection « Fantastique » de Marabout, qui, en-dehors des grands classiques du genre, contient également de véritables oubliés. Ah, si vous saviez l’ivresse ressentie en les manipulant aujourd’hui, les ouvrant et relisant telle ou telle page…

          • Ah ! Domonkos ! Oui, oui, Marabout, je lisais le Dracula (couverture sublime) sous les couvertures avec une lampe de poche parce que mon père ne voulait pas que je lise la nuit. Mais hélas, les volumes contrairement à ceux du livre de poche (qui comporte quelques éditions originales) se sont mal conservés, mauvaise colle, papier médiocre et tout s’en va en lambeaux… Ah ! Domonkos, puits de savoir, puits de mémoire et puits de sagesse ?

          • Oui, c’est vrai, j’ai failli le signaler : pliures fatales, pages qui volent… Combien de contorsions pour les entrouvrir sans les couper en deux, combien de réparations, pot de colle et stylo feutre en main… Mais, combien de magie !

            Même mon goût (et ma première connaissance) des Littératures Africaines et afroc-américaines (sur lesquelles j’écrivis plus tard une petite étude dans un ouvrage encyclopédique bien oublié aujourd’hui) trouve ici son origine, dans « l’Anthologie négro-africaine » de Llilyan Kesteloot (1967)…

  30. Marabout : pour moi aussi, que de souvenirs, le Hitler d’Allan Bullock, la mythologie d’Édith Hamilton et tant d’autres…
    Nostalgie, quand tu nous tiens…

  31. Confirmation sur le catalogue Pléiade du contenu du Steinbeck ; comme prévu : En un Combat Douteux ; Des Souris et des Hommes ; Les Raisins de la Colère ; À l’Est d’Eden.

    Fort bien. Mais, quitte à se contenter d’un seul volume, il y avait la place pour le court roman « Tortilla Flat » dont l’absence est plus que regrettable ; témoignage de la veine « picaresque » de Steinbeck et bien moins emm…dant que « En un Combat Douteux ». Bien sûr, c’eût été trop demander que d’avoir la « trilogie » TF, Rue de la Sardine et Tendre Jeudi, encore plus courts opus dont j’ai gardé un affectueux souvenir.
    Reste plus qu’à espérer que l’édition sera convenable sur le plan critique. N’espérons pas de miracle.

    Je n’irai pas plus loin dans les préventions, de peur de confirmer ma réputation de vieil atrabilaire (preuve que ce n’est pas vrai, je ne parle même pas du regrettable Colette, ha ha ha !), et terminerai en disant que, quel qu’il soit, ce Steinbeck m’enchante par sa simple existence, réparation d’une injustice commise par les éditeurs de la Pléiade.

    Et puis, à suivre, le Bonnefoy… mmmmh ! l’eau m’en vient à la bouche.

    • Je note dans la liste des traducteurs le nom du nouveau traducteur des « Raisins de la Colère » qui a été édité récemment dans la collection du Monde Entier – cela paraît logique – mais point celui de la traductrice de la nouvelle édition de « Des Souris et des Hommes ».

      Par contre la présence de l’antédiluvien Coindreau (pour le même « Des Souris et des Hommes » ?), dans une nouvelle édition en Pléiade qui a ou devrait avoir pour ambition de renouveler notre vision et notre connaissance de Steinbeck, ne laisse pas de m’étonner.

      Peut-être se trouve-t-il parmi vous quelque personne mieux informée sur la question ?

    • Il me semble avoir lu quelque part que deux volumes de Steinbeck étaient prévus. Peut-être y en aura-t-il un autre un peu plus tard (du genre « récits et nouvelles »)? Je me souviens d’avoir beaucoup aimé La Perle autrefois.

      Je me permets une petite remarque à propos de la photo du boitier que l’on peut voir sur le site de la Pléiade : j’ai du mal à reconnaitre Steinbeck! D’une manière générale le choix des photos est souvent assez curieux à mon avis; de même que les illustrations des coffrets, qui vont du meilleur (Proust en deux volumes, Maupassant 3V, Simenon, Yourcenar…) au pire (Sand, Vian, London, Gary).

        • Et le coffret des 3 volumes de la dernière édition Casanova, une merveille ! Dommage que l’appareil critique soit assez mauvais, il s’adresse plus à une classe de 3ème qu’à de véritables férus et passionnés de littérature du XVIII ème.

        • Moi aussi.
          Pour le reste, à peu près d’accord avec tous les intervenants : le Vian, hideux (mais le contenu m’a presque autant déçu, encore un trompeur souvenir d’amour de jeunesse dont je me suis rapidement débarrassé), Gide d’une tristesse à décourager ses plus fidèles partisans ! Le Casanova, brillant et caracolant, comme l’auteur à qui il est consacré. Parfaite adéquation.

          De Proust j’aime aussi le « gros coffret » : il fait très bien, sur ma petite table, à côté de ma lampe de chevet rétro ! Quand j’éteins ma lampe, c’est la dernière chose que mes yeux voient. Bonne nuit et faites de beaux rêves…

      • Un second volume Steinbeck, consacré à ses récits courts, moins « pesants » que ses grands romans ? Pourquoi pas ! Ce serait une bonne idée.
        Mais je n’y crois guère.

        Il lui manquerait une « locomotive », une grosse pièce comme « Les Raisins de la Colère » – pièce centrale du volume annoncé – ou « À l’Est d’Eden » qui aurait pu, lui, être reporté au second volume, s’il y avait eu un vrai projet de second volume.

        Franchement, à moins que ce Steinbeck se vende comme des petits pains… mais il y a longtemps que Steinbeck n’occupe plus la place centrale qu’il occupait dans l’histoire du roman américain et que son étoile est ternie.

        Je ne vais pas réveiller la polémique sur Philip Roth… Mais, tout de même, Jack London – je l’avais acquis (et même quasiment arraché des mains de notre hôte Brumes, dans une grande librairie d’Amiens), confiant dans mes souvenirs de jeunesse, et, patatras ! le trouvant presque illisible, ai dû m’en débarrasser… Quelle pauvreté de style, de sujets et de pensée… Et Mark Twain ! Bien sympathique, mais vraiment dispensable. Si on doit passer en revue tous les personnage de la littérature « jeunesse », pourquoi pas « Sans Famille » d’Hector Malot, ou la Comtesse de Ségur, un de ces quatre matins ?

        • Pour les éventuels amateurs, je leur recommande l’achat simultané de :

          « Jours de travail » Les journaux des Raisins de la colère 1938-1941 (Seghers)

          Pour ceux qui ne craignent pas de voir un écrivain sous la figure d’un travailleur transpirant à son établi.

        • Dans la vie civile, je me prénomme Remi (je n’accentue pas le « e »), et une édition de « Sans famille » me plairait bien !
          J’ai un vieux regret de ne pas avoir acheté une vieille édition cuir dans une brocante, après une négociation trop rude (la faute à ma radinerie et mon orgueil ; crétin que je suis).

          • Ah ! Comme je suis ravi que vous défendiez Sans Famille, moi aussi j’adore, superbe souvenir de mon enfance. J’ai un exemplaire en cartonnage mais pas très beau, mais cela se trouve facilement aujourd’hui. Et puis avec la peau de mouton que porte Vitalis , on devrait pouvoir relier quelques exemplaires de notre chère collection. Domonkos est un vieux ronchon ? Et il a tort de mépriser Mark Twain, les aventures de Tom Sawyer et la vie sur le Mississipi sont de purs chefs d’œuvre et donne une image de l’Amérique plus vraie que nature. En tout cas, j’ai Steinbeck en Biblos que j’ai du acheter 5 euros d’occasion et je n’achèterai pas la pléiade qui lui est consacrée. Merci Remi pour votre défense de Vitalis, Rémi, Joli cœur, la mère Barberin (évidemment) etc… etc …

          • J’ai passé un très bon moment avec Mark Twain aussi. Et l’annotation de Philippe Jaworski est parfaite. Elle seule justifie le Pléiade.

          • Et moi j’ai adoré « Le Club des Cinq » : j’ai hâte qu’il paraisse en Pléiade !
            Et mes chers « Bob Morane », c’est pour quand ?

            Pourquoi pas des séries thématiques dans la Pléiade ?
            On pourrait inaugurer la série : « Pour vieux enfants nostalgiques » ; ça serait vachement bien.

            Bon, pour faire plaisir à PONTIFEX, j’accepterais aussi une série : « Pour vieux ronchons ». Pas mal non plus.

            Enfin, quoi, chacun sa Pléiade. On pourrait même quémander des « tirages spéciaux » avec son nom inscrit sur la page de titre, juste en dessous de celui du responsable de l’édition.
            La classe mondiale !
            Et puis, ça épaterait la famille et les copains.

          • Ah ! Ah ! Cher Domonkos, il suffit de mettre la clé et ça redémarre aussi sec ! J’adore !!! Et Oui-Oui, vous avez oublié Oui-Oui

  32. Comme la collection ne semble plus sortir qu’un volume sérieux par an (Historiens païens pour 2022), permettez-moi de signaler un volume sérieux libéré récemment de son vilain traitement Aubin, en passant chez Roto en janvier 2021: Les Épicuriens.
    Paru en 2010 et gros succès avec 19000 exemplaires écoulés (les pages roides d’Aubin ne rebutent pas tout le monde), je viens de me le procurer en librairie, en vérifiant bien qu’il s’agit de la réimpression chez Roto – trop d’assurance, pas assez de vigilance, rrogntudjû, mon volume présente un rhodoïd gondolé sur le dos et un dosage d’or si nanométrique que la pièce de titre est pixelisée comme sur un PC de 1990… Retour pour échange, un peu triste de n’avoir pas actionné sur le terrain le regard maniaque exercé sur ce forum…
    Mon exemplaire échangé est très bien, quant au contenu, je renvoie aux notes érudites de NeoBirt7 du 11 octobre 2022. 12 ans de travail en collectif et ça se voit: un choix de textes réfléchi et à jour sur les dernières découvertes, des traductions coordonnées qui ont fait l’objet de séminaires européens, un « Vocabulaire de l’Épicurisme » en fin de volume, exercice périlleux mais réussi etc.
    Loin des volumes « économiques », comme le prochain Steinbeck avec sa sélection arbitraire de textes, son ramassis de traductions variées et ses pages de notes sans doute superflues, puisque ces textes faciles et proches de nous contiennent les clés de leur compréhension.
    Il faut bien que ceux-ci financent ceux-là (merci Domonkos pour vos achats compulsifs), mais quel sera l’unique volume sérieux, travaillé, de 2023 ?

    • Précisons tout de même qu’il y a plusieurs problèmes dans la partie consacrée à Lucrèce. 1- Le De Natura n’est pas proposé en version bilingue.
      2- Il manque un plan détaillé de chacun des six livres pour se promener agréablement dans le vaste poèmes de Lucrèce.

      3- L’annotation n’est pas à la hauteur du monument en question. 20 pages seulement ( ! ) Évidemment zéro analyse. Avec 20 pages on a pas le temps d’approfondir. L’annotation se contente principalement, en une ligne, de renvoyer aux textes d’Épicure. 4-La notice nous parle abondamment des problèmes de traduction et du texte latin… absent de cette pléiade.

      Mais la traduction est de qualité. Même si je lui préfère toujours celle d’André Lefèvre en alexandrins rimés.

      Outre Lucrèce on peut également être frustré de certains choix. Dans la notice au texte de la Mort de Philodème on peut lire qu’il s’agit d’un pur joyau. D’accord. Mais Alors pourquoi nous avoir proposé seulement la fin de ce texte ( 2 pages ) en se contentant de nous faire un rapide résumé des passages qui ne seront pas dans ce volume ( et qui pourtant avait l’air passionnant… )

      Pardonnez moi de faire le rabat joie.

      • Vous n’êtes en rien rabat-joie, vous soulignez les incohérences éditoriales de la collection, que l’on retrouve, hélas, sur maints autres volumes (alors qu’on nous propose, par exemple, une édition sur-documentée des « essais » de Proust).
        Combien d’auteurs sont ainsi trahis par un accompagnement éditorial non adapté (et qui témoigne, on le devine, de négociations serrées entre l’éditeur de l’ouvrage et le responsable de collection) ?

      • On peut lire ce volume comme les anciens, comme un manuel de sagesse, comme des hypomnémata, des sentences à mémoriser pour les avoir constamment en soi et former sa vie. Plus de 1000 pages à mémoriser et vous en voulez plus ? 450 pages de notes ce n’est pas assez ? N’allez pas enfler ce volume de taille idéale avec des gloses et métagloses de sorbonnards, ça ne fait pas avancer d’un iota sur la Voie de la Sagesse.

      • Un index analytique aurait été utile en effet pour le long poème de Lucrèce. Les Pléiades sont très peu « ergonomiques » et obligent à une gymnastique, pour qui lit les notes en fin de volume, je compatis… Mais vous pouvez mémoriser les emplacements comme dans une bible:
        Luc. I, 75: « La religion est soumise à nos pieds et la voici à son tour écrasée, et la victoire nous élève jusqu’au ciel ».

        Pour l’absence de la Mort de Philodème, c’est en effet une lacune, je vois 2 raisons: le gros travail d’édition du texte par W.B. Henry est sorti en 2009 peu avant la parution du Pléiade, Daniel Delattre n’a pas eu le temps de préparer ce texte, il vient d’ailleurs d’en publier en 2022 une nouvelle traduction aux Belles-Lettres et on espère qu’il fera pression sur Gallimard pour inclure ce texte majeur dans la prochaine édition.

  33. C’est justement parce que le De Natura de Lucrèce peut être lu comme un livre de sagesse que je me sens frustrer, par exemple, de n’avoir un plan détaillé de chacun des cinq livres. C’est loin d’être un détail sans importance.

    La traduction n’est pas mauvaise. Loin de là. Mais il aurait fallu mettre de la passion, souligner malicieusement la pertinence ou l’impertinence de Lucrèce et du De Natura aujourd’hui. C’est pas avec 20 pages d’annotations ( qui sont principalement des renvois aux textes d’Épicure ) que c’était faisable.

    Par exemple, je lis en ce moment les œuvres de Sénèque chez Bouquin. Le ton de Paul Veyne me régale. Il donne l’impression d’être ami avec Sénèque. C’est tout à fait de cette manière que j’aurais aimé que Lucrèce soit traité…

    • Tout à fait d’accord, cher Un Passant.
      J’ai lu cette édition de Sénèque il y a près de vingt ans et j’en ai gardé un excellent souvenir.
      Pour compléter votre connaissance du grand stoïcien, son théâtre vient de reparaître en Folio.
      Et si vous voulez rire, lisez en Budé l’Apocoloquintose du Divin Claude, pamphlet aussi féroce que tordant !

    • Si vous voulez une très bonne traduction du poème De Natura de Lucrèce et des centaines de pages de notes, je vous conseille l’édition critique de Bernard Combeaud chez Mollat, ré-éditée chez Laffont Bouquins. De loin ma préférée …
      « La religion est à terre à son tour, exsangue, aux
      Pieds! Nous triomphons,et du ciel nous voici les Egaux!  »
      Le dernier vers est suivi de la note suivante : « A propos iconoclaste, rime de vandale! »

  34. Sur Décitre en parution Mai est annoncé un coffret Céline 2 volumes avec album.
    J’en connais que cela va faire grincer des dents mais personnellement je m’en réjouis….

    • Nouveau section fétichiste dans notre chère collection avec des 1er jets et brouillons publiés hâtivement et contre la volonté de l’auteur, peu après la mort de Lucette Destouches, gardienne du temple jusqu’à 107 ans…
      Et un deuxième album sur l’homme Céline, après celui de 1977… Remercions au moins l’éditeur de ne pas tomber dans la fallacieuse dialectique de la distinction de l’homme et l’écrivain…
      Vous vous réjouissez mais ne venez pas vous plaindre de voir disparaître les Pléiades des rayons des libraires: j’en connais au moins un qui zappera la quinzaine de Mai pour ne pas afficher le portrait du fuyard de Copenhague.

      • Je n’ai pas un mot à rajouter, ni retrancher, ni changer à votre texte, Valère. Je le fais mien, entièrement et de bon coeur.

        Juste une note (puisqu’on m’invite à « grincer des dents » je ne vais pas me priver), pour dire : franchement, quelqu’un a-t-il essayé sérieusement de lire « Guerre » et « Londres » ?
        Moi je l’ai fait. Je me suis farci ces deux pensums. Pas achetés, grands dieux non ! mais empruntés.
        Quoi qu’on pense de la valeur de l’oeuvre de Céline (je ne reviendrai pas sur le sujet, sinon pour dire que si je ne le mets pas aux sommets olympiens des vrais-fidèles je ne le considère pas non plus comme un écrivain de second ordre) je ne crois pas que cela ajoute un atome à sa gloire littéraire.
        Ce sont effectivement des brouillons, des balbutiements, du « pré-Céline ».

        Céline aurait-il voulu qu’ils fussent publiées tel quel ? Certainement pas !
        La place de ces pages serait dans des annexes, à titre de documents, En aucun cas elles ne viennent enrichir l’oeuvre, dont elles sont plutôt la face sombre, l’arrière-boutique, au mieux l’atelier.

        À faire regretter qu’on les ait retrouvés. Ils étaient très bien là où ils se trouvaient, auréolés du mythe du Chef-d’Oeuvre Perdu. Perdus dans les limbes, en compagnie de « ‘l’ouvrage maudit », le « necronomicon » de l’Atrabilaire Fou Céline (considérez que ces trois derniers mots sont en italiques, que je ne sais pas techniquement placer sur ce fil), autrement connu sous l’appellation « Les Pamphlets ».

        J’éprouve un très grand mépris pour cette entreprise éditoriale précipitée, dont le principal but est commercial, ainsi que le désir de couper l’herbe sous le pied de ceux qui auraient l’outrecuidance d’éditer un Céline tombé dans le domaine public, hors de La Chapelle et sans l’imprimatur des héritiers, légitimes ou présomptifs – voire abusifs.

        Verrais-je de mon vivant une véritable édition critique de Céline (il est tout de même assez considérable dans l’histoire de nos Lettres pour le mériter sans conteste), qui ne serait pas l’oeuvre des dévots et des cagots céliniens ?

        Je vais effectivement pour la première fois depuis vingt ans, faire des économies en mai, en passant complètement à côté de l’opération.

        Grrriiiiince !…. Grrriiiiince !… Grrrrr…

    • Bonjour Ulysse,
      J’ai pu constater que vous veniez régulièrement à la pêche aux informations concernant cette prochaine édition Baudelaire. Il m’intéresse également. A-t-on eu seulement la confirmation officielle de cette sortie ? Et si oui, aura-t-elle lieu cette année ?

      Je prends un plaisir certain à apprendre sa poésie. J’en suis à Une Charogne. Au rythme de deux poème par mois en moyenne, le chemin est encore long. Mais la fierté sera à la hauteur du défi. Le simple fait d’avoir intégré une petite trentaine de poèmes m’apporte déjà une satisfaction immense.

      • Jaloux je suis. Et pas moins admiratif.

        Moi, je n’ai jamais retenu que des fragments, des quatrains, et un seul poème intégral : « La Géante ». Je ne sais pourquoi. Sans doute un fantasme…

        Ou encore l’espèce de naturel, d’évidence, d’élégance aussi, de la description d’une situation au fond absurde et invraisemblable.

        « Du temps que la Nature en sa verve puissante
        Concevait chaque jour des enfants monstrueux,
        J’eusse aimé vivre auprès d’une jeune géante,
        Comme aux pieds d’une reine un chat voluptueux. »

        Les plus gros morceaux qui hantent ma mémoire (hormis le poème cité ci-dessus), je le dois moins à la lecture de Baudelaire (pourtant assidue) qu’à l’écoute des merveilleuses adaptations chantées par Léo Ferré. Pas à dire, avec une petite musique et sa voix, cela « imprime » mieux comme on dit en langage « jeune » !

        Sinon, « El Desdichado » et quelques fragments de Nerval, deux ou trois morceaux de Victor Hugo, quelques fables de La Fontaine jamais oubliées depuis l’enfance, et j’ai épuisé tout mon réservoir mémoriel de poèmes. C’est maigre, j’en conviens, et j’en ressens grande honte et frustration.

        • Magnifique, La Géante.

          Au Lecteur, le poème qui introduit le recueil annonce parfaitement la tonalité de l’œuvre.
          Pour ma part, j’adore L’Idéal, la musique qui s’en dégage, la force des mots qui claquent :

          Ce ne seront jamais ces beautés de vignettes,
          Produits avariés, nés d’un siècle vaurien,
          Ces pieds à brodequins, ces doigts à castagnettes,
          Qui sauront satisfaire un coeur comme le mien.

          Je laisse à Gavarni, poète des chloroses,
          Son troupeau gazouillant de beautés d’hôpital,
          Car je ne puis trouver parmi ces pâles roses
          Une fleur qui ressemble à mon rouge idéal.

          Ce qu’il faut à ce coeur profond comme un abîme,
          C’est vous, Lady Macbeth, âme puissante au crime,
          Rêve d’Eschyle éclos au climat des autans;

          Ou bien toi, grande Nuit, fille de Michel-Ange,
          Qui tors paisiblement dans une pose étrange
          Tes appas façonnés aux bouches des Titans.

          • Il est un poème, parmi d’autres « Fleurs du Mal », qui me vient souvent à l’esprit, peut-être parce que j’ai quelques liens familiaux et amicaux avec La Réunion… et pour d’autres raisons, liées à l’actualité, que je vous laisse deviner.

            A une Malabaraise

            Tes pieds sont aussi fins que tes mains, et ta hanche
            Est Large à faire envie à la plus belle blanche ;
            A l’artiste pensif ton corps est doux et cher ;
            Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair.

            Aux pays chauds et bleus où ton Dieu t’a fait naître,
            Ta tâche est d’allumer la pipe de ton maître,
            De pourvoir les flacons d’eaux fraîches et d’odeurs,
            De chasser loin du lit les moustiques rôdeurs,
            Et, dès que le matin fait chanter les platanes,
            D’acheter au bazar ananas et bananes.
            Tout le jour, où tu veux, tu mènes tes pieds nus
            Et fredonnes tout bas de vieux airs inconnus ;
            Et quand descend le soir au manteau d’écarlate,
            Tu poses doucement ton corps sur une natte,
            Où tes rêves flottants sont pleins de colibris,
            Et toujours, comme toi, gracieux et fleuris.

            Pourquoi, l’heureuse enfant, veux-tu voir notre France,
            Ce pays trop peuplé que fauche la souffrance,
            Et, confiant ta vie aux bras forts des marins,
            Faire de grands adieux à tes chers tamarins ?
            Toi, vêtue à moitié de mousselines frêles,
            Frissonnante là-bas sous la neige et les grêles,
            Comme tu pleurerais tes loisirs doux et francs,
            Si, le corset brutal emprisonnant tes flancs,
            Il te fallait glaner ton souper dans nos fanges
            Et vendre le parfum de tes charmes étranges,
            L’oeil pensif, et suivant, dans nos sales brouillards,
            Des cocotiers absents les fantômes épars !

          • Très beau.
            Adolescent, j’étais totalement hermétique à la poésie. Je ne jurais que par la prose.
            Il n’est jamais trop tard. Maintenant, j’apprécie les vers. Les lire et les apprendre. La quintessence du style, du miel. Chaque poème m’apparaît comme un microcosme, un petit monde fermé et fini, mais dont la richesse ouvre des perspectives infinies à son lecteur.

      • Bonjour,
        Je me permets de revenir de temps en temps car certains ici sont souvent bien renseignés ! C’est quand même étrange que l’on en entende pas plus, au moins le nom du maître d’oeuvre. Croisons les doigts pour cette année.

  35. Annoncés sur Amazon :
    – Céline, « Romans 1932-1934 » ;
    – Céline, « Romans 1936-1947 ».
    Ces deux volumes Pléiade nouveaux seront plus que probablement proposés à la vente sous coffret – accompagné de l’album fait par F. Vitoux.
    Remarques :
    – Le volume « 1932-1934 » contiendra sûrement « Voyage » (avec les nouveaux passages découverts dans les feuillets inédits), « Guerre », et « Krogold », qui a été proposé à Robert Denoel peu après « Voyage ». « Londres » au surplus : probable, car le 2eme volume (voir ci-dessous) s’annonce déjà très épais…).
    – Le volume « 1936-1947 » contiendra certainement « Mort à crédit » (avec les nouveaux passages présents dans les feuillets inédits), et « Guignol’s Band ». Publié en 1948 mais rédigé bien avant, « Casse-Pipe » augmenté de 400 pages inédites sera sans doute publié dans ce 2eme volume – qui par conséquent sera passablement obèse côté mensurations…
    Il n’est pas exclu toutefois que Gallimard prévoie un 5e volume centré sur « Casse-Pipe » et sur d’autres textes, mais cela me paraîtrait vraiment surprenant… Commercialement parlant un 5e volume Céline serait toutefois une bonne affaire côté euros encaissés, c’est entendu.

    • Mais, je suis un peu perdu, depuis la découverte des écrits perdus revenus à la surface, et la publication de Guerre, puis de Londres.
      Quelle est la politique de Gallimard quant à sa collection de la Pléiade ? A dire vrai, je ne m’attendais pas à ce que ces textes apparaissent si rapidement sur papier bible, ne serait-ce qu’en considération du recul nécessaire à prendre pour appréhender ces œuvres et éventuellement en tirer un appareil critique digne de ce nom.

      Qu’en est-il de ces deux volumes ? Remplaceront-ils les deux premiers des quatre de l’ancienne édition ? Sont-ils les deux premiers d’une nouvelle ?

      • Ils ne peuvent pas remplacer les deux premiers, parce que l’ancien deuxième volume comprenait des romans d’après-guerre, donc, soit il s’agit d’une édition entièrement nouvelle (très probablement), soit seul le premier volume sera remplacé par deux nouveaux.

        • Solution la plus rapide et bâclée pour les 2 nouveaux volumes: 157 (l’ancien vol.1) et 157 bis, comme cela avait été fait une seule fois pour le 51bis des poèmes de Shakespeare en 1959. Et aussi pour tous ces brouillons: police Garamond réduite réservée aux annexes, pour punir les yeux (comme la quasi-intégralité du vol 1. de Nerval si mes souvenirs sont bons).

  36. Domonkos, c’est un vieux débat.

    Les classiques en littérature font partie d’une famille assez hétérogène.

    Il y a les inventeurs formels (Flaubert sur le piédestal), les inventeurs de mondes (Lovecraft), les remueurs d’idées (Orwell), les créateurs de personnages (Shelley), les « historiques » (Homère), etc.

    Tous m’intéressent.

    Tout le monde n’est pas Woolf, Flaubert ou Nerval, mais je ne me boucherai pas forcément le nez en rejetant la moitié des membres de la famille pour ne goûter entre-soi que la littératûûûûre.

    Il n’est pas tout à fait certain que je place un Flaubert qui prend 5 ans de sa vie, noircit 4000 pages de brouillons, se déchire les poumons dans son gueuloir toutes les nuits pour pondre un roman parfait (mais aussi parfaitement ennuyeux) devant un autre classique ayant moins d’exigence formelle. J’admets en tout cas que cela puisse se discuter.

      • Pour Flaubert, je suis entièrement d’accord avec vous.

        Il faudrait simplement réduire le débat à ses vraies dimensions : il est question de la Pléiade, et de ses prétentions à représenter le « meilleur du meilleur » (ensuite on pourra discuter à l’infini sur la nature exacte de ce « meilleur du meilleur »).

        On ne discute pas de la littérature en général, de toute l’édition, ni de nos bibliothèques.
        La mienne, qui doit se composer, à la louche, de 9 000 volumes, se répartit en
        – un « rayon » bande dessinée de 2 000 volumes (dont la moitié sont des « intégrales » qui reprennent elles-mêmes trois ou quatre albums « normaux »), –
        – ma collection sentimentale du vieux « Livre de Poche » de ma petite adolescence, environ un millier de volumes,
        – idem des Marabout, quelques centaines de volumes, pour les mêmes raisons nostalgiques,
        – ma « Bibliothèque Chinoise’ où se trouvent mêlés des éditions courantes et un nombre assez considérable de raretés très pointues, et que j’appelle « chinoise » bien qu’un tiers soit japonais, coréen, mongol, indien… 2 500 volumes,
        – puis deux mille livres brochés ou reliés de littérature générale, philo, histoire, y compris de grands « classiques populaires » et, enfin…
        – environ 500 Pléiades.

        Vous voyez que la « prestigieuse collection », pour importante qu’elle soit (surtout si l’on considère le nombre d’oeuvres contenues dans chaque volume) ne représente pas la plus grande part de ma bibliothèque, et n’en est même pas « le coeur » : celui-ci étant représenté, à mes yeux, par ma « bibliothèque chinoise » plus précieuse que tout l’Or des Indes Occidentales. La dernière chose qui resterait si je devais me séparer de tout le reste.

        Et je pense que, par choix et plus souvent par nécessité, en un demi-siècle autant de livres en sont sortis qu’il en est rentré.
        J’ajoute pour précision que je ne tiens pas de catalogue, et qu’il ne s’agit donc que d’un survol (même pas par « ballon-espion » chinois au-dessus du Montana).

        C’est vous dire si ma bibliothèque est diverse et variée, sans interdits ni tabous ou préjugés. Reflétant mes goût, simultanés ou successifs, mes curiosités, et finalement l’histoire de ma vie.

        J’espère que vous verrez là la preuve que je ne méprise aucun « genre », aucune « catégorie ».
        Mais que je n’en ai pas moins mes hiérarchies, et je le revendique.
        Tout est dans tout et son contraire, « tout se vaut », « tout est une question de goût », ce n’est pas mon crédo.

        Les auteurs que je préférerais ne pas voir en Pléiade (la liste s’allonge de plus en plus), figurent presque tous dans ma bibliothèque.
        Et la liste des auteurs ESSENTIELS qui n’ont pas « l’honneur » de la Pléiade m’amène à regretter la place prise par des auteurs, qu’on le veuille ou non, de second ordre.

        C’est ainsi. La Pléiade est censé se consacrer à la substantifique moelle, au meilleur du meilleur, et dans des éditions d’une haute exigence : ce n’est pourtant pas moi, bon sang, qui le dit ! Mais l’éditeur lui-même, le répétant dans chacune des introductions de ses catalogues annuels !
        Mensonge commercial ? Propagande digne d’un candidat aux élections ?
        Alors, qu’il ne vienne pas geindre si nous sommes sévères avec lui, c’est bien lui qui l’a voulu.

        • …Mais le meilleur du meilleur doit-il forcément être le meilleur formaliste ?
          (Je m’exprime sans doute mal, je suis venu à la littérature sur le tard)

          • Cendrars, ça vous va ?
            Pour moi, un des « meilleurs parmi les meilleurs ».

            Et pourtant – dans ses romans et récits pour le moins – il écrit comme un cochon.
            Pressé d’aller à la ligne et de passer à la caisse de ses éditeurs.

            Je ne considère pas non plus Edgar Poe ou bien Steinbeck dont on parle en ce moment, comme de formidables « formalistes » et des équivalents sur le plan du style de Henry James ou de Marcel Proust.

            Hugo lui-même est souvent fort échevelé, relâché et approximatif, Dostoïevski paraît-il (si je dois en croire certains russophones) « écrivait moins bien que Tolstoï », il me fascine pourtant plus que le vieux Maître de Iasnaïa Poliana (que je révère par ailleurs), etc etc etc et tutti quanti.

