La Bibliothèque de la Pléiade

Version du 30 octobre 2015

Version du 19 février 2016

Version du 29 mars 2016

En décembre 2013, j’écrivis une modeste note consacrée à la politique éditoriale de la célèbre collection de Gallimard, « La Bibliothèque de la Pléiade », dans laquelle je livrais quelques observations plus ou moins judicieuses à ce propos. Petit à petit, par l’effet de mon bon positionnement sur le moteur de recherche Google et du manque certain d’information officielle sur les prochaines publications, rééditions ou réimpressions de la collection, se sont agrégés, dans la section « commentaires » de cette chronique, de nombreux amateurs. Souvent bien informés – mieux que moi – et décidés à partager les informations dont Gallimard est parfois avare, ils ont permis à ce site de proposer une des meilleures sources de renseignement officieuses à ce sujet. Comme le fil de discussions commençait à être aussi dense que long (près de 100 commentaires), et donc difficile à lire pour de nouveaux arrivants, j’ai pensé qu’il pourrait être intéressant, pour les nombreuses personnes qui trouvent mon blog par des requêtes afférentes à la « Pléiade », que toutes les informations soient regroupées sur cette page. Les commentaires y sont ouverts et, à l’exception de ce chapeau introductif, les informations seront mises à jour régulièrement. Les habitués de l’autre note sont invités à me signaler oublis ou erreurs, j’ai mis un certain temps à tout compiler, j’ai pu oublier des choses.

Cette page, fixe, ne basculera pas dans les archives du blog et sera donc accessible en permanence, en un clic, dans les onglets situés en dessous du titre du site.

Je tiens à signaler que ce site est indépendant, que je n’ai aucun contact particulier avec Gallimard et que les informations ici reprises n’ont qu’un caractère officieux et hypothétique (avec divers degrés de certitude, ou d’incertitude, selon les volumes envisagés). Cela ne signifie pas que l’information soit farfelue : l’équipe de la Pléiade répond aux lettres qu’on lui adresse ; elle diffuse aussi au compte-gouttes des informations dans les médias ou sur les salons. D’autre part, certains augures spécialistes dans la lecture des curriculums vitae des universitaires y trouvent parfois d’intéressantes perspectives sur une publication à venir. Le principe de cette page est précisément de réunir toutes ces informations éparses en un seul endroit.

J’y inclus aussi quelques éléments sur le patrimoine de la collection (les volumes « épuisés » ou « indisponibles ») et, à la mesure de mes possibilités, sur l’état des stocks en magasin (c’est vraiment la section pour laquelle je vous demanderai la plus grande bienveillance, je le fais à titre expérimental : je me repose sur l’analyse des stocks des libraires indépendants et sur mes propres observations). Il faut savoir que Gallimard édite un volume en une fois, écoule son stock, puis réimprime. D’où l’effet de yo-yo, parfois, des stocks, à mesure que l’éditeur réimprime (ou ne réimprime pas) certains volumes. Les tirages s’épuisent parfois en huit ou dix ans, parfois en trente ou quarante (et ce sont ces volumes, du fait de leur insuccès, qui deviennent longuement « indisponibles » et même, en dernière instance, « épuisés »).

Cette note se divise en plusieurs sections, de manière à permettre à chacun de se repérer plus vite (hélas, WordPress, un peu rudimentaire, ne me permet pas de faire en sorte que vous puissiez basculer en un clic de ce sommaire vers les contenus qu’ils annoncent) :

I. Le programme à venir dans les prochains mois

II. Les publications possibles ou attendues ; les séries en cours

III. Les volumes « épuisés »

IV. Les rééditions

V. Les volumes « indisponibles provisoirement »

VI. Les volumes « en voie d’indisponibilité »

Cette page réunit donc des informations sur le programme et le patrimoine de la collection.

Les mises à jour correspondent à un code couleur, indiqué en ouverture de note (ce qui évite à l’habitué de devoir tout relire pour trouver mes quelques amendements). La prochaine mise à jour aura lieu dans quelques temps, lorsque le besoin s’en fera sentir.

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I. Le programme à venir dans les prochains mois

Le programme du premier semestre 2016 est officiellement connu et publié sur le site officiel.

->Henry James : Un Portrait de femme et autres romans. Après la publication des Nouvelles complètes, Gallimard décide donc de proposer plusieurs romans de l’épais corpus jamesien. Le volume comprend quatre romans : Roderick Hudson (1876), Les Européens (1878), Washington Square (1880) et Portrait de femme (1881). La perspective de publication semble à la fois chronologique et thématique. Elle n’est pas intégrale puisque sont exclus trois romans contemporains du même auteur : Le Regard aux aguets (1871), L’Américain (1877) et Confiance (1879). En cas de succès, il paraît probable que ce volume soit néanmoins suivi d’un ou deux autres, couvrant la période 1886-1905.

On peut imaginer que le(s) volume(s) à venir comprendra/comprendront Les Bostoniennes, Ce que savait Maisie, Les Ambassadeurs, Les Ailes de la Colombe ou La Coupe d’Or, mais comme certains de ces ouvrages ont été retraduits, fort récemment, par Jean Pavans, il est difficile d’établir avec certitude ce que fera la maison Gallimard du reste de l’œuvre. La solution la plus cohérente serait de publier deux autres tomes (voire trois…).

->Mario Vargas Llosa : Œuvres romanesques I et II. M. Vargas Llosa a beaucoup publié, souvent d’épais romans (ou mémoires – comme le très recommandable Le Poisson dans l’eau). La Pléiade ne proposera qu’une sélection de huit romans parmi la vingtaine du corpus. Le premier tome couvre la période 1963-1977 et comprend La Ville et les chiens (1963), La Maison verte (1965), Conversation à La Cathedral » (1969) et La Tante Julia et le scribouillard (1977). Le deuxième tome s’étend de 1981 à 2006 et a retenu La Guerre de la fin du monde (1981), La Fête au bouc (2000), Le Paradis un peu plus loin (2003) et Tours et détours de la vilaine fille (2006).

Il faut noter l’absence des Chiots, de l’Histoire de Mayta et de Lituma dans les Andes, ainsi que des derniers romans parus. De ce que je comprends de l’entretien donné par M. Vargas Llosa au Magazine Littéraire (février 2016), cette sélection a été faite voici dix ans. Cela peut expliquer quelques lacunes. Entre autres choses, le Nobel 2010 de littérature dit aussi que, pour lui, féru de littérature française et amateur de la Bibliothèque de la Pléiade depuis les années 50, il fut plus émouvant de savoir qu’il entrerait dans cette collection que de se voir décerner le Nobel de littérature. Il faut dire qu’à la Pléiade, pour une fois, il précède son vieux rival Garcia Marquez – dont les droits sont au Seuil.

-> en coffret, les deux volumes des Œuvres complètes de Jorge Luis Borges, déjà disponibles à l’unité.

-> Jules Verne (III)Voyage au centre de la terre et autres romans. L’œuvre de Verne a fait l’objet de deux volumes en 2012 ; un troisième viendra donc les rejoindre, signe que cette publication, un peu contestée pourtant, a eu du succès. Quatre romans figurent dans ce tome : Voyage au centre de la terre (1864) ; De la terre à la lune (1865) ; Autour de la lune (1870) et, plus étonnant, Le Testament d’un excentrique (1899), un des derniers romans de l’auteur – où figure en principe une sorte de jeu de l’oie, avec pour thème les États-Unis d’Amérique (qui ne sera peut-être pas reproduit).

Un quatrième tome est-il envisagé ? Je ne sais.

-> Shakespeare, Comédies II et III (Œuvres complètes VI et VII). Gallimard continue la publication des œuvres complètes du Barde en cette année du quatre centième anniversaire de sa mort. L’Album de la Pléiade lui sera également consacré. C’est une parution logique et que nous avions, ici même, largement anticipée (ce « nous » n’est pas un nous de majesté, mais une marque de reconnaissance envers les commentateurs réguliers ou irréguliers de cette page, qui proposent librement leurs informations ou réflexions à propos de la Pléiade).

Le tome II des Comédies (VI) comprend Les Joyeuses épouses de Windsor, Beaucoup de bruit pour rien, Comme il vous plaira, La Nuit des rois, Mesure pour mesure, et Tout est bien qui finit bien.

Le tome III des Comédies (VII) comprend Troïlus et Cressida, Périclès, Cymbeline, Le Conte d’hiver, La Tempête et Les Deux Nobles Cousins.

J’ai annoncé un temps que les poèmes de Shakespeare seraient joints au volume VII des Œuvres complètes, ce ne sera pas le cas. Ils feront l’objet d’un tome VIII, à venir. Ce corpus de poésies étant restreint (moins de 300 pages, ce me semble, dans l’édition des années 50, déjà enrichie de divers essais et textes sur l’œuvre), il est probable qu’il sera accompagné d’un vaste dossier documentaire, comme Gallimard l’a fait pour les rééditions Rimbaud et Lautréamont, ou pour la parution du volume consacré à François Villon.

Le programme du second semestre 2016 a filtré ici ou là, via des « agents » commerciaux ou des vendeurs de Gallimard. Nous pouvons l’annoncer ici avec une relative certitude.

-> Après Sade et Cervantès, le tirage spécial sera consacré à André Malraux, mort voici quarante ans. Il reprendra La Condition humaine, et, probablement les romans essentiels de l’écrivain (L’Espoir, La Voie royale, Les Conquérants). Ces livres sont dispersés actuellement dans les deux premiers des six volumes consacrés à Malraux.

Je reste, à titre personnel, toujours aussi dubitatif à l’égard de cette sous-collection.

–> Premiers Écrits chrétiens, dont le maître d’œuvre est Bernard Pouderon ; selon le site même de la Pléiade, récemment et discrètement mis à jour, le contenu du volume sera composé des textes de divers apologistes chrétiens, d’expression grecque ou latine : Hermas, Clément de Rome, Athénagore d’Athènes, Méliton de Sardes, Irénée de Lyon, Tertullien, etc. Ce volume  n’intéressera peut-être que modérément les plus littéraires d’entre nous ; il pérennise toutefois la démarche éditoriale savante poursuivie avec les Premiers écrits intertestamentaires ou les Écrits gnostiques.

Pour l’anecdote, Tertullien seul figurait déjà à la Pléiade italienne, dans un épais et coûteux volume ; ici, il n’y aura bien évidemment qu’une sélection de ses œuvres.

–> Certains projets sont longuement mûris, parfois reportés, et souvent attendus des années durant par le public de la collection. D’autres, inattendus surprennent ; à peine annoncés, les voici déjà publiés. C’est le cas, nous nous en sommes faits l’écho ici-même, de Jack London. Dès cet automne, deux volumes regrouperont les principaux de ses romans, dont, selon toute probabilité Croc-blanc, L’Appel de la forêt et Martin Eden. Le programme précis des deux tomes n’est pas encore connu.

L’entrée à la Pléiade de l’écrivain américain a suscité un petit débat entre amateurs de la collection, pas toujours convaincus de la pertinence de cette parution, alors que deux belles intégrales existent déjà, chez Robert Laffont (coll. Bouquins) et Omnibus.

-> enfin, s’achèvera un très long projet, la parution des œuvres de William Faulkner, entamée en 1977, et achevée près de quarante ans plus tard. Avec la parution des Œuvres romanesques V, l’essentiel de l’œuvre de Faulkner sera disponible à la Pléiade. Ce volume contiendra probablement La Ville, Le Domaine, Les Larrons ainsi que quelques nouvelles.

Comme souvent, la Pléiade fait attendre très longtemps son public ; mais enfin, elle est au rendez-vous, c’est bien là l’essentiel.

Cette année 2016 est assez spéciale dans l’histoire de la Pléiade, car neuf volumes sur dix sont des traductions, ce qui est un record ; l’album est également consacré à un écrivain étranger, ce qui n’est pas souvent arrivé (Dostoïevski en 1975, Carroll en 1990, Faulkner en 1995, Wilde en 1996, Borges en 1999, les Mille-et-une-nuits en 2005).

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Le domaine français fera néanmoins son retour en force en 2017, avec la parution (selon des sources bien informées) de :

-> Perec, Œuvres I et II. Georges Perec ferait également l’objet de l’Album de la Pléiade. Voici quelques années déjà que l’on parle de cette parution. Des citations de Georges Perec ont paru dans les derniers agendas, M. Pradier m’avait personnellement confirmé en 2012 que les volumes étaient en cours d’élaboration pour 2013/14 ; il est donc grand temps qu’ils paraissent.

Que contiendront-ils ? L’essentiel de l’œuvre romanesque, selon toute vraisemblance (La Disparition, La vie, mode d’emploi, Les Choses, W ou le souvenir d’enfance, etc.). Le Condottiere, ce roman retrouvé par hasard récemment y sera-t-il ? Je ne le sais pas, mais c’est possible (et c’est peut-être même la raison du retard de parution).

-> Tournier, Œuvres (I et II ?). Michel Tournier l’avait confirmé lui-même ici ou là, ses œuvres devaient paraître d’ici la fin de la décennie à la Pléiade. Sa mort récente peut avoir « accéléré » le processus ; preuve en est que Pierre Assouline, très au fait de la politique de la maison Gallimard, a évoqué, sur son site et dans son hommage à l’auteur, la parution pour 2016 de ces deux volumes. Il s’est peut-être un peu trop avancé, mais selon nos informations, un volume (au moins) paraîtrait au premier semestre 2017 (ou bien les deux ? rien n’est certain à cet égard), ce qu’Antoine Gallimard a confirmé au salon du livre.