        • Pour Flaubert, mon cher Draak, je le répète, je suis de votre avis : si j’ai lu « Salambô » (presque) comme un Dumas, goûté « L’Éducation » et les « Trois Contes », apprécié ses récits de voyage, je crois bien que je n’ai jamais pu terminer « Madame Bovary », vaincu par l’ennui à un stade plus ou moins avancé du livre, ni les « Tentations de Saint-Antoine » accablé par ces accumulations baroques dignes des bandes dessinées de Philippe Druillet (ça c’est pour énerver les ennemis de la bande dessinée, hé hé hé !).

          Et j’ai bien d’autres crimes du même tonneau, inavouables parce qu’impardonnables, dissimulés dans mes placards.
          ………………..

          Mais enfin, tout de même, si quelque jour Big Brother prenait définitivement le pouvoir (c’est en route) et, par un absurde caprice, il me nommait Grand Ordonnateur d’Expurgation de la Littérature, et que je dusse choisir entre « Madame Bovary » toute emmerdante qu’elle soit et tout Jack London, c’est ce dernier qui expirerait sous mes ciseaux. C’est comme ça. Cherchez pas à comprendre.

        • 9000 volumes : pas mal !
          Je dois en être au tiers et dois déjà construire une extension par manque de place.

          Blagounette : J’ai signalé aujourd’hui à ma femme qu’il pouvait bien y avoir une guerre pendant 20 ans, ma pile à lire était suffisante pour ne pas être en manque.
          Sa réponse : pourquoi tu en achètes encore ?

          Je savais que ça vous ferait rire.

          • J’ai squatté le garage et y ait fait exécuter des travaux pour en faire une bibliothèque ; mes rayons escaladent les murs jusqu’à 3m de hauteur, et forment également un labyrinthe au milieu de la pièce. Seuls les initiés armés d’une carte et d’une boussole peuvent s’y aventurer.

            Il y a un an à peu près, alors que j’achetais des Pléiades chez une vieille bouquiniste d’Avignon – partie à la retraite depuis – et que j’avouais qu’il allait falloir que je passe par la porte de service pour que mon épouse n’aperçoive pas brutalement le sac plein de livres sous lequel ployait mon épaule, m’a répondu :

            « Ah non, vous aussi ! J’ai plein de Messieurs qui m’achètent des livres et qui me disent la même chose. Mais qu’est-ce qu’elle ont donc ? »

            Lorsque que mon épouse regimbe, je lui fait remarquer que je ne vais pas au bistrot.
            Il est vrai que ces dernières années, depuis qu’elle est retraitée, s’étant payé un Pur Sang Lusitaniens de Haute Lignée qui lui coûte un bras en entretien (à peu près le même budget que mes livres), ses critiques se sont faites plus rares. Et elle a l’élégance de ne pas me faire remarquer qu’elle fait rentrer à la maison trois fois plus d’argent que moi…

          • 5000 ou un peu plus ici, et je dois déménager au printemps. Une véritable corvée, mais je gagne en surface, et j’espère pouvoir mieux ranger mes livres.

            Et je pense aussi avoir pour deux ou trois décennies de lecture…

          • Peut-être 1000 au plus haut, mais moins de 100 aujourd’hui au fur et à mesure que je grandis et expurge les B.D. pour les enfants, les romans pour les jeunes filles et les auteurs chrétiens pour les chrétiens.
            Vos épouses m’approuvent.

  37. C’est officiel : mon épouse a plus de paires de chaussures que Valère n’a de livres.
    Se déposséder ainsi est d’un grand courage, que je n’aurai JAMAIS, sauf si tout a perdu son sens.

    • A soixante ans, envisageant un déménagement, voulant diminuer le contenu de ma bibliothèque, j’ai essayé d’être pragmatique : il me reste, quoi ? environ 20 à 25 ans de lectures, je lis maximum 100 livres par ans, 25 X 100 = 2500. Allez, j’arrondis à 3000 et je n’emporterai rien de plus… Hélas ! Hélas ! Je ne me suis pas tenu ma promesse, achats nombreux, divers, livres objets, pour la couverture, pour les illustrations, pour l’odeur, pour le souvenir et que sais-je encore ? Et puis aucun de vous ici n’a parlé des boîtes à livres. On trouve aujourd’hui (tant le livre est méprisé) de véritables petits trésors. Ainsi j’ai ramassé des cahiers GLM, des pléiades usagées mais tout à fait en état de lecture et dernièrement une édition de Salammbô illustrée chez Ferroud en excellent état. Bref, aujourd’hui, au fin fond du monde, j’ai 2 pièces dédiées à mes chers livres, auxquels j’ajoute quelques nouveaux amis chinés par ci par là, achetés, trouvés, offerts, que je lis ou ne lis pas, mais plus jamais je ne me limiterai à une quantité maximum. Et puis penser à mes héritiers que tout ça n’intéresse pas, est un vrai plaisir : Ils vont en chier. Bien fait !

      • J’ajoute cette petite anecdote : Une libraire chère à mon cœur avait un client, homme de lettres, bibliothécaire au Prytanée, bibliophile, collectionneur et amasseur de vieux livres et de perles rares. Il passait régulièrement chez les libraires du Mans et puis un jour ne le voyant pas venir, un de ces libraires a appelé les pompiers. Les pompiers ont défoncé la porte et trouvé le vieux monsieur en peau de chagrin (vous voyez ce que je veux dire…). Une ribambelle de collectionneurs, pseudo-antiquaires, brocanteurs et autres malfaisants se sont précipités pour récupérer le magot, y compris le frère du défunt. Tout a été mis sous scellé, le vieux bougre ayant laissé un testament. Le jour de l’ouverture du testament, surprise, le bibliothécaire-bibliophile à l’esprit taquin, avait légué tout son patrimoine à une association pour aveugles ! Histoire vraie, authentique, 100% accréditée par le SLAM !

        • Pour ces associations, de tels dons sont parfois empoisonnés, car elles n’ont pas forcément le personnel et l’expertise pour en tirer l’argent voulu. Et ces successions trainent interminablement, comme un poids, pour elles. Mieux vaut leur léguer une somme d’argent liquide, ou, au pire, des biens immobiliers produisant des revenus.
          Mais votre anecdote est amusante.

      • D’un point de vue de jeune homme, apprenti historien mais ambitieux lecteur, un tel leg laisse songeur. A 25 ans à peine, la croissante divergence entre le nombre d’ouvrages repérés, espérés, acquis ou offerts, et celui que le quotidien et la discipline permettent de lire fait déjà peur. Que de livres j’espère enfin parcourir une fois l’agrégation passée ! Plus le passé est entrevu, plus sa richesse est alléchante et écrasante. D’autant plus que je ne suis pas rétif au Progrès, et m’intéresse aussi à la nouveauté. Alors recevoir une bibliothèque constituée par une vie de collecte, ce serait à la fois une divine surprise et un très lourd fardeau. Comment honorer de tels continents que l’explorateur précédent n’aura pu lui même parcourir en entier ?

      • Vous avez raison, Pontifex : « faire chier » ses héritiers qui, tout au long de notre vie se sont f…tu de notre gu… et traités de pauvres fous, pour notre amour des livres, est une jolie vengeance et une douce pensée.

        Mais ils n’en ch…ront pas très longtemps : ils appelleront le bouquiniste du coin, s’il en reste, ou même la benne à ordure. Pour le moment, je trouve des livres intéressants chez mon bouquiniste, chaque fois qu’un vieux prof ou un vieil érudit amoureux des livres, venu passer sa retraite dans les Cévennes, rend son bulletin de naissance. Les héritiers, qui habituent aux six coins de l’hexagone, ne se déplacent même pas toujours pour débarrasser.

        Le plus drôle, c’est lorsque mon bouquiniste se rend sur les lieux et commence à faire du tri : généralement, lorsqu’un ou plusieurs héritiers sont là, il y a toujours une pile de livres devant laquelle ils crient « Stop ! pas ceux-là, on se les réserve, ce sont vraiment de belles pièces… »
        Les « belles pièces » sont, la plupart du temps, de sombres daubes, n’ayant ni valeur littéraire ni valeur marchande, mais faisant illusion par une couverture chatoyante ou une date de publication ancienne, qui bluffent ces béotiens. La classe sociale ou le niveau d’instruction des héritiers ne changent pas grand chose au niveau de sombre ignorance, tant le livre est en train de sortir de notre culture.
        Mon bouquiniste et moi, nous nous marrons !

        Il faut avouer une chose, qui fera plaisir à tous les amateurs ici présents, le seul lot sur lequel tout le monde, vendeurs comme acheteurs, s’entend pour leur reconnaître une certaine valeur ou une valeur certaine, que les héritiers ne veulent pas lâcher ou bien à un prix conséquent, ce sont les Pléiades.

        Sauf qu’ils ne font aucune différence entre un volume impeccable, et un vieux bouquin usé jusqu’à la corde (« ben quoi, c’est une Pléiade, quand même » !) et encore moins, bien évidemment entre une bonne et une mauvaise édition.
        Déjà qu’ils ne savent ce que c’est qu’une traduction correcte ou un bon appareil critique, alors, allez donc leur parler de Roto, Aubin et toute cette sorte de choses !

        Mais enfin, tout de même, les Pléiades surnagent le mieux dans ces naufrages, et ce sont les dernières planches de salut pour les naufragés…

        • Encore que les pléiades d’occasion (mis à part quelques titres phares) se vendent très mal. Certains professionnels ne proposant à l’achat que 5 euros le volume… Sur une brocante en Dordogne, un carton d’une trentaine de pléiades est parti à … 30 euros ! Hélas je suis arrivé trop tard. C’est vous dire dans quel état se trouve le livre. Sans parler d’illustrés modernes, reliure demi chagrin à coins pour 15 euros. Dans un premier temps je suis content, dans un second temps, un peu désespéré.

          • Dans mon village, nous sommes des gens simples, et avons encore la naïveté de croire qu’un (ou une ?) Pléiade vaut un peu plus que le poids du papier. Nous ne sommes ni Parisiens ni Bordelais, mon bon Monsieur, et ici, nous contentions d’une vague piquette que nous honorons du nom de Vin…

          • Le prix est lié à la rareté. Un album Pléiade, jamais réédité, se vend beaucoup plus cher qu’un volume Pléiade, en dépit de la différence évidente de « qualité » entre les contenus respectifs. Certains bouquinistes ne vendent que les albums, suivant ce critère de rareté.

    • Draak, ce n’est pas le sens qui se perd, mais certaines modalités de lecture: la lecture goulue, de rentrée littéraire, mondaine, la lecture de flic « qui est le coupable ? », la lecture en bulle avec béquille des images, la lecture nostalgique ou de complicité avec un auteur etc.
      Il me reste la lecture philosophique, la lecture lente où une seule sentence épicurienne suffit à lancer une méditation qui dure, et la lecture mémorisée, qui est plus qu’un loisir: une gouverne, une transsubstantiation. Comme KleinFuge qui par coeur apprend Baudelaire, lequel nous montre en prose une autre modalité de lecture, celle des Foules:
      « Il n’est pas donné à chacun de prendre un bain de multitude : jouir de la foule est un art ; et celui-là seul peut faire, aux dépens du genre humain, une ribote de vitalité, à qui une fée a insufflé dans son berceau le goût du travestissement et du masque, la haine du domicile et la passion du voyage. »

      • Cher Valère,
        « La lecture lente, c’est moi ! »
        Vous tapez a la porte d’un converti. Je ne cherche pas la quantité, elle vient d’elle même, bien que j’essaie de lire lentement et avec beaucoup d’attention le peu que je lis.
        S’en tenir déjà à quelques grands classiques, vraiment les incontournables (Cervantes, Homère, Flaubert, Rabelais, Montaigne… Les vraiment incontournables), les lire avec intelligence, me suffira bien en tant que lecteur.

      • … Quant à la mémorisation, qui est certainement la meilleure manière de s’imprégner des textes, je la tente avec La Fontaine, mais c’est un fait : je suis un poisson rouge.

  38. Bonjour,

    Comme indiqué à Xavier du CCP pour son site :
    – le troisième tome des œuvres de Nietzsche devrait paraître à l’automne prochain
    – Gallimard espère publier leur nouvelle édition de Descartes en 2024.

    J’écris beaucoup moins ici mais c’est toujours un plaisir de vous lire.

  39. L’un d’entre vous a-t-il sous la main le tome 2 des hommes illustres de Plutarque ? A-t-on affaire à un tirage Aubin ou à un tirage Roto ?

    Sinon, pour ceux qui sont intéressés par Plutarque, le tome 1 des hommes illustres est un Roto achevé d’imprimer en 2019.

    • Bonjour Un Passant,
      J’ai sous la main mes deux Plutarque en Pléiade.
      Mon tome I a été imprimé le 10 mars 2000 par Aubin et il est d’excellente tenue sous son coffret imprimé.
      Mon tome II a été imprimé par Mame le 15 novembre 1977 et il est très bien aussi question fabrication, avec un boîtier cartonné traditionnel et deux demi-jaquettes.
      Bonne journée.

      • Mes Plutarque aussi viennent de chez feu Mame à Tours. Leur qualité de fabrication et d’impression est exceptionnelle, comme tout ce qui sortait de cette illustre maison. Voyez par ex. à la même époque (années 60-70) les magnifiques volumes de l’Intégrale-Seuil ; ceux de chez Mame n’ont rien à voir avec ceux de Tardy par exemple. Même chose pour les quelques Pléiades sorties de chez eux. D’une qualité à peu près analogue il y aussi les rares Pléiades sorties de l’imprimerie Nationale de Monte Carlo (mon La Rochefoucauld)

    • Merci pour vos réponses. Le tirage du tome 2, actuellement dans le commerce, serait un tirage des années 1970 ? Après tout c’est possible.
      Je pense au 1er tome de Fénelon. Intéressant d’apprendre que le tome 1, entre 2000 et 2019 ait changé d’imprimeur.

  40. Pour reprendre le fil des grosses bibliothèques privées et la tristesse de les voir dilapidées dans le désordre post-mortem, n’y a-t-il pas un devoir d’initiation de sa descendance ? l’art de conter, l’art d’offrir le bon livre au bon moment ?
    Et se soucier du devenir de nos chers livres, au lieu de railler les novices qui jettent Marabouts aussi bien qu’éditions originales à la benne, peut-être aménager clairement chez soi un espace dédié pour les livres à valeur marchande ou familiale ?

    • Le transmettant peut anticiper et essayer d’identifier explicitement et sur papier ce qui peut avoir de la valeur, au moins économique, pour les héritiers. Ce qui suppose cependant de la bonne volonté et un minimum de connaissances (y compris de celui qui accumule, ce qui n’est pas toujours le cas). Sur le plan intellectuel, il n’arrive quasi jamais qu’un héritier s’y retrouve dans le fatras livresque du transmettant…

      Je me pose franchement la question sur ce point me concernant : identifier les volumes un peu plus rares pour mes héritiers (je ne parle même pas d’édition originale, mais j’ai quelques volumes qui ont une histoire, ou qui sont introuvables), mais à quoi bon finalement ?

      A titre personnel, ma compagne n’aura jamais la patience de cela, quant à mon neveu et ma nièce, je ne veux pas gager de ce qu’ils deviendront plus tard, mais vu le milieu de départ, s’ils ne balancent pas tout au feu, mes livres auront déjà de la chance.
      Enfin bon, c’est le sort de tout petit-bourgeois dans mon genre qui se met à lire des livres, son milieu ne change hélas pas avec lui.

      C’est quelque chose qui me chagrine beaucoup, l’idée que tout cela finisse au feu…

    • Valère, vos remarques et vos suggestions sont tout à votre honneur, mais hélas, ce n’est pas si simple. J’ai longtemps fait du bénévolat dans une association et j’étais surpris de voir des personnes en réinsertion, fascinées par le livre et qui en prenaient et en lisaient. De tout, du pire au meilleur. Et autour de moi, je vois d’autres personnes, ayant fait des études supérieures et complétement hermétiques au livre, l’objet et le contenu. C’est quelque chose d’instinctif ce besoin du livre, cette nécessité à lire, ça vient de loin. Mes premiers souvenirs de livres, je m’en souviens encore, j’avais 5 ans et j’étais en admiration devant les petits livres d’or. Comment expliquer à quelqu’un qu’ouvrir un livre, c’est entrer à chaque fois dans un monde particulier, celui de l’auteur, mais un monde qu’on investit, qu’on s’approprie et qui est à chaque fois une autre ouverture au monde. Pour ma part, j’ai renoncé il y a bien longtemps à ouvrir les esprits. Mais je suis vieux et désabusé…

      • Pontifex, je ne peux qu’être sensible à vos considérations qui éveillent des échos en moi.

        En ce qui me concerne, les premiers livres sont entrées dans ma famille avec moi, lorsque j’étais enfant. Apparemment, ils sortiront de ma famille, lorsque je disparaîtrai.

        Je me souviens des premiers cadeaux reçus, anniversaire et Noël, car le reste du temps autant par indifférence que par pauvreté, pas question d’acheter des livres.
        Je me souviens des étagères à pot de confiture que j’ai fait repeindre, remonter de la cave et placer dans ma chambre, et où j’ai posé mon premier livre, en me disant que je n’arriverais jamais au bout du premier rayon !
        Je me souviens de ces mondes qui s’ouvraient chaque fois que j’ouvrais un livre. De ma boulimie de livres, pillant toutes les bibliothèques de mon environnement (école, centre social, comité d’entreprise de l’usine où mon père était ouvrier…

        Je me souviens, bien avant cela, que j’ai appris les lettres et à déchiffrer les mots, en écoutant les leçons de mon frère, âgé de deux ans et demi de plus que moi, et je me souviens que cela m’a aussitôt fasciné et que je soufflais les réponses à mon frère aîné qui avait un mal de chien à les ingérer. Je n’avais pas mis le pied à l’école, même « maternelle » que je jouais au petit instituteur de mon frère.

        Je me souviens qu’encore en primaire j’écrivais sur des cahiers des petits romans imités de ceux que je lisais… Personne ne les lisait. Et, comme dit (à peu près) Céline quelque part, « je finis aussi mal que j’ai commencé », car après une vingtaine d’années durant laquelle mes petits livres ont été publiés, il y a une autre vingtaine d’années que, de nouveau, comme dans mon enfance et mon adolescence, je n’écris plus que pour moi-même, seul lecteur de mes proses poétiques ou narratives.

        Je me souviens que je lisais et faisais des comptes-rendus du livre hebdomadaire imposé par l’instituteur, puis que je lisais et écrivais des compte-rendus pour plusieurs camarades pour qui les livres qu’on leur avait attribués étaient d’hermétiques coffres-forts.
        Que voulez-vous faire contre ce qui ressemble, plus encore qu’à une passion, à une fatalité ?

        Ma bibliothèque, ce n’est pas la somme de mes livres, c’est une oeuvre que j’ai construite pendant soixante ans. Elle n’est pas ma « bibliothèque idéale » car elle a connu des naufrages et des renaissances, elle a beaucoup bourlingué, suivi des courants hasardeux, rencontré des îles inconnues…

        Pourquoi voudriez-vous que je me soucie de la voir me survivre ?
        Pourquoi voudriez-vous, alors qu’elle n’a jamais inspiré que l’indifférence, voire le mépris ou la réprobation, de tout mon entourage, parents, épouse, enfants, petits-enfants, que je lève le petit doigt pour la transmettre en bonne et due forme à mes héritiers ?

        J’en ai pris mon parti.
        J’ai renoncé depuis longtemps à tout effort pour convertir qui que ce soit. Après tout, c’est aussi bien leur droit de mépriser les livres que le mien de les aimer. On a bien tort de croire qu’on est responsable de la vie et des choix des autres.
        Qu’ils la dispersent donc !
        Et s’ils se font rouler par les marchands et n’en tirent pas le profit qu’ils pourraient en tirer, c’est bien fait pour eux !

      • La transmission est aussi entravée par la dégradation des livres, selon leur qualité originale, les conditions de conservation et de lecture. Par le travail du temps qui élague, expurge, ridiculise ce qui ne sera jamais classique – vous l’avez bien exprimé, beaucoup de volumes ne sont précieux à nos yeux que par l’odeur d’une vieille madeleine (j’ai déjà expurgé ceux-ci, n’étant pas sentimental).
        Mais il y a encore je crois un peu de poids aux dernières volontés, si elles sont raisonnables et pré-aménagées: gardez la petite bibliothèque du salon en souvenir de moi, dispersez le labyrinthe du garage, et la Harley. L’entourage peut paraître absorbé par un tourbillon de médias peu littéraires, mais il y a un âge où parfois avec un gain d’esprit naît un intérêt pour les vieilleries.

        • Je ne prêche aucune doctrine et ne donne de conseils à personne. Chacun selon son expérience. J’apporte seulement un témoignage sur mon expérience personnelle – dans la mesure où, tout de même, elle illustre peu ou prou une certaine tendance générale, tout de même.

          …………………………………………

          En ce qui me concerne, il n’y a pas « de petite bibliothèque du salon ». Tous mes livres ont été relégués dans la pièce ad hoc que j’ai aménagée. Ils sont interdits de séjour partout ailleurs dans la maison. J’en ai pris mon parti.

          De cette terre d’exil, j’en ai fait mon Royaume. Dont je suis l’unique Roi et l’unique Sujet.

          Donc, pas le moindre geste en direction de mes héritiers, qui ne sont mes héritiers que par hasard.
          Je songe même, si la Mort avait la courtoisie d’annoncer sa venue quelque temps à l’avance, pour que je puisse me préparer et mettre de l’ordre dans la vie que je m’apprêterais à quitter, à me débarrasser de cet encombrant (et flamber une dernière fois l’argent que cela m’apporterait).

          ……………………………..

          Il y a longtemps que j’ai compris combien étaient naïfs et dérisoires mais rêves « d’immortalité » du temps de ma jeunesse.
          J’aimerais partir sans laisser de traces, et être oublié le plus vite possible.
          L’oubli est le meilleur cadeau qu’on puisse faire à un mort.

    • Pour rappel du fil bien plus haut:
      Lucrèce I, 75: Quare religio pedibus subiecta uicissim opteritur, nos exaequat uictoria caelo.

      Daniel Delattre (Pléiade): La religion est soumise à nos pieds et la voici à son tour écrasée, et la victoire nous élève jusqu’au ciel.

      Bernard Combeaud (Laffont Bouquins)
      La religion est à terre à son tour, exsangue, aux
      Pieds ! Nous triomphons, et du ciel nous voici les Egaux !

      À mon avis trop de circonvolutions pour donner du « souffle » et une vilaine rime, mais la version Pléiade ne restitue pas bien exaequat.

      C’est mieux que les anciennes traductions qui souvent traduisent religio par superstition. Un rapide tour d’horizon des corrigés de Lucrèce I en ligne semble indiquer que cet extrait n’est jamais étudié dans nos écoles laïques – et c’est justifié dans le cadre de la loi, car les religions ne doivent pas y être soumises à nos pieds (ce que mon esprit voltairien trouve regrettable).

      Et puisqu’il faut décidément souffrir avec les pléiades neuves, dans mon exemplaire le signet était d’origine mal positionné recroquevillé en milieu de page et plié en double: ça a creusé définitivement une dizaine de pages, et je dois déplier et presser ce signet pour lui redonner sa forme plate…

  41. Messieurs, mesdames,

    Il vient d’être annoncé sur le site de La Pléiade qu’en début avril 2023 paraîtra un coffret Blaise Pascal, contenant les deux tomes des Œuvres complètes du génie de Port-Royal. Je ne sais pas pour vous, mais je me l’achèterai sûrement.

    • En espérant (inutilement) que cela écoule les stocks des reliures proprement dégueulasses que j’ai jusqu’à présent laissées en rayon. Et pourtant, je le veux, ce Pascal en Pléiade…

  42. Donc un coffret pour fêter cette les 400 ans de la naissance de l’effrayant génie ? Je me permets de répondre un peu pour mes petits camarades ( ceux dont je peux prédire la réaction )

    Valère ne l’achètera pas.
    C’est la faute à Voltaire.

    Domonkos l’achètera sans aucun doute ( par amour des coffrets et du travail bien fait). Moi je demande à voir la qualité du tirage. Le tirage Pascal est un des plus désastreux que je connaisse.
    Mais peut-être a-t-il eu, comme les épicuriens ou le tome 1 de Plutarque la chance de passer récemment chez Toto ?

    • Ne pariez pas imprudemment votre tête, « Un Passant », en augurant sur mon achat du coffret Pascal, vous la perdriez regrettablement.

      Je n’achèterai aucun Pléiade en février, en mars, en avril, et sans doute en mai. Pas de « Quinzaine », pas d’Album (bon débarras).
      J’attendrai le 29 juin pour acquérir le Steinbeck avant que le prix monte, et sans doute encore un peu plus tard pour le Bonnefoy.

      J’ai commis une folie et me suis endetté pour trois mois auprès de mon bouquiniste.
      Moi qui ne possédais aucun volume de « l’Encyclopédie de la Pléiade », me voici possesseur de 20 volumes (sur le lot de 50 qu’il vient d’acquérir, tous à l’état neuf, Rhodoïd et emboîtage impeccable, livres comme sortis de presse la veille.
      3 volumes de L’Histoire de la littérature
      3 volumes de L’Histoire de la Philosophie
      4 volumes de L’Histoire des Arts
      3 volumes des Moeurs
      1 volume de L’Histoire du Specatacle
      1 volume de L’Histoire des Techniques
      3 volumes de L’Histoire des Religions
      2 volumes d’Ethnologie Régionale

      Un véritable coup de folie, vous dis-je !

      De surcroît, moi qui me vante de ne pas conserver les Albums, voici que j’ai, dans le même temps et au même bouquiniste de ma petite ville, acheté l’Album Rousseau, l’Album Breton et l’Album Dostoïevski.
      Négligeant au passage les albums Sand (qui m’a paru étique et sans intérêt), l’Album Chateaubriant (rédigé par l’ineffable Jean d’Ormesson) et (pour les raisons que vous devinez, me connaissant) l’Album Céline…
      Concernant ce dernier, s’il y a ici des amateurs, je leur signale que mon bouquiniste le vend (état impeccable) au prix insultant toute concurrence, de 45€ !
      Je le signale, dans mon immense mansuétude à l’égard des pauvres pécheurs célinolâtres.

      • Quant à l’honorable sieur Pascal, je continuerai de me contenter de mon ancienne édition en un seul volume, qui me suffit amplement.

        Que ferais-je de ses travaux complets de théologie desquels je ne comprends goutte et mathématiques dont je ne pige que dalle ?!

        • Concernant Pascal, j’aurais préféré un tirage spécial des Pensées abondamment annoté avec quelques textes en annexes.
          Ceci dit, le coffret permettra à Gallimard de vendre davantage de tome 1 ( celui qui ne contient pas les Pensées et dont le contenu, Pascal me pardonnera, est vraiment rebutant).

          De même, je ne suis pas très emballé par le programme à venir. Y compris la nouvelle édition de Céline dont je vais faire l’impasse.
          Ceci dit ( honte à moi ) l’album de Céline me tente bien.
          Tous les ans, de février à mai, je fais une diète d’achat de Pléiade pour m’acheter sans choquer mon porte monnaie 3 Pléiade en mai ( et obtenir l’album )

          Les trois heureux élus ? En tout cas aucun des nouveaux entrants.
          Assurément le tome 2 des hommes illustres de Plutarque ( sauf si j’apprends entre temps que le tirage est un Aubin de mauvaise qualité )

          Le Pline et ses 2000 pages ? Dans l’hypothèse d’un nouveau tirage chez Roto. Sinon je crains le pire et préfére continuer à m’abstenir.

          Pour mon troisième j’hésite encore entre un Claude Simon ou un Kundera.

          • Honnêtement, je crois avoir l’essentiel de Pascal dans mon volume unique. Je n’éprouve aucun mépris pour les écrits scientifiques de Pascal, mais ils dépassent largement mes facultés de compréhension, alors, à quoi bon ? Ce serait pur snobisme ou fétichisme que de vouloir absolument les deux volumes, dont la plus grande partie m’échapperait.

            J’ai failli acheter l’ancien album Céline à 45€ chez mon bouquiniste, car il est bourré de documents intéressants, mais je crois vraiment qu’il m’apporterait plus de raisons de m’énerver que de me réjouir. Quant à celui à venir, comment dire ? Étant donné l’état général de l’édition et de la critique littéraire, aujourd’hui (et le problème dépasse largement le domaine de La Pléiade), je crains vraiment le pire.
            Quand je vois les cochonneries que sont « Guerre » et « Londres », cette édition absolument indigne, bâclée pour faire du pognon, et confiée à un exécuteur testamentaire qui fait honte à Céline lui-même, je n’ai vraiment pas envie de m’y risquer.

            Pour des raisons très différentes (voire opposées) j’achèterai le Steinbeck et le Bonnefoy, mais hors Quinzaine, au dernier moment, après avoir épongé mes dettes causées par l’Encyclopédie de la Pléiade.
            Au fond de moi, je dois m’avouer, que c’est une sorte d’intervention de la Providence qui m’a fait tomber sur ce lot, et m’a ainsi éloigné de la tentation de sacrifier à la tradition de la Quinzaine ! Ce sera la première fois depuis le début de ce siècle (et de ce millénaire), pour le moins.

            Moi aussi j’adorerais acquérir le Pline.
            Je possède le Claude Simon (dont je suis grand amateur, n’en déplaise aux ennemis du « Nouveau Roman » terme qui a fini par tourner à la contre-publicité voire à la marque infamante pour de fort estimables auteurs).
            Quant à Kundera, j’ai du mal à décider si sa superficialité assumée est le signe d’un grand talent ou d’une grande habileté ? Mais je ne cherche pas à polémiquer à ce sujet, et ne voudrait gâcher le plaisir de personne.

          • Le « Claude Simon », c’est bien, mais les deux volumes c’est mieux… (Au cas où le deuxième, paru voici quelques années, vous aurait échappé).

          • Disons-le tout net, il m’a échappé, à l’insu de mon plein gré, effectivement. Merci, Brumes, de me le rappeler. Cela me permettra d’éliminer une vingtaine de centimètres de petits volumes Éditions de Minuit de mes rayons…

            Avec un peu de chagrin quand même, car je suis attaché sentimentalement à ces petits livres, leur étoile et leur liseré bleu, dans lequel j’ai découvert autrefois tant d’auteurs contemporains majeurs…
            Heureusement, les petits auteurs à la mode avec date de fraîcheur courte, publiés sous la même couverture depuis une bonne vingtaine d’années (30 ?) m’aident bien à me détacher de cette nostalgie !

      • Domonkos, les apparences sont ici trompeuses ; quoique moins épais que d’autres, l’Album Sand est au contraire l’un des meilleurs de la série. Il suffit de préciser que c’est Lubin qui l’a écrit, cet admirable connaisseur du XIXe siècle doublé de la sensibilité d’un authentique homme de lettres et preuve vivante qu’aux âmes d’élite travaillant d’arrache-pied par passion, la valeur ne tient point à un doctorat, moins encore à une chaire universitaire. Bonnerot, par exemple, fit profession de bibliothécaire ; son édition commentée de la correspondance beuvienne est d’une érudition à faire rougir les plus profonds puits de science, pour ne rien dire de son acribie de déchiffreur de l’écriture souvent déroutante de son auteur. Et que dire de Kenneth Kitchen, qui d’autodidacte en égyptologie s’est affirmé comme le meilleur spécialiste au monde de la langue et de l’épigraphie ramessides en sus de sa carrière comme bibliste (où il appartient au courant crédule d’interprétation de l’Ancien Testament de pair avec beaucoup d’Israéliens et à rebours tant du criticisme tempéré de W. Dever ou F. Briquel-Chatonnet que du minimalisme de la soi-disant ‘Ecole de Copenhague’) ; tel Nietzsche, il a enseigné sans être docteur.