-> Quand on aime la Pléiade, il faut être patient. Après dix-sept ans d’attente, depuis la parution du premier volume, devrait enfin sortir des presses le tome Nietzsche II. Cette série a été ralentie par les diverses turpitudes connues par les éditeurs du volume. La direction de ce tome, et du suivant, est assurée par Marc de Launay et Dorian Astor.

Cela fait quatre ou cinq tomes, soit l’essentiel du premier semestre. D’autres volumes sont attendus, mais sans certitude, pour un avenir proche, peut-être au second semestre 2016 :

-> Flaubert IV : la série est en cours (voir plus bas), le volume aurait été rendu à l’éditeur. On évoquait ici-même sa parution pour 2015.

-> Nimier, Œuvres. Je n’oublie pas que l’Agenda 2014 arborait une citation de Nimier, ce qui indique une parution prochaine.

-> Beauvoir, Œuvres autobiographiques. Ce projet se confirme d’année en année : annoncé par les représentants Gallimard vers 2013-2014, il est attesté par la multiplication des mentions de Simone de Beauvoir dans l’agenda 2016 (cinq, dans « La vie littéraire voici quarante ans », qui ouvre le volume). Gallimard est coutumier du fait : il communique par discrètes mentions d’auteurs inédits, dans les agendas, que les pléiadologues décryptent comme, jadis, les kremlinologues analysaient le positionnement des hiérarques soviétiques lors des défilés du 1er mai.

-> Leibniz : un volume d’Œuvres littéraires et philosophiques s’est vu attribuer un numéro d’ISBN (cf. sur Amazon). C’est un projet qui avait été évoqué dans les années 80, mais plus rien n’avait filtré le concernant depuis. Je n’ai (toujours) pas trouvé de mention de ce volume dans des CV d’universitaires. Comme pour Nietzsche II, je tiens cette sortie pour possible (ISBN oblige) mais encore incertaine. Cependant, le site Amazon indique une parution au 1er mars… 1997 : n’est-ce pas là, tout simplement, un vieux projet avorté, et dont l’ISBN n’a jamais été annulé ? À bien y réfléchir, l’abandon est tout à fait plausible.

-> D’autres séries sont en cours et pourraient être complétées : Brontë III, Stevenson III, Nabokov III, la Correspondance de Balzac III. D’autres séries, en panne, ne seront pas plus complétées en 2016 que les années précédentes (cf. plus bas) : Vigny III, Luther II, la Poésie d’Hugo IV et V, les Œuvres diverses III de Balzac, etc.

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II. Les publications possibles ou attendues ; les séries en cours

a) Nouveaux projets et rééditions

Les volumes que je vais évoquer ont été annoncés ici ou là, par Gallimard. Si dix nouveaux volumes de la Pléiade paraissent chaque année, vous le constaterez, la masse des projets envisagés énumérés ci-dessous nous mène bien au-delà de 2020.

–> un choix de Correspondance de Sade ;

–> les œuvres romanesques de Philip Roth, en deux volumes ; une mention de Roth, dans l’agenda 2016, atteste que ce projet est en cours.

–> l’Anthologie de la poésie américaine ; les traducteurs y travaillent depuis un moment ;

–> une nouvelle édition des œuvres de Descartes et de la Poésie d’Apollinaire (direction Étienne-Alain Hubert) ; Jean-Pierre Lefebvre travaille en ce moment sur une retraduction des œuvres de Kafka, une nouvelle édition est donc à prévoir (les deux premiers tomes seulement ? les quatre ?) ; une nouvelle version de L’Histoire de la Révolution française, de Jules Michelet est en cours d’élaboration également ;

–> Une autre réédition qui pourrait bien être en cours, c’est celle des œuvres de Paul Valéry, qui entreront l’an prochain dans le domaine public ; certains indices dans le Paul Valéry : une Vie, de Benoît Peeters, récemment paru en poche, peuvent nous en alerter ; la réédition des Cahiers, autrefois épuisés, n’est certes pas un « bon » signe (cela signifie que Gallimard ne republiera pas de version amendée d’ici peu – ce qui ne serait pourtant pas un luxe, l’édition étant ancienne, partielle et, admettons-le, peu accessible) ; en revanche, les Œuvres pourraient faire l’objet d’une révision, comme l’ont été récemment les romans de Bernanos ou les pièces et poèmes de Péguy. La publication de la Correspondance de Valéry pourrait être une excellente idée, d’un intérêt certain – mais c’est là seulement l’opinion du Lecteur (Valéry y est plus vif, moins sanglé que dans ses œuvres).

–> Tennessee Williams, probablement dirigée par Jean-Michel Déprats ; une mention discrète dans l’agenda 2016 tend à confirmer cette parution à venir ;

–> Blaise Cendrars, un troisième volume, consacré à ses romans (les deux premiers couvraient les écrits autobiographiques) ; selon le CV de Mme Le Quellec, collaboratrice de cette édition, ce volume paraîtrait en 2017 ;

–> George Sand : une édition des œuvres romanesques serait en cours ; l’équipe est constituée.

–> De même, Michel Onfray a évoqué par le passé, dans un entretien, l’éventuelle entrée d’Yves Bonnefoy à la Pléiade. Ce projet est littérairement crédible, d’autant plus que l’Agenda 2016 cite plusieurs fois Bonnefoy. Je suppose qu’il s’agira d’Œuvres poétiques complètes, ne comprenant pas les nombreux ouvrages de critique littéraire. Quelque aventureux correspondant a posé franchement la question auprès de Gallimard, qui lui a répondu que Bonnefoy était bien en projet.

-> Il faut également s’attendre à l’entrée à la Pléiade du médiéviste Georges Duby. Une information avait filtré en ce sens dans un numéro du magazine L’Histoire ; cette évocation dans l’agenda, redoublée, atteste de l’existence d’un tel projet. J’imagine plutôt cette parution en un tome (ou en deux), comprenant plusieurs livres parmi Seigneurs et paysans, La société chevaleresque, Les Trois ordres, Le Dimanche de Bouvines, Guillaume le Maréchal, et Mâle Moyen Âge.

-> Le grand succès connu par le volume consacré à Jean d’Ormesson (14 000 exemplaires vendus en quelques mois) donne à Gallimard une forme de légitimité pour concevoir un second volume ; les travaux du premier ayant été excessivement vite (un ou deux ans), il est possible de voir l’éditeur publier ce deuxième tome dès 2017…

-> Jean-Yves Tadié a expliqué, en 2010, dans le Magazine littéraire, qu’il s’occupait d’une édition de la Correspondance de Proust en deux tomes. Cette perspective me paraît crédible et point trop ancienne. À confirmer.

–> Textes théâtraux du moyen âge ; en deux volumes, j’en parle plus bas, c’est une vraie possibilité, remplaçant Jeux et Sapience, actuellement « indisponible ». La nouvelle édition, intitulée Théâtre français du Moyen Âge est dirigée par J.-P.Bordier.

–> Soseki ; le public français connaît finalement assez mal ce grand écrivain japonais ; pourtant sa parution en Pléiade, une édition dirigée par Alain Rocher, est très possible. Elle prendra deux volumes, et les traductions semblent avoir été rendues.

–> Si son vieux rival Mario Vargas Llosa vient d’avoir les honneurs de la collection, cela ne signifie pas que Gabriel Garcia Marquez soit voué à en rester exclu. Dans un proche avenir, la Pléiade pourrait publier une sélection des principaux romans de l’écrivain colombien.

–>Enfin, et c’est peut-être le scoop de cette mise à jour, selon nos informations, officieuses bien entendu, il semblerait que les Éditions de Minuit et Gallimard aient trouvé un accord pour la parution de l’œuvre de Samuel Beckett à la Pléiade, un projet caressé depuis longtemps par Antoine Gallimard. Romans, pièces, contes, nouvelles, en français ou en anglais, il y a là matière pour deux tomes (ou plus ?). Il nous faut désormais attendre de nouvelles informations.

Cette première liste est donc composée de volumes dont la parution est possible à brève échéance (d’ici 2019).

Je la complète de diverses informations qui ont circulé depuis trente ans sur les projets en cours de la Pléiade : les « impossibles » (abandonnés), les « improbables » (suspendus ou jamais mis en route), « les possibles » (projet sérieusement évoqué, encore récemment, mais sans attestation dans l’Agenda et sans équipe de réalisation identifiée avec certitude).

A/ Les (presque) impossibles

-> Textes philosophiques indiens fondamentaux ; une édition naguère possible (le champ indien a été plutôt enrichi en 20 ans, avec le Ramayana et le Théâtre de l’Inde Ancienne), mais plutôt risquée commercialement et donc de plus en plus incertaine dans le contexte actuel. Zéro information récente à son sujet.

–> Xénophon ; cette parution était très sérieusement envisagée à l’époque du prédécesseur de M. Pradier, arrivé à la direction de la Pléiade en 1996 ; elle a été au mieux suspendue, au pire abandonnée.

–> Écrits Juifs (textes des Kabbalistes de Castille) ; très improbable en l’état économique de la collection.

–> Mystiques médiévaux ; aucune information depuis longtemps.

–> Maître Eckhart ; la Pléiade doit avoir renoncé, d’autant plus que j’ai noté la parution, au Seuil, cet automne 2015, d’un fort volume de 900 pages consacré aux sermons, traités et poèmes de Maître Eckhart ; projet abandonné.

–> Joanot Martorell ; le travail accompli sur Martorell a été basculé en « Quarto », un des premiers de la collection ; la Pléiade ne le publiera pas, projet abandonné.

–> Chaucer ; projet abandonné de l’aveu de son maître d’œuvre (le travail réalisé par les traducteurs a pu heureusement être publié, il est disponible via l’édition Bouquins, parue en 2010).

-> Vies et romans d’Alexandre est un volume qui a été évoqué depuis vingt-cinq ans, sans résultat tangible à ce jour. Jean-Louis Bacqué-Grammont et Georges Bohas étaient supposés en être les maîtres d’œuvre. Une mention récente dans Parole de l’orient (2012) laisse à penser que le projet a été abandonné. En effet, une partie des traductions a paru en 2009 dans une édition universitaire et l’auteur de l’article explique que ce « recueil était originellement prévu pour un ouvrage collectif devant paraître dans la Pléiade ». C’est mauvais signe.

Ces huit volumes me paraissent abandonnés.

B/ Les improbables

–> Aimé Césaire, Léon Gontran Damas et Léopold Sedar Senghor ; ce tome était attendu pour 2011 ou 2012, le projet semble mettre un peu plus de temps que prévu. Selon quelques informations recueillies depuis, il semble que, malgré l’effet d’annonce, la réalisation ce volume n’a jamais été vraiment lancée.

–> Saikaku ; quelques informations venues du traducteur, M. Struve, informations vieilles maintenant de dix ans ; notre aruspice de CV, Geo, est pessimiste, du fait du changement opéré dans l’équipe de traduction en cours de route.

–> Carpentier ; cela commence à faire longtemps que ce projet est en cours, trop longtemps (plus de quinze ans que Gallimard l’a évoqué pour la première fois). Carpentier est désormais un peu oublié (à tort). Ce projet ne verra probablement pas le jour.

–> Barrès ; peu probable, rien ne l’a confirmé ces derniers temps…

–> la perspective de la parution d’un volume consacré à Hugo von Hofmannsthal avait été évoquée dans les années 90 (par Jacques Le Rider dans la préface d’un Folio). La Pochothèque et l’Arche se sont occupés de republier l’écrivain autrichien. Cette parution me paraît abandonnée.

–> En 2001, Mme Naudet s’est chargée du catalogage des œuvres de Pierre Guyotat en vue d’une possible parution à la Pléiade. Je ne pense pas que cette réflexion, déjà ancienne, ait dépassé le stade de la réflexion. Gallimard a visiblement préféré le sémillant d’Ormesson au ténébreux Guyotat.

-> Voici quelques années, M. Pradier, le directeur de la collection avait évoqué diverses possibilités pour la Pléiade : Pétrarque, Leopardi et Chandler. Ce n’étaient là que pistes de réflexions, il n’y a probablement pas eu de suite. Un volume Pétrarque serait parfaitement adapté à l’image de la collection et son œuvre y serait à sa place. Je ne sais pas si la perspective a été creusée. Boccace manque aussi, d’ailleurs. Pour Leopardi, le fait qu’Allia n’ait pas réussi à écouler le Zibaldone et la Correspondance (bradée à 25€ désormais) m’inspirent de grands doutes. Le projet serait légitime, mais je suis pessimiste – ce qui est logique en parlant de l’infortuné poète bossu. Enfin, Chandler a fait l’objet depuis d’un Quarto, et même s’il est publié aux Meridiani (pléiades italiens), je ne crois pas à sa parution en Pléiade.

Ces neuf volumes me paraissent incertains. Abandon possible (ou piste de réflexion pas suivie).

C/ Les plausibles

–> Nathaniel Hawthorne ; à la fois légitime (du fait de l’importance de l’auteur), possible (du fait du tropisme américain de la Pléiade depuis quelques années) et annoncé par quelques indiscrétions ici ou là. On m’a indiqué, parmi l’équipe du volume, les possibles participations de M. Soupel et de Mme Descargues.

-> Le projet de parution d’Antonin Artaud à la Pléiade a été suspendu au début des années 2000, du fait des désaccords survenus entre la responsable du projet éditorial et les ayants-droits de l’écrivain ; il devrait entrer dans le domaine public au 1er janvier 2019 et certains agendas ont cité Artaud par le passé ; un projet pourrait bien être en cours, sinon d’élaboration, tout du moins de réflexion.

–> Romain Gary, en deux tomes, d’ici la fin de la décennie.

–> Kierkegaard ; deux volumes, traduits par Régis Boyer, maître ès-Scandinavie ; on n’en sait pas beaucoup plus et ce projet est annoncé depuis très longtemps.