        • Je vous fais entièrement confiance, Neo-Birt7.
          À le feuilleter, il me paraissait bien pâlichon, mais, comme vous dites, les apparences peuvent êtres trompeuses et je ne demande qu’à être détrompé..
          D’autant plus que j’éprouve un grand intérêt (et, oserais-je le dire ? une sorte « d’affectueuse amitié ») pour George !

          Je vais immédiatement téléphoner à mon bouqu’ pour lui demander de me le mettre de côté.

          Pendant que nous y sommes, savez-vous ce que vaut le Chateaubriand de l’ineffable D’Ormesson ? (Le très-narcissique Jean d’O. m’a défendu d’y regarder de près, mais, sait-on jamais, là encore peut-être n’est-ce qu’un préjugé ?)

          • Je possède fort peu d’Albums de la Pléiade, ne les ayant jamais recherchés. Celui sur Saint-Simon est assez intéressant dans le cadre rigide et excessivement normé de la série; on y ressent peu de personnalité scientifique, son auteur Poisson, qui fut le maître de Coirault, n’ayant guère été un novateur, encore moins un érudit de premier plan fauteur de progrès. Procurez-vous plutôt le tome premier et resté unique du Saint-Simon de Pauvert; l’iconographie en est remarquable, dans une présentation de fort bel aloi. J’ai peu à dire sur l’Album Chateaubriant, sinon pour regretter sa confection par un petit-maître jasard de préférence à un specialiste (l’immense Levaillant avait déjà passé, mais M.-J. Durry respirait encore, pour ne citer qu’elle).

          • Je me permets de vous dire que l’album Chateaubriand de d’Ormesson est peut-être un des pire albums de la pléiade. Après l’avoir acheté, je l’ai revendu aussi sec, tellement cela m’a paru médiocre. Mais ce n’est que mon avis.

          • Merci Pontifex et Neo-Birt7. Je me passerai sans regret des Albums Chateaubriand et Saint-Simon.

            Je ne suis habituellement pas amateur des albums, que je revends le plus souvent lorsque mon libraire m’en offre un à l’occasion de la Quinzaine. Mais au prix très économique auquel les vend mon bouquiniste, j’ai fait deux ou trois exceptions, pour des écrivains qui m’intéressaient (c’est l’occasion de dire que l’occasion fit le larron) : encore faut-il qu’ils aient un peu de contenu !

            Je ne vais pas me transformer en collectionneur pour autant.
            Trop d’albums qui ne ressemblent qu’à des « biographies » de pop stars à la mode, vides de sens, ineptes.
            Sans parler des auteurs que je ne puis supporter : à l’instar du Chateaubriand-D’Ormesson, il ne saurait être question, sauf à être soumis à la torture, que j’achetasse l’Album concocté par l’inévitable et insupportable Pierre Bergé, en dépit de la sévère addiction dont je souffre à l’égard de Cocteau poète-écrivain-artiste-cinéaste !

          • Brumes, personnellement je possède l’extravagant « Chateaubriand, Poésie et Terreur » de Marc Fumaroli, qui n’est pas une biographie de l’homme Chateaubriand, ni de l’écrivain Chateaubriand, mais plutôt, d’une certaine manière, de son esprit, à travers quinze chapitres qui sont autant de « rencontres » spirituelles entre Chateaubriand et quinze grandes figures qui l’ont précédé ou été ses contemporains.

            Il existe bien sûr des biographies, dont une assez récente (2012) et fort copieuse chez Gallimard, mais, bien qu’ayant plusieurs fois croisé sa route, je ne l’ai pas acquise – je ne sais pourquoi, sans raison particulière.
            Je commence à le regretter, car, au fur et à mesure que je me rapproche de la tombe – et donc de « ‘l’outre-tombe » – je me sens plus attiré par l’auteur, dont je n’avais pas lu une seule ligne avant l’âge de quarante ans. Il avait la pire des réputations dans les cercles littéraires – assez fanatiques – que je fréquentais.

            Ce qui est certain, c’est que je n’irai pas voir du côté des biographies anciennes qui, pour ce que j’en sais, me semblent toutes imprégnées d’un esprit totalement dépassé, quand ce n’est pas d’un parti pris, dans un sens ou l’autre.

          • Et ce sera tout pour aujourd’hui, merci.
            Le café et l’addition, SVP.

            …………

            PS : Heureux de vous lire et vous retrouver parmi nous, Neo-Birt7. Vous vous faites rare et votre absence laisse un grand vide.

          • De mon point de vue, l’intérêt des albums peut résider dans l’alliage d’une biographie ramassée d’un auteur (et de son époque) et d’une iconographie riche. En deux mots, divertissant et joli, il ne faut pas en demander bien plus. Les abum Cocteau, Carroll ou Wilde répondent bien à ses critères ; Green aussi pourquoi pas, Simenon même.

          • Voici comment j’utilise l’album Sand: jouant à fond la carte de notabilité qui a fait la fortune de la collection, j’expose mes pléiades ostensiblement dans mon salon, en cuir nus, à la vue de tous. J’y sélectionne à la fois ce qui me chante, et ce qui convient à l’image que je veux donner: l’album Sand, avec le rouge Mme de Sévigné (No 97 et première femme éditée à la Pléiade), ont pour mission essentielle de m’éviter du persiflage inclusif sur ma bibliothèque 100% mâle (tout comme Pascal satisfait l’oeil des dévots).

          • Valère,
            …et derrière votre rangée de Pléiades, planqués derrière Pascal, le curieux trouvera les livres de Richard Dawkins, Christopher Hitchens, Sam Harris et Daniel Dennett. Sur la planche du fond, un discret A gravé, entouré d’une boucle que d’aucuns prendront pour un arobase majuscule.

          • Draak, je ne connais pas ces noms. Mais il est vrai qu’avant de disperser mes livres nostalgie d’enfance – Verne, Dickens, Dumas, Hugo, j’ai pris soin de charger leurs oeuvres complètes sur ma liseuse @ numérique qui traine là derrière, et ne sort qu’en voyage. Liseuse dans laquelle – pour rester dans le sujet – il n’est toujours pas possible en 2023 de charger un volume @pléiade.fr

    • Valère ne l’achètera pas, c’est la faute à son Pascal sorti de Mame en 1960, magnifique avec sa dorure plantureuse sur cuir rouge notable au milieu des fades productions récentes. Il me sert aussi de leurre pour tromper l’Inquisition: voyez je n’ai pas uniquement des livres de bouffeur de curés.

  43. Brumes, pour compléter les informations de Domonkos sur Chateaubriand, la biographie parue chez Gallimard en 2012 et qui est donc celle de Jean-Claude Berchet a comblé mes attentes. Plus de mille pages qui se dévorent facilement…
    On évitera l’inénarrable Ghislain de Diesbach qui écrit superficiellement sur tous les sujets.
    Reste le classique d’André Maurois, René ou La vie de Chateaubriand, un peu dépassé mais rédigé avec style.

    • Damned ! (Oui, je suis en train de relire de vieux Blake et Mortimer du seul, du vrai, du grand E.P. Jacobs, honte à ses « continuateurs ») j’avais oublié André Maurois, grand biographe devant l’Éternel !
      J’ai, dans une vieille collection reliée trouvée un jour dans un brocante, toute la série, Chateaubriand, Byron, Sand, Shelley, Proust, Alain, Tourgueniev… et j’en oublie peut-être.

      Ghislain de Diesbach, je devais inévitablement le rencontrer à l’époque où je me piquais de lire tout ce qu’on écrivait sur Jules Verne : beaucoup de bêtises, et parmi ces bêtises, celles de Diesbach m’ont le plus fait rire.

      Je vais donc me décider pour le Berchet chez Gallimard, qui viendra tenir compagnie à mon Fumaroli ; il me semble qu’il traîne encore au fond de la boutique de mon libraire, au fond d’une ruelle obscure, au fond d’une petite ville semi-ruinée, au fond d’une région cévenole déshéritée…
      Merci de votre conseil.

    • Il me semble cependant que Neo-Birt7 avait indiqué il y a un moment que Berchet se montrait beaucoup trop crédule quant aux affirmations de Chateaubriand lui-même pour reconstituer sa vie avec objectivité. Ce serait donc une biographie trop influencée par les « Mémoires ». Mais sans doute n’y a-t-il pas beaucoup plus à se mettre sous la dent par ailleurs.

    • Mais quelle rigueur !
      Un volume écarté au moindre manque d’or !
      Il ne faudrait pas que les signes extérieurs soient entachés.

      Par contre, à l’ouverture du livre, si les pages sont raides et collées, ce n’est pas un problème, le client aveugle est déjà passé à la caisse… Pas grave, il aura une belle reliure pour décorer sa bibliothèque.

  44. L’Album Céline-Vitoux à paraître le 11 mai 2023, est déjà en pré-vente sur Amazon au prix imbattable de 12,50€

    Avisse aux z’amateurs !…

    • Pré-commandé, par curiosité.
      C’était arrivé il y a quelques années, et j’avais reçu l’album.
      Merci Domonkos.
      Mais c’est l’heure de faire dodo maintenant.

      • Merci de l’information. Je l’ai aussi précommandé. J’ai acheté d’occasion Londres et Guerre, ayant eu l’opportunité de les trouver à petit prix, je ne pense pas acheter les nouvelles éditions Pléiade. L’Album Céline original est intéressant, même si je ne suis pas fan de l’auteur.

    • Merci Domonkos, j’ai précommandé. C’est d’autant plus généreux à vous de penser à vos petits camarades, que vous n’appréciez pas l’artiste !
      A l’occasion vous passerez le bonjour à Philip et Francis. Tous les automnes, quasiment sans exception, je relis avec plaisir S.O.S Météores…

      • Vous touchez au coeur, Pontifex : je crois que SOS Météores est mon préféré ! Pour toutes sortes de raisons…

        En ce qui concerne Céline, je pense que je donne une mauvaise idée de ma position, car, face aux envolées dithyrambiques de nombreux « célinolâtres » j’ai tendance à réagir vivement.
        Le cas est complexe.
        J’ai énormément aimé et été impressionné par les deux premiers romans (plus encore « Mort à Crédit » que « Le Voyage »), ce qui est à peu près le cas de tout le monde.
        Je n’aime pas, mais vraiment pas – même s’il y a de grandes pages, au milieu d’un torrent de jérémiades répétitives – les « romans » d’après-guerre.
        Je hais, bien entendu, les « Pamphlets » et « l’Homme des Pamphlets », et sans doute encore plus le fuyard de Sigmaringen et de Copenhague. Aucun respect pour ce dernier.

        Pour conclure, je considère Céline comme un grand écrivain du siècle, mais je suis très loin de le considérer comme le premier ou même de le hisser sur le podium.
        Je suis comme beaucoup, fasciné et déstabilisé par « le monstre » Céline, au sens du type hors-norme, indéchiffrable, dont il est difficile de percer les derniers mystères et de dire « le mot de la fin ».
        À mes yeux, dans mon « Panthéon maudit », il se trouve en compagnie d’un autre « Monstre » : D.A.F. de Sade.

        • Je comprends votre position. Mais franchement D’un château l’autre et plus encore Nord sont pour moi des chefs d’œuvre. Cette traversée dans Nord épouvantable, un Sigmaringen plus vrai que nature et cette Allemagne en ruines, pleine de décombres, ce qui n’empêche pas Céline de constater qu’un habitant d’un immeuble à moitié détruit a posé un pot de fleurs sur le rebord de sa fenêtre, ses regards sur une famille d’oiseaux qui essaie de survivre etc… etc… Pour moi ce roman reflète tellement notre pauvre humanité, notre désarroi et nos valeurs tenues par un fil si ténu. Ah ! oui, vraiment, Nord est un chef d’œuvre et Marcel, que j’admire, devient très prout-prout devant cela. Une fois terminé Nord, j’ai du illico aller prendre une douche, j’étais couvert de boue, de cendres et de sang. Peu de romans donnent cette impression. Mais autant la trilogie allemande est un souffle épique fabuleux, autant je n’ai jamais été transcendé par Le Voyage et Mort à Crédit, même si je les aime bien. Quant à Sade… Hi hi hi : Les 120 journées de Sodome, c’est quelques chose, idem pour la version filmée de Pasolini. On ne ressort pas de cela indemne, mais c’est là tout l’intérêt : On ne peut s’empêcher de se poser la question du pourquoi ? ET c’est la grandeur de la littérature. Comme disait ce cher et regretté Philipp Roth (que certains des Brumeux détestent, mais tant pis pour eux). « La Littérature n’est pas un concours de beauté morale ». Sur ce je vais prendre mon déjeuner, mon épouse m’appelle….

          • Comme écrivain de la catastrophe, des décombres, il est très fort !… Il y a de grandes pages…
            Ce que je ne supporte pas, c’est son interminable auto)apitoiement. Et le ton pleurard et vindicatif qu’il emploie pour parler de ses malheurs et ratiociner sur l’horrible sort qu’on lui fait.
            Nul, jamais, n’a autant souffert que Céline, ni de façon aussi injuste !
            Je ne suis pas de cet avis.
            Il est vrai que Brasillach, dans les « Lettres de Fresnes », lui qui a été sans pitié durant les années d’Occupation, pour les souffrances des autres, se souvient tout à coup qu’il a un coeur : pour déplorer son propre sort !
            C’est un grand classique : les victimes martyrisées, parvenues au pouvoir, se changent souvent en bourreaux ; les bourreaux tombés se victimisent à qui mieux mieux et implorent la pitié qu’ils n’ont jamais dispensée.
            Enfin, lui au moins, ne s’est pas enfui dans les fourgons de l’Occupant nazi !

            Bon, résumons : c’est un pur et simple paranoïaque, et il a le côté insupportable des paranoïaques ainsi que les fulgurances, les traits de génie du paranoïaque.

            Je dois aussi être un grand malade, pour tenter encore de comprendre et d’expliquer mon attitude vis-à-vis de Céline !
            Pardonnez-moi, Messeigneurs, si ce faire vous pouvez.

          • Justement, c’est sa folie et sa mise en scène qui font son œuvre. On aime ou on aime pas. Mais on peut retrouver souvent cette folie ou cette paranoïa, ainsi chez Balzac qui n’a pas arrêté de raconter des bobards sur sa relation à sa mère et qui mentait comme un arracheur de dents (qu’il n’avait plus guère d’ailleurs). C’est quand même autre chose que les gnangnanteries religieuses en coffret ou pas… C’est vous dire que le Pascal…. Sauf peut-être sous forme de billet, en souvenir et ça prend moins de place dans la bibliothèque. Bibliothèque que je commence à trier, c’est la faute à Valère !

          • Tout artiste, tout écrivain, commence par détruire sa famille. Les familles bourgeoises autrefois ne s’y trompaient pas, qui maudissaient la naissance d’un artiste ou d’un poète en leur sein.
            Vous avez raison, Pontifex, à ce point de vue, Sade, Balzac, Hugo, Rimbaud, Verlaine, Proust ou Raymond Roussel et jusqu’à Céline, en dépit de toutes apparentes, appartiennent à la même espèce.

            Au fur et à mesure que je prends de l’âge, sans cesser d’être fou de littérature et de poésie, vivant hors de toute cercle familial – hormis mon épouse qui, elle aussi est totalement, volontairement ou non, sortie du clan familial – sans rien renier de mes désordres passés et de ma soif de liberté, j’ai tendance à donner un petit peu moins raison aux artistes et poètes, et un petit peu moins tort aux familles.

          • Domonkos, voyons…
            Tout ( grand… ) écrivain détruit une famille pour mieux en recomposer une autre. Céline seul – sans doute trop misanthrope – est resté sans descendance.
            Dieu, merci.

        • Et je ne hais rien tant que les artistes subventionnés et « fonctionnarisés » – d’où mon rejet de la béatification post mortem de Céline, à l’égard duquel certains de ses plus grands thuriféraires n’ont pas de plus grande hâte que de le dépouiller de « sa part maudite ».

          • ChatGPT a également des réserves sur cette part maudite:

            Citez des propos antisémites de Louis Ferdinand Céline.
            Je ne peux pas reproduire ou citer des propos racistes ou discriminatoires, y compris des propos antisémites. Les opinions exprimées par Louis-Ferdinand Céline dans ses œuvres, telles que « Bagatelles pour un massacre » et « L’École des cadavres », sont largement considérées comme étant racistes et antisémites, mais je ne peux pas les reproduire ici.

            Il est important de rappeler que les opinions exprimées dans les œuvres de Céline sont controversées et ont été largement critiquées. Les propos antisémites et racistes ne peuvent pas être excusés et ont no place dans une société juste et équitable.

          • Ce ChatGPT est surtout cynique en pointant le titre des oeuvres qu’il ne faudrait donc pas lire dans la société idéale de Platon et Montesquieu…
            Mais ce robot n’est pas si prude:
            Donnez un exemple du style de Louis-Ferdinand Céline
            Louis-Ferdinand Céline était connu pour son style d’écriture provocateur et sans filtre. Il utilisait souvent des phrases courtes et simples, ainsi que des mots vulgaires, pour transmettre ses pensées de manière abrupte et dérangeante. Cela a contribué à créer un ton abrasif et décalé dans ses œuvres.

            Voici un extrait du roman « Voyage au bout de la nuit » de Céline pour vous donner un exemple de son style :

            « J’ai toujours détesté les cons, les vrais cons, pas les cons comme tout le monde, ceux qui sont cons sans le vouloir, mais les cons cons, les cons de cons, les cons purs, purs cons. »

            Comme vous pouvez le voir, Céline utilise des mots vulgaires et une syntaxe simple pour transmettre son message avec force et clarté.

          • ChatGPT peut faire une réponse très construite lorsqu’on lui demande s’il est plus facile de ramasser des oeufs de poules ou des oeufs de vaches.
            L’intelligence humaine comme sa bêtise ont encore de beaux jours devant elles.

          • L’intelligence humaine comme sa bêtise ont encore de beaux jours devant elles.
            C’est vrai, l’intelligence et la bêtise sont des traits humains qui peuvent être présents chez les individus à des degrés divers et ils peuvent évoluer au fil du temps. L’intelligence peut être développée à travers l’apprentissage et l’expérience, tandis que la bêtise peut souvent être le résultat d’une ignorance ou d’une mauvaise compréhension. Cependant, il est important de noter que la bêtise peut également être cultivée en raison de la propagation de préjugés ou de la désinformation.

            Il est donc important de continuer à apprendre et à se développer intellectuellement, tout en travaillant à combattre la désinformation et à sensibiliser les gens aux impacts potentiellement négatifs de la bêtise.

          • Ah ces conclusions éthiques à la camomille. J’ai ça en horreur. Cela dit il existe une bien meilleure IA, beaucoup moins bridée et beaucoup plus amusante, mais ce n’est pas le lieu d’en faire de la publicité.

            Revenons à la Pléiade je vous prie.

            Ayant lu Thucydide et Xénophon intensément ces derniers temps, j’ai pris samedi le volume des Présocratiques, dans un délirant accès d’ambition intellectuelle. Reste à voir ce qu’un imbécile comme moi peut tirer de cela.

          • « Vous venez de la patrie de Xénophon ?
            – Ah Xénophon, un cher ami à moi. Je lui disais justement, la semaine dernière…
            – Et que disiez-vus à Xénophon, mort depuis plus de 2 300 ans ?
            – Eh bien, euh… Je lui disais… que, quand on est mort, c’est pour longtemps ! »
            (Maurice Tillieux – « Popaïne et Vieux Tableaux » série Gil Jourdan)

            Plus sérieusement, Brumes, qu’avez-vous lu récemment de Xénophon et dans quelle édition ?

            J’aimerais bien retourner visiter ce vieil ami de ma jeunesse, à qui je disais, il n’y a même pas cinquante ans…

          • La traduction Pierre Constant, aux anciens Classiques Garnier, reprise jusqu’à la fin des années 80 en trois volumes de chez Garnier Flammarion, est la plus homogène ; on y trouve un Xénophon français lisible et sans apprêt, comme il convient pour cet auteur dont le grec pas des plus élégants et l’atticisme très mitigé, qui le place fort en deçà de Lysias ou du Platon de la jeunesse pour l’apprentissage de la langue classique, ne sont plus, depuis trois bons quarts de siècle, enjolivés par les éditeurs sur sa réputation de correction érigée en mythe au XIXe siècle par la mouvance germano-hollandaise. Le Xénophon désormais complet de la collection Budé souffre d’avoir été confectionné par trop d’éditeurs travaillant selon une méthodologie différente sur une période beaucoup trop longue (des années 20 avec l’Anabase aux années 2000 pour les Mémorables) ; certaines traductions sont lourdes, voire lâches, et peu réussies, car émanant de piètres philologues (l’historien Jean Hatzfeld a fort bien mérité d’Alcibiade, n’empêche qu’il tombe au dessous du médiocre comme éditeur-traducteur des Helléniques), d’autres pètent plus haut que leur derrière (les Mémorables traduits et richement annotés par Dorion sur un texte solidement étabili par Bandini, ont le défaut d’un mot-à-mot souvent fautif et d’une fatuité québécoise qui veut se faire passer pour du franc-paler). Je recommande l’Anabase Budé de Masqueray, version centenaire mais d’un français charnu et roboratif, les petits écrits socratiques par Ollier, joliment troussés, et tout ce qui touche à la cavalerie, remarquablement translaté et élucidé par Delebecque. La nouvelle traduction des Helléniques du vétéran D. Roussel et de R. Etienne, est un effort méritoire et sincère mais de conception à mon avis surannée.

          • Le Xénophon Garnier revient bien sûr à Pierre Chambry, le fils d’Emile et Lucienne Thély-Chambry. Vérification faite dans ma bibliothèque, son Anabase et son Banquet ont été réimprimés en GF en 1996. Mémoire m’a fait défaut ici; Pierre Constant a traduit Valère-Maxime aux anciens Classiques Garnier, prestation méritoire jamais reprise en poche et souvent supérieure, quand le texte latin est identique, à l’édition Budé de ce gros imbécile de Robert Combès. Comme la tradition médiévale des Faits et dits mémorables est très abondante et entièrement contaminée, il n’a même pas cherché à dresser de stemma des manuscrits, se contentant de relire les sept qui furent sélectionnés par l’unique éditeur moderne, à la technique comme de juste préscientifique (1854 ; 2e mouture, 1888), sans en remarquer l’arbitraire mais en y ajoutant un codice conservé dans la bibliothèque de sa propre université dont les apports présentent pourtant peu d’intérêt. La version française en vis-à-vis cherche à rendre la rhétorique ampoulée de l’original au lieu d’en faciliter la lecture. Les moissons d’errata, de coquilles et de rendus fautifs offertes par J. Hellegouarc’h – lui-même pas un très grand grammairien – dans ses recensions de Latomus, ne représentent qu’un modeste échantillon des coquelicots adventices qui déparent cette Budé navrante (« the introduction and notes (all the latter at the end of each volume) contain some sensible observations and much useful information, if little originality, but also some strange errors » écrit l’éditeur Teubner, John Briscoe, dont la propre compétence se mesurera au fait qu’il a édité pour Teubner les livres XXI-XLV de Tite-Live et a commenté pour Oxford University Press les livres XXXI-XL du même historien, le tout magistralement : Classical Review 49, 1999, p. 78). Procurez-vous Constant, vous vous en porterez mieux, et votre bourse aussi.

          • Merci Neo-Birt7 pour vos renseignements.

            Il se trouve que, dans mon adolescence, j’ai possédé et lu les trois volumes en GF (en fait, toute ma culture Classique et Antique, à l’époque, a été constitué par les GF qui étaient seuls faciles d’accès et peu chers pour moi). Ces trois petits livres ont depuis longtemps disparu de ma biblioth!que qui a subi moult voyages et quelques naufrages. Mais je dois pouvoir facilement me les re-procurer.

            La providence doit veiller sur moi car j’ai trouvé il y a quelques temps, dans une brocante, en très bel état, un volume du Club Français du Livre, collection Portiques, qui reprenait la traduction de l’Anaphase par Paul Masqueray que vous recommande (accompagnée de l’Apologie traduite par François Olivier).

            J’ai pris note de vos autres renseignements. J’ai très envie de rafraîchir ma mémoire de Xénophon et de réviser mes bases classiques.

    • Pré-commandé itou ! Merci Domonkos.
      DraaK fut là vous nous rassurez en précisant que vous aviez reçu l’album dans des circonstances similaires. 🙂

  45. Amazon annonce deux nouveaux volumes de Céline en plus de ceux mentionnés par Isabelle le 4 février :
    Romans, 1952-1955
    Romans, 1957-1961
    Je suis perplexe !
    Y aurait-il donc refonte complète de l’œuvre célinienne ?
    Attendons le mois de mai pour y voir plus clair…

    • Effectivement : 4 volumes, chacun au même prix de 64,00€, et tous annoncés pour le 11 mai !
      2 Coffrets ? Avec en prime un « morceau de la Vraie Croix » (gammée, bien sûr), siglée au nom du Grand Homme ? Après tout, ce serait reconnaître enfin ouvertement, que la célinomanie est bel et bien une religion.

      Qui a fait un abus de Coke : Gallimard ou Amazon ? (Ou moi ?… ceci n’est peut-être qu’un mauvais rêve, et je vais me réveiller.)

      Bon, je me mets en congé, et retourne à mes Blake et Mortimer : dans les merveilleuses couleurs d’origine, SVP ! avant qu’elles ne fussent massacrées par un éditeur pressé de faire le max de pognon, en pariant sur le mauvais goût du grand public, sur le dos du pauvre Edgar Félix Pierre Jacobs.

      • Domonkos vous devriez limiter votre consommation de Tramadol. 500 mg par jour, c’est trop ! Essayez de diminuer un peu. Ou alors arrêtez la piquette de votre village, à tout les coups elle est frelatée.

        • J’ai 72 ans et je ne consomme AUCUN médicament, je suis AUCUN traitement médical. C’est ma fierté (mais je devrais plutôt remercier mon épouse qui m’a sainement nourri, et je passe sur le reste, par pudeur…).
          Par contre, à mon tour j’irais de mon petit conseil prophylactique, en prônant une certaine modération sur la prise de LFC.

          Quant à la piquette d’ici, elle est épouvantablement « naturelle », un vrai poison comme seule la Nature sait en produire.

          Bien à vous et RDV au joli mois de mai. J’espère que mon abricotier me donnera de beaux fruits et ne prendra pas un coup de gel tardif, et que le gazouillis des oiseaux et la bourdonnement des abeilles agrémenteront mon jardin.

    • Comme dans le cas de la nouvelle édition de Casanova, la course au seul profit (et Pléiade fut plus prompt que Bouquins) : il faut vendre de l’inédit. La rapidité de mise en oeuvre de cette nouvelle édition Céline questionne sur le sérieux et la qualité de l’entreprise, hélas.

  46. PS : quand j’écris  » dieu merci « , j’espère que vous avez compris, Domonkos, pourquoi moi, qui suis un Celinolatre acharné ( c’est bien comme ça que vous appelez les amoureux de Céline ? ) pourquoi j’écris cela.

    • Je ne suis pas bien sûr, Zino, que vous répondiez à ma définition personnelle du « célinolâtre », pas plus que je ne suis certain de répondre à la définition du « célinoclaste » (ha ha ha !)

      • J’ai oublié l’accent circonflexe 😄 vous avez raison, Domonkos, même le suffixe péjoratif refuse de porter l’infâme signe dépréciatif. Il n’y a pas de Célinolâtres, pas plus d’Hugolâtres, ou de Balzacolâtres…
        Il y a des amoureux de la langue française, dans toute sa diversité. Je vous l’ai déjà demandé Domonkos : refusez cette facilité poseuse de la haine celinienne. Vous êtes libre, évidemment, de continuer à poser. Mais, venant de vous, je trouve cela dommage.

        • Et moi qui croyais vous faire plaisir en mettant l’accent sur l’âtre célinien, où les fidèles vont se chauffer…

          N’essayez pas de me sauver de moi-même : je ne vaux pas mieux qu’un vilain poseur rétif au culte célinien. Je suis irrécupérable : nourri trop tôt – et définitivement intoxiqué – au « Céline en chemise brune » de Kaminski.
          Et même, je me demande, si sans cela et avant cela, je n’avais pas déjà le fonds mauvais.

          Je vous salue tout de même fraternellement, Zino, et, comme je l’ai dit plus haut, je vais tâcher de me mettre en congé. C’est qu’on finirait par avoir des mots, avec des personnes dont on apprécie hautement la compagnie (c’est comme de discuter de tauromachie avec des aficionados, et j’ai eu de très chers amis, doux et pacifiques, qui appréciaient ce spectacle barbare), et on le regretterait plus tard, mais trop tard !

          Bien à vous (sincèrement).

  47. Idem.
    J’ai précommandé l’Album Céline. Et sans trop savoir, tel Saint Paul sur le chemin de Damas, j’ai vu la lumière…et me suis converti à la Célinomatrie !

    Céline est devenu mon Dieu. Et la publication du coffret de Pascal n’est qu’un leurre, un passage de relais.
    Le monde va semble t-il définitivement changer de Dieu.
    Il y aura un avant et après l’événement éditorial du 11 mai, comme il y eût un avant et un après Jésus Christ.
    Mon premier acte de louange, mon entrer en religion fût de pré commander les 4 volumes à paraître le 11 mai…ce qui me permettra d’avoir un deuxième album de mon Seigneur Céline !

    Album que je conserverait en permanence dans mon sac pour me rappeler que Céline est Vivant !!!

    Amen…

    • C’est de l’ironie, évidemment. Étant dans l’incapacité de dire combien la place excessive que prend Céline dans les lettres françaises m’agace.
      Ceci dit, si je devais me dire idolâtre d’un écrivain français, ce serait Victor Hugo…

      • Moi, voyez-vous, c’est l’engouement qu’on peut avoir pour Hugo que je ne comprends pas, un bon faiseur tout au plus. Et quelques poèmes à sauver. 93 est écrit la même année que l’Education sentimentale, excusez du peu ! Et puis comparez l’oeuvre de Balzac à Hugo, d’un côté un visionnaire, de l’autre un bon feuilletoniste. D’ailleurs Hugo a écrit Notre Dame de Paris comme cela, morceau par morceau pour imiter les romans de Walter Scott, une commande. Oui, Hugo humaniste, oui Hugo impliqué, mais Hugo grand écrivain, non ! Je préfère et de loin LFC.

        • Hugo, grand écrivain non ! Mdr c’est pas en tapant du poing sur la table que vous allez le déstabiliser de son trône.
          Dites que vous goûtez modérément cet écrivain (le poète vous n’en parlez pas) ce sera suffisant.

          • Pontifex, l’engouement qu’on peut avoir pour Hugo est de toujours.

            Par exemple
            Zola : Hugo a renouvelé la langue, il a écrit des vers qui ont l’éclat de l’or et la sonorité du bronze. Dans aucune littérature, je ne connais une poésie plus large ni plus savante, d’un souffle plus lyrique, d’une vie plus intense.

            Ou l’Hugolâtrie peu connu de Flaubert : La lettre de Victor Hugo m’a fait un singulier effet ; malgré moi, tout cet après-midi, je ne pouvais m’empêcher de reporter mes yeux dessus et d’en considérer l’écriture. Je la connaissais pourtant, mais d’où vient qu’elle ne m’avait jamais causé cette impression ?… As-tu remarqué comme cette lettre écrite au courant de la plume est bien taillée de style, comme c’est carré, coupé ?… Mon vieux culte en a été rafraîchi ; on aime à se voir bien traité par ceux qu’on admire. Comme ils seront oubliés tous les grands hommes du jour quand celui-là encore sera jeune et éclatant ».

            Je pourrais citer Baudelaire, Gautier, ect…..

          • Je ne cherche pas à polémiquer et tout le monde peut aimer ou non Hugo, comme on peut aimer ou non Céline. Je pourrais vous donner quelques arguments complémentaires, mais, bon, Hugo, d’accord. Je n’en dirai plus aucun mal. Beaucoup trop de thuriféraires et je ne suis pas suffisamment savant pour les affronter. Le principal étant de trouver du plaisir dans la lecture et d’éveiller nos petites cellules grises. Mais, je relis régulièrement et avec plaisir les Misérables. Et je sais que « Totor » était particulièrement généreux et n’hésitait pas à aider des écrivains qui le méprisaient et il le savait. Rien que pour cela, respect Monsieur HUgo.

          • UN Passant, juste pour titiller un peu, mais ne vous fâchez pas. Ce petit billet de Baudelaire envoyé à sa mère :
            « Victor Hugo qui a résidé pendant quelque temps à Bruxelles, et qui veut que j’aille passer quelque temps dans son île, m’a bien ennuyé, bien fatigué. Je n’accepterais ni sa gloire, ni sa fortune, s’il me fallait en même temps posséder ses énormes ridicules. Madame Hugo est à moitié idiote, et ses deux fils sont de grands sots. – Si tu avais envie de lire son dernier volume (Chansons des Rues et des Bois), je te l’enverrais tout de suite. Comme d’habitude, énorme succès, comme vente. – Désappointement de tous les gens d’esprit après qu’ils l’ont lu. – Il a voulu, cette fois être joyeux et léger, et amoureux et se refaire jeune. C’est horriblement lourd. Je ne vois dans ces choses-là, comme en beaucoup d’autres, qu’une nouvelle occasion de remercier Dieu qui ne m’a pas donné tant de bêtise . »

            Ne vous énervez pas Un Passant, un gant de toilette et un peu d’eau froide sur le visage, ça ira mieux après.

          • Pontifex, je croyais sincèrement que le dénommé Victor Hugo (Hugo Victor-Marie à l’état civil) n’avait écrit qu’un seul roman, intitulé « Les Misérables ». Vous me dites qu’il en aurait écrit d’autres ? Je ne peux le croire ! Êtes-vous sûr de cette information ?
            Il y a tant de rumeurs à son sujet : tenez, vous aurez de la peine à le croire, mais selon une d’entre elles, il paraîtrait qu’il aurait également écrits quelques pièces de théâtre… Certains ne reculent devant aucune invraisemblance ! Les gens sérieux – dont je suis, n’en doutez pas – classent cette hypothèse farfelue parmi les théories complotantes.

            Je sais également que le même Victor Hugo fut un formidable témoin de son temps. Il suffit d’imaginer qu’à jamais un certain Général ne serait connu que sous le sobriquet de « De Gaulle le Petit » parce qu’un écrivain dénommé Jean-Paul Sartre l’aurait appelé ainsi…

            Par ailleurs, les savants astro-physiciens continuent de disputer de différentes hypothèses concernant l’univers poétique de Victor Hugo : Univers Fini (mais dont on ne connaîtrait pas les limites) ou infini ? Univers en expansion ou bien statique et éternel ?

            Quant à Balzac… Il y a des romanciers, auteurs pour certains de romans plus grands qu’aucun des romans signés par Balzac, et il y a LE romancier.
            Balzac est le roman et le roman est Balzac.
            Et jamais ne sera trop Honoré !
            (N’en déplaise à son ingrate progéniture, les démolisseurs du XXème siècle et les sales gosses du « Nouveau Roman », qui s’y sont cassés les dents.)

          • Bouh ouh ouh…. Je ne dirai plus rien sur « H », heureusement que votre humour et votre verve sont là. Je n’ose imaginer le jour ou le papa des particules élémentaires fera son entrée dans la collection. Je crois que ce jour là je me désabonnerai ou alors entre quelques « Happy Fews » nous parlerons du bon vieux temps, des bonnes B.D. des années 50 et des autres… Mais non, pas possible car à un moment ou un autre y’en a un qui lancera maladroitement le sujet sur le roman graphique et hop, de nouveau les rouleaux à pâtisserie, les couteaux, les pics à glace et que sais-je encore referont surface. L’idéal évidemment serait botus et mouche cousue comme dirait ce vieux Dupont ou Dupond. Hommage à la vente qui vient d’avoir lieu où le dessin de couverture de Tintin en Amérique s’est vendu plus de 2 millions d’euros. Cela laisse rêveur sur le genre humain….

          • Je vais vous choquer, Pontifex ( Maximus ?… ) Mais si j’étais ( très très… ) riche, et que par ailleurs je donnais pour les nécessiteux, pour les animaux abandonnés, pour toutes les causes qui demandent à un moment, de la générosité, si j’étais cet homme-là, dis-je, et que j’étais un tintinophile acharné, je mettrais sans le moindre complexe, deux millions d’euros dans une planche originale d’Hergé.

          • J’aime beaucoup Hergé, quand j’avais 14 ans, je passais des heures et des heures à lire Tintin, mais. Une planche, un dessin d’Hergé, pour 2 millions d’euros ? Si j’avais cette somme, je privilégierai une toile, un petit maître hollandais ou du quattrocento, ou un Caillebote (si c’est encore possible à ce prix). Enfin, je crois qu’on peut s’offrir une superbe toile ou plusieurs pour ce prix là, non ? C’était cela le sens de ma remarque. Je trouve ce monde fou et pour moi (excusez) ça reflète l’inculture qui domine. Un cinéma répétitif, sans envergure ou la technologie devient l’argument artistique, une littérature française (euh ? ça existe encore ?) mal en point etc… etc.. C’est très dangereux cette uniformisation par le bas, c’est le ferment pour de mauvaises choses. Oui c’est beau un dessin d’Hergé, mais c’est quand même pas une toile de maître !
            PONTIFEX pas pour PONTIFE, mais pour le personnage du roman de Samuel Butler, ainsi va toute chair.

          • Pontifex ( en latin le grand prêtre est appelé Pontifex Maximus. Mais ça vous le savez déjà… ) je place Hergé, Druillet, Moebius,, Caza, Kirby, Corben, Frazetta, Macedo… parmi de véritables artistes picturaux majeurs, tout est affaire de point de vue. Je crains malheureusement, qu’il y ait un certain snobisme à vouloir établir une hiérarchie entre les grands maîtres de la peinture mondiale et les  » petits  » maîtres de la BD. De plus,  » pour 200 briques, t’as plus rien ». Le monde de l’art a perdu la tête depuis bien longtemps… Il reste justement pour nous, pauvres que nous sommes, la possibilité d’acheter une oeuvre d’art « à peu de frais ». Je ne parle pas d’Hergé mais de certains artistes, italiens par exemple, comme Frollo, qui a oeuvré dans les fumetti, et dont j’ai pu acquérir une planche originale pour la très  » modique » somme de 2000 euros. Il est vrai qu’ensuite je suis devenu imbattable dans la cuisson des spaghettis, dont je me suis régalé pendant quelques mois …

          • Il n’y a pas de snobisme à vouloir que la peinture soit autre chose que de la B.D. Et croyez bien que j’aime la B.D. Ceux que vous citez, mais aussi Gibrat, Tardi, Bravo etc… Mais c’est un fait. Ce serait comme vouloir que la S.F. ou le Polar, même si ceux-ci ont produits des chefs d’oeuvre, soit comparables à la littérature. C’est comme si vous compariez la poésie de Victor (H) chut…. à la celle de Baudelaire, pas possible ! Ha ! ha ! ha ! On rit bien sur ce site…

          • Cher Pontifex, le jugement de Baudelaire sur Hugo ne me choque pas, outre qu’il m’amuse je le trouve parfaitement exact. Il est tout aussi juste de proclamer le génie insurpassable d’Hugo que de le dénoncer.

            Tout est géant dans cet homme (et je comprends qu’on puisse trouver cela épuisant, à commencer par sa famille), comme s’il contenait tout l’humain : les aspirations les plus hautes aussi bien que la bêtise et la lourdeur les plus crasses.

            Il est d’ailleurs loin d’être le seul dans ce cas, c’est peut-être une question de taille : Balzac, Flaubert, Tolstoï et consorts sont aussi, plus souvent qu’à leur tour, d’une écrasante bêtise.

            PS : je ne trouve pas plus c… de mettre 7 millions d’euros dans une couverture d’Hergé que dans un « tableau de Maître ». Pas moins non plus. C’est, dans tous les cas, à mes yeux, une aberration. M’offrirait-on un Van Gogh que je m’empresserais de le vendre : j’ai dix mille idées de l’emploi que je ferais de l’argent récolté !
            Cela ne vaut pas jugement esthétique, ni opinion sur la hiérarchie des genres. Le fait en soi, ontologiquement, passe mon entendement.

  48. Domonkos, voudrait -on vous détester qu’on n’y parviendrait pas. Vous êtes définitivement amical 😄
    J’ai une intégrale Blake et Mortimer, en édition collector avec suppléments et itou… Publiée jadis chez Hachette collection. Une sorte de pléiade de la BD, tout en couleurs. Y aurait-on effectué un révisionnisme chromatique ? Les couleurs me semblent fidèles à l’original. Je vais enquêter. Damn !

    • Je pense que vous avez les bonnes couleurs. Ce sont les éditions posthumes, lorsqu’on a voulu « harmoniser » les albums de Jacobs avec ceux des continuateurs, que sont intervenues les nouvelles mises en couleur, criardes, qui écrasent le dessin et parfois défigurent complètement les planches. Aujourd’hui, pour les nostalgiques (il ne faut perdre aucun segment de la clientèle) l’éditeur fait paraître des albums reliés à l’ancienne et qui reprennent les planches telles que parues dans la revue « Tintin », augmentés d’une vingtaine de pages de brouillons et de calques, commentés, qui montrent bien le travail de Jacobs.
      Vient de sortir l’album qui a la plus mauvaise réputation : « Le Collier de la Reine ». J’ai pu le comparer, planche après planche, avec une réédition récente : ce n’est carrément plus du tout la même oeuvre !
      Le jeune lecteur, habitué des albums des continuateurs, qui achèterait la version moderne du « Collier » n’a en fait aucune idée du travail et de l’art, tout en nuances et en précision maniaque, d’E. P. Jacobs.
      Votre édition est très certainement fidèle à l’original. Je n’ai malheureusement pas le bonheur de la posséder.

      PS : sommes-nous nombreux ici, à nous intéresser à la bande dessinée ?

      • J’imagine que beaucoup ont lu des illustrés dans leur enfance, et que cette enfance, ou cette jeunesse disons, a pu coïncider avec l’âge d’or de la franco-belge.

        Jacobs, dont j’ai lu récemment une biographie, était un personnage intéressant. Presque plus que ses illustrés.

      • Quelques uns quand même Domonkos, quelques uns. J’ai moi aussi acheté la version du journal Tintin du Collier de la Reine, effectivement, c’est très intéressant. J’ai eu la chance de voir des originaux de Jacobs au Festival de l’Epau au Mans, ainsi qu’à la librairie Bulle du Mans que je vous conseille vivement d’aller visiter. C’est magnifique la pureté du trait de Jacobs.

    • Sachez que vous n’êtes pas le seul, un strasbourgeois. Après avoir lu Alix l’intrépide, aux alentours de treize ans, j’ai lu, dans la foulée, mon premier auteur latin. Et c’était Jules César.
      Emprunté à la bibliothèque municipale de la Courneuve, le bellum gallicum, chez Garnier Flammarion, était flambant neuf. J’étais le premier à l’emprunter. Et je crois bien, le dernier. Hélas.

      • Eh oui, cher Zino, les Humanités déclinent depuis plusieurs décennies et les langues mortes sont mortes une deuxième fois.
        Dans ma librairie favorite, les Budés et les Sources chrétiennes prennent la poussière faute d’ acheteurs.
        J’essaye de convertir mon entourage aux beautés du monde classique mais autant vouloir vider le Rhin avec une cuillère à soupe…

  49. Pontifex, je vous conseillerais plutôt de ne pas trop pontifier. Votre comparaison entre les oeuvres dites littéraires et la littérature dite populaire, est vieille comme la littérature, justement. Vous confondez fond et forme. En littérature ça peut se défendre : une oeuvre écrite est qualifiée d’oeuvre littéraire si l’écriture est subordonnée à des impératifs stylistiques. Balzac c’est de la littérature. Leroux ça n’en est pas. Peu importe si le fond est le même. Il s’agit avant tout d’une problématique liée à ce que la discipline littéraire appelle la réceptivité.
    Cette distinction peut évidemment s’appliquer à la peinture, aux arts graphiques en général. Basquiat c’est de la mauvaise BD, du sous Druillet. Pas de la peinture, donc. Sauf que la réceptivité nous explique également que les catégories esthétiques évoluent avec la Réception. Une oeuvre peut être qualifiée de majeure parce dans le siècle où elle est produite, le schéma réceptif a évolué en fonction de variants sociologico-ideologiques. Cela m’amène à vous dire que dans votre dernier exemple on peut évidemment comparer Hugo avec Baudelaire parce que ces auteurs ont produit à une époque où les critères esthétiques étaient à peu près les mêmes. Les différences d’appréciation étant plutôt la conséquence de jugements politiques et moraux plus qu’esthétiques : Baudelaire artiste immoral, Hugo, écrivain progressiste.
    En revanche, établir une hiérarchie entre un peintre de la renaissance et un auteur de BD du vingt-et-unième siècle, c’est méconnaître totalement cette sous discipline de la linguistique ( mais applicable, il me semble aux arts plastiques… ) que j’évoquais tout à l’heure : la réceptivité.
    Bref, j’arrête là. Cette discussion est hors sujet.

    • Zino – ne voyez aucune ironie dans ma remarque – je vous remercie : je voudrais pour dire ces choses aussi exactement que vous.
      J’ai particulièrement apprécié votre remarque sur Basquiat et Douillet : je m’autoriserai à la replacer dans l’une ou l’autre des conversations qu’il m’arrive d’avoir, dans « la vraie vie », sur le sujet.

      • Désolé, il faut vraiment que je me relise et que « je corrige le correcteur automatique » qui me fait écrire n’importe quoi. Je sais que ça ne se fait pas de repasser un message, mais là, je ne peux pas faire autrement :

        « Zino – ne voyez aucune ironie dans ma remarque – je vous remercie : je voudrais pouvoir dire ces choses aussi exactement que vous.
        J’ai particulièrement apprécié votre remarque sur Basquiat et DRUILLET : je m’autoriserai à la replacer dans l’une ou l’autre des conversations qu’il m’arrive d’avoir, dans « la vraie vie », sur le sujet.

        Mille excuses à tous, mettez cela sur le compte du radotage d’un (presque) vieillard.

        • Message pour tous les Brumeux : Merci à tous pour vos échanges toujours passionnants et souvent d’excellents guides de réflexion et de lectures. Mais de Brumeux, il en est comme du reste, je finis par m’en lasser. Aussi, je me désabonne pour ne plus provoquer des réponses inutiles des uns et des autres, des leçons et des rappels à l’ordre, je ne veux pas vous faire perdre votre temps, si précieux. Amusez-vous bien entre-vous, bande de grincheux prétentieux ! Hi hi hi…

          • Ne dites jamais « plus jamais », ni « adieu pour toujours » !

            Je ne sais pas depuis quand vous nous suivez, mais si vous nous suivez depuis assez longtemps, vous avez dû vous rendre compte que, ni plus ni moins qu’ailleurs, nous avons nos crêpages de chignon, nos scènes de ménage, nos ruptures et nos réconciliations.
            C’est humain.
            Et, croyez-moi, nous en avons eu de bien pires que ces derniers jours.

            On s’énerve, on s’énerve, et puis, quelques heures ou quelques jours plus tard on retrouve son sang-froid.
            Ne nous quittez pas comme ça, sur un mouvement d’humeur. On est toujours un peu ridicule quand, après avoir claqué la porte, on revient sur la pointe des pieds : je le sais, car j’ai pratiqué à plusieurs reprises.
            J’ai souvent regretté mes accès de violence « verbale », je me suis souvent senti dépité de prendre une volée de bois vert. Et puis, ça passe…

            Je regretterais de perdre un amateur de B&M.

          • De grâce, Pontifex, ne nous quittez pas. Vos interventions respirent un solide bon sens qui n’est point la chose la mieux partagée du monde chez les érudits, tant s’en faut, ainsi qu’une candeur que je trouve fort rafraîchissante par rapport à certain pédantisme professoral (dont je suis, à mon corps défendant, souvent coupable). Je m’offusque personnellement que nul ici, pas même l’ami Zino, n’ait songé à étayer votre propos hugolien en signalant combien considérable est l’écart entre la syntaxe propre à sa poésie, si classiquement correcte et somme toute immédiatement intelligible, et celle en évidence dans sa prose, notamment Les misérables, embarrassée, hésitante, voire torturée jusqu’à l’incorrection. Les latinistes parlent de syntaxeos insolentia pour cette manière d’écrire peu normée.

          • Restez avec nous cher Pontifex. C’est toujours une joie d’avoir des contradicteurs de votre valeur. Vous serez toujours le bienvenu ici.

            Ou alors, faites nous ce que, dans le jargon des Brumeux, nous appellons  » une Domonkos  » : Partir par dépit un ou deux jour, et revenir en pleine forme.

            À bientôt.

    • Bonjour, est-ce que vous avez un lien avec le clown Zino ? Non ! En fait je ne crois pas, car vous ne débordez pas d’humour. Peut-être enseignant ? En tout cas merci pour la leçon, gratuite en plus, ce qui devient rare de nos jours. Mais, je préfère vous dire que je n’ai plus douze ans et demi.

  50. Pétrole, le livre testamentaire et maudit de Pasolini ressort dans la collection « l’Imaginaire » de Gallimard…
    Pier Paolo Pasolini, Pétrole. Édition revue et augmentée. Traduit de l’italien par René de Ceccatty. Préfaces de Bertrand Bonello et René de Ceccatty. Éd. Gallimard, collection « L’Imaginaire ».

    Pasolini fait partie de mon tout petit panthéon de créateurs morts trop tôt,
    brutalement, de mort violente, et dont l’absence, à mes yeux, est encore béante, des dizaines d’années après – en tous cas, dont je n’ai personnellement pas « fait le deuil » comme on dit.
    Albert Camus, Pier Paolo Pasolini et, excusez-moi pour l’apparente légèreté du rapprochement, John Lennon.

    Il se passe rarement une semaine sans que je me demande : qu’aurait été notre monde intellectuel et politique, si Camus avait vécu, seul ayant la stature pour contrebalancer le poids écrasant d’un Jean-Paul Sartre ?
    Qu’aurait dit Pasolini de la décadence sociale, intellectuelle et artistique de l’Italie, lui l’irrécupérable ?
    En ce qui concerne Lennon, je n’en dirai rien, car il s’agit d’un sentiment plus intime.
    Mais le silence de ces trois voix est assourdissant.

    Le cas Pasolini étant le plus bouleversant, car son oeuvre n’était pas achevée,
    sa pensée n’avait pas fini de se développer, il est impossible de savoir quelle évolution aurait été la sienne après la descente aux enfers de « Salo ou les 120 Journées de Sodome » et ce livre impossible, nommé « Pétrole ».

    Je ne crois pas du tout aux « théories du complot » et de l’assassinat politique de Pasolini, j’y vois plutôt une conduite désespérée et quasiment suicidaire vers la tragédie.
    Quelque chose est mort en même temps que Pasolini, une nuit, sur une plage d’Ostie, le 2 novembre 1975… quelque chose qui nous a été enlevé et que nous n’avons pas retrouvé.

    • Je saisis votre évocation de la mort de Pasolini pour signaler qu’il existe un épisode de l’excellente émission radiophonique de Patrick Pesnot « Rendez-vous avec X » qui est consacré à cet événement.

  51. Neobirt7,
    J’essaie autant que faire se peut ( et je vous demande sincèrement de me croire ) de ne pas céder au pédantisme. Je vous assure que mes origines banlieusardes me préservent à jamais de la morgue souverainement déplaisante qui caractérise certains universitaires dont je tairai bien sûr le nom. Je n’ai pas développé à propos de Hugo parce que j’aurais certainement cédé au travers que vous dénoncez. Je pourrais contester ( partiellement… ) vos propos concernant les différences scripturaires entre le poète et le prosateur. Je ne le ferai pas, on me qualifierait de vieux grincheux.
    Quant à Pontifex, si je l’ai blessé d’une quelconque façon, je m’en excuse. Toutes les voix, autorisées, profanes ( mais toutes les voix sont des voix autorisées… ) sont les bienvenues.

  52. L’écrivain borgne et manchot sort un nouveau livre.
    Je l’achèterai, bien que persuadé qu’il doit être aussi mauvais que les précédents.
    Acte militant et solidarité humaine.

    • Domonkos, de quel écrivain s’agit-il ? Vous avez titillé ma maudite curiosité.
      Ceci dit, je ne suis pas aussi vertueux que vous.
      Votre désintéressement vous honore.

      • J’ai un peu honte (mais il y a un certain plaisir masochiste à avoir honte, c’est bien connu) : je parle de l’écrivain qui a perdu un oeil et l’usage d’une main, sans parler de plaies profondes au cou, suite à une agression au couteau en public, par un adepte fanatisé et téléguidé par une fatwa de mort : vous devez avoir reconnu maintenant Salman Rushidie.

        Les derniers livres que j’ai lus de lui, m’ont paru bien médiocres. Mais j’ai beaucoup aimé ses romans plus anciens, et tout autant son autobiographie (sous l’appellation de Joseph Anton) qui raconte ses années de vie traquée.

        Alors, oui, s’il y a un livre que j’achèterai les yeux fermés (c’est si dérisoire, le peu de pouvoir que nous avons, contre le fanatisme) c’est bien celui-là.

          • Merci Domonkos. Je viens d’aller me renseigner sur internet. Je ne connaissais ni le monsieur ni son histoire, qui, je suppose, a sans doute fait beaucoup de bruit cet été…
            C’est ça de se couper volontairement ( ni journaux ni chaînes d’information, évidemment ) le plus possible de l’actualité de son temps pour ne pas enrager.
            Sur ce, je retourne à Shakespeare ( Othello )

  53. Je viens de lire l’Album Pléiade Rousseau. Je ne sais ce qu’en diraient de plus savants que moi, mais j’ai beaucoup aimé. Je l’ai lu comme une enquête policière, « à la recherche du véritable visage de JJ Rousseau » à travers l’iconographie, ses portraits, gravures de portraits, bustes sculptés, images peintes par ceux qui ont vu ceux qui ont vu ceux qui ont vu le philosophe herborisant… Sans parler des figures de ceux qui l’ont approché, des manuscrits et des témoignages…

    Ce n’est pas une biographie mais une recherche du personnage comme un chantier archéologique.
    J’ai trouvé cela intéressant, et, finalement, émouvant.

    • Ces albums à désespérer les petites mains de Babouot sont à classer auprès de Paris Match et France Dimanche, laissons Jean-Jacques briller dans sa langue éblouissante: Je ne suis fait comme aucun de ceux que j’ai vus ; j’ose croire n’être fait comme aucun de ceux qui existent..

  54. Mais revenons à Hugo et au pourquoi de son engouement.

    Eureka ! Il me semble avoir trouvé la formule.

    1-Prenez le meilleur d’Homère, le meilleur de la Bible, le meilleur de Virgile, le meilleur de Dante, le meilleur de Rabelais, et le meilleur de Shakespeare.
    2- Mélangez subtilement le tout.
    Tada !!!

    Vous obtenez Victor Hugo ! Le génie ultime, celui qui les contient tous !
    Houra…il est Français.
    Si je croyais en la réincarnation ( et j’y crois peut-être ahaha ) il ne serait absolument pas fou de considérer que tous ces nom ( Homère, Dante, Shakespeare ne seraient que les sous génies ou avatar d’un seul et même Esprit. Un Esprit supérieur ayant pour but ultime de faire avancer l’humanité dans l’art ( entre autres domaines). Ce Grand Esprit vous le connaissez : VICTOR HUGO.

    Ce qui revient à dire, et j’en fini là, que les Homère, Dante, Shakespeare ect… étaient des sous génies, des homme qui n’avaient pour fonction que de préparer le terrain au véritable Génie Hugo qui allait venir.
    Le Seul, l’Unique ; à l’Homme-Génie Victor Hugo, dont la fonction allait être de faire l’Unité en son œuvre de tous les génies de tous les temps et de tous les siècles !

    En résumé : 1 il n’y a eu qu’un seul véritable génie dans la littérature, V-Hugo.
    .2-Tous les autres écrivains ne faisant que préparer la voie, tel Saint Jean Baptiste dans le désert, tous auraient pu dire : Moi Homère, jenous ne sommes Mais revenons à Hugo et au pourquoi de son engouement.

    Eureka ! Il me semble avoir trouvé la formule.

    1-Prenez le meilleur d’Homère, le meilleur de la Bible, le meilleur de Virgile, le meilleur de Dante, le meilleur de Rabelais, et le meilleur de Shakespeare.
    2- Mélangez subtilement le tout.
    Tada !!!

    Vous obtenez Victor Hugo ! Le génie ultime, celui qui les contient tous !
    Cocorico….il est Français.
    Si je croyais en la réincarnation ( et j’y crois peut-être ahaha ) il ne serait absolument pas fou de considérer que tous ces nom ( Homère, Dante, Shakespeare ne seraient que les sous génies d’un seul et même Esprit. Un Esprit supérieur ayant pour but ultime de faire avancer l’humanité dans l’art ( entre autres domaines). Ce Grand Esprit vous le connaissez : VICTOR HUGO.

    Ce qui revient à dire, et j’en fini là, que les Homère, Dante, Shakespeare ect… n’étaient des sous génies, des homme qui n’avaient pour fonction que de préparer le terrain au véritable Génie Hugo. Le Seul, l’Unique ; à l’Homme-Génie Victor Hugo, dont la fonction allait être de faire l’Unité en son œuvre de tous les génies de tous les temps !
    En résumé : il n’y a eu qu’un seul véritable génie dans la littérature, V-Hugo. Tous les autres écrivains ne faisant que préparer la voie, tel Saint Jean Baptiste dans le désert, tous auraient pu dire : Mais revenons à Hugo et au pourquoi de son engouement.

    Eureka ! Il me semble avoir trouvé la formule.

    1-Prenez le meilleur d’Homère, le meilleur de la Bible, le meilleur de Virgile, le meilleur de Dante, le meilleur de Rabelais, et le meilleur de Shakespeare.
    2- Mélangez subtilement le tout.
    Tada !!!

    Vous obtenez Victor Hugo ! Le génie ultime, celui qui les contient tous !
    Cocorico….il est Français.
    Si je croyais en la réincarnation ( et j’y crois peut-être ahaha ) il ne serait absolument pas fou de considérer que tous ces nom ( Homère, Dante, Shakespeare ne seraient que les sous génies d’un seul et même Esprit. Un Esprit supérieur ayant pour but ultime de faire avancer l’humanité dans l’art ( entre autres domaines). Ce Grand Esprit vous le connaissez : VICTOR HUGO.

    Ce qui revient à dire, et j’en fini là, que les Homère, Dante, Shakespeare ect… n’étaient des sous génies, des homme qui n’avaient pour fonction que de préparer le terrain au véritable Génie Hugo. Le Seul, l’Unique ; à l’Homme-Génie Victor Hugo, dont la fonction allait être de faire l’Unité en son œuvre de tous les génies de tous les temps !
    En résumé : il n’y a eu qu’UN seul véritable génie dans la littérature universelle, Victor Hugo.

    Tous les autres écrivains ne faisant que préparer la voie, tel Saint Jean Baptiste dans le désert, tous auraient pu dire : Moi Homère, Moi Virgile, Moi Saint Jean, Moi Dante, Moi Rabelais, Moi Shakespeare, nous tous sommes pas dignes de dénouer le lacets de ta sandale ô Victor Hugo !

    Ainsi va
    Victor Hugo.

    Amen

  55. ( le premier message de 4h12 est fautif. Dans mon enthousiasme j’ai tout mélangé. )

    Voici le vrai message :

    Revenons à Victor Hugo.

    Eureka ! Il me semble avoir trouvé la formule.

    1-Prenez le meilleur d’Homère, le meilleur de la Bible, le meilleur de Virgile, le meilleur de Dante, le meilleur de Rabelais, et le meilleur de Shakespeare.
    2- Mélangez subtilement le tout.
    Tada !!!

    Vous obtenez Victor Hugo ! Le génie ultime, celui qui les contient tous !
    Houra….il est Français.

    Si je croyais en la réincarnation ( et j’y crois peut-être ahaha ) il ne serait absolument pas fou de considérer que tous ces nom ( Homère, Dante, Shakespeare ne seraient que les sous génies d’un seul et même Esprit. Un Esprit supérieur ayant pour but ultime de faire avancer l’humanité dans l’art ( entre autres domaines). Ce Grand Esprit vous le connaissez : VICTOR HUGO.

    Ce qui revient à dire, et j’en fini là, que les Homère, Dante, Shakespeare ect… n’étaient que des sous génies ( ce qui est déjà beaucoup ), des homme qui n’avaient pour fonction que de préparer le terrain au véritable Génie Hugo. Le Seul, l’Unique ; à l’Homme-Génie Victor Hugo, dont la fonction allait être de faire l’Unité en son œuvre de tous les génies de tous les temps !
    En résumé : il n’y a eu qu’UN seul véritable génie dans la littérature universelle, Victor Hugo.

    Tous les autres écrivains ne faisant que préparer la voie, tel Saint Jean Baptiste dans le désert, tous auraient pu dire : Moi Homère, Moi Virgile, Moi Saint Jean, Moi Dante, Moi Rabelais, Moi Shakespeare, nous sommes tous indigne de dénouer les lacets de ta sandale ô Victor Hugo !

    Ainsi va
    Victor Hugo.

    Amen

    • Passant, les comparaisons génialissimes anachroniques ne riment à rien, chaque écrivain est le produit de son époque, Shakespeare n’est « génial » que dans un espace singulier, le théâtre Élisabéthain, avec le public « génial » de la Renaissance (pas macroniste !). Et de chaque côté d’une ligne de démarcation, la Seconde Guerre mondiale a rendu possible René Char et Céline. La littérature est toujours en même temps de l’histoire…

      J’enrage devant la confirmation officielle des 4 volumes célinolâtres… Seule consolation, ils sont si bâclés qu’ils ne vont sans doute compter que pour un seul volume dans notre quota annuel d’une dizaine de parutions (hors coffrets).