–> Jean Potocki ; la découverte d’un second manuscrit a encore ralenti le serpent de mer (un des projets les plus anciens de la Pléiade à n’avoir jamais vu le jour).

–> Thomas Mann ; il faudrait de nouvelles traductions, et les droits ne sont pas chez Gallimard (pas tous en tout cas) ; Gallimard attend que Mann tombe dans le domaine public (une dizaine d’années encore…), selon la lettre que l’équipe de la Pléiade a adressé à un des lecteurs du site.

–> Le dit du Genji, informations contradictoires. Une nouvelle traduction serait en route.

–> Robbe-Grillet : selon l’un de nos informateurs, le projet serait au stade de la réflexion.

–> Huysmans : Michel Houellebecq l’a évoqué dans une scène son dernier roman, Soumission ; le quotidien Le Monde a confirmé que l’écrivain avait été sondé pour une préface aux œuvres (en un volume ?) de J.K.Huysmans, un des grands absents du catalogue. Le projet serait donc en réflexion.

–> Ovide : une nouvelle traduction serait prévue pour les années à venir, en vue d’une édition à la Pléiade.

–> « Tigrane », un de nos informateurs, a fait état d’une possible parution de John Steinbeck à la Pléiade. Information récente et à confirmer un jour.

–> Calvino, on sait que la veuve de l’écrivain a quitté le Seuil pour Gallimard en partie pour un volume Pléiade. Édition possible mais lointaine.

–> Lagerlöf, la Pléiade n’a pas fermé la porte, et un groupe de traducteurs a été réuni pour reprendre ses œuvres. Édition possible mais lointaine.

Enfin, j’avais exploré les annonces du catalogue 1989, riche en projets, donc beaucoup ont vu le jour. Suivent ceux qui n’ont pas encore vu le jour (et qui ne le verront peut-être jamais) – reprise d’un de mes commentaires de la note de décembre 2013.

– Akutagawa, Œuvres, 1 volume (le projet a été abandonné, vous en trouverez des « chutes » ici ou là)
Anthologie des poètes du XVIIe siècle, 1 volume (je suppose que le projet a été fondu et  dans la réfection de l’Anthologie générale de la poésie française ; abandonné)
Cabinet des Fées, 2 volumes (mes recherches internet, qui datent un peu, m’avaient laissé supposer un abandon complet du projet)
– Chénier, 1 volume, nouvelle édition (abandonné, l’ancienne édition est difficile à trouver à des tarifs acceptables – voir plus bas)
Écrits de la Mésopotamie Ancienne, 2 volumes (probablement abandonné, et publié en volumes NRF « Bibliothèque des histoires » – courants et néanmoins coûteux, dans les années 90)
– Kierkegaard, Œuvres littéraires et philosophiques complètes, 3 volumes (serpent de mer n°1)
– Laforgue, Œuvres poétiques complètes, 1 volume (abandonné, désaccord avec le directeur de l’ouvrage, le projet a été repris, en 2 coûteux volumes, par L’Âge d’Homme)
– Leibniz, Œuvres, 3 volumes : un ISBN attribué à un volume Leibniz a récemment été découvert. Les possibilités d’édition de Leibniz dans la Pléiade, avec une envergure moindre, sont donc remontées.
– Montherlant, Essais, Volume II (voir plus bas)
Moralistes français du XVIIIe siècle, 2 volumes (aucune information récente, abandonné)
Orateurs de la Révolution Française, volume II (mis en pause à la mort de François Furet… en 1997 ! et donc abandonné)
– Potocki, Manuscrit trouvé à Saragosse, 1 volume (serpent de mer n°1 bis)
– Chunglin Hsü, Roman de l’investiture des Dieux, 2 volumes (pas de nouvelles, le dernier roman chinois paru à la Pléiade, c’était Wu Cheng’en en 1991, je penche pour l’abandon du projet)
– Saïkaku, Œuvres, 2 volumes (cas exploré plus haut)
– Sôseki, Œuvres, 2 volumes (cas exploré plus haut)
– Tagore, Œuvres, 2 volumes (le projet a été officiellement abandonné)
Théâtre Kabuki, 1 volume (très incertain, aucune information à ce sujet)
Traités sanskrits du politique et de l’érotique (Arthasoutra et Kamasoutra), 1 volume (idem)
– Xénophon, Œuvres, 1 volume (évoqué plus haut)

b) Les séries en cours :

Attention, je n’aborde ici que les séries inédites. J’évoque un peu plus bas, dans la section IV-b, le cas des séries en cours de réédition, soit exhaustivement : Racine, La Fontaine, Vigny, Balzac, Musset, Marivaux, Claudel, Shakespeare et Flaubert.

Aragon : l’éventualité de la publication un huitième volume d’œuvres, consacré aux écrits autobiographiques, a pu être discutée ; elle est actuellement, selon toute probabilité, au stade de l’hypothèse.

Aristote : le premier tome est sorti en novembre 2014, sans mention visuelle d’un quelconque « Tome I ». Le catalogue parle pourtant d’un « tome I », mais il a déjà presque un an, l’éditeur a pu changer d’orientation depuis. La suite de cette série me paraît conditionnelle et dépendante du succès commercial du premier volume. Néanmoins, les maîtres d’œuvre évoquent, avec certitude, la parution à venir des tomes II et III et l’on sait désormais que Gallimard ne souhaite plus numéroter ses séries qu’avec parcimonie. Il ne faut pas être pessimiste en la matière, mais prudent. En effet, la Pléiade a parfois réceptionné les travaux achevés d’éditeurs pour ne jamais les publier (cas Luther, voir quelques lignes plus bas).

Brecht : l’hypothèse d’une publication du Théâtre et de la Poésie, née d’annonces vieilles de 25 ans, est parfaitement hasardeuse. La mode littéraire brechtienne a passé et l’éditeur se contentera probablement d’un volume bizarre d’Écrits sur le théâtre. Dommage qu’un des principaux auteurs allemands du XXe siècle soit ainsi mutilé.

Brontë :  Premier volume en 2002, deuxième en 2008, il en reste un, Shirley-Villette. Il n’y a pas beaucoup d’information à ce sujet, mais le délai depuis le tome 2 est normal, il n’y a pas d’inquiétude à avoir pour le moment. La traduction de Villette serait achevée.

Calvin : L’Institution de la religion chrétienne est absent du tome d’Œuvres. Aucun deuxième volume ne semble pourtant prévu.

Cendrars : voir plus haut, un volume de Romans serait en cours de préparation.

Écrits intertestamentaires : un second volume, dirigé par Marc Philonenko, serait en chantier, et quelques traductions déjà achevées.

Giraudoux : volume d’Essais annoncé au début des années 90. Selon Jacques Body, maître d’œuvre des trois volumes, et que j’ai personnellement contacté, ce quatrième tome n’est absolument pas en préparation. Projet abandonné.

Gorki : même situation que Brecht et Faulkner, réduction de voilure du projet depuis son lancement. Suite improbable.

Green : je l’évoque plus bas, dans les sections consacrées aux volumes « indisponibles » et aux volumes en voie d’indisponibilité. Les perspectives de survie de l’œuvre dans la collection sont plutôt basses. Aucun tome IX et final ne devrait voir le jour.

Hugo : Œuvres poétiques, IV et V, « en préparation » depuis 40 ans (depuis la mort de Gaëtan Picon). Les œuvres de Victor Hugo auraient besoin d’une sérieuse réédition, la poésie est bloquée depuis qu’un désaccord est survenu avec les maîtres d’ouvrage de l’époque. Il est fort improbable que ce front bouge dans les prochaines années, mais Gallimard maintient les « préparer » à chaque édition de son catalogue. À noter que le 2e tome du Théâtre complet, longtemps indisponible, est à nouveau dans les librairies.

Luther : Le tome publié porte le chiffre romain I. Une suite est censée être en préparation mais l’insuccès commercial de ce volume (la France n’est pas un pays de Luthériens) a fortement hypothéqué le second volume. Personne n’en parle plus, ni les lecteurs, ni Gallimard. Suite improbable. D’autant plus que M. Arnold, le maître d’œuvre explique sur son CV avoir rendu le Tome II… en 2004 ! Ces dix années entre la réception du tapuscrit et la publication indiquent que Gallimard a certainement renoncé. Projet abandonné.

Marx : Les Œuvres complètes se sont arrêtées avec le Tome IV (Politique I). L’éditeur du volume est mort, la « cote » de Marx a beaucoup baissé, il est improbable que de nouveaux volumes paraissent à l’avenir, le catalogue ne défend même plus cette idée par une mention « en préparation ». Série probablement arrêtée.

Montherlant : Essais, tome II. Le catalogue évoque toujours un tome I. Aucune mention de préparation n’est présente (contrairement à ce que les catalogues de la fin des années 2000 annonçaient). Le premier volume a été récemment retiré (voir plus bas, dans la section « rééditions »), tout comme les volumes des romans. Perspective improbable néanmoins.

Nietzsche : Œuvres complètes, d’abord prévues en 5 tomes, puis réduites à 3 (c’est annoncé au catalogue). Le premier volume a paru en 2000. Le deuxième devrait paraître au premier semestre 2017 (information officieuse et à confirmer).

Orateurs de la Révolution française : paru en 1989 pour le bicentenaire de la Révolution, ce premier tome, consacré à des orateurs de la Constituante, n’a pas eu un grand succès commercial. François Furet, son éditeur scientifique, est mort depuis. Tocqueville, son autre projet, a été retardé quelques années, mais a pu s’achever. Celui-ci ne le sera pas. Suite abandonnée.

Queneau : en principe, ont paru ses Œuvres complètes, en trois tomes, mais le Journal n’y est pas, pas plus que ses articles et critiques. Un quatrième tome, non annoncé par la Pléiade, est-il néanmoins possible ? Aucune information à ce sujet.

Sand : un volume de Romans est en préparation (cf. plus haut).

Stevenson : un troisième tome d’Œuvres est en préparation. Le deuxième volume a paru en 2005 déjà, il serait temps que le troisième (et dernier) sorte dans les librairies.

Supervielle : une édition des Œuvres en 2 volumes avait été initialement prévue, la poésie est sortie en 1996, le reste doit être abandonné.

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III. Les volumes « épuisés »

Ces volumes ne sont plus disponibles sur le marché du livre neuf. Gallimard ne compte pas les réimprimer. Cette politique est assortie de quelques exceptions, imprévisibles, comme les Cahiers de Paul Valéry, « épuisés » en 2008 et pourtant réimprimés quelques années plus tard. Cet épuisement peut préluder une nouvelle édition (Casanova par exemple), mais généralement signe la sortie définitive du catalogue. Les « épuisés » sont presque tous trouvables sur le marché de l’occasion, à des prix parfois prohibitifs (je donne pour chaque volume une petite estimation basée sur mes observations sur abebooks, amazon et, surtout, ebay, lors d’enchères, fort bon moyen de voir à quel prix s’établit « naturellement » un livre sur un marché assez dense d’amateurs de la collection ; mon échelle de prix est évidemment calquée sur celle de la collection, donc 20€ équivaut à une affaire et 50€ à un prix médian).

1/ Œuvres d’Agrippa d’Aubigné, 1969 : Gallimard a exclu explicitement la réédition. C’est le cas de beaucoup de volumes des années 1965-1975, majoritaires parmi les épuisés. Ils ont connu un retirage, ou aucun. 48€ au catalogue, peut monter à 70€ sur le marché de l’occasion.

2/ Œuvres Complètes de Nicolas Boileau, 1966 : Gallimard a exclu explicitement la réédition. Le XVIIe siècle est victime de son progressif éloignement ; cette littérature, sauf quelques grands noms, survit mal ; et certains auteurs ne sont plus jugés par la direction de la collection comme suffisamment « vivants » pour être édités. C’est le cas de Boileau. 43€ au catalogue, il est rare qu’il dépasse ce prix sur le second marché.

3/ Œuvres Complètes d’André Chénier, 1940 : Gallimard a exclu explicitement la réédition. Étrangement, il était envisagé, en 1989 encore (source : le catalogue de cette année-là), de proposer au public une nouvelle édition de ce volume. Chénier a-t-il été victime de l’insuccès du volume Orateurs de la Révolution française ? L’œuvre, elle-même, paraît bien oubliée désormais. 40€ au catalogue, trouvable à des tarifs très variables (de 30 à 80).

4/ Œuvres de Benjamin Constant, 1957 : Gallimard a exclu explicitement la réédition. À titre personnel, je suis un peu surpris de l’insuccès de Constant. 48€ au catalogue, assez peu fréquent sur le marché de l’occasion, peut coûter cher (80/100€)

5/ Conteurs français du XVIe siècle, 1965 : pas d’information de la part de l’éditeur. L’orthographe des volumes médiévaux ou renaissants de la Pléiade (et même ceux du XVIIe) antérieurs aux années 80 n’était pas modernisée. C’est un volume dans un français rocailleux, donc. 47€ au catalogue, assez aisé à trouver pour la moitié de ce prix (et en bon état). Peu recherché.

6/ Œuvres Complètes de Paul-Louis Courier, 1940 : pas d’information de la part de l’éditeur. Courier est un peu oublié de nos jours. 40€ au catalogue, trouvable pour un prix équivalent en occasion (peut être un peu plus cher néanmoins).

7/ Œuvres Complètes de Tristan Corbière et de Charles Cros, 1970 : pas d’information de la part de l’éditeur. C’était l’époque où la Pléiade proposait, pour les œuvres un peu légères en volume, des regroupements plus ou moins justifiés. Les deux poètes ont leurs amateurs, mais pas en nombre suffisant visiblement. Néanmoins, le volume est plutôt recherché. Pas de prix au catalogue, difficilement trouvable en dessous de 80€/100€.

8/ Œuvres de Nicolas Leskov et de M.E. Saltykov-Chtchédrine, 1967 : Gallimard a exclu explicitement la réédition. Encore un regroupement d’auteurs. Le champ russe est très bien couvert à la Pléiade, mais ces deux auteurs, malgré leurs qualités, n’ont pas eu beaucoup de succès. 47€ au catalogue, coûteux en occasion (quasiment impossible sous 60/80€, parfois proposé au-dessus de 100)

9/ Œuvres de François de Malherbe, 1971 : Gallimard a exclu explicitement la réédition. Et pour cause. C’est le « gadin » historique de la collection, l’exemple qu’utilise toujours Hugues Pradier, son directeur, quand il veut illustrer d’un épuisé ses remarques sur les méventes de certain volume. 39€ au catalogue, je l’ai trouvé neuf dans une librairie il y a six ans, et je crois bien que c’était un des tout derniers de France. Peu fréquent sur le marché de l’occasion, mais généralement à un prix accessible (30/50€).

10/ Maumort de Roger Martin du Gard, 1983 : aucune information de Gallimard. Le volume le plus récemment édité parmi les épuisés. Honnêtement, je ne sais s’il relève de cette catégorie par insuccès commercial (la gloire de son auteur a passé) ou en raison de problèmes littéraires lors de l’établissement d’un texte inachevé et publié à titre posthume. 43€ au catalogue, compter une cinquantaine d’euros d’occasion, peu rare.

11/ Commentaires de Blaise de Monluc, 1964 : aucune information de Gallimard. Comme pour les Conteurs français, l’orthographe est d’époque. Le chroniqueur historique des guerres de religion n’a pas eu grand succès. Pas de prix au catalogue, assez rare d’occasion, peut coûter fort cher (60/100).

12/ Histoire de Polybe, 1970 : Gallimard informe ses lecteurs qu’il est désormais publié en « Quarto », l’autre grande collection de l’éditeur. Pas de prix au catalogue. Étrange volume qui n’a pas eu de succès mais qui s’arrache à des prix prohibitifs sur le marché de l’occasion (difficile à trouver à moins de 100€).

13/ Poètes et romanciers du Moyen Âge, 1952 : exclu d’une réédition en l’état. C’est exclusivement de l’ancien français (comme Historiens et Chroniqueurs ou Jeux et Sapience), quand tous les autres volumes médiévaux proposent une édition bilingue. Une partie des textes a été repris dans d’autres volumes ou dans l’Anthologie de la poésie française I. 42€ au catalogue, trouvable sans difficulté pour une vingtaine d’euros sur le marché de l’occasion.

14/ Romanciers du XVIIe siècle, 1958 : exclu d’une réédition. Orthographe non modernisée. Un des quatre romans (La Princesse de Clèves) figure dans l’édition récente consacrée à Mme de Lafayette. Sans prix au catalogue, très fréquent en occasion, à des prix accessibles (20/30€).

15/ et 16/ Romancier du XVIIIe siècle I et II, 1960 et 1965. Gallimard n’en dit rien, ce sont pourtant deux volumes regroupant des romans fort connus (dont Manon LescautPaul et VirginieLe Diable amoureux). Subissent le sort d’à peu près tous les volumes collectifs de cette époque : peu de notes, peu de glose, à refaire… et jamais refaits. 49,5€ et 50,5€. Trouvables à des prix similaires, sans trop de difficulté, en occasion.

17/, 18/ et 19/ Œuvres I et II, Port-Royal I, de Sainte-Beuve, 1950, 1951 et 1953. Gallimard ne prévoit aucune réimpression du premier volume de Port-Royal mais ne dit pas explicitement qu’il ne le réimprimera jamais. Les chances sont faibles, néanmoins. Son épuisement ne doit pas aider à la vente des volumes II et III. Le destin de Sainte-Beuve semble du reste de sortir de la collection. Les trois volumes sont sans prix au catalogue. Les Œuvres sont trouvables à des prix honorables, Port-Royal I, c’est plus compliqué (parfois il se négocie à une vingtaine d’euros, parfois beaucoup plus). L’auteur ne bénéficie plus d’une grande cote.

20/, 21/ et 22/ Correspondance III et III, de Stendhal, 1963, 1967 et 1969. Cas unique, l’édition est rayée du catalogue papier (et pas seulement marquée comme épuisée), pour des raisons de moi inconnues (droits ? complétude ? qualité de l’édition ? Elle fut pourtant confiée au grand stendhalien Del Litto). Cette Correspondance, fort estimée (par Léautaud par exemple) est difficile à trouver sur le marché de l’occasion, surtout le deuxième tome. Les prix sont à l’avenant, normaux pour le premier (30/40), parfois excessifs pour les deux autres (le 2e peut monter jusque 100). Les volumes sont assez fins.

23/ et 24/ Théâtre du XVIIIe siècle, I et II, 1973 et 1974. Longtemps marqués « indisponibles provisoirement », ces deux tomes sont récemment passés « épuisés ». Ce sont deux volumes riches, dont Gallimard convient qu’il faudrait refaire les éditions. Mais le contexte économique difficile et l’insuccès chronique des volumes théâtraux (les trois tomes du Théâtre du XVIIe sont toujours à leur premier tirage, trente ans après leur publication) rendent cette perspective très incertaine. 47€ au catalogue, très difficiles à trouver sur le marché de l’occasion (leur prix s’envole parfois au-delà des 100€, ce qui est insensé).

Cas à part : Œuvres complètes  de Lautréamont et de Germain Nouveau. Lautréamont n’est pas sorti de la Pléiade, mais à l’occasion de la réédition de ses œuvres voici quelques années, fut expulsé du nouveau tome le corpus des écrits de Germain Nouveau, qui occupait d’ailleurs une majeure partie du volume collectif à eux consacrés. Le volume est sans prix au catalogue. Il est relativement difficile à trouver et peut coûter assez cher (80€).

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 IV. Les rééditions

Lorsque l’on achète un volume de la Pléiade, il peut s’agir d’une première édition et d’un premier tirage, d’une première édition et d’un ixième tirage ou encore d’une deuxième (ou, cas rare, d’une troisième, exceptionnel, d’une quatrième) édition. Cela signifie qu’un premier livre avait été publié voici quelques décennies, sous une forme moins « universitaire » et que Gallimard a jugé bon de le revoir, avec des spécialistes contemporains, ou de refaire les traductions. En clair, il faut bien regarder avant d’acheter les volumes de ces auteurs de quand date non l’impression mais le copyright.

Il arrive également que Gallimard profite de retirages pour réviser les volumes. Ces révisions, sur lesquelles la maison d’édition ne communique pas, modifient parfois le nombre de pages des volumes : des coquilles sont corrigées, des textes sont revus, des notices complétées, le tout de façon discrète. Ces modifications sont très difficiles à tracer, sauf à comparer les catalogues ou à feuilleter les derniers tirages de chaque Pléiade (un des commentateurs, plus bas, s’est livré à l’exercice – cf. l’exhaustif commentaire de « Pléiadophile », publié le 12 avril 2015)

La plupart des éditions « dépassées » sont en principe épuisées.

a) Rééditions à venir entièrement (aucun volume de la nouvelle édition n’a paru)

Parmi les rééditions à venir, ont été évoqués, de manière très probable :

Kafka, par Jean-Pierre Lefebvre (je ne sais si ce projet concerne la totalité des quatre volumes ou seulement une partie).

Michelet, dont l’édition date de l’avant-guerre ; certes quelques révisions de détail ont dû intervenir à chaque réimpression, mais enfin, l’essentiel des notes et notices a vieilli.

Descartes (l’édition en un volume date de 1937) en deux volumes.

Apollinaire, pour la poésie seulement (la prose est récente).

Jeux et sapience du Moyen Âge, édition de théâtre médiéval en ancien français, réputée « indisponible provisoirement ». La nouvelle édition est en préparation (cf. plus haut). Cette édition, en deux volumes serait logique et se situerait dans la droite ligne des éditions bilingues et médiévales parues depuis 20 ans (RenartTristan et Yseut, le Graal, Villon).

De manière possible

Verlaine, on m’en a parlé, mais je ne parviens pas à retrouver ma source. L’édition est ancienne.

Chateaubriand, au moins pour les Mémoires d’Outre-Tombe mais l’hypothèse a pris du plomb dans l’aile avec la reparution, en avril 2015, d’un retirage en coffret de la première (et seule à ce jour) édition.

Montherlant, pour les Essais… c’est une hypothèse qui perd d’année en année sa crédibilité puisque le tome II n’est plus annoncé dans le catalogue. Néanmoins, un retirage du tome actuel a été réalisé l’an dernier, ce qui signifie que Gallimard continue de soutenir la série Montherlant… Plus improbable que probable cependant.

b) Rééditions inachevées ou en cours (un ou plusieurs volumes de la nouvelle édition ont paru)

Balzac : 1/ La Comédie humaine, I à XI, de 1935 à 1960 ; 2/ La Comédie humaine, I à XII, de 1976 à 1981 + Œuvres diverses I, en 1990 et II, en 1996 + Correspondance I, en 2006 et II, en 2011. Le volume III de la Correspondance est attendu avec optimisme pour les prochaines années. Pour le volume III des Œuvres diverses en revanche, l’édition traîne depuis des années et le décès du maître d’œuvre, Roland Chollet, à l’automne 2014, n’encourage pas à l’optimisme.

Claudel : 1/ Théâtre I et II (1948) + Œuvre poétique (1957) + Œuvres en prose (1965) + Journal I (1968) et II (1969) ; 2/ Théâtre I et II (2011). Cette nouvelle édition du Théâtre pourrait préfigurer la réédition des volumes de poésie et de prose (et, sans conviction, du Journal ?), mais Gallimard n’a pas donné d’information à ce sujet.

Flaubert : 1/ Œuvres complètes, I et II, en 1936 ; 2/ Correspondance I (1973), II (1980), III (1991), IV (1998) et V (2007) + Œuvres complètesI (2001), II et III (2013). Les tomes IV et V sont attendus pour bientôt (les textes auraient été rendus pour relecture selon une de nos sources). En attendant le tome II de la vieille édition est toujours disponible.

La Fontaine : 1/ Œuvres complètes I, en 1933 et II, en 1943 ; 2/ Œuvres complètes I, en 1991. Comme pour Racine, le deuxième tome est encore celui de la première édition. Il est assez courant. Après 25 ans d’attente, et connaissant les mauvaises ventes des grands du XVIIe (Corneille par exemple), la deuxième édition du deuxième tome est devenue peu probable.

Marivaux : 1/ Romans, en 1949 + Théâtre complet, en 1950 ; 2/ Œuvres de jeunesse, en 1972 + Théâtre complet, en 1993 et 1994. En principe, les Romans étant indisponibles depuis des années, une nouvelle édition devrait arriver un jour. Mais là encore, comme pour La Fontaine, Vigny ou le dernier tome des Œuvres diverses de Balzac, cela fait plus de 20 ans qu’on attend… Rien ne filtre au sujet de cette réédition.

Musset : 1/ Poésie complète, en 1933 + Théâtre complet, en 1934 + Œuvres complètes en prose, en 1938 ; 2/ Théâtre complet, en 1990. La réédition prévue de Musset en trois tomes, et annoncée explicitement par Gallimard dans son catalogue 1989, semble donc mal partie. Le volume de prose est « indisponible provisoirement » et la poésie est toujours dans l’édition Allem, vieille de 80 ans. Là encore, comme pour La Fontaine et Racine, il est permis d’être pessimiste.

Racine : 1/ Œuvres complètes I, en 1931 et II, en 1952 ; 2/ Œuvres complètes I, en 1999. Le deuxième tome est donc encore celui de la première édition. Il est très rare de le trouver neuf dans le commerce. Le délai entre les deux tomes est long, mais il l’avait déjà été dans les années 30-50. On peut néanmoins se demander s’il paraîtra un jour.

Shakespeare : 1/ Théâtre complet, en 1938 (2668 pages ; j’ai longtemps pensé qu’il s’agissait d’un seul volume, mais il s’agirait plus certainement de deux volumes, les 50e et 51e de la collection ; le mince volume de Poèmes aurait d’ailleurs peut-être relevé de cette édition là, mais avec une vingtaine d’années de retard ; les poèmes auraient par la suite été intégrés par la nouvelle édition de 1959 dans un des deux volumes ; ne possédant aucun des volumes concernés, je remercie par avance mes aimables lecteurs (et les moins aimables aussi) de bien vouloir me communiquer leurs éventuelles informations complémentaires) ; 2/ Œuvres complètes, I et II, Poèmes (III) (?) en 1959 ; 3/ Œuvres complètes I et II (Tragédies) en 2002 + III et IV (Histoires) en 2008 + V (Comédies) en 2013. Les tomes VI (Comédies) et VII (Comédies) sont en préparation, pour une parution en 2016. Le tome VIII (Poésies) paraîtra ultérieurement.

Vigny : 1/ Œuvres complètes I et II, en 1948 ; 2/ Œuvres complètes I (1986) et II (1993). Le tome III est attendu depuis plus de 20 ans, ce qui est mauvais signe. Gallimard n’en dit rien, Vigny ne doit plus guère se vendre. Je suis pessimiste à l’égard de ce volume.

c) Rééditions achevées

Quatre éditions :

Choderlos de Laclos : 1/ Les Liaisons dangereuses, en 1932 ; 2/ Œuvres complètes en 1944 ; 3/ Œuvres complètes en 1979 ; 4/ Les Liaisons dangereuses, en 2011. Pour le moment, les éditions 3 et 4 sont toujours disponibles.