    • Bon, tapez pas trop fort sur ma pauvre tête, je ne fais que passer, mais il m’est impossible de ne pas dire en passant, qu’il s’agit là d’une dinguerie, d’une opération marketing à la Disney Compagny, pour exploiter à mort et le plus vite possible le fanatisme célinien.

      Vous vous demandez pourquoi Céline me reste en travers de la gorge ? Outre le fait qu’il fut un complice de la Shoah, comme si cela ne suffisait pas ? Outre le fait qu’il écrivait avec ses tripes, et que je préfère ceux qui écrivent avec leur cerveau et leur main ? Outre le fait que la lecture de ses torrents de jérémiades paranoïaques me harassent ?

      Eh bien, il suffirait que je vois les passions fanatiques qu’ils inspire, pour m’en méfier, même si je ne l’avais pas lu (et, croyez-moi, je l’ai lu et relu, je me suis même imposé la lecture des pensums « Guerre » et « Londres » arrachés à sa corbeille à papier).
      Céline n’a pas de lecteurs critiques mais uniquement des lecteurs fanatiques ; discuter avec eux revient à discuter avec des afficionados de la tauromachie. Aucun écrivain n’inspire un tel culte. Et il n’est pas innocent dans cette affaire : lui-même (aussi mégalomane que paranoïaque) a organisé ce culte à sa gloire, relayé par une camarilla de porte-flingues, à commencer par l’épouse Destouches, en continuant par les apôtres missionnaires et en finissant par les « héritiers » abusifs qui président à ces honteuses Pléiades à venir au mois de mai.
      Cela seul – s’il n’y avait pas le reste exposé plus haut – suffirait à le condamner.

      Reste le « phénomène » Céline, qui déborde largement du champ littéraire – qui concerne très peu le champ littéraire. Ce phénomène me fascine également, plus dans ses effets que dans ses causes.

      Maintenant, vous pouvez me traiter de fanatique anti-célinien si vous voulez, et prétendre que je tombe dans le péché que je dénonce, mais, que voulez-vous, « au milieu des loups il faut hurler comme les loups » (hi hi hi -).

      • @passant.
        J’aime beaucoup votre éloge dithyrambique de Victor Hugo mais sans vouloir vous vexer, il a fait son propre éloge mieux que vous dans son essai sur Shakespeare où il fait le compte des grands génies de la littérature et même s’il ne parle pas de lui, il se conserve implicitement une place dans son panthéon. Seriez-vous vietnamien, passant ? Il existe dans ce pays une religion fondée sur Hugo : le caodaisme. Allez jeter un oeil, c’est très intéressant.
        @à tous.
        A ma connaissance, il n’existe pas -encore- de religion fondée sur Céline (quand on prononce ce nom il y a beaucoup plus de gens qui pensent à une certaine chanteuse qu’à un écrivain…). De mon côté, bien que cet auteur ne soit pas, et de loin, mon favori, je me fendrai quand même de l’achat du premier volume 1932-1934 car il contiendra le seul texte captivant « le Voyage » et « le roi Krogold » une curiosité que j’ai bien l’intention, en tant qu’amateur de moyen-âgeries, de dévorer.

        • J’avais un peu oublié le caodaïsme depuis la chute du Sud-Vietnam, où il avait presque une position de religion officielle, et j’apprends qu’il n’a pas disparu, même s’il est plus dispersé et moins visible.

          C’est une religion moderne (une secte ?) syncrétiste, qui mêle des figures allant de Jeanne d’Arc, Jésus à Pasteur et Lénine, mais il est vrai que Victor Hugo en est une figure centrale, sinon la figure centrale. Le Hugo un peu prophète et féru de métempsycose qui faisait tourner les tables à Jersey…

          N’ayant jamais étudié cette religion, j’ignorais complètement cet aspect. En ce qui concerne Céline, il n’a pas encore donné naissance à une « religion », mais on n’en est pas loin (je connais et j’ai connu pas mal de passionnés qui mériteraient le nom d’adeptes), il est peut-être encore un peu trop tôt, mais tout de même, cela en prend le chemin… Laissons du temps au temps et ayons confiance ! (ha ha ha !)

      • La raison de cette édition complète et empressée tient à cette date : 1er juillet 2031.

        L’œuvre n’a plus que huit ans devant elle pour rémunérer les ayant-droits de Lucette Destouches. Autant vous dire qu’il ne faut pas laisser passer dix ans à faire des joliesses érudites.

        Ensuite, direction le domaine public.

        • À toutes et à tous, pour vous prouvez combien à votre égard je n’ai que bonnes intentions, je donne bénévolement ce conseil : sur cette édition précipitez-vous sans hésitation.
          Pour la double raison qu’ainsi satisferez vos plus altruistes aspirations, « en même temps » que vos plus égoïstes et secrets désirs.
          Pour ma part je songe à vider mon Livret de Caisse d’Épargne, pour m’en commander m’en commander dix exemplaires.

          Aux ayant-droit nécessiteux apporterez belle provende et réconfort, ainsi qu’à leur éditeur et à ses banquiers, fournisseurs et clients.

          À titre personnel également la bonne affaire ferez, car sans qu’on en puisse en douter, ces volumes deviendront « collector », au titre de « plus mauvaise édition de l’histoire de la Pléiade » qui pourtant n’en est point avare.
          Quel meilleur titre de gloire rêver pour elle ?

    • Ne possédant pas encore d’éditions de Céline dans la Pléiade je vais me procurer celle-ci, c’est à dire avec les avantages de l’ancienne édition, disposer des œuvres d’un écrivain majeur du XXème, et avec, au pire des cas, quelques centaines de pages que je ne lirais pas, et au mieux un nouvel éclairage sur cette œuvre et son auteur controversé.
      Dans tous les cas, cette ajout ne pourras pas être plus affreux que les quelques quatre cents pages d’esquisses, par volume (!), de la Recherche du Temps perdu dont « j’achève » le premier volume après seulement 620 pages de lecture sur près de 1700..

  56. Pour la Recherche, vous pouvez troquer vos 4 volumes à rallonge pour le coffret en 2 volumes publié l’année dernière, c’est le même texte, nu, plus maniable.

    Pour Céline, je doute que l’éditeur ne choisisse la police réduite pour esquisses pour les nouveaux manuscrits Londres et Guerre, il ne s’est pas gêné (ainsi que les « journalistes ») pour les présenter comme des romans inédits.
    Vous trouverez en mai l’ancienne édition de Céline à prix bradé en occasion, pour éviter de donner des euros aux ayants-droits et encourager l’éditeur dans ces blitz-éditions… J’ai bien peur cependant qu’à cause du phénomène de fanatisme dont parle Domonkos, ces volumes ne parviennent en mai dans le top 200 d’Édistat, ce qui n’est pas arrivé depuis des lustres pour une Pléiade…

    Pour info et sans autre similitude que le fanatisme de ses lecteurs, le très austère et moralisant Historiciser le mal : une édition critique de Mein Kampf chez Fayard, s’est vendu à 12000 exemplaires depuis 2021, à 100€ le pavé et quasiment sous le manteau car non exposé en rayon dans les librairies… ça fait un sacré paquet de spécialistes historiens…

    • J’ai cédé au désir de posséder le coffret 4 volumes de La Recherche et ne le regrette pas ; il trône sur ma table de nuit à côté de ma lampe de chevet rétro… et il n’est guère de soir où je ne me couche (mais pas « de bonne heure ») sans en lire quelques pages. Je picore également dans les notes et variantes. Pour moi, La Recherche est une Voie lactée aux infinies dimensions et dont jamais je ne pourrai explorer tous les méandres.
      Mais je ne médirai en aucune façon du coffret « nu » en deux volumes. Je trouve même que c’était une bonne idée.

      Par contre, je profite de l’occasion, pour dire qu’hier, sur une brocante, à Anduze, je suis tombé sur le « Proust et les signes » de Gilles Deleuze (ouvrage très ancien que, pour ma honte, je ne connaissais pas). Je ne l’ai pas acheté parce que le marchand, comptant sur l’ignorance et le snobisme des clients de ce haut-lieu de pèlerinage du protestantisme cévenol, le vendait deux fois plus cher que sur la Toile (j’ai vérifié, merci au smartphone !).

      Cependant, l’ayant longuement feuilleté, cet ouvrage m’a paru intéressant à plus d’un titre. Avant que je me décide à l’acquérir, quelqu’un de l’illustre et présente Compagnie le connaîtrait-il et aurait-il un avis autorisé sur lui ?

      Moult remerciements à ceuzoucelui qui voudront bien me faire profiter de leurs-ses lumières.

      • Comme peut-on tartiner sur le bon pain de la Recherche un vulgaire Nutella ? Je trouve Babelio pratique pour goûter ces pâtes à tartiner: Le temps qu’on perd se prolonge dans l’amour et même dans les signes sensibles. Le temps perdu apparaît déjà dans la mondanité, il subsiste encore dans les signes de la sensibilité. Voici le charabia paraphrasé de G. Deleuze, qui a comme circonstance atténuante d’avoir exercé au temps des Rolling Stones et de la pop-philo.

        • Vous m’intimez donc que « faire gille » (fuir, s’enfuir), pour ne pas me laisser bluffer par la « gille » (tromperie, fraude) de Gilles (Deleuze) qui ne serait qu’un « gille » (niais, bouffon) ?

          Rhhôôô, vous êtes dur !

    • Malheureusement cette édition, nue, porte bien son nom puisque toutes les notes, dixit le site de la pléiade, sont absentes de ces deux volumes..
      Et, autant je ne suis pas assez Proustinolâtre pour apprécier à leur juste valeur les fameuses esquisses, autant les notes me paraissent indispensables !

    • On peut souhaiter lire le pamphlet de Hitler dans cette nouvelle traduction fortement annotée sans pour autant être un spécialiste ni un néo-nazi. Je trouve cette réduction à l’odieux ridicule. À mon sens, toutes les lectures sont acceptables, ce qui compte bien plus, c’est la manière de lire. Je doute que de très nombreux nostalgiques du IIIe Reich, qui se recrutent en toute facilité et en masse chez les plus incultes, se soient jeté sur ce pavé au prix dissuasif.

        • Eh bien, j’ai sur mes rayonnages l’édition NEL avec sa fameuse couverture orange… que l’on m’avait offert avant que ne soit disponible l’édition Fayard puisque j’avais un jour dit en passant à une amie que je voulais tôt ou tard lire l’ouvrage. Sur le rayon, on ne voit que ça. Je n’ai pas encore acquis l’édition Fayard d’ailleurs, ce que je compte faire dès que mes finances me le permettront (j’ai d’abord pas mal d’autres ouvrages à acheter). Je pense cependant garder l’édition NEL, car je ne souhaite pas la revendre ou la donner – je préférerais éventuellement prêter l’édition Fayard à des connaissances une fois acquise.

      • J’ose à peine avouer qu’après une méprise avec mon libraire habituel, je me retrouve avec deux exemplaires, dont une commande que par correction un peu déplacée, je n’ai pas voulu annuler.
        Je ne pense pas être spécialement amateur du IIIe Reich.
        Simplement, on ne peut pas tenter d’avoir un minimum vital de culture (ou un minimum de culture vitale) sans se pencher sur quelques sujets de base. Hitler (et consorts) en fait évidemment partie.
        Une amie me signalait, il y a quelques années, que je devrais cacher ma biographie d’Hitler (par Ian Kershaw) car on ne voit qu’elle dans ma bibliothèque. Les caractères sur le dos sont en effet bien voyants, mais je trouve cette réflexion d’une rare bêtise.

        • J’ai, en évidence chez moi, deux rayons entiers consacrés à l’Allemagne nazie, généralement très visibles. Le Journal de l’ami Goebbels est même la première chose que l’on voit…

          Et si on me fait une remarque (mais les gens qui passent chez mois me connaissent), j’ironise sur le bon vieux temps, les menues erreurs qu’on ne pardonne jamais à des gens pourtant emplis de bonnes intentions, et sur le fait qu’Hitler avait tout compris en matière de véganisme, de lutte anti-tabagique et de protection des espaces naturels.

          • Ah ah, très bonne idée de forcer le trait. Je retiens.
            Il m’est arrivé au début de me justifier (« mais j’ai deux fois plus de livres sur l’antiquité grecque »), avant de réaliser combien c’était stupide.

      • L’histoire de cette édition est remarquable, c’est la première fois que l’éditeur fait tout son possible pour NE PAS vendre.
        – le pamphlet est interdit de rayon, sur commande uniquement (pas listé sur Amazon).
        – le titre est imprononçable et Hitler n’est cité nulle part en couverture.
        – un pavé cher et dont les bénéfices sont reversés à une asso mémorielle.

        Dans cette optique, les 12000 exemplaires vendus (au rythme du coffret Proust 2 vol., à prix similaire), sont un échec de cette politique anti-commerciale…
        Vidar, c’est vrai que tout repose sur la manière de lire, je trouve légitime de lire une fois ce texte historique (comme les pamphlets de Céline) mais ils sont si pauvres en style et en théorie que je ne vois pas le point d’y revenir, sauf pour études.
        Draak, je suis d’accord avec votre amie qu’il est plus élégant de cacher Hitler, Lénine et … ou alors les réunir dans le rayon du mal!

        • Tout pour ne pas la vendre… sauf la pléthore d’articles dans diverses publications. L’éditeur a déployé toute une tactique pour esquiver les reproches. Ma foi, je suis bien aise que l’édition allemande ait été traduite, et je trouve que des précautions ont été prises (même si je ne les jugeais pas nécessaires, ceux qui veulent lire l’ouvrage comme un bréviaire y parviendra toujours d’une façon ou d’une autre). Au moins, le reversement des bénéfices à une association mémorielle fait digérer un minimum le prix exorbitant du volume.

  57. Je ne comprends pas l’intérêt d’une édition non-critique de Mein Kampf, qui est quand même, outre sa noirceur, un livre extrêmement médiocre, pénible à lire, sans autre intérêt qu’historique. Il ne peut prendre sa valeur de document qu’accompagné d’un large appareil critique qui en éclaire les circonstances, les tenants et les aboutissants, les sources, les influences, etc.
    J’aurais pu, il y a quelques années, être intéressé par une telle édition, pour des raisons d’intérêt historique, mais ce temps est passé pour moi. Sans être un savant sur la question, je crois que je connais l’essentiel et ne vois pas quel profit j’en tirerais.

    L’Édition intégrale parue en France dans les années 30 s’était faite contre le gré de son auteur, et, dans l’esprit de ses traducteurs et éditeurs, devait servir d’avertissement sur les véritables intentions impérialistes et humainement monstrueuses d’Hitler. Naturellement cela n’a servi à rien, comme chacun sait. Cassandre a été maudite par les dieux, condamnée à annoncer l’apocalypse sans être crue.

    Dans ma jeunesse (avant la Toile c’est-à-dire il y a un siècle) on le trouvait aisément chez des bouquinistes, à prix abordable. Je l’avais eu en main et à la lecture je m’étais effroyablement emm….dé !
    Il faut être un grand naïf ou bien un grand pervers pour avoir l’envie de lire ce livre nu.
    Encore la semaine dernière, mon bouquiniste l’avait trouvé dans un lot – un vieux bonhomme indigne qui venait de mourir et qui avait laissé, outre Mein Kampf pas mal des grands « classiques » de la Kollaboration) et il me l’aurait laissé à 25 euros, si j’avais exprimé le désir de l’acquérir – Dieu m’en garde ! J’en ai profité pour le feuilleter tout de même, et vérifier qu’il s’en dégage toujours la même impression de médiocrité pénible. Il l’a vendu sur la Toile en une semaine, au prix modique de 70 €).

    • Je n’ai pas plus envie de m’encombrer de ce type de prose, que de celle de Lénine, Staline, Trotsky, qui le lui disputent en termes de nuisance et de médiocrité… Je me souviens d’un moment, dans ma jeunesse, où je me suis cru « gauchiste » et où j’ai voulu, de bonne foi, lire « Que Faire ? » de Vladimir Illitch… de ma stupéfaction devant autant de bêtise et de faiblesse de pensée ! J’avais peine à croire que tant de bons esprits, sans parler des foules soumises, puissent faire révérence devant un « penseur » de ce tonneau !

      J’ai tout de même conservé au fond de ma bibliothèque chinoise quelques volumes de Mao Zedong, pour leur valeur de documents historiques dans le contexte chinois qui constitue ma première passion – mais pas le trop fameux « petit livre rouge ».

    • Personnellement, tous ces écrits ne m’intéressent pas. Ce qui me dérange beaucoup plus, c’est l’indigestion Céline que tient à nous infliger Gallimard ce printemps. Au 1er semestre, nous aurons eu, en guise de « nouveautés », 2 entrants (Steinbeck, Bonnefoy), un volume pour chacun, … et 4 volumes plus l’album pour le seul Céline, qui ne sont que des nouveautés très partielles. Espérons voir un 2e semestre plus varié et créatif …
      Quant à la qualité du travail, il faut être très bon public pour croire qu’en moins de 2 ans, une édition « sérieuse » (texte + appareil critique) peut être réalisée, depuis la phase de déchiffrage des milliers de pages manuscrites jusqu’à la publication.

      • Comme le dit notre-maître-à-tous et Seigneur de céans, Brumes, il faut remplir le tiroir-caisse avant le 1er juillet 2031, où Céline tombera dans le domaine public.

        Cette édition bâclée ne servira donc qu’à cela, avec date de consommation courte, avant de devenir très rapidement obsolète. Un hors-d’oeuvre (au sens culinaire et littéraire du mot). Ensuite, Gallimard nous préparera pour les alentours de 2031, une édition sérieuse, documentée, avec tout l’appareil critique nécessaire, pour lui donner les allures d’une « édition définitive ».

        L’édition de 2023 restera dans les mains des acheteurs comme un brouillon. Sauf à devenir, comme je l’ai déjà dit, un « collector » au titre de « plus mauvaise édition Pléiade de tous les temps ». Sait-on jamais ? C’est un pari à risquer.

        Je précise que je fais ces remarques en mettant complètement de côté mon opinion sur la valeur littéraire de l’oeuvre. Je ne parle que de la qualité de l’édition.

    • Domonkos, j’allais reprendre ma rengaine des commentaires comme le gui des arbres, des jolis parasites qui sucent leur hôte et en déforment l’harmonie – mais pour le Mein Kampf, l’appareil critique permet en effet de perturber la diabolique efficacité de ce livre mal écrit, mais best-seller en son temps.
      Même si, comme le dit si bien Vidar, rien n’empêche de le lire comme un bréviaire, et je suis certain que cette nouvelle traduction aux frais du CNRS circule déjà dans sa forme brute sur le web et même en papier.
      D’ailleurs, pour que le second exemplaire de Draak ne circule point, je suis prêt à lui donner l’une de mes Pléiades s’il poste ici une photo du livre maudit en feu et flammes.

      • Honnêtement, je suis intervenu pour le contexte historique, mais Mein Kampf, en soi, ne présente pour moi aucun intérêt, pour tout dire je m’en fiche complètement ! Par goût du paradoxe, je pourrais aller jusqu’à dire qu’on aurait pu éditer l’appareil critique sans le texte du dénommé Hitler, aussi piètre écrivain, philosophe et penseur politique qu’il fut peintre.

        D’ailleurs, à mes yeux, il ne « mérite » pas d’être classé dans la catégorie des penseurs ou théoriciens politiques (pas plus, je le répète, qu’un Lénine, qu’un Staline ou un Mao, ces épigones dégénérés de Karl Marx qui, à ses heures, délirait déjà pas mal).

        Sa place serait plutôt dans le tableau des pathologies, parmi les pervers, les fous criminels et autres paranoïaques aigus. Aberration mentale qui, par je ne sais quel phénomène mystérieux (ou bien pas si mystérieux que cela quand on songe à l’étroite parenté des humains avec les chimpanzés) se communiqua à tout un peuple.

        On ne peut nier l’existence de son bouquin, à cause du rôle qu’il joue dans l’histoire, mais on peut lui nier toute qualité intrinsèque. Ne serait-il signé par un certain Adolf Hitler, personnage qui a pesé sur l’histoire contemporains, qu’il serait placé dans l’enfer des bibliothèques avec d’autres délires de maniaques. Plus généralement et plus profondément, ce qui m’inquiète et me rend extrêmement pessimiste sur la nature humaine, c’est l’abdication de l’intelligence devant l’imbécilité, la soumission d’intellectuels, de philosophes, de penseurs (pas de nom ! pas de nom !) devant ces primates de la pensée comme Vladimir Illitch, Léon, Joseph ou Zedong !

        Et je m’arrête volontairement à des personnages de notre histoire, récente mais effectivement passée, pour ne pas évoquer nombre de personnages qui sévissent actuellement et nous conduisent tranquillement à l’abîme, tandis que le troupeau boit jusqu’à satiété leurs paroles de plomb.

        • …Mais se contenter de « Hitler est un fou ou un monstre », c’est se refuser à essayer de comprendre la possibilité du IIIe Reich. C’est assez confortable, mais il y a un peu plus que cela, et c’est une des cinq ou six questions sur lesquelles il est intéressant de se pencher pour notre XXe siècle.

          • Il me semble que j’ai été assez clair et que je ne me suis pas contenté d’écrire « Hitler est un fou ou un monstre » mais que j’ai bien posé la question de la communion dans cette folie et cette monstruosité par tout un peuple, y compris des « intellectuels », et précisé que ce n’est pas un cas unique. La folie et la monstruosité d’Hitler sont aussi – peu ou prou – celles du genre humain.

            « On ne peut nier l’existence de son bouquin, à cause du rôle qu’il joue dans l’histoire, mais on peut lui nier toute qualité intrinsèque. Ne serait-il signé par un certain Adolf Hitler, personnage qui a pesé sur l’histoire contemporains, qu’il serait placé dans l’enfer des bibliothèques avec d’autres délires de maniaques. Plus généralement et plus profondément, ce qui m’inquiète et me rend extrêmement pessimiste sur la nature humaine, c’est l’abdication de l’intelligence devant l’imbécilité, la soumission d’intellectuels, de philosophes, de penseurs (pas de nom ! pas de nom !) devant ces primates de la pensée comme Vladimir Illitch, Léon, Joseph ou Zedong ! »

            Je n’ai pas grand chose à rajouter ou retrancher à ce que j’avais écris et il me déplait de le répéter – des milliers et des milliers de pages ont été écrites sur le sujet, par de plus savants que moi, en pure perte au fond ! Le cas Hitler, en tant que personne, que particulier, me semble sans intérêt : « un fou et un monstre » quelconque. Il me semble qu’il s’agit d’une impasse.
            Le cas de l’épidémie de nazisme (ou de léninisme-stalinisme-maoïsme ou encore le cas de l’islamisme, sans remonter plus loin en arrière), de sa réception, de ce que cela dit de l’humain, mérite seul une véritable réflexion.

            Lire ou relire « La Part Maudite » et autres écrits de Georges Bataille.

          • Et je maintiens qu’on « n’apprends rien » à la lecture des insanités répandues dans Mein Kampf. Rien qu’une pauvre pensée d’un malheureux fou de frustration, délirant de fantasmes. Tout est ailleurs : dans l’idéologie qui s’est construite autour, dans le partage de cette idéologie par le premier cercle, dans sa diffusion dans le corps social.

            Bref, Hitler lui-même est un monstrueux raté, d’ailleurs il a très mal fini. Dans chaque chose il faut voir la fin : le bilan de Hitler n’a rien de triomphant, il a fasciné ou épouvanté les peuples, ruinée et abaissé l’Allemagne et l’Europe, et a fini comme un rat dans son trou.
            La vérité ultime d’Hitler ce n’est pas 1940 mais 1945 : le fou rabique appelant en vain l’apocalypse finale pour lui servir de tombeau, et finissant seul comme une vermine.

          • Je répète lourdement, je martèle :
            Hitler comme individu est un malade paranoïaque, un fou criminel mégalomane, dont le cas ne présente aucun intérêt particulier
            Hitler comme penseur politique et philosophique, est d’une telle médiocrité que cette « pensée » confine à l’inexistence.
            Mein Kampf comme oeuvre « littéraire » est indigne d’orner les wc de campagne de la Wehrmacht.
            À un moment donné il faut redonner aux choses leurs justes proportions.

        • Cher Domonkos, vous faites, je pense, une erreur historique en amalgamant Lénine à Hitler et Staline (je ne parlerais pas de Mao par manque de connaissance à son sujet).
          Lénine, au-delà d’aimer, ou non, sa prose et ses opinions, fut un grand penseur du marxisme dont les idées, appliquées, ont menées à la révolution d’octobre. Il a, au contraire de Staline, était un théoricien et intellectuel marxiste ayant contribué, de son vivant, à de nombreux débats et combats doctrinaux.
          Même chose concernant Trotski.

          J’entends bien votre haine, aveugle, envers le marxisme. Mais il est dommage de ne pas pouvoir rester objectif devant les faits historiques sous prétexte d’opinions politiques.

          Je suis également circonspect à l’idée de coller systématiquement l’étiquette du fou et du monstre à chaque homme ou femme agissant pourtant comme tel. N’est ce pas là une facilité intellectuelle indigne de vous ?

  58. Je pense qu’on a saisi votre point de vue après cette série de commentaires qui, je dois le dire, m’apparaissent vide de toute perspective historique un tant soit peu sérieuse et plutôt signe d’un empressement moral malvenu ou d’un dogmatisme assommant – mais je ne voudrais pas relancer la machine.

    Un exemple seulement : vous écrivez que Hitler est une « aberration mentale qui, par je ne sais quel phénomène mystérieux […] se communiqua à tout un peuple ». Ce n’est pas du tout ce qu’il s’est passé… L’image d’un homme seul envoûtant des foules est passée depuis qu’est tombée en disgrâce une lecture très mal digérée de la philosophie de l’histoire de Hegel et que le besoin de blâmer sans comprendre s’est amuï (volonté tout sauf innocente qui a arrangé bien des gens…). L’historiographie depuis un certain nombre d’années nous donne une vision toute différente de celle de l’incarnation du diable en un unique homme. C’est d’autant plus dangereux que cela revient à s’interdire de comprendre en tentant tous ceux qui sont justement à la recherche d’un bouc émissaire ou d’un homme providentiel – et cela finit, je crois, toujours mal.

    Si Hitler possédait peut-être quelques singularités, le IIIe Reich et son cortèges de scories atroces ne peuvent raisonnablement être compris que comme un effet résultant d’une multitude de causes, lointaines et proches, nationales et internationales, sociologiques, politologiques, historiques, économiques etc. Ce n’est pas Hitler qui apparaît et l’Allemagne qui se convertit au nazisme. Ce genre de condamnations médiatiques courantes mène à tout sauf l’intelligibilité de l’histoire. Or, il m’apparaît que le regard historique est à la fois un élément crucial et ce dont nous manquons le plus dans nos sociétés (là aussi, cela arrange bien les affaires de pas mal de gens).

    Je ne vois nul besoin – et cela m’apparaît comme dangereux encore – de tout mettre sur le dos de Hitler. Cela ne l’excuse évidemment en rien, s’il fallait le préciser… Mais je crois qu’ici comme ailleurs, en matière de science et de culture, et non pas de discours médiatiques et politiques insipides, il faut s’en remettre à la maxime de Spinoza : « ni rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre ».

    Pour ma part, il me semble au contraire que la compréhension est l’une des maigres protections contre l’abrutissement (au sens premier). Vous comprendrez bien en tout cas qu’il est à la fois loisible et fort utile à un enseignant en philosophie de lire l’ouvrage – et tout un tas d’autres livres sur le sujet, ceux-là scientifiques – pour pouvoir répondre aux questions des élèves. Il n’est pas nécessaire de lire « Mein Kampf » pour comprendre le XXe siècle, mais cela aide tout de même sur certains aspects importants.

    Que le pamphlet soit mal écrit n’est qu’un détail. On ne le lit pas pour son style.

    C’est ainsi, au contraire, qu’apparaît de façon aiguë la nécessité d’éditions critiques de haute volée. Permettre la lecture, qui pourra être faite de toute façon, d’une façon scientifique et dépassionnée, loin des cris d’orfraie qui ne servent qu’à exciter un camp ou l’autre. Sans vous y associer évidemment, cette technique est bien trop utilisée de nos jours par ceux qui sont désignés comme « polémistes », alors qu’on a oublié, semble-t-il, ce qui signifie ce mot.

    Pour ne pas raconter d’âneries, il faut lire et réfléchir. Les deux sont nécessaires. On ne peut pas réfléchir sans lire, il est dangereux et stérile de lire sans réfléchir. C’est du moins ce que j’ai la faiblesse de répéter inlassablement à mes élèves.

    Un dernier mot enfin, avec un exemple parmi mille : suite aux attentats du 11 septembre 2001, qui a rappelé la généalogie historique qui a mené à cela ? Qui a rappelé la volonté étasunienne à l’époque de donner à l’URSS son Viêt Nam, l’excitation des fondamentalistes chefs de tribus, les fonds destinés à leur soutien etc ? Bien peu. Résultat, du fanatisme s’est ajouté au fanatisme. Cela a fait les affaires (et aussi en espèces sonnantes et trébuchantes d’ailleurs) de beaucoup… et le malheur d’un bien plus grand nombre encore. Et sur la dernière décennie encore, avec ce que nous avons connu en France, même refrain. Non, on a préféré agir d’après la parole de ce grand sage et savant qu’est Manuel Valls : « expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser ». Je ne suis pas de cela, et pour des raisons logiques encore (guillotine de Hume – pour les curieux : Hume, Traité de la nature humaine, livre III, 1ème partie, section 1, p. 65, trad. Baranger et Saltel, Flammarion, coll. « GF », 1995).

    Jusqu’à quand prendra-on les gens pour des crétins en donnant des jugements (qui-plus-est lapidaires) en lieu d’explications rationnelles et rigoureuses ?

    PS : si quelqu’un pouvait enfin me dire comment on fait ici les italiques, mes commentaires seraient soudain moins hideux.

    • Si en mai sortaient quatre volumes de Voltaire,
      Nous ne serions pas dans cette diable galère !

      J’ai une méthode pour les italiques, mais je ne suis pas sûr que le maître des lieux l’approuve car elle est peu pratique et vulnérable aux erreurs.

    • Vous avez raison Vidar, des propos aussi basiques, agressifs, dépréciatifs, et vides de sens que :
      « Je pense qu’on a saisi votre point de vue après cette série de commentaires qui, je dois le dire, m’apparaissent vide de toute perspective historique un tant soit peu sérieuse et plutôt signe d’un empressement moral malvenu ou d’un dogmatisme assommant – mais je ne voudrais pas relancer la machine. »
      …ne méritent pas une trop longue réponse et certainement pas une polémique.

      Après ce paragraphe tonitruant, je me suis dispensé de lire le reste de votre prose : après tout, sauf à être masochiste, on n’est pas obligé !

      Je crois, décidément, que je déteste cordialement et définitivement le pédantisme des « Historiens » ou prétendus tels.

      • Je pense que vous aurez compris que je suis assez écoeuré par ce genre d’attaque visant à rabaisser l’interlocuteur. J’essaie pour ma part d’éviter d’utiliser ce genre de procédé. Sauf cas de légitime défense.

        En ce qui concerne ce bon Adolf je tiens absolument à refuser qu’on en dresse la statue, même « maudite », et qu’on le grandisse, même dans le mal. Il n’exerce aucune fascination sur moi, même morbide. Pas plus que le virus de la peste.