Trois éditions :

Baudelaire : 1/ Œuvres complètesI et II, en 1931 et 1932 ; 2/ Œuvres complètesen 1951 ; 3/ Correspondance I et II en 1973 + Œuvres complètesI et II, en 1975 et 1976.

Camus : 1/ Théâtre – Récits – Nouvelles, en 1962 + Essais, en 1965 ; 2/ Théâtre – Récits et Nouvelles -Essais, en 1980 ; 3/ Œuvres complètesI et II, en 2006, III et IV, en 2008.

Molière : 1/ Œuvres complètesI et II, en 1932 ; 2/ Œuvres complètesI et II, en 1972 ; 3/ Œuvres complètesI et II, en 2010. L’édition 2 est encore facilement trouvable et la confusion est tout à fait possible avec la 3.

Montaigne : 1/ Essais, en 1934 ; 2/ Œuvres complètes, en 1963 ; 3/ Essais, en 2007.

Rimbaud : 1/ Œuvres complètes, en 1946 ; 2/ Œuvres complètes, en 1972 ; 3/ Œuvres complètes, en 2009.

Stendhal : 1/ Romans, I, II et III, en 1932, 1933 et 1934 ; 2/ Romans et Nouvelles, I et II en 1947 et 1948 + Œuvres Intimes en 1955 + Correspondance en 1963, 1967 et 1969 ; 3/ Voyages en Italie en 1973 et Voyages en France en 1992 + Œuvres Intimes I et II, en 1981 et 1982 + Œuvres romanesques complètes en 2005, 2007 et 2014. Soit 16 tomes différents, mais seulement 7 dans l’édition considérée comme à jour.

Deux éditions :

Beaumarchais : 1/ Théâtre complet, en 1934 ; 2/ Œuvres, en 1988.

Casanova : 1/ Mémoires, I-III (1958-60) ; 2/ Histoire de ma vie, I-III (2013-15).

Céline : 1/ Voyage au bout de la nuit – Mort à crédit (1962) ; 2/ Romans, I (1981), II (1974), III (1988), IV (1993) + Lettres (2009).

Cervantès : 1/ Don Quichotte, en 1934 ; 2/ Œuvres romanesques complètesI (Don Quichotte) et II (Nouvelles exemplaires), 2002.

Corneille : 1/ Œuvres complètes, I et II, en 1934 ; 2/ Œuvres complètes, I (1980), II (1984) et III (1987).

Diderot : 1/ Œuvres, en 1946 ; 2/ Contes et romans, en 2004 et Œuvres philosophiques, en 2010.

Gide : 1/ Journal I (1939) et II (1954) + Anthologie de la Poésie française (1949) + Romans (1958) ; 2/ Journal I (1996) et II (1997) + Essais critiques (1999) + Souvenirs et voyages (2001) + Romans et récits I et II (2009). L’Anthologie est toujours éditée et disponible.

Goethe : 1/ Théâtre complet (1942) + Romans (1954) ; 2/ Théâtre complet (1988). Je n’ai jamais entendu parler d’une nouvelle édition des Romans ni d’une édition de la Poésie, ce qui demeure une véritable lacune – que ne comble pas l’Anthologie bilingue de la poésie allemande.

Mallarmé : 1/ Œuvres complètes, en 1945 ; 2/ Œuvres complètes I (1998) et II (2003).

Malraux : 1/ Romans, en 1947 + Le Miroir des Limbes, en  1976 ; 2/ Œuvres complètes I-VI (1989-2010).

Mérimée : 1/ Romans et nouvelles, en 1934 ; 2/ Théâtre de Clara Gazul – Romans et nouvelles, en 1979.

Nerval : 1/ Œuvres, I et II, en 1952 et 1956 ; 2/ Œuvres complètes I (1989), II (1984) et III (1993).

Pascal :  1/ Œuvres complètes, en 1936 ; 2/ Œuvres complètes I (1998) et II (2000).

Péguy : 1/ Œuvres poétiques (1941) + Œuvres en prose I (1957) et II (1959) ; 2/ Œuvres en prose complètes I (1987), II (1988) et III (1992) + Œuvres poétiques dramatiques, en 2014.

Proust : 1/ À la Recherche du temps perdu, I-III, en 1954 ; 2/ Jean Santeuil (1971) + Contre Sainte-Beuve (1974) + À la Recherche du temps perdu, I-IV (1987-89).

Rabelais : 1/ Œuvres complètes, en 1934 ; 2/ Œuvres complètes, en 1994.

Retz : 1/ Mémoires, en 1939 ; 2/ Œuvres (1984).

Ronsard : 1/ Œuvres complètes I et II, en 1938 ; 2/ Œuvres complètes I (1993) et II (1994).

Rousseau : 1/ Confessions, en 1933 ; 2/ Œuvres complètes I-V (1959-1969).

Mme de Sévigné : 1/ Lettres I-III (1953-57) ; 2/ Correspondance I-III (1973-78).

Saint-Exupéry : 1/ Œuvres, en 1953 ; 2/ Œuvres complètes I (1994) et II (1999).

Saint-Simon : 1/ Mémoires, I à VII (1947-61) ; 2/ Mémoires, I à VIII (1983-88) + Traités politiques (1996).

Voltaire : 1/ Romans et contes, en 1932 + Correspondance I et II en 1964 et 1965 ; 2/ le reste, c’est à dire, les Œuvres historiques (1958), les Mélanges (1961), les deux premiers tomes de la Correspondance (1978) et les onze tomes suivants (1978-1993) et la nouvelle édition des Romans et contes (1979).

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V. Les volumes « indisponibles provisoirement »

Un volume ne s’épuise pas tout de suite. Il faut du temps, variable, pour que le stock de l’éditeur soit complètement à zéro. Gallimard peut alors prendre trois décisions : réimprimer, plus ou moins rapidement ; ou alors renoncer à une réimpression et lancer sur le marché une nouvelle édition (qu’il préparait déjà) ; ou enfin, ni réimprimer ni rééditer. Je vais donc ici faire une liste rapide des volumes actuellement indisponibles et de leurs perspectives (réalistes) de réimpression. Je n’ai pas d’informations exclusives, donc ces « informations » sont à prendre avec précaution. Elles tiennent à mon expérience du catalogue.

-> Boulgakov, Œuvres I, La Garde Blanche. 1997. C’est un volume récent, qui n’est épuisé que depuis peu de temps, il y a de bonnes chances qu’il soit réimprimé d’ici deux ou trois ans (comme l’avait été le volume Pasternak récemment).

-> Cao Xueqin, Le Rêve dans le Pavillon Rouge I et II, 1981. Les deux volumes ont fait l’objet d’un retirage en 2009 pour une nouvelle parution en coffret. Il n’y a pas de raison d’être pessimiste alors que celle-ci est déjà fort difficile à trouver dans les librairies. À nouveau disponible (en coffret).

-> Defoe, Romans, II (avec Moll Flanders). Le premier tome a été retiré voici quelques années, celui-ci, en revanche, manque depuis déjà pas mal de temps. Ce n’est pas rassurant quand ça se prolonge… mais le premier tome continue de se vendre, donc les probabilités de retirage ne sont pas trop mauvaises.

-> Charles Dickens, Dombey et Fils – Temps Difficiles Le Magasin d’Antiquités – Barnabé Rudge ; Nicolas Nickleby – Livres de Noël ; La Petite Dorrit – Un Conte de deux villes. Quatre des neuf volumes de Dickens sont « indisponibles », et ce depuis de très longues années. Les perspectives commerciales de cette édition en innombrables volumes ne sont pas bonnes. Les volumes se négocient très cher sur le marché de l’occasion. Gallimard n’a pas renoncé explicitement à un retirage, mais il devient d’année en année plus improbable.

-> Fielding, Romans. Principalement consacré à Tom Jones, ce volume est indisponible depuis plusieurs années, les perspectives de réimpression sont assez mauvaises. À moins qu’une nouvelle édition soit en préparation, le volume pourrait bien passer parmi les épuisés.

-> Green, Œuvres complètes IV. Quinze ans après la mort de Green, il ne reste déjà plus grand chose de son œuvre. Les huit tomes d’une série même pas achevée ne seront peut-être jamais retirés une fois épuisés. Le 4e tome est le premier à passer en « indisponible ». Il pourrait bien ne pas être le dernier et bientôt glisser parmi les officiellement « épuisés ».

 -> Hugo, Théâtre complet II. À nouveau disponible.

-> Jeux et Sapience du Moyen Âge. Cas évoqué plus haut de nouvelle édition en attente. Selon toute probabilité, il n’y aura pas de réédition du volume actuel.

-> Marivaux, Romans. Situation évoquée plus haut, faibles probabilité de réédition en l’état, lenteur de la nouvelle édition.

-> Mauriac, Œuvres romanesques et théâtrales complètes, IV. Même si Mauriac n’a plus l’aura d’antan comme créateur (on le préfère désormais comme chroniqueur de son époque, comme moraliste, etc.), ce volume devrait réapparaître d’ici quelques temps.

-> Musset, Œuvres en prose. Évoqué plus haut. Nouvelle édition en attente depuis 25 ans.

-> Racine, Œuvres complètes II. En probable attente de la nouvelle édition. Voir plus haut.

-> Vallès, ŒuvresI. La réputation de Vallès a certes un peu baissé, mais ce volume, comprenant sa célèbre trilogie autobiographique, ne devrait pas être indisponible depuis si longtemps. Réédition possible tout de même.

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VI. Les volumes « en voie d’indisponibilité »

Ce n’est là qu’une courte liste, tirée de mes observations et de la consultation du site « placedeslibraires.com », qui donne un aperçu des stocks de centaines de librairies indépendantes françaises. On y voit très bien quels volumes sont fréquents, quels volumes sont rares. Cela ne préjuge en rien des stocks de l’éditeur. Néanmoins, je pense que les tendances que ma méthode dégage sont raisonnablement fiables. Si vous êtes intéressé par un de ces volumes, vous ne devriez pas hésiter trop longtemps.

– le Port-Royal, II et III, de Sainte-Beuve. Comme les trois autres tomes de l’auteur sont épuisés, il est fort improbable que ces deux-là, retirés pour la dernière fois dans les années 80, ne s’épuisent pas eux aussi. Ils sont tous deux assez rares (-10 librairies indépendantes).

– la Correspondance (entière) de Voltaire. Les 13 tomes, de l’aveu du directeur de la Pléiade, ne forment plus un ensemble que le public souhaite acquérir (pour des raisons compréhensibles d’ailleurs). Le fait est qu’on les croise assez peu souvent : le I est encore assez fréquent, les II, III et XIII (celui-ci car dernier paru) sont trouvables dans 5 à 10 librairies du réseau indépendant, les volumes IV à XII en revanche ne se trouvent plus que dans quelques librairies. Je ne sais pas ce qu’il reste en stock à l’éditeur, mais l’indisponibilité devrait arriver d’ici un an ou deux pour certains volumes.

– les Œuvres de Julien Green. Je les ai évoquées plus haut, à propos de l’indisponibilité du volume IV. Les volumes V, VI, VII et VIII, qui arrivent progressivement en fin de premier tirage devraient suivre. La situation des trois premiers tomes est un peu moins critique, des retirages ayant dû avoir lieu dans les années 90.

– les Œuvres de Malebranche. Dans un entretien, Hugues Pradier a paru ne plus leur accorder grand crédit. Mais je me suis demandé s’il n’avait pas commis de lapsus en pensant à son fameux Malherbe, symbole permanent de l’échec commercial à la Pléiade. Toujours est-il que les deux tomes se raréfient.

– les Œuvres de Gobineau. Si c’est un premier tirage, il est lent à s’épuiser, mais cela vient. Les trois tomes sont moins fréquents qu’avant.

– les Orateurs de la Révolution Française. Série avortée au premier tome, arrêtée par la mort de François Furet avant l’entrée en lice de Robespierre et de Saint-Just. Elle n’aura jamais de suite. Et il est peu probable, compte tenu de son insuccès, qu’elle reste longtemps encore au catalogue.

– le Théâtre du XVIIe siècle, jamais retiré (comme Corneille), malgré trente ans d’exploitation. D’ici dix ans, je crains qu’il ne soit dans la même position que son « homologue » du XVIIIe, épuisé.

– pèle-mêle, je citerais ensuite le Journal de Claudel, les tomes consacrés à France, Marx, Giraudoux, Kipling, Saint François de Sales, Daudet, Fromentin, Rétif de la Bretonne, Vallès, Brantôme ou Dickens (sauf David Copperfield et Oliver Twist). Pour eux, les probabilités d’épuisement à moyen terme sont néanmoins faibles.

13 747 réflexions sur “La Bibliothèque de la Pléiade

  1. J’ai fait l’impasse sur le volume Verne, le jugeant parfaitement dispensable.

    D’ailleurs, le brave Jules est très inégal.

    J’ai lu il y a quelques mois Les Indes noires dont la mièvrerie me fut insupportable.

    Quant au Paris au XXe siècle, j’ai compris pourquoi Hetzel l’avait refusé!

    Je me suis empressé de revendre ces deux poches, histoire de ne pas encombrer inutilement mes rayonnages.

    • Jules Verne n’est pas un romancier créant des histoires fortes et des personnages appelés à devenir des types (vous n’y trouverez pas de Vautrin, de Père Goriot, de Karamazov, de Madame Bovary et autres innombrables figures, pas même de Robinson Crusoe).

      D’ailleurs sa véritable vocation était celle d’un auteur de spectacles théâtraux et non pas de romancier. Ses histoires sont le plus souvent de simples supports, un échafaudage indispensable pour faire tenir l’édifice ou un fil pour conduire le lecteur à travers son imaginaire (car, bien que prétendant décrire la Terre réelle, faire oeuvre de géographe – physique et humain – il nous parle d’une Terre imaginaire, celle de Jules Verne).

      Si vous êtes insensible à cet imaginaire, à ce monde de rêve, ne lisez pas les « romans » de Jules Verne, ça ne vaut effectivement pas le coup. « Les Indes Noires » du point de vue du critique romanesque est effectivement un médiocre roman, et du point de vue sociologique ce n’est pas Zola, mais c’est un très beau livre qui nous projette dans une autre réalité. Les simples mots « Indes Noires » ont une résonance magique pour moi – pas pour vous. Tant pis.

      Pour « Paris au XXème siècle » je vous donne entièrement raison, à Hetzel et à vous – n’en déplaise à François Schuiten qui, bien entendu, y a vu certains de ses fantasmes architecturaux steampunk.

      • Sur le point particulier de la mièvrerie, je crois que toute la littérature du XIXème siècle est, à des degrés divers, touchée par ce mal, même chez les plus rugueux de nos romanciers on en trouve la trace. Pour ne rien dire du grand Hugo qui, dans ce domaine comme dans tous les autres – il ne sait pas faire moins, de la même façon qu’il fait des alexandrins faute de temps pour produire de la prose – a donné des preuves de gigantisme.

        • Je crains que la pratique intensive de l’histoire n’ait émoussé ma sensibilité.

          Votre cœur, cher Domonkos, est grand ouvert à l’imaginaire.

          Moi, j’ai passé ma vie à étudier des rapports de force sur fond de guerres et de Realpolitik, ce qui a atrophié mes sentiments.

          Je suis certainement venu à la littérature trop tard : j’en vois plus les ficelles que la beauté.

          Tant pis pour moi.

          • Quand j’étais gamin, avant l’âge de 12 ou 13 ans où j’ai découvert la véritable littérature, j’étais passionné par les encyclopédies qui étaient pour moi de véritables objets poétiques.

            Ceci expliquant sans doute assez largement ma passion pour Jules Verne.

        • Oui, bon, d’accord, il y a quand même le Capitaine Nemo. Personnage qui domine l’oeuvre de sa stature.

          …………………………..

          Oui et non, cher « Un Strasbourgeois ».

          Oui, je suis de « sensibilité littéraire » (et poétique).
          Non, je n’oppose pas cette sensibilité au réalisme, à la rationalité, à l’intérêt pour la chose politique et la sociologie, le philosophie et la science. Je pense que ma vraie place aurait été entre les XVIème et XVIIIème siècles, quand les « humanistes » pouvaient se prétendre scientifiques-philosophes, voire poètes et embrasser tout le savoir humain d’alors.

          Il n’y a guère que les maths qui sont hélas pour moi « lettre morte » ce qui a brisé mon immense curiosité et mon appétit vorace pour les sciences.

          Vengeance de la destinée, mon fils est un matheux et physicien, passionné par la langue, la grammaire, la syntaxe des langues, qui écrit impeccablement (beaucoup moins de fautes que moi), sans négliger les inventions linguistiques, mais… totalement insensible à la littérature, la poésie et la musique (toutes les musiques, s’endort régulièrement aussi bien dans un concert de rock que de musique symphonique). Au lycée il avait d’excellentes notes en Lettres (grâce à moi qui faisait tout le boulot comme « nègre ») et en Philo (en dépit de moi dont il a rejeté très vite l’inutile et nuisible tutelle).

          Anecdotes familiales qui me font toujours rire :

          • au bac, pas de veine, les sujets ayant été divulgués, on a eu recours au « sujet de secours » et c’était un texte de Pierre Loti ! Inconnu au bataillon pour les pauvres aspirants bacheliers, la pire vacherie qu’on pouvait lui faire.
          • et la meilleure pour la fin : il était revenu un jour de classe, scandalisé car son prof lui avait collé un 3/20 pour l’analyse d’un poème d’Appolinaire ; croyant que j’allais le consoler et m’insurger, il me montra sa copie et j’éclatai de rire en lui disant que je lui aurais donné généreusement 0,5/20 ! En effet, il n’avait vu dans ce poème extrait des « Rhénanes », très prosaïquement et en toute bonne foi, que le délire d’un ivrogne qui, au dernier vers brise son verre ! On ne peut pas être plus étranger à l’esprit littéraire et au sentiment poétique.
  2. Un ami m’a posé hier cette question toute simple : quel livre vaut particulièrement la peine d’être lu en Pléiade ?

    Spontanément, j’ai pensé à l’expérience la plus spécifique que j’aie eue avec la collection (La Divine Comédie de Pézard), mais j’aimerais vos opinions. Quelles sont selon vous les livres parus en Pléiade pour lesquels avoir le volume Pléiade, soit l’appareil critique, les notes, les explications est le plus nécessaire ? Et quels sont ceux pour lesquels l’appareil est le plus éclairant possible, le plus sûr ?

    Je sais qu’on a beaucoup évoqué de bonnes éditions en vrac dans ce long fil, mais j’aimerais beaucoup connaître vos opinions : si vous deviez choisir quelques Pléiades « essentiels » (mettons 10), lesquels prendriez-vous ?

    (exemple de Pléiade pas du tout essentiel à mes yeux, dans le sens de la question de mon ami : une compilation de poches accessibles, sans difficulté particulière, et avec un appareil critique assez mince).

    • On peut déjà ressortir le post classique, et que j’avais pris la peine de conserver, de Neo-Birt7. Maintenant, il faut en piocher dix pour resserrer la liste des incontournables. J’attends aussi vos propositions. Il y en a trop que je ne possède pas et ma science est trop limitée pour me prononcer….

      ANTIQUITÉ:

      Incontournables : Aristote I, Les Épicuriens, Philosophes confucianistes, Philosophes taoïstes II, Pline l’Ancien, Rāmāyana.

      Mention honorable: Hérodote-Thucydide, Historiens romains de la République, Les Stoïciens, Plaute-Térence, Romans grecs et latins, Virgile.

      Ratages: Aristophane, Premiers écrits chrétiens, Saint Augustin, Tragiques grecs (traductions peu fiables et/ou notoirement moins réussies que celles existantes, appareil scientifique absent, aléatoire ou peu fiable).

      MOYEN-ÂGE:

      Incontournables: Chrétien de Troyes, Dante (ed. Pézard), La Légende dorée, Roman de Renard, Tristan et Yseut

      Mention honorable: Au bord de l’eau, Ibn Kaldûn, Océan des rivières de contes, Voyageurs arabes (avec des réserves).

      Ratages: Écrits spirituels du Moyen Âge, Le livre du Graal, Sagas islandaises, Villon (éditions mal confectionnées par des auteurs pas forcément compétents ou à la hauteur de leur tâche; traductions aventureuses ou insuffisamment critiques, appareil scientifique soit factice soit dissimulant les difficultés de texte ou d’interprétation).

      XVIe SIÈCLE:

      Incontournables : Agrippa d’Aubigné, Brantôme, Calvin, Conteurs italiens de la Renaissance, Essais de Montaigne, Rabelais (Huchon), Ronsard (Céard etc), Théâtre élisabéthain.

      Mention honorable : Cervantès (Canavaggio etc), Jin Ping Mei. Pérégrination vers l’ouest.

      Ratage: Shakespeare (Desprats; traduction beaucoup trop plate et sans souci des nuances ni de l’épaisseur sémantique de l’original, appareil scientifique négligé).

      XVIIe SIÈCLE:

      Incontournables: Corneille (Couton), La Fontaine I (Collinet), Lafayette, Molière (Forestier), Libertins du XVIIe siècle, Nouvelles du XVIIe siècle, Pascal (Le Guern), Racine I, Retz (Hepp), Sévigné (Duchêne), Tallemant des Réaux.

      Mention honorable: Fénelon, Malebranche I, Théâtre du XVIIe siècle.

      Ratages: Boileau, Malebranche II, Malherbe (établissement du texte routinier, appareil scientifique décevant, aucune innovation ni apport personnel de l’éditeur).

      XVIIIe SIÈCLE:

      Incontournables: Choderlos de Laclos (Versini), Correspondance de Voltaire, Diderot I-II, Oeuvres de jeunesse (Deloffre) et Théâtre complet de Marivaux (Coulet/Gilot), Rétif de la Bretonne, Rousseau, Saint-Simon (Coirault).

      Mentions honorables: Beaumarchais, Buffon, Nouvelles du XVIIIe siècle, Rêve dans le pavillon rouge, Romanciers libertins du XVIIIe siècle.

      Ratages: Kant, Orateurs de la révolution française, Sade (éditions mal conçues n’ayant guère que le mérite d’exister et ne répondant ni aux attentes d’un large public ni aux demandes d’un lectorat cultivé).

      XIXe SIÈCLE:

      Incontournables: Comédie humaine (Castex) et Oeuvres diverses de Balzac, Baudelaire (Pichois), Corbière-Cros, Correspondance de Flaubert, Essai sur les révolutions et Génie du christianisme de Chateaubriand, Fromentin, Oeuvres autobiographiques de Sand, Oeuvres complètes de Flaubert, Mallarmé I (Marchal), Maupassant, Nerval (Pichois/Guillaume), Nietzsche I, Notre Dame de Paris et Les travailleurs de la mer de Hugo, Oeuvres autobiographiques et Voyages de Stendhal (Del Litto), Oeuvres poétiques de Hugo, Tocqueville I, Vigny I, Villiers de l’Isle-Adam.

      Mentions honorables: Andersen I, Gobineau, Lautréamont-Nouveau, Oeuvres romanesques complètes de Stendhal, Oeuvres romanesques et voyages de Chateaubriand, Huysmans, Romans de Sand, Romans, contes et nouvelles de Gautier, Vallès, Wilde.

      Ratages: Les Misérables de Hugo (Scepi), Nietzsche II, Rimbaud (Guyaux), Staël, Tocqueville II-III, Rougon-Macquart de Zola (très inférieur aux éditions séparées des romans dans les Nouveaux classiques Garnier ; les deux premiers tomes sont presque inutilisables).

      XXe SIÈCLE:

      Incontournables: Aragon, Breton, Céline (Godard), Colette, France, Giono, Essais et écrits de combat de Bernanos, Journal de Claudel, Gide (nouvelles éditions), Giraudoux, Joyce, Oeuvres complètes de Malraux, Oeuvres en prose complètes d’Apollinaire, Prévert, Recherche de Proust (Tadié), Queneau, Romans de Montherlant II, Sartre

      Mentions honorables : Drieu la Rochelle, Faulkner, Mauriac, Nabokov.

      Ratages: Borges (traductions souvent grossièrement fautives, en particulier dans la première édition, pilonnée ; appareil scientifique intéressant mais arbitraire), Péguy (l’ancienne comme la nouvelle édition ; pas d’appareil scientifique dans la première, beaucoup trop peu de contextualisation littéraire et de mise en place historique dans la seconde).

      • Bonjour Dr Christophe,

        Pour le XVIIe, vous pouvez ajouter le Racine de Georges Forestier (volume 1).

        Pour Michel de Montaigne, l’édition Pléiade est certes très bien, mais l’édition Villey-Saulnier chez PUF la vaut.

        Brumes,

        La Divine comédie, bien sûr.

        Les annotations de Philippe Jaworski m’impressionnent (Melville, Twain).

        Je me suis aussi déjà fait la réflexion : « Comment peut-on lire Shakespeare sans les annotations de la Pléiade ? »

      • Je ne me mesurerai certainement pas ni à NeoBirt7, bien plus savant que moi, ni à quiconque d’ailleurs, car la tâche de sélectionner dix titres me semble insurmontable.

        Par contre, je mets mon grain de sel pour poser une question : de quoi parle-t-on ? Quel est le sens réel de l’interrogation de « Brumes » ?

        S’agit-il de sélectionner la « meilleure édition » par ses qualités intrinsèques, ou bien des livres essentiels pour lesquels il n’existe pas de meilleur choix (ou pas de choix du tout) hors l’édition en Pléiade ? (Suis pas sûr de m’exprimer clairement)

        Illustration (dans un domaine où j’ai tout de même quelques faibles lumières) : peu me chaut ce que NeoBirt7 ou qui que ce soit d’autre pense de la qualité intrinsèque des éditions des 4 romans chinois classiques en Pléiade, inutile de s’interroger sur leurs qualités et défauts (ou du moins, cela ne peut influer sur la décision de les acquérir) : ils sont de toute façon essentiels, indispensables, in-con-tour-nables… car ils n’ont, et de loin, aucun équivalent « sur le marché » en langue française.

        N’ayant aucun concurrent sérieux, voire aucun concurrent tout court, quand bien même seraient-ils borgnes comme semble le penser NeoBirt7 (avec, me semble-t-il, pas mal d’irrespect pour ceux qui se sont attaqués à ces monuments gigantesques), ils n’en seraient pas moins Rois au royaume des aveugles.

        Quant à mon choix personnel, personne ne sera surpris, me connaissant un petit peu, qu’il se porte sur les trois volumes Gérard de Nerval. Si j’y ajoute « La Recherche » et mes Chinois, les dix volumes sont déjà dépassés…

        Bien à vous tous.

    • Bonjour Brumes.
      Bonjour Christophe et Draak.
      La réponse de Christophe (par le biais de NeoBirt) est complète et éloquente.
      Brumes, vous parliez de votre expérience avec Dante/Pézard… J’ai deux expériences particulières et très riches avec deux volumes de la collection (et très personnelle puisque je suis comédien, conteur et lecteur à voix haute [ce sont de véritables outils de travail, y compris l’appareil exégétique]) :
      – le premier tome des œuvres complètes de Baudelaire
      – le premier tome des œuvres diverses de Balzac (premiers essais)

      En tant que conteur, par exemple, découvrir et faire découvrir  »Hiawatha » via le travail de traduction de Baudelaire (dans quel autre ouvrage publié accède-t-on à cet à-côté dans son intégralité ?)… et pouvoir raconter l’histoire de cette  »curiosité » grâce aux explications de M. Pichois fut un réel plaisir (coupable mais que diable !?) partagé.