        Je note que votre intervention vous vaut un triomphe, et des volées de pétales de rose. Tant pis. Cela ne me fera ni changer d’avis, ni édulcorer mes propos.

        Que de temps funestement perdu ! Quelle pitié !

      • Oups ! pardon. La peste n’est pas causée par un virus, mais par un bacille (bactérie).
        Par contre, elle a ce point commun avec le nazisme, d’être répandue par les rats.

        • Domonkos, je vous adresse mes sincères excuses si vous avez lu dans les premières lignes de mon commentaire une attaque ad hominem, car je vous assure que tel n’était pas l’intention – ce que vous pourriez, je pense, constater en lisant le reste si le cœur vous en dit. J’ai seulement voulu – peut-être maladroitement – insister sur le danger que représente l’érection de Hitler en figure incarnée du Diable apparue ex nihilo. Vous qui tonnez tant contre les attaques que vous dénommées « wokistes » et compagnie (je ne commenterai ici ni le fond, ni la reprise d’un lexique par trop connoté), je suis certain que vous valez mieux que ces condamnations à l’emporte-pièce. Il est trop facile – et, encore une fois, bien dangereux, de prononcer des anathèmes aveugles. Mais, à nouveau, mes excuses car je ne souhaitais absolument pas vous rabaisser ou quoi que ce soit. Vous avouerez que vous n’êtes pas un interlocuteur qui prend toujours la peine de faire refluer vos émotions en faveur d’une argumentation nette et tout à fait rigoureuse. J’ai une crainte immense pour les censeurs de tout poil comme pour les explications trop rapides (ce qui ne signifie nullement que je ne faute jamais moi-même évidemment).

          • Hitler incarne réellement le mal pour les hommes de ma génération, ceux qui ont connu la seconde guerre mondiale dans un état de jeunesse suffisant pour n’en subir les conséquences que par la caisse de résonance familiale. Le jugement historique à porter sur lui doit, pour autant, faire abstraction de toute diabolisation de l’individu ; sauf à s’appeler Mahomet ou Omar (Victor Hugo, Le cèdre’, dans La Légende des Siècles), le charisme ne suffit point à faire se déplacer les monts ou les arbres, et son répugnant factum était moins un programme de gouvernance que le distillat du pangermanisme défait en 1918 et du poison revanchard dans la sécrétion duquel la brutalité de la politique française d’après-guerre ne joua pas un mince rôle (le patriotisme intransigeant des « consuls » Poincaré et Barrès, de mise pendant le conflit, s’avéra désastreux en temps de paix, comme le sentit Thibaudet). La volonté propre d’Hitler, telle qu’énoncée dans Mein Kampf (mieux traduit, m’est avis, ‘Ma lutte’, anglais ‘My Struggle’, que ‘Mon combat’, au vu de la majeure partie de son contenu), eut-elle une part prépondérante dans cette infection qui saisit l’Allemagne, puis l’Europe ? On en peut douter lorsque non seulement Kershaw et Irving, le saint historien et la vermine révisionniste mais documentée, mais encore les auteurs de l’édition commentée allemande, s’accordent pour la cantonner dans une importance à hauteur d’homme, de manière comme de juste fort discrépante ; c’en est au point que dans les notes de Christian Hartmann et son équipe, Hitler se voit reléguer au second plan par rapport au rétablissement du récit historique et à l’élucidation structurelle. J’aurais, pour ma part, accueilli des jugements plus dégagés et francs à son endroit ; il reste un sagouin qui, pas plus que Lénine et Staline, n’eut d’intelligence militaire ni de stratégie opérationnelle, ne compensant pas ses limites par un labeur acharné, et l’on apprécierait de le voir mis au rang que méritent ses capacités personnelles archi-médiocres plutôt que de laisser le lecteur se faire son opinion à partir des éléments de contextualisation fournis. Il n’y avait pas à le traiter avec un reste de cette révérence qu’une figure romantique comme Alexandre de Macédoine attire encore même chez ses spécialistes (non que la science doive se cantonner dans une strangurie guindée ne laissant rien transparaître ; trop d’outils réputés sur le Conquérant ne quittent la froideur impassible que pour le jugement à l’emporte-pièce selon des critères modernes, de Tarn à Badian en passant par The Marshals of Alexander’s Empire d’Heckel, ce dernier un véritable festival de vacheries anachroniques sur Philotas, Cassandre, Hephaïstion – vu le très peu qu’on sait sur la Weltanschauung de l’aristocratie macédonienne, juger ces personnages vains, querelleurs, sanguinaires, etc, sur la base de traditions systématiquement hostiles, est presque comique).

          • Neo-Birt7 vous venez d’écrire sur Hitler et Mein Kampf exactement ce que j’aurais aimé savoir écrire.
            Soyez-en remercié.

            Si l’invraisemblable polémique provoquée par mes interventions (sans doute maladroitement mises en lumière) a pu servir au moins à cette mise au point, à la fois ferme et documentée, j’en ai moins de regret de m’être exposé à la volée de bois vert que j’ai reçue.

      • Cher Domonkos, prenez sur vous et lisez en entier le message de Vidar. Comment ne pas adhérer à son propos ? Faites confiance à l’intelligence et ne laissez pas l’émotion vous dominer…

        P-s : Ne prenez pas à mal mon message. Vous savez bien que j’ai de la sympathie pour vous.

      • Je vous remercie vivement. Je connais en effet les balises html (pour avoir un tantinet pratiqué), mais je pensais qu’il existait un moyen plus commode et, disons, normal. Je le ferai à l’avenir cependant, en espérant que cela fonctionne.

        • Cela fonctionne, mais si vous laissez par erreur la balise ouverte, il est probable que votre message, et peut-être les suivants, se trouveront italiqués en masse, obligeant le régisseur Brumes à sortir sa clé à molette… à utiliser avec calme et modération…

  59. Si j’avais eu l’envie de m’intéresser au Mal, j’aurais étudié la théologie.
    Mais en histoire, ce concept n’a aucun sens.
    L’histoire n’est qu’une suite presque ininterrompue de crimes, de guerres et d’atrocités diverses.
    Cela fait 30 ans que je patauge dans la fange jusqu’au cou…et j’en redemande !
    Les scélérats sont passionnants car ils sont souvent le moteur de l’histoire.
    J’ai scruté les horreurs causées par Hitler, Staline, Caligula et Néron comme un entomologiste dissèque un cloporte : pour comprendre.
    Même de grands personnages à l’aura positive ont du sang sur les mains.
    Ne citons qu’Alexandre, César, Louis XIV et Napoléon. Des milliers de vies ont été immolées sur l’autel de leur gloire mais tous méritent attention.
    Il y a un phénomène de mithridatisation qui immunise l’historien contre les malheurs de l’humanité.
    Suis-je pour autant sans cœur ?
    Peut-être.
    Dans ma bibliothèque, on trouve Mein Kampf et des dizaines de livres sur le IIIe Reich mais aussi le volume pléiade sur les écrits des camps.
    J’analyse les bourreaux, je n’oublie pas les victimes.

        • Cher Strasbourgeois, pourriez-vous résumer vos recherches, pour ma curiosité, peut être celle d’autres brumiens, et le tout en quelques lignes ?

          Pardonnez moi, j’ai honte de demander à un savant d’être aussi concis mais j’ai peur, sinon, de trop alimenter les hors sujets !

          Merci.

          • Je vais essayer d’être concis.
            L’empire romain n’étant qu’un conglomérat de cités autogérées, mon but est d’en dégager les caractéristiques : rôle du peuple, du conseil, des magistrats (au sens antique : des responsables exécutifs).
            Cela comprend également l’analyse des élites, l’évergetisme, les politiques édilitaires, les interactions avec les gouverneurs, etc.
            J’espère ne pas avoir été trop assommant et d’avoir répondu à vos attentes.
            Bien à vous.

          • Merci pour ces éléments ! J’ai conscience que ma première question mène à une pente ambivalente. Ce blog vise à parler de la pléiade, et se caractérise comme de juste par l’usage de pseudonymes. Certains ici manifestement se connaissent ou se reconnaissent. D’autres se contentent de participer, ou surtout de s’instruire en suivant les échanges des premiers (combien sommes nous de lecteurs muets à suivre dans l’ombre, Brumes ?) sans restituer chacun dans sa spécialité ou son identité. Ces dernières pourtant se laissent deviner au fil des discussions et attisent la curiosité (moi aussi je brûle de savoir quel Nom se cache derrière votre impressionnante mais implacable érudition, Neo-Bird7 !). S’ensuit un jeu de dévoilement subtil, et plus ou moins involontaire, qui appelle des présentations comme celle-ci, au risque de rompre l’anonymat : pour comprendre et situer un brumien universitaire, le mieux n’est il pas de consulter son CV ou la présentation de son laboratoire de recherche ? Mais à quoi bon le pseudonyme et que devient l’égalitarisme de l’anonymat alors ?

          • (Je ne suis rien – ni personne
            Jamais je ne serai rien – ni personne
            Je ne puis vouloir être rien -ni personne

            Et contrairement au poète, je ne porte en moi aucun rêve, ma fenêtre ne donne que sur un chemin qui ne mène nulle part)

  60. Décidemment j’ai bien fait de quitter ce site, des enseignants on ne peut plus prétentieux, donneurs de leçons, comme si nous autres, pauvres profanes nous ne savions pas qu’entre autres faits amenant Hitler au pouvoir, il n’y avait pas la défaite de 14-18, l’odieux traité de Versailles, le retour des soldats allemands dans leur pays, maudits par le peuple, la terrible crise économique etc… etc… Et pour l’autre clown, je signale également que j’ai lu les jeunes France de Théophile Gautier. Ah ! Que je les hais ces enseignants qui croient toujours s’adresser à des mômes de 15 ans et qui dans la vie courante ne voient la vraie vie qu’à travers leur petit pouvoir. Mais il faut que je m’arrête là, je finirais par m’énerver. Et n’oubliez pas, Messieurs les savants que nous les non-sachants, les profanes, il a fallu qu’on bosse plus de 15 heures par semaine, que l’effort cérébral pour arriver à notre petit niveau n’a pas été dallé que de bonnes choses. Pouah ! A fuir ! Par contre, je remercie Néo-Birt7 pour son très gentil message qui m’a beaucoup touché, évidemment je regretterai quelques uns d’entre-vous, vous cher Brumes qui avez créé ce site, vous Domonkos Szenes de qui je me sens proche et puis encore quelques autres. Mais les « sérieux », ceux qui savent, ceux-là je leur dis… Adieu ! Portez-vous bien.

    • Vous avez quittez mais vous revoilà ! En sommes vous n’êtes pas partis.
      Permettez moi de citer quelques lignes, fort à propos, de Proust, lu récemment :

      « Je venais d’écrire à Gilberte une lettre ou je laissait tonner ma fureur, non sans pourtant jeter la bouée de quelques mots placés comme au hasard, et où mon amie pourrait accrocher une réconciliation; un instant après, le vent ayant tourné, c’était des phrases tendres que je lui adressais pour la douceur de certaines expressions désolées, de tels « jamais plus » si attendrissants pour ceux qui les emploient, si fastidieux pour celle qui les lira, soit qu’elle les croie mensongers et traduise « jamais plus » par « ce soir même, si vous voulez bien de moi » ou qu’elle les croie vrais et lui annonçant alors une de ces séparations définitives qui nous sont si parfaitement égales dans la vie quand il s’agit d’êtres dont nous ne sommes pas épris »

    • Pontiflex, la meilleure raison de quitter un forum c’est la lassitude ou l’ennui, dans la colère il y a une passion qui invite au retour, quand le calme revient… La diversité des profils ici, enseignants, littéraires, historiens, philosophes, collectionneurs ou sans statut, ou presque rien, permet justement des échanges impossibles dans les lieux statutaires (conférences, plateaux TV, bureaux de Gallimard !). Les frictions sont inévitables et souvent pétillantes – rien de grave si pas de noms d’oiseaux et de claquements de portes virtuelles… Je m’imbibe souvent d’Erasme et Rabelais alors croyez bien que je ne suis pas loin de vos opinions sur les scavants.
      La petite icône en bas à droite semble indiquer qu’il y a ici 449 suiveurs, qui j’en ai bien peur reçoivent une notification par e-mail à chaque intervention… Alors il est respectueux d’éviter je crois les posts en plusieurs fragments, ou de s’éloigner un peu trop du sujet… Je n’ai rien à dire ce soir au sujet de la Pléiade alors je laisse la parole à ChatGPT, qui répond à la question « Qu’est-ce qu’un livre Pléiade ? »:
      La Pléiade est une collection de livres de poche de qualité supérieure publiée par la maison d’édition française Gallimard. Elle a été créée en 1931 par Jacques Schiffrin, un éditeur français, et est devenue célèbre pour son format compact et élégant, ainsi que pour la qualité de ses éditions.

    • Laissez passer l’orage, Pontifex ; laissez la cocotte minute refroidir (la vôtre et celle de quelques pédants). Je pense qu’il est dommage que votre différent avec Zino ait pris ce ton de violence. Mais rien n’est irréparable.
      N’hésitez pas à repasser par là si l’envie vous en vient.
      Bien à vous.

  61. Pontifex,
    L’autre clown serait devant vous, il vous mettrait une paire de claques.
    Que savez-vous, triple sot, de mon passé ?
    Je crois avoir écrit que je m’excusais, au cas où je vous aurais offensé ? Finalement, je m’excuse de m’être excusé.
    Voilà ce que c’est que de donner le change aux rageurs.
    Bref. La Pléiade n’ayant plus aucun intérêt pour moi, et cela depuis longtemps, je retourne à mes pénates.

    • Il y a longtemps que le principal intérêt de ce blog, à mes yeux du moins, réside plus dans la qualité des interventions d’un certain nombre de participants, et des échanges qui s’ensuivent, plutôt que dans la collection elle-même qui, si je la condamne un peu moins sévèrement que vous (à peine moins), a cessé depuis longtemps de me faire rêver.

      La crainte de me voir accusé de basse flatterie ne m’empêchera pas de dire que vous faites partie de ces intervenants de qualité. C’est grand dommage que vous nous faites en nous quittant.
      Déjà que la faucheuse, depuis ces cinq dernières années, m’a privé de presque tous mes vieux et chers amis – c’est bien fait pour moi, je n’avais qu’à pas recherché l’amitié de plus vieux et plus sages que moi – voici que « le vent aura clairsemé » bientôt même les amis imaginaires, seul et esseulé me trouverai et la Complainte de Rutebeuf je pourrai chantonner.

      Évidemment, vous êtes seul juge. Et je sais bien qu’au fond, c’est vous qui avez raison.

      • Domonkos,
        Le dommage n’est pas bien grand, rassurez-vous 😄 je dirais avec Hippocrate : ars longa, vita brevis.
        En modifiant un peu le sens de la citation, nous pouvons raisonnablement affirmer que nos querelles sont pacotille devant le temps très long de l’Art. Nos futiles déflagrations d’egos sont des étincelles dérisoires devant les flammes inextinguibles de Hugo, de Virgile, d’Homère ( celui de l’Iliade, pas l’amateur de donuts… )
        Ma contribution à ce fil brumeux, est tout à fait anecdotique. Pas de regrets, donc.
        Une belle soirée à vous, cher ami.

        • Bah, je me sers souvent ce genre de discours, lorsque je m’aperçois que ma tête est en train de trop gonfler… Quelle importance ont mes mouvements d’humeur, quelle importance ai-je moi-même, à côté de Hugo, Virgile, Homère (j’acquiesce à ce triumvirat) ?

          Il n’empêche, comme presque toujours, on peut tout aussi légitimement soutenir le contraire : que seraient Hugo, Virgile, Homère, sans moi, sans nous, en qui leurs voix résonnent encore ?… Poussière parmi la poussière, comme nous le serons.
          Bien sûr, sans eux, nous nous sentirions bien seuls, mais sans nous ils seraient, c’est le cas de le dire, lettre morte (et je crains, à la vitesse où progresse l’analphabétisme que ce ne soit bientôt le cas).

          Nous ne sommes rien et nous sommes tout ; ils sont Tout et ils ne sont rien.

          J’espère lire quand même, de temps en temps, vos « contribution anecdotiques au fil brumeux ».

  62. Le visuel de l’album Céline est en ligne:
    https://www.la-pleiade.fr/Catalogue/GALLIMARD/Albums-de-la-Pleiade/Album-Louis-Ferdinand-Celine
    Ce boitier rétablit une mise en page rationnelle par rapport au Kafka 2022 avec un problème de contraste/chevauchement sur l’illustration de fond, et l’oubli du prénom Franz au profit de Stéphane Pesnel !
    Album qui ne restituera sans doute pas la triste banalité du bonhomme qui avait une propension canine à se rouler dans la fange, qui a absorbé toute la haine et l’hystérie de son époque pour la restituer sous un vernis Hollywood Panavision plein d’effets spéciaux répétitifs, son « style génial ».

  63. Pour tenter de m’élever au-dessus de ma médiocrité habituelle, je précise que par-delà la question de la blessure d’amour-propre, qui ne regarde personne autre que moi-même, il y a une question de principes. Si l’accusation de « moralisme » lancée à mon encontre par Vidar, me semble personnellement injuste, et résulter d’une mauvaise lecture de mes interventions (ou, de ma part, d’une mauvaise expression de ma pensée), elle appelle des réflexions plus sérieuses.

    Le fait que notre époque use et abuse des intimations, voire intimidations teintées de formes dégénérées de la « morale » ou de « l’éthique » ou encore de la « vertu », pour nous enfermer dans une camisole de force et nous soumettre à la nouvelle doxa, ne justifie qu’on jette la Morale aux « encombrants ».
    Ne pas jeter la Morale avec l’eau sale de la « moraline » ou du « moralisme ».

    Mon cher Vidar, je me méfie autant des esprits soumis que des « esprits forts » tentés de ne plus reconnaître qu’eux-mêmes et leurs convictions propres pour boussole. Bref, je serais quelque chose comme « l’anti-Vicaire Savoyard »… Il n’est pas toujours mauvais de reconnaître quelque chose au-dessus de soi (tout en me proclamant Sans Dieu ni Maître).

    En l’espèce, non, je ne séparerai jamais le jugement moral de toute analyse de cet homme et de ce phénomène. Traitez-moi de curé à votre guise.

    En surplus, je ne reconnaîtrai jamais Hitler comme un « Grand Homme », pas même dans le mal. Je ne verrai jamais que ce qu’il était objectivement, loin de toute fascination : un individu médiocre, auteur d’un livre insane, qui a commencé sa vie comme un raté et l’a terminée comme un rat.

    La question du mouvement nazi, de l’état national-socialiste, de l’idéologie pangermanique qui la sous-tend, des forces sociales et des puissances économiques, des théories racistes et antisémites qui viennent de plus loin que lui et vont très loin au-delà de lui, est, elle, beaucoup plus large. Pour une fois – pour une fois seulement – je me range plutôt du côté du Bertolt Brecht de « La résistible ascension d’Arturo Ui ».

    Je m’aperçois que mes derniers paragraphes se mettent de nouveau à ressembler à un plaidoyer pro domo – ô humaine faiblesse ! – mais le véritable cœur de mon intervention est bel et bien que je me méfie de la tendance générale de certains esprits qui se veulent « libres » et prétendre combattre l’hétéronomie, à écarter la Morale au nom de la dénonciation du « moralisme » ou de la « moraline ». Le fait que cela se passe très souvent à l’insu de leur plein gré ne me rassure pas.

    • La vraie question cher Domonkos, c’est pourquoi sommes nous là ?

      Personnellement si je cherchais une conversation sur Hitler du genre « un individu médiocre, auteur d’un livre insane, qui a commencé sa vie comme un raté et l’a terminée comme un rat. » ce n’est pas chez notre cher Brumes que j’irais les chercher, mais sur Twitter, où ce genre de prose pullule. Car comme le disait Vidar, vous valez mieux que ça.

      Chacun possède ses propres jugements moraux sur tout et n’importe quoi et j’avoue n’en avoir pas grand chose à faire, d’autant plus lorsque ceux-ci sont lapidaires.

      En revanche ce qui m’intéresse beaucoup plus c’est lorsque vous, Neo-Birt7, Vidar et bien d’autres, partagez vos connaissances aux pauvres profanes tel que moi. Alors je bois vos paroles car c’est précisément pourquoi je viens chez Brumes, pour y trouver des faits, pour y lire des savants et des amateurs éclairés, et ainsi peut être réussir à désembrumer quelque peu mon propre esprit.

      • Quand je pense

        1. qu’au départ, ce n’est pas moi qui ai amené la question de Mein Kampf sur le terrain, je n’y aurais pas songé une seconde, tant cet ouvrage est inepte.

        2. que je n’ai fait que réagir pour dire, en résumé, que cet ouvrage est totalement dénué de qualité littéraire, d’intérêt philosophique ou sur le plan de la pensée politique

        3. que seul son rôle historique et les commentaires et analyses qu’il inspire ont un véritable intérêt

        4. que son auteur est un personnage pathétique d’imbécilité (ce que prouve sa fin et les catastrophes que ses féodaux et lui-même ont enclenchées) et sinistre !

        5. qu’après rappel de ces évidences, je n’aurais pas besoin de m’attarder sur la question…

        …et que me voilà au centre d’une polémique dérisoire, que je n’ai à aucun moment voulue, et quasiment dans le rôle « d’accusé » : celui par qui le scandale arrive !
        C’est vraiment à se les mordre !

        J’en ai vraiment soupé de cette histoire et surtout de tous ceux qui croient savoir mieux que moi-même ce que je pense et ce que j’écris.

        Je vais m’offrir le Steinbeck et le Bonnefoy, m’occuper de littérature et de poésie.
        Le mois de mai va être pour moi extrêmement paisible, puisque la Pléiade a décidé de s’occuper durant ce mois de tout autre chose que de littérature.

        Garçon ! Un café et l’addition, SVP !

  64. Remettons les compteurs à zéro et parlons de sujets plus gais.
    Je vais commencer demain la biographie de l’immense Faulkner par Frederick Karl.
    J’ai toute l’oeuvre faulknérienne en diverses collections: Pléiade, Folio, Quarto.
    J’essaye de découvrir les ouvrages du gentleman sudiste dans l’ordre chronologique, pour suivre la création de l’univers si particulier de l’auteur.
    Au moins voici un Géant des lettres incontestable et incontesté qui n’a pas volé son prix Nobel!

    • Prix Nobel en 1949, à l’orée de la meilleure période des Nobel de Littérature.

      À deux ou trois exceptions près (à peine) tous ceux qui précèdent la Seconde Guerre Mondiale sont assez facilement publiables.

      Des lendemains de la guerre à l’année 1990, le Nobel connaît une période plutôt faste, voire fastueuse, car il y avait pléthore de grands auteurs du XXème siècle arrivés à maturité ou au seuil de la vieillesse et qui méritaient d’être couronnés. Pas tant de ratés que ça.

      Depuis 1991, c’est la dégringolade (toujours à deux ou trois exceptions près, à titre personnel j’en vois deux mais j’éviterai de les nommer), et ça va s’accélérant jusqu’au naufrage Annie Ernaux, qui n’est hélas que provisoirement le dernier.

      • Il est intéressant de constater que ladite période fastueuse corresponde à votre jeunesse (jusqu’à vos 50 ans a vu de nez) et que la dégringolade corresponde, elle, a la deuxième pente de votre vie.
        Mais en somme, un vieil homme passéiste, est-ce si surprenant ?

        À nouveau je me permets de citer Proust, qui, décidément, est d’une grande actualité :
         » D’ailleurs toute nouveauté ayant pour condition l’élimination préalable du poncif auquel nous étions habitués et qui nous semblait la réalité même, toute conversation neuve aussi bien que toute peinture, toute musique originales, nous paraîtra toujours alambiquée et fatigante. »

        • Quel que soit le sujet, vous n’avez jamais d’autre argument que la mise en cause de la personne ?
          C’est pitoyable.

          Et ça n’est pas une citation de Marcel Proust hors sujet qui va vous permettre de rattraper le coup.

          On vous attendait impatiemment pour relever le niveau de ce blog.

          • Oh à vrai dire je n’ai pas l’habitude d’imposer mon ignorance dans des conversations savantes. Dans ces cas là, je reste discret, je lis et apprécie en silence.

            Mais j’avoue ne pas pouvoir résister à titiller les chantres du « c’était mieux avant », qui plus est quand ce fond de commerce constitue, approximativement, 90% de leur apport intellectuel aux débats en cours.

            Bien évidemment, mes interventions n’en sont pas plus interessantes. Mais quitte à rajouter du vide à du néant, je ne me gêne pas.

            Sur ces quelques mots, je retourne dans l’ombre, à ma place, à l’affût de conversation plus enrichissante.

            Bien à vous.

  65. Neo-Birt7, je suis en train de lire – avec grand plaisir et en attendant de mettre la main sur le Constant/Garnier que vous préconisez – l’Anabase dans la traduction de Masqueray, et dans l’introduction j’ai lu, signe des temps, des propos qui le conduiraient tout droit à « l’échafaud » de nos jours, quand il regrette, en des termes policés, qu’il y a dans l’armée de mercenaires grecs vraiment trop de messieurs aimant les messieurs…

    « Heureusement » précise-t-il, ne n’était pas le cas de la majorité puisque « de nombreuses femmes suivaient l’armée » pour le délassement des soldats !… Pour aggraver son cas, il ajoute aussitôt, qu’aux moments de « disette » les malheureuses, devenues bouches surnuméraires, étaient aussitôt abandonnées, sans que leur triste sorte n’inspire à notre traducteur-introducteur aucun propos de pitié ou de réprobation.

  66. Brumes, j’aimerais beaucoup connaître la provenance de ce très beau texte que vous citiez hier après midi

    :

    (Je ne suis rien – ni personne
    Jamais je ne serai rien – ni personne
    Je ne puis vouloir être rien -ni personne

    Et contrairement au poète, je ne porte en moi aucun rêve, ma fenêtre ne donne que sur un chemin qui ne mène nulle part)

    J’ai fait des recherches sur internet. Introuvable.

    • C’est le début du Bureau de tabac de Pessoa, que j’ai modifié et coupé. Le texte original :

      Je ne suis rien.
      Jamais je ne serai rien.
      Je ne puis vouloir être rien.
      Ceci dit, je porte en moi tous les rêves du monde.
      Fenêtre de ma chambre,
      de ma chambre dans la fourmilière humaine unité ignorée
      (et si l’on savait ce qu’elle est, que saurait-on de plus ?),
      vous donnez sur le mystère d’une rue au va-et-vient continuel,
      sur une rue inaccessible à toutes les pensées,
      réelle, impossiblement réelle, précise, inconnaissablement précise,
      avec le mystère des choses enfoui sous les pierres et les êtres,
      avec la mort qui parsème les murs de moisissure et de cheveux blancs les humains,
      avec le destin qui conduit la guimbarde de tout sur la route de rien.

      Différentes traductions ici :

      https://poezibao.typepad.com/poezibao/2008/09/anthologie-p-13.html

  67. Vacquerie Auguste écrivait fort à propos : Victor Hugo, V comme Virgile, H comme Homère « .
    Il est vrai que Hugo a excellé dans ces deux versants majeurs de la poésie que sont le lyrique et l’épique. Mais, Hugo a excellé partout : Le drame romantique, la poésie engagée, la chanson populaire, le roman social, le roman historique, le journalisme, la polémique…
    Je me marre toujours de la réponse d’André Gide : Hugo, hélas…
    Je tiens Hugo pour le plus grand écrivain français. Il y a beaucoup de facilités chez cet auteur prolixe et prolifique. Mais regardez ses réussites majeures !
    On me demande parfois quel ouvrage j’emporterais sur une île déserte. Question banale et convenue. Mais à bien y réfléchir, je pourrais dire avec la plus grande certitude, que ce serait La légende des siècles.
    Un bon dimanche à vous, Domonkos.
    PS : l’édition pléiade de la légende des siècles est en tous points recommandable, surtout qu’elle est suivie de La fin de Satan, et de ce long poème opaque et difficile : Dieu.

      • Le volume Pléiade « La Légende des Siècles » suivi de « La Fin de Satan » et de « Dieu » est effectivement un de nos plus grands livres. Sous cette forme, d’un format modeste, léger et élégant, réunissant ces trois « Poèmes »… que rêver de mieux ?

        J’ajoute que, même un recueil assez souvent méprisé (tardif, sentant la décrépitude de la vieillesse, selon des jugements courants), comme « L »Année Terrible » » est presque sans équivalent dans nos Lettres.
        Le relisant tout dernièrement, j’ai été pris par cette chronique, allant du grandiose au dérisoire, du grave à l’apparent superficiel, non dénué d’auto-apitoiement et de complaisance (ce n’est tout de même pas Céline qui lui jetterait la première pierre sur ce terrain !), écrite par un vieil homme, plus isolé que jamais, traversant cette année effectivement terrible pour la France.
        Que l’éventuel rapprochement avec « Les Châtiments se fasse éventuellement au détriment de « L’Année », que le second paraisse une répétition en mineur du premier, voire un radotage aux yeux de certains, ne me rend ce dernier recueil que plus émouvant, plus humain, plus proche de nous et de notre impuissance face à de terribles événements, comme il s’en déroule en ce moment.

        • Pour les amateurs de bande dessinée (je demande pardon aux autres), je suis justement – par le plus grand des hasards – en train de lire une bande dessinée qui date de quelques années, dessinée par Martin Jamar et scénariste par Jean Dufaux (qui a déjà prouvé qu’il a quelque talent d’écriture), dont le titre est « Les Voleurs d’Empire
          Ça se passe justement pendant cette fameuse Année Terrible et l’un des albums (la fresque en compte sept réunis en une « intégrale ») se termine par une citation de Victor Hugo :

          « Oh ! Je suis avec vous ! J’ai cette sombre joie.
          Ceux qu’on accable, ceux qu’on frappe et qu’on foudroie
          M’attirent ; je me sens leur frère ; je défends
          Terrassés ceux que j’ai combattus triomphants.
          (…)
          Le peuple qui, parfois devient impopulaire,
          C’est lui, famille triste, hommes, femmes, enfants,
          Droit, avenir, travaux, douleurs, que je défends ;
          Je défends l’égaré, le faible, et cette foule,
          Qui, n’ayant jamais eu de point d’appui, s’écoule
          Et tombe « folle » au fond de noirs événements. »

          Du moins, ça sent le vécu.
          Les poètes délicats et impeccables peuvent toujours s’aligner. Le souffle du vieil Hugo, fatigué et usé, les couche comme brins de paille.

          • J’ai beau me relire, toujours des fautes m’échappent, mes pauvres mains sur le clavier ne respectent rien, pas même les vers du grand Hugo (voir le dernier mot de l’avant-dernier ver : « s’écoule » au lieu de « s’écroule ») :

            <em<« Oh ! Je suis avec vous ! J’ai cette sombre joie.
            Ceux qu’on accable, ceux qu’on frappe et qu’on foudroie
            M’attirent ; je me sens leur frère ; je défends
            Terrassés ceux que j’ai combattus triomphants.
            (…)
            Le peuple qui, parfois devient impopulaire,
            C’est lui, famille triste, hommes, femmes, enfants,
            Droit, avenir, travaux, douleurs, que je défends ;
            Je défends l’égaré, le faible, et cette foule,
            Qui, n’ayant jamais eu de point d’appui, s’écroule
            Et tombe « folle » au fond de noirs événements. »

    • Ayant été chargé, dans une autre vie, de faire un petit bréviaire des « 200 Romans du Monde Entier » chez feu Bordas Éditeur – s’il existe un autre monde conforme aux dogmes catholiques et donc un Purgatoire, nul doute que ma peine purgative, la pire épreuve que je pusse soutenir, consisterait à relire mes anciens livres, ce que je n’ai plus jamais fait depuis 30 ans, l’idée seule m’en terrifie – j’avais, sans craindre d’être accusé de platitude, choisi l’option de faire de Balzac le maître incontesté du genre romanesque. Avec un Avant et… pas d’Après (n’en déplaise aux « Nouveaux Romanciers »).

      Où placer Hugo dans l’histoire littéraire ? Nulle part ! Sinon au rang des démiurges. Pour lequel on ne dispose pas d’instrument de (dé)mesure. En ce sens, la formule de Gide « Victor Hugo, hélas » ne me paraît pas si impertinente.
      Quand on songe qu’il n’avait même pas d’ordinateur et ne disposait pas de la Toile… Ouf !

      Je songe aussi quelquefois que wikipedia et autres sites répandus sur la Toile, rendent impossible la venue d’un nouveau Jules Verne. Hélas !

      • Les personnes qui ont encore la patience et l’endurance de me lire auront remarqué que, depuis qu’un de nos éminents contributeurs nous a enfin expliqué clairement l’art et la manière de placer des italiques sur wordpress (pas plus tard qu’avant-her), j’en use et abuse avec le zèle du converti !
        Pardonnez-moi cette gaminerie. Cela me passera peut-être en même temps que tomberont mes dernières dents de sagesse.

        • Rien de bien intéressant, je le crains. Je voulais juste dire que si Hugo avait disposé des moyens modernes d’écriture et de documentation, il aurait (peut-être produit encore plus de pages !

          Quant à Jules Verne, en étant un petit peu plus sérieux, il me semble qu’avec les moyens modernes de communication, notre monde « s’est rétréci », que la part de l’inconnu et donc du rêve et de l’imagination en est d’autant réduite. Jules Verne a travaillé essentiellement dans son cabinet, en lisant les revues savantes de son temps, en imaginant le reste. Qui sait si, passant d’aéroport en aéroport ou naviguant sur la Toile, il eut créé cet univers qui, pour se vouloir réaliste n’en est pas moins merveilleux ?
          Et, dans le même temps, chacun de ses lecteurs ayant accès instantanément au monde entier, serait-il aussi émerveillé ?

          Ce n’est peut-être pas un hasard si, la planète ne recélant plus aucun recoin mystérieux, les écrivains, au XXème siècle, sont allés se promener dans des univers plus lointains, dans le domaine de la « Fantasy » et du « Space Opera ».

          Là encore, rien de bien révolutionnaire me semble-t-il dans ma réflexion. Je ne suis même pas bien sûr qu’elle ne puisse être contredite.

  68. Ai pu voir, hier, à Montpellier, le « tirage spécial » Colette (proposé à la vente deux jours avant la date officielle, ce qui est illégal mais de plus en plus courant) chez Gibert.
    L’ai assez longuement feuilleté. M’a paru de très bonne facture.

    Ne ressentant pas la nécessité de posséder l’oeuvreu complèteu en quatre volumes – soit me farcir plus de 7000 pages, tout de même, ce n’est ni Proust, ni Dostoïevski, ni Balzac, ni Faulkner – je suis tenté par cette petite anthologie joliment éditée.

    Ne me suis pas jeté dessus, un peu par principe, un peu par manque de phynance (fin de mois).
    Z’en avaient profité pour faire une table consacrée à Colette. Et, dans un coin, un exemplaire d’occasion mais à l’état neuf, à moitié prix, du Cahier de l’Herne consacré à l’amie des bêtes. Avec lequel je suis passé en caisse.

  69. Bonjour à tous,

    Je fais appel à vos lumières d’habitués de la pléiade. Lorsque vous lisez une pléiade, enlevez vous le Rhodoïd ? J’ai la peur, sûrement insensée, d’enlever, à force de frottement, la dorure sur le dos du livre comme cela a pu m’arriver sur des éditions de mauvaises factures (où certes il ne s’agissait pas réellement d’or).

    • Le rhodoïd est infâme à toucher quand on le lit. Il est sagement posé dans sa boîte le temps que je lise le volume. Ce serait dommage de ne pas sentir le contact du cuir en plus…

      • La dorure est quasi-indestructible, elle ne craint que le Coca-Cola, le sel marin et les chats… J’ai toujours défendu la mise à nu des Pléiades – pas de vilains reflets plastiques dans mes rayons – mais en réfléchissant bien, l’éditeur ne pourrait-il pas ouvrir une nouvelle route commerciale en ajoutant un écrin de plus, un beau coffret velours, pour vendre chez Louis Vuitton ?

        • Le Rhodoïd et les emboîtages ne sont pas là, en première instance, pour faire joli, mais pour protéger les livres.
          Je ne déshabille mes pléiades que pour les lire, car effectivement il est très désagréable (et peu pratique, car ça glisse, peut se froisser) de les tenir en main avec le Rhodoïd. Mais après l’amour, je les aide à se rhabiller, car je prends grand soin d’eux.
          Il n’est qu’à voir l’état lamentable des Pléiades qui ont traîné des années sans protection, et qu’on retrouve chez les bouquinistes et les brocanteurs, et qui sont juste bons pour la poubelle.

  70. Colette est sorti aujourd’hui en librairie, série spéciale non numérotée, 65€ puis 71€.
    Pour l’exécution, Druckerei fournit sa qualité habituelle, avec une très belle lisibilité du texte, un papier souple et agréable, coté Babouot la pièce de titre a toujours l’aspect granuleux caractéristique de ces dernières années.
    La grosse surprise c’est le choix de textes issus des 4 tomes de 1984 à 2001 AVEC les notices et notes originales, une préface, une chronologie et une bibliographie – environ 300 pages sur 1376, 22%.
    C’est la première fois à ma connaissance dans cette série spéciale qui depuis 2014 se présente dénuée de notes. L’éditeur aurait pu sortir en même temps un coffret avec les 4 volumes Colette, pour donner un choix, comme avec la Recherche. On aurait atteint une sorte de compromis idéal pour ces « spéciales », une compilation de 3 ou 4 volumes existants, avec un minimum de notes et un coffret complet simultanément mis en avant – je rêve de voir ainsi repris les 3 vieux tomes de Voltaire, qui ont bien besoin d’un coup de pouce, et que des apprentis notables pourraient acquérir pour leur scolarité… A noter qu’il y a 7 thèses en préparation pour Colette, et 0 pour Voltaire…

    Pour le choix des textes retenus, je ne suis pas spécialiste mais je remarque si mes calculs sont bons, selon la règle des 95 ans, la moitié du volume, après 1928, est encore redevable de droits d’auteur. Prix assez élevé à 65€, similaire à Histoire Auguste de novembre dernier, et du Giono de 2020 en spécial à 66€ prix définitif, à nombre de pages équivalent. Il semble qu’avec l’ajout de l’appareil scientifique, la décote habituelle en « spéciale » d’au moins 10% ait disparu (le coffret Proust 2 vol. revient à 0.037 la page, 0.047 pour Colette).
    La préface courte d’Antoine Compagnon est une série de citations convoquant des grandes figures masculines (Cocteau, Simenon pour ne citer que le premier paragraphe) qui ne serait certainement pas au goût des pourfendeuses du patriarcalisme… En tout cas, comme l’année dernière avec Proust, son essai sur Colette se présente opportunément sur la même table, deviendra-t-il le « compagnon » de toutes les éditions spéciales ?

    • Déjà vu en vente chez Gibert à Montpellier, deux jours avant la date légale (voir plus haut). Na-na-nère !…

      Ceci étant dit, il est vrai que ce petit digest est sympathique, pour des comme moi qu’ont pas envie de se farcir les 4 volumes et 7000 pages de l’oeuvreu complèteu de la Grande-Dame aux chiens-et-chats (c’est exprès, pour énerver, j’aime bien énerver, je suis resté un sale gosse-.

      • Je m’étonne que personne n’ait encore fait remarquer l’évolution de la collection Quarto, désormais déclinée en format « poche » pour certains volumes publiés récemment (Christian Bobin, Erri de Luca et Camille Laurens – annoncée pour le printemps -). On retrouve l’esprit originel de la Pléiade (avant que celle ne dérive vers une collection d’ouvrages un brin roboratifs, servent à orner nos bibliothèques… Une belle réussite en tout cas sur le plan de la forme (bien plus jolie et pratique que celle de la collection mère).

    • La « représentante » Gallimard venue faire la promotion de la Pléiade chez mon libraire, en décembre, (qui m’avait appris, d’ailleurs, la publication d’un album Céline en 2023), évoquait une hausse des prix à venir : cet ouvrage en constitue sans doute le premier exemple. Donc oubliez les 66 € du Giono.
      D’ailleurs, à 64 € chacun, on peut imaginer sans trop se forcer l’épaisseur des 4 prochains volumes Céline, et l’ampleur de l’accompagnement éditorial dont ils seront dotés.

      Pour en venir à Colette, pourquoi pas ce volume ? Chacun se prononcera en fonction de ses attentes. Il me semble, toutefois, dommage, si l’on s’intéresse à l’auteur, de manquer les introductions aux volumes originaux. Pour le tome 1, que j’ai en mains, plus de 110 pages d’un récit quasi-biographique, par Claude Pichois, très instructif, détaillé et argumenté, qui déplaira, bien entendu, aux tenants du « texte seul ». Pour ma part, le choix est fait.

      • Concernant les volumes Céline, si l’appareil est repris des volumes publiés de l’édition Godard, peut-être n’a-t-il fallu que compléter celui-ci s’agissant des feuillets (quelques notices, une centaine de notes, peut-être, pour le tout). Cette édition pourrait n’être qu’une refonte mineure, n’appelant dès lors pas trop de critiques sur le fond. Reste la question de l’opportunisme…

          • Je ne le nie pas. Tout dépendra donc de la qualité de cette édition. J’évoquais cela du fait des critiques parues ici à ce sujet. Ceci dit, quatre volumes d’un coup, ça fait peut-être beaucoup. Gallimard aurait pu étaler sur deux années…

          • Je ne me lasserais jamais de le répéter : oui, c’est le métier d’un éditeur chef d’entreprise de faire rentrer l’argent dans les caisses.

            Mais, c’est « le métier » des lecteurs-acheteurs d’attendre de la part d’un éditeur qu’il tienne les promesses qu’il répète à l’envie, dans tous ses catalogues, sur la haute qualité sans pareille de sa « prestigieuse collection », les soins apportés à cette édition, etc.
            Sauf à croire que l’éditeur n’est qu’un gros vantard
            ou bien qu’il ment impudemment à ses lecteurs-acheteurs.

            Comme je choisis la seconde hypothèse, je me donne le droit de le prendre au mot tout simplement, et le mensonge étant de plus en plus gros, de lui rappeler constamment ses promesses non tenues, et de lui rentrer dans le lard chaque fois que cela me chante.

            Je préfère me faire traiter de pisse-froid et de grincheux que de jobard et de gogo.

          • Bien sûr Domonkos.
            Je ne réagissais très étroitement que sur le mot « opportunisme », dont on a l’impression qu’il est un gros mot, alors que cela me semble plutôt une qualité.

          • Nous sommes absolument d’accord, Draak : j’admets que Gallimard doit vivre et faire vivre sa collection, je ne lui demande pas de mourir « héroïquement » en puriste des Belles Lettres et de mériter le panthéon d’icelles.
            Je ne suis pas un partisan du « plutôt mourir que de s’adapter ».

            Non, je ne lui demande que de modifier son discours et le rendre conforme à la réalité de ce qu’il nous propose.
            Nous, lecteurs-acheteurs de la Pléiade, sommes adultes, et capables d’entendre ce discours. Il n’est point nécessaires de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

      • La réintroduction des notices et notes dans ce volume spécial a un prix: ces 300 pages auraient pu laisser place à 2 ou 3 romans nus de plus, ou moins de pages pour un prix « spécial » sous les 60€ – pour recruter de nouveaux lecteurs pour cette collection. On perd la différentiation avec les volumes numérotés, c’est confus.
        J’ai lu quelques notes de Claude Pichois, elles sont érudites, concises, agréables mais dispensables car Colette ne pose jamais de problème de compréhension. Ses notices sentent très fort les années 70 avec son charabia psychanalytique et cette manière de paraphraser en déformant le message, cette manière de prendre de la hauteur ou d’imaginer des sens cachés en disant peu élégamment: « Colette donnait à sa propre oeuvre une signification bien courte ».
        P.S. le coffret… il faudrait faire un stage un jour chez les anglo-saxons ou payer un vrai graphiste… il y a une tâche au dos qui représente un chien je crois… Et avoir choisi le look garçonne au milieu de la pléthore de photos disponibles me semble un choix peu judicieux commercialement, ce look étant toujours aussi controversé 100 ans après…

        • Je crois au contraire que ce « look » tombe pile poil commercialement, à notre époque qui se pâme devant l’idéologie « trans » et les « gender studies », et que ce choix ne doit certainement rien au hasard.
          Je ne trouve pas, pour le qualifier, d’autre mot qu’un certain « gros mot », donc je me dispenserai de l’écrire.

          Pour le reste, deux ou trois romans de plus et moins de notes ? Pourquoi pas ! Mais, tel quel, ce volume me semble attrayant tout de même.

          Je profite de l’occasion pour réagir à une intervention plus haut, qualifiant la (très) longue introduction du premier des quatre volume de la « complète » de « quasi biographie » : est-ce bien la place pour une « quasi biographie » ? N’y a-t-il pas un genre de la biographie, sous forme d’un volume dédié ?

          A-t-on voulu imiter le Sartre du « Saint-Genêt Comédien et Martyr », constituant le premier volume des « Oeuvres Complètes » de Jean Genêt, cet énorme pavé (assez ridicule au fond) qui, selon les dires mêmes de Genêt a écrasé l’auteur et pratiquement mis fin à sa carrière d’écrivain.
          Effectivement, à partir de là, Jean Genêt a cessé d’être un écrivain, pour se conformer à l’image satrienne : « Saint et Martyr »  » et rien d’autre. Autrement dit, saltimbanque provocateur et bateleur de foire.

          • Je pense que si vous preniez la peine de lire cette introduction, que vous la compariez aux 30 pages de M Compagnon, vous pourriez changer d’avis.
            Par ailleurs, la présence de « notes et variantes » n’est pas spécifique au tirage spécial Colette : les fables de La Fontaine, par exemple, sont publiées suivant le même principe.

          • Je ne réagis qu’au point particulier de « quasi-biographie », pour dire que la place d’une presque biographie se trouve ailleurs. Je n’achète pas l’oeuvre d’un écrivain pour lire sa biographie, « quasi » ou non. Je ne juge pas de la qualité de son contenu.
            Mais je ne disputerai pas plus longtemps sur ce point et vous rends volontiers les armes, si vous le désirez, car je n’aborde pas à cette question une importance très considérable.

            Je maintiens par ailleurs que les 30 pages d’introduction de Compagnon – que j’ai pris le temps de lire, personne ne venant me disputer mon fauteuil dans ma librairie préférée – sont une assez pauvre chose.
            Pire encore, voisinait avec le « tirage spécial » Colette en Pléiade un petit opuscule, un non-livre, du même Compagnon, intitulé je crois « Un été avec Colette » constitué d’une reprise d’émissions d’été sur France Inter par le même hagiographe (rapidement feuilleté aussi). Quelle pitié ! On est bel et bien dans le « divertissement » de plage !

      • En effet, cette série spéciale n’est pas homogène…. Mon Don Quichotte 2015 contient aussi les notices et notes du volume numéroté sorti 14 ans auparavant… Les notes, si elles ne font qu’expliciter, peuvent bien tenir dans le temps, mais les notices et introductions portent avec elles les analyses, les problématiques, les modes et le style de leur temps – à 40 ans de distance pour Conrad comme pour Colette, c’est trop, c’est de la paresse éditoriale.

  71. Récapitulons.
    Tirage spécial Colette : sans moi
    Steinbeck : dispensable, j’ai tout en poche
    Bonnefoy : de la poésie, quelle horreur !
    Céline : bof

    Je vais donc faire des économies qui me permettront d’acheter d’anciens volumes de la Pléiade comme Camus, Fitzgerald ou Wu Cheng’en.
    Quant à ma lecture de la bio de Faulkner, j’adoooore.

    • J’attends plus du Steinbeck que le seul texte (dont je possède l’ancienne traduction dans mes vieux « Livres de Poche » et la nouvelle traduction, au moins pour « Des Souris… » et « Les Raisins… » dans la Blanche).
      J’espère n’être pas déçu !

      Quant à votre
      « Bonnefoy : de la poésie, quelle horreur ! » : quelle horreur ! (Ha ha ha !)

      Sinon, Camus, Fitzgerald, Wu Cheng’en, Faulkner… excellent choix. Je possède tous ces volumes, mais il y en a bien une centaine d’autres dans la Pléiade qui sont regrettablement absents de ma bibliothèque et qui me rempliraient mes dix prochaines années, quand bien même n’achèterais-je aucune nouvelle parution (Breton à compléter, pas mal de XVIème et XVIIème siècles, plus d’un du XVIIIème siècle, Hugo incomplet, Tolstoï totalement absent, Tourgueniev également, Tchékhov incomplet, Alfred Jarry manquant à l’appel, Aragon souffrant de plusieurs amputations, les anthologies poétiques : zéro… J’en passe et des meilleurs.)

      • Concernant la poésie, je me moque de moi-même en forçant le trait.
        Certains auteurs me plaisent beaucoup : Heredia et Leconte de Lisle en tête, suivis de Nerval, Baudelaire et Hugo.
        Mais avec Rimbaud, les ennuis commencent, avec Mallarmé c’est pire.
        Ensuite…deinde cessavit ars, comme disait Pline l’ancien.

        • Ça se défend.

          En tous cas, il sera beaucoup pardonné à quelqu’un qui cite (même si c’est après Leconte de l’Isle et Heredia que je ne méprise point) Nerval, Baudelaire et Hugo.

          • Couronnés de thym et de marjolaine,
            Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

            Du sentier des bois aux daims familier,
            Sur un noir cheval, sort un chevalier.
            Son éperon d’or brille en la nuit brune ;
            Et, quand il traverse un rayon de lune,
            On voit resplendir, d’un reflet changeant,
            Sur sa chevelure un casque d’argent.

            Couronnés de thym et de marjolaine,
            Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

            Ils l’entourent tous d’un essaim léger
            Qui dans l’air muet semble voltiger.
            – Hardi chevalier, par la nuit sereine,
            Où vas-tu si tard ? dit la jeune Reine.
            De mauvais esprits hantent les forêts
            Viens danser plutôt sur les gazons frais.

            Couronnés de thym et de marjolaine,
            Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

            – Non ! ma fiancée aux yeux clairs et doux
            M’attend, et demain nous serons époux.
            Laissez-moi passer, Elfes des prairies,
            Qui foulez en rond les mousses fleuries ;
            Ne m’attardez pas loin de mon amour,
            Car voici déjà les lueurs du jour.

            Couronnés de thym et de marjolaine,
            Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

            – Reste, chevalier. Je te donnerai
            L’opale magique et l’anneau doré,
            Et, ce qui vaut mieux que gloire et fortune,
            Ma robe filée au clair de la lune.
            – Non ! dit-il. Va donc ! Et de son doigt blanc
            Elle touche au cœur le guerrier tremblant.

            Couronnés de thym et de marjolaine,
            Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

            Et sous l’éperon le noir cheval part.
            Il court, il bondit et va sans retard ;
            Mais le chevalier frissonne et se penche ;
            Il voit sur la route une forme blanche
            Qui marche sans bruit et lui tend les bras :
            – Elfe, esprit, démon, ne m’arrête pas !

            Couronnés de thym et de marjolaine,
            Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

            Ne m’arrête pas, fantôme odieux !
            Je vais épouser ma belle aux doux yeux.
            – Ô mon cher époux, la tombe éternelle
            Sera notre lit de noce, dit-elle.
            Je suis morte ! – Et lui, la voyant ainsi,
            D’angoisse et d’amour tombe mort aussi.

            Couronnés de thym et de marjolaine,
            Les Elfes joyeux dansent sur la plaine.

  72. Ah ! Nous nous en souviendrons de cette planète ! Villiers de l’Isle-Adam

    L’épigraphe de Varouna est l’objet de la note suivante de Jacques Petit : « Nous n’avons pu retrouver la référence de ce texte. Il ne semble pas d’ailleurs, d’après son Journal et la liste, inédite, de ses lectures, que Julien Green ait beaucoup lu Villiers de l’Isle-Adam. »

    Et pour cause, c’est Bloy – que Green a beaucoup lu lui – qui rapporte cette exclamation de Villiers dans Le Vieux de la Montagne :

    « Nous nous en souviendrons, de cette planète ! » me disait-il un soir que nous cherchions ensemble un introuvable dîner, les pieds dans la boue glacée. Il racontait avoir écrit la plus grande partie d’Axël, à plat ventre sur le carreau d’une chambre démeublée. Pauvre grand Villiers aussi désarmé qu’un enfant dans ce monde infâme !

    • Merci pour cette belle anecdote, qui n’est pas un « petit rien », mais une évocation touchante d’un Villiers de l’Isle-Adam égaré dans notre monde – ou bien est-ce nous qui sommes des égarés ?

      ……….

      Je suis allé chez mon libraire, aujourd’hui, avec l’intention d’acquérir le « tirage spécial » Colette, qui m’avait plutôt séduit lors d’une première prise de contact, il y a quelques jours, dans une librairie de Montpellier.
      Je l’ai de nouveau longuement feuilleté, bien assis dans un confortable fauteuil mis à disposition de ses clients par notre libraire, et puis… finalement, non ! Ce n’est pas possible.

      Après avoir lu les avis de certains intervenants ici, parcouru la préface de Compagnon – que je trouve d’une complaisance inversement proportionnelle à son faible intérêt (je ne supporte plus ces critiques thuriféraires qui parlent de leur auteur comme des « journalistes » parlent de leur pop-star préférée) – et picoré de-ci de-là au fil des romans sélectionnés… j’ai conclu que le jeu n’en vaut pas la chandelle.
      C’est à la fois trop et trop peu, et beaucoup trop cher pour ce trop peu. 66€ pour un « digest » quel gaspillage !

      Et finalement, je suis reparti avec, sous le bras, le magnifique Quarto éPeter Handke », auteur que j’aime et suit depuis plus de quarante ans… 26€… Vive Quarto ! Et vive Peter Handke !

  73. Anecdote du jour :
    De passage dans ma librairie de province favorite, pour y aller chercher le troisième volume de la recherche du temps perdu dans notre si chère collection, le libraire qui me tends le volume commandé me parle du volume Colette qui vient tout juste de sortir en ces mots : « Il y a un volume de Colette qui vient d’arriver, il s’agit de son entrée dans la pléiade ».
    Surprise de ma part ! Je lui rétorque qu’il existe pourtant déjà quatre volumes consacrés à la dame dans la pléiade et celui-ci, tout autant surpris que moi, bien que peut être encore plus gêné, me dit que c’est son commercial de chez Gallimard qui le lui aurait vendu de la sorte. Il a également tenté la carte des récits soit disant inédits présent dans ce volume.
    Bref allez savoir…
    Je lui ai tout de même confirmé, en partant, que, concernant le cas Steinbeck, il s’agit bien d’une nouvelle entrée dans la collection.

    • Changez de librairie, si vous pouvez !

      Bon, c’est vrai que mon propre libraire – qui paraît ou veut paraître pourtant fin et cultivé et représente une librairie dont la maison mère à Montpellier est prestigieuse – avait entendu parler de l’Album Céline, mais… pas des quatre volumes et des deux coffrets !
      À mes questions, réponse : « Avec le représentant, nous n’avons parlé que du programme de mars et avril, il abordera mai lors de son prochain passage. »
      Et voilà !

      Des libraires, ça ?
      Qui ne manquent pas une occasion de se pavaner dans les médias en se prétendant ultimes représentants de la Culture littéraire…
      Plutôt des perroquets, qui répètent l’argumentaire des représentants des maisons d’édition (combien de fois ai-je entendu des libraires conseiller près de moi des clients, avec un discours dans lequel je reconnaissais sans peine celui des publicitaires et des commerciaux) !
      Rares ceux qui dépassent ce stade.
      Quand l’un d’eux prétend « me conseiller » j’ai peine à me retenir de sortir mon revolver et je fuis à tire d’aile.

      Quand je pense que la directrice de cette même librairie avait déclaré, dans la presse locale, lorsque s’est ouverte une agence de la Fnac dans notre petite ville, avec des minauderies de marquise : « Si je crains la concurrence de la Fnac ? Oh, mais nous ne faisons pas le même métier. Ce ne sont pas des libraires… »
      Vous non plus, chère madame !

      • Je ne commande en librairie que par pure sympathie pour le salarié et au bénéfice de l’économie locale.
        Ses recommandations me font sourire, les livres mettent des plombes à arriver, il y a eu des erreurs (voilà comment on se retrouve avec deux Mein Kampf / historiciser le mal), il m’annonce régulièrement que les livres sont en rupture (alors que je suis allé cherché l’ISBN sur Amazon pour le lui indiquer et que le livre aurait pu être le lendemain dans la boîte aux lettres), par sa faute j’ai failli passer à côté d’éditions limitées (quand bien même je devais être parmi les premiers en France à les commander ; ah, cette intégrale Conan qui a failli me glisser entre les mains)
        …Mais il est extrêmement sympathique, n’exploite personne, fait l’effort de passer mes commandes auprès d’éditeurs improbables, me réserve d’office mes agendas et albums sans se mettre à compter mes commandes de Pléiades.
        Il est évident qu’à un certain niveau d’engagement envers la chose littéraire, nous dépassons facilement le niveau des libraires de proximité. Faut-il les fuir pour autant ?
        Le seul libraire qui m’ait un jour impressionné, c’est le pourtant très gros « Ombres blanches » à Toulouse. Je souhaitais commander « Le livre des violences » de William T. Vollmann dans sa version intégrale américaine, et à ma grande surprise, le salarié connaissait et déplorait de n’avoir que la version française charcutée. À la caisse de cette même librairie, au bout de la rangée de Pléiades, la caissière/hôtesse de caisse a pu soutenir une conversation sur votre collection préférée (?) et me parler de la dernière pléiade qu’elle avait lue. Je suis sorti enchanté.

        • On peut être libraire et fréquenter ce site d’élite, j’en suis la preuve. Plus sérieusement, ayez pitié des pauvres libraires, pauvres d’esprit peut-être pour certains, pauvres financièrement pour la plupart, c’est une certitude. Pensez bien que si j’avais l’étendue des connaissances d’un Neo-Birt7, je pourrais prétendre à une autre profession. J’ai une culture bien plus modeste, mais – j’ose croire – tout de même légèrement supérieure à la moyenne, et qui me permet d’être – j’ose croire encore – un libraire honnête et honorable.

          • Une rapide recherche sur votre nom dans G. me permet d’affirmer que je mets les pieds parfois dans votre librairie bien arrangée et riche de livres et revues peu communs, même si je vais bien plus souvent dans celle d’à coté, pour son choix d’occasions !
            Une pensée pour les libraires qui n’ont pas toujours le temps de corriger ou approfondir ici les éléments de langage fournis par l’éditeur. Qui doivent vendre des éditions de Colette très moyennes, à coté du Pléiade spéciale édition avec Compagnon comme guide touristique et des notices de 40 ans non actualisées, des livres de poche reprenant inlassablement des vieilles mises en page et polices tremblantes sans passer par l’offset numérique… Il n’y a finalement que le Librio à 3€ chez Flammarion qui est moderne et propre dans sa mise en page, mais un peu nu et qui n’offre que 3 romans de Colette (dont La fin de Chéri mais pas Chéri !? ).

          • Rassurez-vous, je fais moi-même des infidélités à mon lieu de travail en allant très régulièrement, quasiment tous les jours en fait, à la grande librairie d’à côté, et ce pour les mêmes raisons que vous.

          • Cher Thomas Codaccioni,
            Je précise à minima que je n’étais pas condescendant. Je n’ai pas les connaissances de Neo-birt7 non plus, ni les vôtres, ni celles de beaucoup des autres intervenants ici.
            Je signalais que le contact humain et sympathique de mon libraire me suffisait. Rien à généraliser dans mes propos.

  74. Thomas Codaccioni,
    … J’essaie d’ailleurs d’être le meilleur client de mon libraire. Malheureusement, je ne peux pas lutter : les écoles me dépassent.

    • À titre personnel, voici quelques mois, ça m’a fait bizarre de causer de livres (en l’occurrence de Gadenne et Pizarnik) avec le vendeur d’une librairie parisienne, tant cela fait d’années que je suis, par la force des choses, le client d’une librairie où, pour le dire métaphoriquement, le boucher est végétarien. Il ne me viendrait jamais à l’idée de parler de livres aux pauvres vendeurs qui ne connaissent guère que Christian Signol et Virginie Grimaldi. Je ne leur en veux pas, ils font avec le pauvre tissu culturel d’une toute petite ville de province (dans les interstices de leurs commandes tous azimuts de nouveautés, on a parfois de belles surprises cependant)

      Chaque fois que je retourne dans une librairie type Compagnie, Le Bal des ardents, L’écume des pages, Passage, L’Autre Rive, voire le Furet du Nord vendredi dernier (qui ne brille pourtant pas spécialement au panthéon des librairies – je me rappelle encore comme ma prof d’histoire d’hypokhâgne nous présentait ce lieu comme une méprisable non-librairie qu’il nous fallait fuir – propos qui m’avait singulièrement surpris sachant que la visite au Furet, avec ma mère, c’était alors le saint graal absolu de mes 17 ans), bref chaque fois donc que je retourne dans ces lieux parisien, lyonnais ou lillois, je me dis la même chose « tiens une vraie librairie avec un vrai fond ».

      Et il arrive même que les vendeurs sachent de quoi ils parlent !

      Alors bien sûr, ce n’est là que propos de petit-bourgeois à moitié illettré, et je ne doute pas que les librairies que j’apprécie seront vues avec mépris par d’autres…

  75. Aucours de ma (relativement) longue vie, ayant fréquenté les librairies comme l’ivrogne fréquente les bistrots, j’ai connu des librairies de toutes espèces et de tout poil.

    Certains bien plus savants que moi, véritables oenologues du livre, qui me faisaient découvrir des ouvrages aux saveurs et aux parfums inouï, m’enchantaient d’inoubliables sensations.
    D’autres qui vendent, fort cher, de l’eau plate sentant le chlore, et tentant de la faire passer pour un breuvage divin.
    Signe des temps, ces derniers me paraissent me paraissent être devenus la norme.

    Révérence parler envers l’honnête libraire, accablé par le déluge de « nouveautés » qui deviennent obsolètes à peine déballées, et qui tente tout de même de faire au mieux son métier, séparant le bon grain de l’ivraie autant que faire se peut et considèrant ses clients comme des lecteurs avant d’être des acheteurs (ce qu’ils sont également, bien entendu, il faut bien vivre). Derniers de leurs espèces, j’leur rends hommage.