      Ces deux volumes rassemblent des pièces très disparates difficilement collectables autrement ; certaines d’entre elles sont (très) difficilement appréciables sans l’appareil exégétique ; et les notes bibliographiques parfois elles-mêmes commentées de & par MM. Pichois ou Castex vous entraînent à la découverte d’autres ouvrages de lecture critique complémentaire, ouvrages complémentaires aujourd’hui nombreux dans ma bibliothèque et dont je ne me passerais plus aujourd’hui lorsque je dois proposer une séance sur l’un ou l’autre de ces auteurs. Dans ces deux cas, chez moi, c’est l’édition Pléiade qui a tout déclenché…

      Bien à vous,

      Krysbald.

      • Dans la discussion récente, j’ai vu mentionnés à plusieurs reprises les volumes d’Oeuvres diverses de Balzac.

        Possesseur du Tome I des « Nouvelles et Contes » en Quarto, je m’interroge: devrais-je acquérir le Tome II et en rester là? Ou bien au contraire les Oeuvres diverses en Pléiade? Ou bien les deux?

        Je ne suis pas sûr d’avoir une vision bien claire qui me permettrait de comparer les contenus et appareils critiques respectifs de ce deux ensembles.

        Et tant que nous sommes sur le sujet: que penser de la correspondance balzacienne? Adorateur de la Comédie Humaine, je ne m’y suis jamais plongé…

    • — Saint-Simon (ça en fait déjà 9…)

      — les romans chinois

      — Les romans de Genet (dans un état qui n’existe pas ailleurs, ou très difficilement trouvable, même si l’apparat critique n’est pas transcendant)

    • Oui, nous voterions pour les Oeuvres complètes de Dante Alighieri (et en particulier « La Comédie ») éditées par André Pézard.

  3. Bonjour Brumes.

    Le volume Pléiade à l’origine de ma collection est Polybe.

    Toutefois, pour rendre service à votre ami, je ne citerai que des auteurs disponibles, au nombre de dix afin de respecter votre suggestion :

    Pline l’ancien

    Plaute-Térence

    Jacques de Voragine

    Mme de Sévigné

    Théâtre du XVIIe s.

    Buffon

    Chateaubriand (Essai… et Génie…)

    Joyce

    Faulkner

    Morand

    Bien à vous.

  4. Pour se concentrer sur ce qu’on ne trouvera pas ailleurs, ou pas ainsi :

    – Dante (ed. Pézard)
    – Au bord de l’eau (Folio propose un texte différent et sensiblement plus court)
    – Le rêve dans le pavillon rouge
    – La Pérégrination vers l’Ouest
    – Océan des rivières de contes
    – Saint-Simon (éd. Coirault)
    – Molière
    – Philosophes confucianistes
    – Comédie humaine (éd. Castex)
    – À la recherche du temps perdu (éd. Tadié)

      • C’est un choix valable. J’ai tâché de me limiter à dix volumes comme j’y étais invité plus haut.

        J’aurais dû d’ailleurs remplacer les deux volumes Molière par la Correspondance de Flaubert à choisir puisque on a tout de même des poches pour Molière aisément.

  5. Moi aussi j’avais été tenté de mettre la correspondance de Flaubert sur ma liste mais ne l’ayant pas encore lue, cela n’aurait pas été très honnête.

  6. Un Strasbourgeois : je suis malhonnête. Je n’ai pas encore lu la correspondance. J’en ai acheté le premier volume la semaine dernière (avec les trois Théâtre du XVIIe siècle), ce qui m’a fait y penser.

    La librairie, rue d’Amsterdam à Paris, avait également la correspondance de Voltaire, pour ceux qui la chercheraient.

  7. Draak,

    La llinguistique étant inséparable de la stylistique, les recherches des spécialistes permettent souvent d’innover dans les postes fondamentaux de cette discipline ( la stylistique) que notre cher Neobirt7 qualifiait de secondaire. Bref. Tout cela pour dire que certains manuels sont un peu datés. Celui de Cogard n’est pas sans mérites, loin s’en faut, mais si l’on parle simplement de l’énonciation, il faut lire les derniers ouvrages de Dominique Maingueneau. Toutes les questions relatives aux statuts actanciels, aux spécificités du récit et du discours en régime de littérarité, sont explorées de manière moins générale, offrant de nouvelles hypothèses, indispensables pour mieux comprendre certains phénomènes d’écriture.

    Consolidez vos connaissances en stylistique, et cela fait, lisez Maingueneau. La lecture est rude, autant vous prévenir…

    J’ai quelques ennuis de santé, mes contributions passeront de dispensables à disparues 😁

    Une excellente soirée à tout le monde.

      • Merci, cher domonkos, pour vos vœux.

        Que vous ayez ajouté zen à votre pseudo, m’étonne 😄 c’est quand vous êtes passablement « énervé » que nous vous préférons.

        J’en pprofite pour vous informer qu’une edition ultra collector, grand format, du nom de la rose, par Manara, est disponible en exclusivité à la boutique Momie, rue Dante, à Paris.

        également, je n’hésite pas un instant pour dire que l’édition Molière, par Forestier, représente un sommet dans l’histoire de la Pléiade.

        Prenez soin de vous, cher Domonkos. Zen.

        Zino.

        • Soyez infiniment remercié Zino.

          Georges Forestier est aussi en forme que vous et votre remarque sur son Molière (que je partage en y ajoutant Racine), tombe vraiment à pic. Je me permets de la transférer à ses proches.

          • (Je me rends compte que ma formulation est vraiment affreuse. Il faut que je l’étudie très attentivement cette stylistique.)

          • Georges Forestier est décédé aujourd’hui d’ailleurs. Je ne prends conscience de votre message du 1er qu’à l’occasion d’une recherche dans les messages du blog, pour savoir ce qui avait été dit de son Molière.

        • C’est par accident, parce que je me suis mélangé les pinceaux avec le logiciel, que ce « pseudo » a remplacé mon nom en ces lieux.

          C’est un vieux pseudo que j’utilise depuis deux siècles pour une de mes boites courriel, composé simplement de Domonkos(S)zen(es), c’est-à- dire mon nom de l’état-civil. J’ajoute, détail qu’aurait aimé André Breton, grand amateur de « hasards objectifs » qu’ayant porté trois noms officiellement et légalement, successivement celui de ma grand-mère maternelle, puis celui de mon grand-père maternel (pendant trois semaines) et enfin celui de mon père « adoptif » qui m’a rétroactivement « légitimé » quand ma mère l’a épousé… je n’ai jamais porté celui de mon véritable « père » naturel (ou géniteur), qui est Senzani (ce que j’ai appris à 50 ans) : dans lequel on retrouve quasiment les mêmes lettres, notamment le ENZ qui n’est autre que le ZEN en Zorglangue !

          J’aurais pu en faire un roman, mais je déteste la mode des autofictions toujours pleurnichardes ou vengeresses, voire – c’est encore « mieux » – les deux à la fois.

          J’ai, bien sûr, acquis le premier tome du « Nom de la Rose » de Manara, et je ne suis pas sûr, malheureusement, d’avoir les moyens de me payer l’édition « ultra-collector » à mon plus vif regret.

          Heureusement, La pléiade me fiche la paix, avec ses minables parutions (un seul volume m’est indispensable, ce printemps, celui sur « La Pléiade, poésie et poétique ») et je vais pouvoir, sur les conseils de Codaccini, me payer la Correspondance Générale aux éditions du Sandre et les Oeuvres de Pétrus Borel, chez le même. Soit, deux beaux livres pour le prix d’un pléiade… je suis certain de ne pas perdre au change.

          Faites-nous signe de temps en temps… Bien à vous.

          • Évidemment, ce que je raconte n’a aucun intérêt (même moi, je commence à m’ennuyer en le racontant), et ne sert qu’à énerver-ceux-que-j’énerve. On se contente de petits plaisirs innocents à mon âge.

  8. Bonsoir Brumes.

    Mes 10 pléiades indispensables avec un peu de retard.

    Chrétien de Troyes

    Rabelais (Huchon)

    La Fontaine I (Collinet)

    Cervantès (Canavaggio)

    Voltaire (romans et contes)

    Nerval III

    Baudelaire (Pichon)

    Victor Hugo (Châtiments-contemplations)

    Michaux (2 premiers volumes).

  9. Concernant le Quichotte, il est de coutume plutôt désormais de recommander l’édition suivante : FANLO Jean-Raymond, deux vol., 2008 (éd. Le livre de poche, « La pochothèque », reprise aux mêmes éd., coll. « Classiques », deux vol., 2010). [je ne peux attester exactement des éventuelles différences entre ces deux éditions, n’ayant pas les deux]

    Par ailleurs, je signale qu’une nouvelle éd. est en cours de pub. : COUTELLE Éric, un vol. paru, 2022- (éd. Classiques Garnier, coll. « Littératures du monde »)

    • Ma coutume pour le Quichotte est de recommander la traduction fluide et intelligente d’Aline Schulman au Seuil / Points. Toujours déçu par les traductions en Pléiade.
      Pour les 10 essentiels, j’ajouterais que j’apprécie beaucoup la compacité introuvable ailleurs de la Recherche en 2 volumes et Les Épicuriens…

      • Ma Pléiade favorite, pour la péréquation entre l’importance de l’auteur et le progrès textologique accompli par l’éditeur (critique, exégèse), est en prose le Maupassant des contes et nouvelles signé Louis Forestier, également éditeur valeureux de Rimbaud., ex aequo avec le Fromentin du regretté Guy Sagnes, deux travaux <i>epochemachende</i>, en poésie le tome I de Vigny par Jarry et Germain, avec un commentaire métrique, lexicographique, poétologique, etc au niveau de celui du grand Pichois à Baudelaire, et souvent le dépasse. Le Molière de G. Forestier, quoique admirablement documenté, doit trop et de trop près à une doctrine dramatologique durcie en axiomatique (sa réédition des pièces raciniennes déjà optait pour une conformation textuelle très radicale selon un choix de goût que le Niçois tentait en vain de fonder en raison ; redisons-le, une collection pour lettrés et étudiants ne constitue pas le véhicule adapté à des innovations radicales dans l’établissement du texte, que ce soit sur Racine ou les <i>Essais</i> de Montaigne). Que diriez-vous si je traduisais Homère en prétendant distinguer, à la Bérard, les parties présumées anciennes des diverses continuations et en athétisant tout ce qui heurte ma propre vision de la société, des us et coutumes, de la langue épiques ?

        • Neobirt,

          A la page XXVIII ( chronologie et avertissement) du tome 2, Forestier rappelle que les corrections apportées à la ponctuation par exemple, ne sont pas motivées par une subjectivité athetisante, mais bien parce que les imprimeurs n’ont pas toujours été dans le respect des manuscrits que les libraires leur apportaient. Forestier s’adresse au grand public, je devrais dire : au Grand Public. Et dans ce public, je mets pêle-mêle le comptable qui travaille à Nanterre, le vendeur de lunettes de Montargis ou l’étudiant agregatif, dont les parents eux mêmes… Bref.

          La motivation première de Forestier à toujours été la clarté : rendre le texte intelligible au plus grand nombre.

          Ce n’est peut-être pas une edition scientifique au sens où vous l’entendez, elle n’est donc pas « ne varietur » mais c’est une édition savante. Et plus que tout, elle affirme à chaque page de note, l’amour presque charnel d’un grand universitaire pour une langue en perdition. Qui se perd. Qui est peut-être déjà perdue : La nôtre.

          Je laisse aux amis de ce fil, le soin de vous donner le change, je suis à l’hôpital, j’essaie de me ménager. Mais je me devais de réagir. Forestier, comme jadis Frédéric Deloffre ou plus près de nous, Jacques Dürrenmatt, ou Franck Neveu sont la fierté de notre Ecole moribonde. L’école française, cette fortesse des Humanités, devenue château de cartes.

          Il nous reste quelques carrés d’as. Essayons de ne pas trop les froisser.

          • Dans le Grand Public, à côté de la comptable de Nanterre, il y a l’expert-comptable de Dunkerque, qui ne se contente pas d’afficher un mur de pléiades mais dont les nuits de lecture sont plus belles que ses jours de fiscalité.

            « L’amour presque charnel d’un grand universitaire pour une langue en perdition » me fait penser : Georges Forestier est à l’initiative de représentations théâtrales les plus proches possibles de ce que le public de l’époque a pu voir et entendre. C’est une langue du XVIIe à peu près disparue (dont on peut entendre quelques échos au Québec, peut-être), que l’on peut retrouver sur scène grâce au théâtre Molière Sorbonne (dont les acteurs pourtant amateurs sont formidables). Pour avoir vu Andromaque et le Malade imaginaire, je ne peux que vous conseiller l’expérience. Une fois qu’on a entendu ces pièces jouées ainsi, toutes les représentations modernes paraissent bien plates.

            Je vous invite à suivre le Théâtre Molière Sorbonne qui, parfois, offre des représentations « en régions ». En ce moment : Les Précieuses ridicules, que je n’ai pas encore eu le plaisir de voir.

            Zino, prenez grand soin de vous. Je pense à vous.

          • Remettez-vous, Zino, et ne rendez pas votre âme en me rendant bourrade pour bourrade.