  76. Christine Angot a été élue à l’Académie Goncourt ( bientôt, l’Académie Française ? ) Moi qui viens de finir la rédaction de mon roman ( et qui me voyais déjà vainqueur 😁 ) je vais devoir réviser mon manuscrit et changer tous mes pronoms « il » « elle », en ielle. Comme diraient certains élèves :  » La flemme « .

    • Mme Angot est tellement centrée sur elle-même et sur son traumatisme (et les conséquences de celui-ci) que je peine à l’imaginer lisant les œuvres d’autrui pour contribuer à décerner ce prix (qu’au moins elle n’aura jamais). Enfin, on en a déjà parlé le Goncourt, c’est le littéraire des non-littéraires et le non-littéraire des littéraires.

  77. En parlant du Goncourt, quelqu’un ici a-t-il lu « Les Bienveillantes » de Jonathan Littell ?
    L’ouvrage m’inspirerait assez mais qu’en penser?
    Merci d’avance.

    • Lu il y a une dizaine d’années et je me souviens ne pas être resté indifférent à cette espèce de danse macabre poussée à son paroxysme. Enfin un roman ambitieux, avec un travail de recherche colossal, traitant d’un sujet hautement délicat. Chef-d’œuvre ? N’exagérons rien, ce n’est pas mal écrit, mais ce n’est pas éblouissant non plus, le style demeure assez plat, sans prises de risque. Le fond plutôt que la forme. Toutefois, en comparaison de la soupe qu’on nous sert à chaque rentrée littéraire, force est de constater que « Les Bienveillantes » se démarque. Il y a quelque chose, mais qui n’égalera jamais les classiques immortels dont on a coutume de parler ici.
      Ce n’est là que mon humble avis. J’imagine que parmi vous d’autres seront bien plus sévères. Reste qu’à côté de Christine Angot, Littell passerait pour un avatar d’Homère, Dante, Shakespeare et Tolstoï réunis.

      • Roman ambitieux, travaillé, bien pensé, bien construit, bien écrit. Après, on peut toujours faire la fine bouche (en cul de poule), mais le Goncourt était mérité (si tant est qu’on accorde une valeur au Goncourt (qui vaut toujours plus qu’un Renaudot, le prix des copains qui récompense des auteurs qui ne sont même plus dans la short list).

        • Franchement, Draak, je ne vois pas ce qu’i peut vous faire penser cela, seriez-vous complotiste ?

          Je puis en témoigner : j’ai figuré quelque temps sur la liste des « renaudantes » (mais pas finaliste), et je puis attester que le fait que mon mentor et directeur littéraire ait été un membre influent du jury ne jouait aucun rôle là-de dans !

          De même, si je fus plusieurs fois invité dans des émissions littéraires sur France Culture, cela ne devait rien, mais absolument rien, au fait, que le même mentor et éditeur (par ailleurs fort estimable écrivain, fin critique, et homme merveilleux) dirigeât l’une d’elles et exerçât quelque influence sur l’autre.
          Je vous interdis d’avoir de mauvaises pensées !

          Idem pour les articles dans la presse…
          Et, débarquant de ma lointaine province (oui, à l’époque la province était une autre planète) et de ma cité ouvrière, grisé par l’ivresse du gars qui a gagné le gros lot au loto national, j’ai eus la naïveté de ne me rendre compte de rien pendant des mois, voire un ou deux ans ! Je jouais un peu le rôle du Schpountz (incarné au cinéma par Fernandel) !

    • L’ai lu également peu après parution, cela fait un paquet d’années. Il est resté dans ma bibliothèque (ce qui est bon signe, selon mes critères personnels, les livres indifférents ressortent aussi vite qu’ils sont entrés).

      Je ne peux que reprendre à mon compte la critique de Thomas Codaccioni. Pas un chef-d’oeuvre stylistique (mais pas non plus pénible à lire ou ennuyeux). Danse macabre effectivement, mais ce n’est pas du Céline, il faut le reconnaître. Livre ambitieux pourtant et documenté sur le fonds.

      J’ajoute qu’il prend un intérêt supplémentaire en regard de l’actualité de la guerre russo-ukrainienne et son arrière-fonds de seconde guerre mondiale, de la « Shoah par balles » sur le front ukrainien, etc.

    • Non, vraiment, ne tentez pas l’expérience, c’est inutile. Je l’ai lu, c’est très mal écrit, car Littell parle peut-être le français, mais il ne possède pas la langue à l »écrit et n’a pas intégré les subtilités de notre belle langue. Si je me souviens bien, Gallimard a du mettre une équipe conséquente pour remanier le manuscrit et que celui-ci soit lisible et obtienne ce fameux prix. Vaut mieux relire Guerre et Paix, au moins cette œuvre nous transporte.

      • Il peut bien tenter l’expérience, après tout, qu’est ce que ça coûte de l’interrompre si ça ne lui plaît pas ? Lisez-le, il y a un passage particulièrement cruel et nauséeux il me semble avec une femme enceinte, si vous ne l’atteignez pas ou s’il vous répugne, vous pouvez lâcher le livre, si vous le surmontez vous irez au bout.
        De mon côté, j’en ai gardé un souvenir qui fut comme le bilan du communisme dans la bouche de Monsieur Georges M., travailleur volontaire chez Messerschmitt puis grand pontife du PCF, « globalement positif ».
        Ma lecture date de sa sortie, en 2006, elle n’est donc hélas plus très fraîche. J’étais alors lecteur d’histoire plus que de littérature – et mon regard s’est probablement plus concentré sur la présentation des faits historiques (ou non) que sur l’alibi narratif – en cela, je juge le lecteur que je fus pas totalement fiable, car trop jeune (et trop sourd, et trop bête, mais cela vous le savez fort bien), pour y avoir senti si fort les défauts stylistiques qu’on lui a attribués ici ou là.
        Mon jugement raisonnablement positif de l’époque a pu venir de ce défaut de sensibilité et d’intelligence, je le concède. En tant que lecteur de textes d’histoire, je me souviens cependant du fait que ce roman m’avait beaucoup intéressé sur le fond, malgré deux agacements : le côté « best of » (ou plutôt « worst of ») qui embarquait Aue, personnage lui-même invraisemblable de nazi francophile et lettré, pervers et malade, à tous les endroits importants du conflit (de Paris à Stalingrad en passant par les camps et les charniers des Einsatzgruppen) et lui faisant rencontrer artificiellement tout le gratin du 3e Reich ; l’histoire incestueuse, qui rajoutait une monstruosité qui m’avait alors paru, à tort ou à raison, une facilité de scénario et de pensée (tandis que les Nazis que je croisais dans les textes historiques me frappaient, tels Frick, Hoess, Eichmann ou les chefs des Einsatzgruppen, car ils manquaient précisément de cette envergure-là). Ce sont les deux points qui me restent en mémoire dans la partie négative de mes impressions d’alors.
        Le positif, c’est qu’il s’agissait d’une fresque ambitieuse sur la monstruosité nationale-socialiste et qu’elle se payait le luxe de toucher un large public en lui plongeant la tête en plein dans les charniers, ce qui est toujours plus difficile à soutenir pour le lectorat dans un roman que devant un bilan statistique, factuel et historique, question d’empathie et de point de vue.
        Toutefois, avais-je raison d’en penser un bien raisonnable ? Ma culture littéraire de provincial inculte était alors plus faible (je ne lis Guerre et Paix qu’en janvier 2007, trois mois plus tard, et Kaputt – autre récit de guerre qui m’a marqué – à l’été suivant). J’avais seulement 24 ans, avec ma tête pas très futfut de lecteur d’essais et de monographies historiques, peut-être le ratage stylistique m’a-t-il échappé comme un vin bouchonné échapperait au palais du buveur béotien ?
        Je n’en sais rien et je dois admettre que je n’ai pas l’envie de relire ce texte, trop présent encore dans ma mémoire (et concurrencé par bien d’autres livres qui m’attendent).
        Pour l’anecdote contextuelle, qui explique parfois beaucoup du souvenir d’une lecture, je me rappelle que je suivais alors une abominable formation professionnelle dans une « école » de c*** finis, à tel point que la perspective de retrouver le soir mes nazis et mon Littell était le seul bonheur de mes journées. C’est vous dire le paysage mental de ma lecture. D’ailleurs le plaisir n’a pas duré très longtemps car je crois bien avoir lu le livre en une grosse semaine à peine.
        J’ai ensuite souvenir, dans cette même formation stupide, d’avoir lu mon premier Pléiade, (« La guerre et la paix »), le premier que j’ai pu me payer avec un salaire, ce Pléiade inaugural qui m’a suivi fidèlement chaque jour, et que je lisais pendant les soporifiques conférences sur des points techniques abscons et (selon moi) sans intérêt.
        Et pour vous rassurer, je suis sorti de cette concasseuse à la limite de la dépression, mais indestructible, car bien convaincu désormais que seuls les livres me seraient un secours dans la vie (ce qui, 17 ans plus tard, est toujours vrai, quoique un drame personnel ait pu me faire tempérer un peu cette opinion).

        • Tous mes remerciements, cher Brumes, pour ce récit d’expérience vécue.
          Gardant cependant à l’esprit la mise en garde de Petitlecteur, que je remercie également en passant, je vais tenter l’aventure.
          Je lirai l’ouvrage plus en historien qu’en littéraire, sans trop me focaliser sur le style. Je ne m’attends certes pas à lire du Conrad…
          Au pire, si ça me rebute au bout de 100 pages, j’aurai juste perdu deux heures de ma vie et 15 euros!

        • Merci, cher nautonier, pour ce compte rendu éclairant et d’une sincérité plutôt rare en matière de lecture… ici et ailleurs, et davantage ailleurs qu’ici.
          Bien cordialement,
          UAPI

  78. Autre actualité dans le Figaro littéraire de ce matin :

    https://www.lefigaro.fr/livres/la-pleiade-les-coulisses-d-une-collection-de-legende-20230301

    A noter :
    – la semi-officialisation du lancement des projets pour Toni Morrison, Gabriel Garcia Marquez, et D. H. Lawrence ;
    – l’annonce d’un volume Aragon (essais) pour 2024 ;
    – pas de projet en cours pour Loti, Rostand, Pagnol ou encore Perrault…
    – mais, belle surprise, l’équipe du projet Erasme est constituée (en espérant cette fois-ci que le projet aboutisse).

    • Excellente nouvelle concernant Morrison, Marquez et Lawrence !

      Pour ma part j’attends avec impatience des nouvelles des volumes Tolkien et Lovecraft et espère, je vais me faire fouetter pour cela, l’annonce de l’arrivée en Pléiade d’auteurs classiques de la Science-Fiction, je pense à Asimov, Clark, Wells, Barjavel, Dick, Herbert, Bradbury, van Vogt, j’en passe et des meilleurs.

      • Tolkien pourrait arriver en premier. Lovecraft n’est pas prévu avant au moins 2025. Herbert ne sera pas pléiadisé comme l’indique le site Gallimard. J’aimerais bien pour Wells, aucune info pour les autres.

        • Pour Herbert, le site de la pléiade indique qu’il n’y aura pas de projet à moyen terme. Je pense être assez jeune pour pouvoir attendre sur le long terme, mais je mise plutôt sur un Tolkien et un Lovecraft qui vont cartonner et pousser Gallimard à publier plus rapidement d’autres auteurs de science fiction et de fantasy.

  79. Bonjour, je conseille vivement la lecture des bienveillantes de Johnatan Littell ainsi que « le sec et l’humide » du même auteur (sorte de livre préparatoire aux bienveillantes). Ce roman raconte la seconde guerre mondiale vue par un Maw Aue, officier allemand tourmenté. C’est effectivement une « danse macabre » comme dit Thomas Codaccioni, qui ne peut pas laisser indifférent et surtout loin des clichés bien-pensants. Il y a un chapitre sur l’œil pinéal qui vaut la peine d’être lu. Petit plus, l’écrivain américain a écrit les bienveillantes directement en français. Je vous souhaite bonne lecture.

    • Merci à vous également pour cette déclaration enthousiaste.
      Avec déjà trois retours globalement positifs, ma décision est prise !

    • Vous avez raison le livre de Littell est fouillé, l’auteur domine son sujet, c’est incontestable, mais par ailleurs ce n’est pas très bien écrit et pour cause, puisque le manuscrit a été repris par une équipe de Gallimard pour que le roman puisse être lisible, mais reste encore quelques scories car si l’auteur parle sans doute bien le français, il ne possède pas les subtilités de l’écrit.

  80. Cher DraaK, merci de cet avis plein de verve et de bon sens.
    Trois librairies strasbourgeoises ayant le volume en stock, je n’aurai que l’embarras du choix.

  81. Acheté hier le volume de Romans de Steinbeck. Le livre en lui même à l’air de très bonne facture (reliure et papier bien souple).
    Quant à l’appareil critique, le volume dispose d’une courte introduction (pas plus de vingt pages à vu d’oeil), et de quelques notes et notices en fin de volume. Si le volume que représente ces notes et notices me semble bien mince je ne peux néanmoins pas encore juger de leurs qualités.

    • C’est en effet un Roto de très bonne facture, il semble que depuis 2020 Aubin ne traite plus que de rares réimpressions.
      Pour ces textes des années 1930, pas besoin de beaucoup de notes explicatives, et ceux qui maîtrisent la langue de Shakespeare trouveront ces textes faciles à lire.
      Je n’aime pas les introductions, celle-ci au moins est courte et conclut avec une virtuosité lycéenne: « Steinbeck n’est pas un réaliste, mais un idéaliste qui espère transformer la vie humaine ».
      Pour la traduction, l’éditeur nous livre son embrouillamini habituel: 3 traductions des années 40-50 de plusieurs traducteurs, révisées pour l’occasion, et une traduction de 2022 de Charles Recoursé pour les Raisins de la colère. 66€ merci messieurs-dames.
      La deuxième phrase de Des souris et des hommes :
      The water is warm too, for it has slipped twinkling over the yellow sands in the
      sunlight before reaching the narrow pool.
      est traduite par:
      « L’eau est tiède aussi, car, avant d’aller dormir en bassin étroit, elle a glissé, miroitante au soleil, sur les sables jaunes ».
      Pourquoi diable cette eau qui atteint (reaching) logiquement le bassin en fin de phrase en anglais, se retrouve à « dormir » en début de phrase en français ? Et pourquoi est-elle miroitante (donc immobile) alors qu’elle devrait être scintillante (twinkling, en mouvement ?).
      Très mauvaise traduction, et la nouvelle traduction de 2022 d’Agnès Desarthe n’est pas bien meilleure (et n’a pas été choisie bien que chez Gallimard).
      La traduction de 2022 de Charles Recoursé pour les Raisins de la colère me semble en revanche moderne et irréprochable, proche du texte d’origine: il eût fallu confier l’ensemble du volume à ce traducteur…

      • Sans compter le contresens majeur sur « warm » : ‘tiède’ (= « tepid » !) au lieu de ‘chaud(e)’. Les traducteurs Gallimard se relisent-ils même, et cas de révision de leur travail, quid custodiet ipsos custodes ?

        • « L’eau est tiède aussi » (nrf, 2022), Agnès Desarthe reproduit également ce contresens de Maurice Edgar Coindreau « est un maître et c’est mon maître » (introduction).
          Il n’y a pourtant qu’un seul impératif avant de coucher un auteur étranger sur papier bible, c’est d’avoir une bonne traduction ou traducteur sous la main… Ce n’est quand même pas une tâche insurmontable pour un éditeur de repérer les traductions médiocres ou pour un « réviseur » d’avouer franchement qu’une vieille traduction n’est plus amendable ? A noter que la première phrase du roman « A few miles south of Soledad », les « milles » de Coindreau sont devenus des… « kilomètres » après révision… (la solution moderne est « miles » – dans le dico)
          De plus, le roman tardif A l’est d’Eden qui conclut ce volume de 4 romans (alors que Steinbeck en a écrit une vingtaine) ajoute ce volume No 666 à la liste de plus en plus longue des florilèges Pléiades, aux dépens des oeuvres complètes.

          • Je ne puis accepter l’absence de « Tortilla Flat », de « Rue de la Sardine » de « Tendre Jeudi » et même, pourquoi pas, de certains reportages et mémoires…

            Après tout, oeuvres « mineures » ou non, il faut savoir si on veut éditer Steinbeck ou non : si c’est oui, alors qu’on en fasse au moins le tour d’horizon.

            Ce Steinbeck hémiplégique, aggravé de l’emplâtre d’une « révision » sur la jambe de bois d’une ancienne traduction, est insupportable. (Tiens, voilà le retour du « vieux grincheux » : cela doit annoncer le printemps !)

      • « C’est curieux chez les traducteurs français ce besoin de faire des phrases »
        (En remplaçant « traducteurs français » par « marins », vous retrouverez une réplique des « Tontons Flingueurs »)
        Ça ne leur passera donc jamais cette manie de vouloir faire « littéraire » ou style noble, quand il faut traduire simplement la simplicité d’un texte en anglais ?

        Encore, au XIXème siècle et premier XXème, les traducteurs français avaient l’excuse de bien maîtriser la langue française et connaître ses subtilités, ce qui donnait au moins un texte de bonne tenue dans la langue de Molière, à défaut d’être scrupuleusement exact.
        Alors que nombre des passeurs d’aujourd’hui ne sont guère à l’aise dans leur langue soi-disant maternelle et multiplient les approximations et les faux-sens. À vouloir traduire plus haut que son… QI !

        C’est bien décourageant tout ça. Moi qui me faisait une joie de ce Steinbeck, me voilà bien dubitatif et peu pressé de débourser mes 66€…
        Quand je pense que certains me traitent de « vieux grincheux », alors que je suis seulement un naïf amoureux trop souvent déçu !

        • Cher ami Domonkos,
          Le problème, en vérité, est le suivant : l’Homo Franciscus déteste les langues vivantes. Lire les allemands dans le texte, oui, d’accord, ce n’est pas si simple. Mais les auteurs anglo-saxons ! Un effort messieurs, sortez votre Harrap’s shorter et transpirez un peu. Lire Bradbury dans le texte, ou Lovecraft ou jack Vance ou même Van Vogt ( que Boris Vian traduisit d’enthousiasme, dixit la quatrième de couverture du monde des À, chez j’ai lu ) c’est un plaisir indicible. J’ai relu récemment  » The illustrated man ». Quel bonheur pour les oreilles ! L’anglais de Bradbury c’est une pastorale d’automne, c’est un tremblement discret d’été, or et brun, c’est un orage d’assonnances et d’acmés tombés du ciel, ambres et gris, filigineux, mystérieux, dévoilant, comme une lumière surprenante, les frayeurs gothiques de l’Americana.

          • Je plaide coupable. Cent fois coupable !

            Voyez-vous, Zino, eussiez-vous écrit votre texte si brillant, dans un autre idiome que celui que j’ai appris à l’école, autrefois (et à l’école d’autrefois), que je n’en aurais pas pigé le quart de la moitié !

            Alas ! Alas ! Alas ! toutes les langues, hormis la mienne, sont pour moi des « langues mortes ». Ou peu s’en faut (au mieux, au stade des soins palliatifs).
            J’ai bien quelque teinture en des parlers étrangers – irréductiblement étrangers – comme le Chinois, le Hongrois, l’Italien, l’Anglais et l’Américain, sans parler du Suisse, du Belge et du Québécois… mais, mon cerveau se cabre et refuse absolument de franchir l’abîme qui me sépare de ce que serait penser et sentir en Chinois, Hongrois, Italien, Anglais, ou tout autre.
            Linguistiquement, je suis un fieffé monogame. Une aventure d’un soir ou d’une saison avec une belle étrangère, oui, mais point d’épousailles !

            J’ai pourtant généré un fils – qui ne doit pas tenir de moi ce talent, pas plus que celui des mathématiques – qui se meut à l’aise en Français de très haute tenue, en Allemand, en Anglais et qui vient de parvenir, en deux ou trois années et par ses propres moyens, à un niveau impressionnant en Japonais, lui permettant de discuter couramment par liaison vidéos avec des Japonais contemporains ou de lire sans heurt Sôseki Natsumé ou Akutagawa Ryonosuke… Il lui reste du chemin à parcourir pour remonter plus haut dans la langue classique et remonter jusqu’à Heian, mais je ne doute pas qu’il y parvienne. Il est vrai que tout paraît possible à quelqu’un qui enseigne la Physique quantique, après tout, si ces êtres là ne sont – paraît-il – pas très différents de nous, ils n’habitent tout de même pas tout à fait le même monde…

          • Il est malheureusement déjà fort difficile de maîtriser sa propre langue. Alors en apprendre d’autres …

          • Bonsoir Rosa Lux,
            J’ai pris, à dessein, l’exemple de la langue anglaise, dont les difficultés ne me semblent pas insurmontables. En plus de Bradbury, je relis également le Don Juan de Byron, oeuvre réputée difficile. Je vous assure qu’un angliciste moyen pourrait fort bien se débrouiller. Je n’ai aucun mérite particulier à lire les auteurs anglo-saxons dans le texte. Et je trouve dommage que l’on s’en prive…

          • Kleinfuge,
            Avant même de parler de style, je pense que l’on devrait parler de musique. Lire Shakespeare en anglais, c’est d’abord entendre une musique… Mais vous me répondrez que la musicalité d’un texte c’est déjà du style.
            Moi qui suis spécialiste en stylisique, je reconnais volontiers que la « musique » est un élément capital dans l’appréciation d’un texte.  » De la musique avant toute chose »… Le reste c’est de la technique.

          • Vos remarques, Zino, sur la musicalité de l’écriture et notamment celle de Shakespeare (encore heureux puisque ses textes devaient être déclamés sur une scène, devant un public !) me vont droit au coeur, alors que, poète raté – ou plutôt, orphelin de la poésie – j’ai toujours cherché à atteindre une prose musicale.

            Problème : quand, comme moi, on prononce la langue anglaise comme… un Français (pour ne pas choquer la sensibilité des vaches espagnoles), comment percevoir cette musique ?
            Encore que, je lis bien plus volontiers Shakespeare dans le texte (avec le secours de la traduction en regard) qu’Henry James, et les mots du grand Will résonnent bien plus en moi que ceux d’Henry James, sans doute pour la raison évoquée plus haut qu’il s’agit d’un texte théâtral.

            C’est un des très rares auteurs que je me surprends parfois, pour de courts passages, à lire directement sans me soucier de le traduire en moi-même. C’est d’une telle évidence ! Et puis, ces textes résonnent dans tant d’esprits humains, tant de pièces, de livres, de films, d’instants de vie, qu’on a l’impression que cette voix ne s’éteint jamais et doit toujours, sans discontinuer, se faire entendre à quelque endroit de la terre.

          • Exemple de musicalité dans Shakespeare, Lady Capulet à Juliette Acte III,v:
            « What, wilt thou wash him from his grave with tears ? »
            « Quoi, tu veux que l’ablution de tes larmes le fasse sortir de sa tombe ? »
            Paradoxalement, le sens et le rythme sont si heurtés en français, que nous consultons l’anglais pour éclaircissement !
            Ces 8 Pléiades shakespeariennes sont très pratiques pour leur mise en page bilingue synchronisée, et assez médiocres pour tout le reste (traduction, appareil scientifique « touristique » et attention aux vilains Aubin).
            Shakespeare est une source infinie de phrases mémorables et précieuses, Steinbeck, en comparaison, est un consommable comme Netflix.
            Better a witty fool than a foolish wit.

          • Valère, Shakespeare n’a pas besoin de faire valoir, pas plus de Steinbeck que d’un autre.
            Et il est profondément injuste de ravaler ce dernier au niveau de Netflix.
            Laissez donc les questions hiérarchiques là où elles s’appliquent le mieux : à la chose militaire.

          • Je parlais évidemment de Steinbeck, l’auteur, et je songeais notamment à ses « Raisins de la Colère » que j’ai relu récemment dans sa nouvelle traduction en collection « du Monde Entier » Gallimard, et non pas du volume Pléiade, que je ne connais pas.
            Je vous remercie tout de même, Valère, d’instruire à charge et à décharge. Cela vous sera compté lorsque vous serez à votre tour jugé (ha ha ha !).

          • Cette nouvelle traduction de Charles Recoursé est la seule nouveauté reprise dans ce Pléiade. Elle est très fluide et précise, de qualité, 25€ bien dépensés pour les 704 pages « Du monde entier ».
            Au tarif d’environ 30€ la page de traduction littéraire (et/ou un % de droits d’auteur), il faut comprendre qu’un Pléiade non recyclé de vieux machins, complètement retraduit, aurait sans doute été vendu au moins 10 euros de plus, sauf à pomper des traductions nouvelles Du monde entier, système très praticable pour un éditeur aux épaules larges comme Gallimard.

          • Bonsoir Valère,
            je lis attentivement vos messages concernant Steinbeck, car mon coeur balance… ou plutôt balançait.
            Je suis allé chez mon libraire cet après-midi, et j’ai pris connaissance de ce fameux volume, objet de tant de ressentiment. Impression négative. Achat repoussé sine die.

            22 pp. d’introduction, d’un intérêt plus qu’incertain, d’après les coups de sonde que j’ai donnés. Puis chronologie, qui m’indiffère totalement. 110 pp. de notices et de notes. Là encore, quel est l’intérêt ? Trop peu pour m’apprendre beaucoup plus que ce que je sais déjà, ou tout amateur de Steinbeck doit savoir. Par conséquent, de peu d’utilité. S’il s’était agi d’aller plus loin dans la connaissance et l’analyse de l’oeuvre et de l’auteur, il aurait fallu bien plus de pages. Mais, cela aurait fait un volume trop épais et trop cher.

            D’où la nécessité qu’il y avait de faire deux volumes de format moyen, avec quelques oeuvres supplémentaires (« Tortilla Flat », « Rue de la Sardine », dont l’absence est inadmissible, et plus si affinités) et un appareil critique correspondant aux standards de la Pléiade (standards qui ressemblent de plus en plus à des prétentions ou des rodomontades).

            Possédant, sous forme de mes chers vieux « Livres de Poche », les anciennes traductions des romans sélectionnés (certes non « révisées » mais je crains le pire en matière de « révision »), et les nouvelles traductions de « Des Souris et des Hommes » (non reprise dans la Pléiade) et de « Les Raisins de la Colère », quel besoin aurais-je de ce volume à 66€ (qui passera à 72€ au 30 juin, et probablement à 75€ au printemps prochain) ?

            Le plaisir tactile et olfactif du cuir ? Je préfère encore celui du cuir des harnachements et de la selle de mon cheval ! Plus vivant, plus sensible, plus émouvant…

            Réservé à ceux qui ont entendu parler de Steinbeck sans l’avoir jamais lu et qui veulent compléter leur culture littéraire américaine classique, et aux collectionneurs souffrant d’une forme aggravée de pléiado-dépendance.

          • Je plussoie vos mauvaises impressions, mais je regrette surtout de ne pas pouvoir faire confiance à cette collection pour me donner les meilleures traductions, fluides en bon français, et fidèles à l’original. La révision de la traduction de 1939 de Coindreau de Des souris et des hommes dans ce Pléiade tout neuf, ajoute au médiocre un saupoudrage supplémentaire d’approximations.
            Il y a 4 révisions dans le premier paragraphe: Milles devient kilomètres, l’eau reste tiède alors qu’elle devrait être chaude, les feuilles inférieures et vert jeune deviennent feuilles basses et vert tendre, et il y a une erreur fatale sur la dernière phrase où le changement des « les » en « des » transforme la syntaxe d’une énumération en une suite de propositions: le sens de l’anglais y est perdu.
            Agnès Désarthe, traductrice du même roman en 2022 mais non sélectionnée en Pléiade, ne fait pas cette grossière erreur, et en deuxième lecture, s’en tire d’une manière honorable.
            Vous avez donc en effet cher Domonkos, déjà en main deux bonnes traductions récentes (quid des autres éditeurs ?) et le cuir vivant de votre cheval, qui rend superfétatoire le cuir Babouot.

      • S’agissant de la traduction de Coindreau, on peut rappeler que le titre qu’il avait proposé pour Grapes of Wrath n’a pas été retenu. Simon Leys a évoqué la chose dans une communication à l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique qu’il avait consacrée à la traduction littéraire :

        … Le titre de Steinbeck, The Grapes of Wrath est malencontreusement devenu Les Raisins de la colère : c’est sous ce titre, en effet, qu’une édition pirate belge avait imposé le livre durant la guerre, obligeant Coindreau à renoncer à la magnifique solution qu’il avait proposée : Le Ciel en sa fureur. En anglais « grapes » possède un solennel écho biblique, dont l’allusion classique au vers de La Fontaine donne finalement le meilleur équivalent possible, tandis que la connotation française de « raisins » (songez aux « vignes du Seigneur ») évoque plutôt un joyeux univers bacchique et rabelaisien…

        Si l’édition pirate dont parle Leys est celle parue en 1942 chez De Kogge à Bruxelles, il commet une erreur, le titre en était Grappes d’amertume.

        Le lien vers le texte intéressant de Leys :

        Cliquer pour accéder à bulletin_1992_lxx_03_04.pdf

        Quant à rendre par un vers de La Fontaine le titre de Steinbeck, cela m’a fait penser à la traduction du cycle romanesque de Proust, À la recherche du temps perdu, par un vers d’un sonnet de Shakespeare, Remembrance of Things Past. Les deux traducteurs, Coindreau et Scott-Moncrieff, nés tous deux à la même époque, semblent avoir partagé le même travers.

        • La traduction initialement prévue par Coindreau et reprise par Simon Leys, évoque bien la « Colère du Ciel » ou bien la Colère Divine, face à l’injustice humaine, c’est-à-dire l’esprit du titre original, inspiré paraît-il à John Steinbeck par une chanson de révolte trouvant elle-même sa source dans la Bible. Coindreau et Leys pensent en trouver l’équivalent dans une Fable de La Fontaine qui parle bien de colère et de punition divine pour les crimes humains.
          Mais l’évocation risquait d’être bien vague et éthérée pour la masse des lecteurs français, beaucoup moins familiers de la Bible que les lecteurs américains. Et La Fontaine « ne fait pas très sérieux » par rapport à un prédicateur du Middle West. Passer du « spirituel » à « l’esprit français » me semble casse-gueule.

          À l’opposé, « Les Raisins de la Colère » est parlant, violent, proche de la réalité vécue, matérielle, terrestre, immédiate… Le raisin n’évoque pas que « le joyeux univers bachique et rabelaisien », mais aussi le sang ainsi que l’atteste le vieil argot « raisiné » qui dans les polars de papa désignaient le sang criminellement versé. Succès garanti !
          Mais, la dimension spirituelle est complètement perdue.

          Je ne rechercherai pas une troisième voie. La sanction de la vox populi qui a donné valeur emblématique au titre du roman (et du film de John Ford), a de toute façon clôt le débat.

          C’est un peu comme si un traducteur snobinard ou maniéré se mêlait de supprimer la classique « Novlangue » et la remplacer par un quelconque « Neoparler » ou je ne sais quoi du même genre… Ah, bon ? On me dit que cela a été fait ! Nous vivons décidément une époque imbécile.

          • Il y a en effet des traductions qui s’imposent. »Novlangue » est une réussite et tout changement me paraît être un appauvrissement.
            On a aussi rendu « The Taming of the Shrew » par « Le dressage de la rebelle » alors que « La Mégère apprivoisée » s’est imposé depuis longtemps.
            Ces innovations suspectes et inutiles me font sourire ou pleurer selon mon humeur du jour.

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