            Rien de ce que vous écrivez, du reste, n’invalide ma remarque sur le caractère aprioristique de F. comme éditeur et commentateur de la poésie dramatique. Mon éloge de L. Forestier sur Maupassant et André Jarry-François Germain sur Vigny poète aurait dû vous détromper sur ce que j’entendais exactement.

  10. Marrant comme, dans chaque « affrontement » entre NeoBirt7 et Zino, je ne parviens pas à me décider et à décider réellement (peut-être la raison toute simple est-elle mon incapacité à me hisser à leur niveau, chacun dans sa partie, moi-même ayant la mienne).

    Aussi faibles soient mes lumières en ces matières, il me semble toujours qu’il y a du bon, du très bon, des deux côtés, même quand ils sont contradictoires (là, je sens bien que je prépare ma propre condamnation, et pourtant, je ne suis pas un tenant du « chacun sa vérité » ou du « tout est dans tout et son contraire » ou encore « toutes les opinions se valent », etc). Mais, parfois, chacun de nous ne voit que ce qui l’oppose à l’autre, alors qu’un tiers voit ce qui les rapproche ou les complète.

    Du moins, trouvai-je chez les deux assez d’ingrédients pour faire mon miel, qui vaut ce qu’il vaut, mais c’est celui qui me convient. J’en redemande !

  11. Il est très agréable de voir Brumes reprendre des couleurs ! Je profite de la présence de plusieurs membres de cette auguste compagnie pour demander quelques recommandations de lecture sur la théorie de la littérature. Je n’ai pas d’attentes particulières, j’ai lu un peu de Compagnon, de Genette – que je ne crois pas être tenu par ici en haute estime – et quelques ouvrages des principales écoles (Barthes qui m’est tombé des mains, Richards, Paul de Man). Je sollicite également l’éclairage de Neo-Birt7, qui doit connaître quelques noms des traditions anglo-saxonnes et germaniques ; j’ai tout particulièrement été conquis par Erich Auerbach, une véritablement révélation dans l’analyse du tragique français, mais aussi Curtius par un article non moins inspiré et à la rigueur philologique imparable. J’ai baigné durant mes études dans les travaux de Genette sur les figures, et l’indigestion de néologismes et de vastes systèmes typologiques m’a vite éloigné de cette discipline…

    PS : je vous transmets tous mes vœux de bon rétablissement, Zino.

  12. Draak, Cinna, Domonkos. Merci. Fassent les dieux que mon âme soit rendue un peu tardivement… Sicut olim romani senatori, festino lente 😄

    si spiritus déficit, animus et fortitudo semper adsunt.

    🖐️

  13. Erratum : romani senatores 😄

    Jai deux énormes tuyaux dans les narines qui me permettent de garder à peu près normal mon taux d’oxygène. Cela fait un bruit d’enfer et ralentit méchamment le cerveau.

    Suis très fatigué. À bientôt amis Brumesques.

      • A cette merveilleuse liste de pléiades indispensables, je me permets d’ajouter le Rimbaud d’Antoine Adam. Fasse que ce site demeure le plus longtemps possible et merci à tous pour vos interventions si indispensables et si régénératrices d’espoir dans cet étrange monde où l’émerveillement se fait de plus en plus rare. Je conseille aux amateurs de B.D. L’album de Larcenet qui revisite le livre de Cormac Mc Carthy et en fait un quasi chef d’œuvre pictural. Le 9ème art s’en réjouit.

        • Carton plein pour La Route. Excellent livre, excellent film, excellente BD. C’est assez troublant de penser que le même dessinateur a fait La Route, Blast… Et Le Retour à la terre.

          • Quand les gens raisonnables sont devenus fous, les fous (Larcenet) reviennent à la raison.

            Il y a encore quelques années, j’adorais ces histoires post-apocalyptiques tout en les prenant pour des fantaisies de notre imaginaire. Aujourd’hui, je pense que « La Route » est un de nos futurs possibles. Et c’est effrayant.

            Au moment où l’Europe semble re-saisie par son vieux démon, sa véritable vocation : la guerre suicidaire. Où le rêve de de Gaulle « l’Europe de l’Oural à l’Atlantique » semble sur le point de se réaliser, sous forme de cauchemar : « l’Europe de la Guerre, de l’Oural à l’Atlantique », où les va-t-en guerre, à Moscou et à Paris veulent nous rejouer 1914…

            Romain Rolland, Giono, au secours ! S’il existe aujourd’hui un Stefan Zweig, il doit être en train de se suicider.

          • « l’Union Européenne, c’est la Paix » qu’y disaient…

            Napoléon nous avait déjà fait le coup : « L’Empire c’est la Paix ! »

  14. Le très grand dix-septiémiste Philippe Sellier nous a quittés hier ; par ses travaux, plus encore par ceux qu’il dirigea, fit écrire, ou accueillit dans les collections à lui confiées par Honoré Champion, il laisse un vide immense dans nos études littéraires. Puisse la terre être légère à cet être exquis !

    Petitlecteur, on ne peut en conscience placer au premier ou même au second plan le Rimbaud d’Adam. Quoique utile comme assemblage de documents, cette édition ne reçut pas sans raison un accueil glacial parmi les spécialistes, à l’ordinaire gent incroyablement vétilleuse et égrotante, mais ici offusquée avec parfaite justice par le caractère non contrôlé des spéculations littéraires qui remplissent l’annotation ; par un évident défaut de rigueur dans la collation des matériaux primaires et l’établissement du texte composite des poèmes ; par l’extension peu ou prou acritique des matériaux pararimbaldologiques (la partie épistolaire s’ouvre à maints textes dépourvus de rapport tout, même indirect, avec l’homme aux semelles de vent, mais intéressant de siens correspondants ou son effroyable famille ; des textes attribués posaient déjà problème dans les années 60 et 70, que plus personne ne donne à Rimbaud). Pour ce qui tient à l’exégèse, la comparaison avec le travail anthologique de Suzanne Bernard aux Classiques Garnier, surtout révisé par Guyaux dans les années 80, ne tourne pour ainsi dire jamais à l’avantage d’Adam ; les deux cents pages de notes de Mlle Bernard, malgré quelques défauts, de la rigidité et l’inévitable vieillissement engendré par le progrès des études sur Arthur, demeurent encore ce qu’on a écrit de plus stimulant à l’usage des néophytes.

    • Oh ! Neo-Birt7, bien évidemment je m’incline, n’ayant pas votre savoir littéraire. J’avais juste eu beaucoup de plaisir à lire le travail d’Antoine Adam qui, quand je l’ai lu, démystifiait alors les spéculations sur le poète et me semblait-il rétablissait une vérité plus humaine. Entre autre, le poète disparaissait sous l’homme d’aventures parti loin de son Nord natal, dont on ne savait pas grand chose, ce qui pour moi représentait alors une sorte d’image représentative de tout humain : l’impossibilité de comprendre l’autre et au mieux de s’approcher un peu, un tout petit peu de soi. Je tiens à vous remercier pour ce que vous avez apporté à ce blog que vous continuez à enrichir de votre savoir.

      • Si vous voulez une bonne démythification de Rimbaud, la ressource basique tient dans l’énorme biographie du regretté hématologue érudit Jean-Jacques Lefrère (Fayard, 2001 ; rééditée chez Bouquins, 2020). Pour la connaissance du moindre petit fait biographique, prosopographique ou matériel, elle est sans rivale (notons la fâcheuse habitude des notes à ne mentionner aucune pagination dans les références bibliographiques ; ces dernières sont donc peu ou prou inutilisables). Deux grosses faiblesses cependant : l’examen biographique de la poésie rimbaldienne par Lefrère manque de solidité comme de flair (on préférera le classique Mythe de Rimbaud par Etiemble sur ce plan, quand même cet ensemble tonitruant est inférieur à sa réputation, ne serait-ce que parce qu’il n’a pas fait entrer une grande bolée d’air frais dans la sacristie des adorateurs d’Arthur le génie), et la mise au point sur l’homosexualité du poète respire un certain puritanisme, rançon de la date de l’ouvrage (c’était aussi le cas dans la catastrophique Edition du Centenaire dirigée par Borer).

        • Neo-Birt7,

          Pouvez-vous, s’il vous plaît, donner quelques indications supplémentaires sur sur les raisons de l’adjectif « catastrophique » pour l’édition de Borer ? Aussi, quel serait l’édition ou les éditions de Rimbaud que vous recommanderiez, hormis celle aux Classiques Garnier ?

          Je vous remercie.

          • L’édition Borer, oeuvre collaborative, représente un raté technique inquiétant dont la responsabilité incombe presque entièrement à Borer. Voyageur, cinéaste et écrivain davantage qu’érudit besogneux ayant longue pratique de la bibliographie rimbaldienne, cet universitaire a écrit l’introduction, un essai d’une idiosyncrasie débridée à la rédaction verbeuse, confuse, pétaradante calculée pour jeter de la poudre aux yeux plutôt que pour instruire le lecteur, et il établit les textes en promettant ce qu’il ne pouvait tenir, à savoir une mouture semi-diplomatique de toutes les versions connues rangées dans un ordre chronologique strict (en vérité impossible à établir, entre pré-recueils de date et / ou d’extension incertaine, classements problématiques, témoignages externes ne se recoupant pas, lacunes documentaires criantes, etc), et en arrimant l’entreprise à ce qu’il nomme pompeusement le paradigme Oeuvre-Vie, lequel n’était pas encore assez bien établi à son époque pour servir de fil rouge crédible (il fallut attendre la biographie monumentale de Lefrère afin de disposer enfin d’un cadre exhaustif). Il en résulte que Borer présente un chaos de versions trop souvent artificielles par hybridation (in)volontaire, où la part de la hâte, de la négligence typographique ou scripturaire, ainsi que l’absence de collation systématique des sources (il se repose largement ses devanciers qu’il assassine pourtant à la première occasionne), sont excessivement élevées ; l’éditeur oublie régulièrement jusqu’à un quart ou la moitié de la documentation manuscrite et / ou imprimée disponible pour tel ou tel poème, télescope des strophes avec une fréquence jamais vue avant cette Edition du Centenaire et jamais battue depuis, ponctue sans rigueur en dépit de sa prétention à une fidélité vétilleuse aux manuscrits. Voir l’editio maior de Murphy, pp. 10 et note 4, 56, 109-110, 114-115, et la très longue recension que ce grand savant a publiée avec Olivier Bivort dans les Studi Francesi de 1994. Cette édition Borer ne vaut que par son commentaire plurivoque signé d’une pléiade de très fins connaisseurs et qui ne craint pas de présenter des points de vue divergents pour la même poème ; il ajoute beaucoup à l’annotation de Bernard (même révisée par Guyaux), permet souvent de se dispenser du fâcheur Adam, et complète utilement les notes de Guyaux dans sa propre Pléiade.

          • Pour une édition strictement critique de l’oeuvre versifiée déployant la totalité des variantes, y compris toutes celles de pure forme (graphie, voire ponctuation, parfois ductus), on trouve encore à des prix peu ou prou acceptables le tome Ier de F. Eigeldinger – G. Schaeffer, Table de concordance rythmique et stylistique des Poésies d’Arthur Rimbaud, Neuchatel, La Baconnière / Payot, 1982. Ce travail admirable présente le gros inconvénient de laisser hors champ le petit corpus zutique et parazutique. Moins austère et infiniment plus riche avec son introduction de 150 pages, ses notices détaillées sur chaque groupement de poèmes, son commentaire critique abondant et, chose autrement plus rare dans la production savante rimbaldienne, en principe impartial, sinon objectif, l’editio maior de Murphy chez Champion (1999), hélas fort coûteuse, n’est pas pour toutes les mains : la présentation de la totalité des versions existantes pour chaque poème, qui engendre un nombre considérable de redites et de blanc sur les pages, l’abus des sigles, la présentation déroutante, la rédaction austère en font un outil ad usum eruditorum. Elle n’est du reste pas exempte d’affirmations tendancieuses, voire d’erreurs, rançon d’un esprit parfois un rien trop systématique (pour les poèmes zutiques, il est faux de clamer qu’on lit parfois mieux le fac-simile de Pia dans sa mouture originale, en deux volumes, au Cercle du Livre précieux [1961] que dans le reprint plus largement diffusé, en un seul, chez Pauvert en 1962 – c’est un paléographe qui le dit, alors que Murphy a commencé sa carrière comme documentaliste, la différence est illusoire ; pour les poèmes zutiques, la Pléiade d’Adam n’a pas réduit le commentaire qu’on trouvait dans celle, antérieure, de Rolland de Rénéville et Mouquet – en effet, ces derniers donnent d’assez longs développements génétiques et contextuels, mais fort peu de notes, pas plus qu’Adam en vérité ; bref Murphy dépend de souvenirs fallacieux ou d’une fiche mal rédigée).

            L’édition courante la plus recommandable de tout Rimbaud, poésie comme proses, soit celle offrant l’appareil de notes étoffé requis appuyant un texte (universionnel) à jour, est sans conteste le bel ouvrage de Pierre Brunel dans la Pochothèque (1999) ; signé d’un spécialiste incontestable qui fit accomplir des progrès décisifs à la poétique de Rimbaud (on ne peut en dire autant de Guyaux, Bivort, Fongaro, Ascione, Steinmetz, a fortiori Borer), il l’emporte sur le tome de Louis Forestier chez Bouquins comme sur la troisième Pléiade, par Guyaux. J’éprouve une tendresse particulière pour le splendide concurrent de l’édition Bernard(-Guyaux) à l’Imprimerie Nationale, savoir le Rimbaud du vétéran américain Cecil Arthur Hackett ; non seulement la base textuelle en est fort sérieuse, grâce à des collations nouvelles pour certaines sources jusqu’alors peu accessibles, mais le texte est impeccable, l’introduction fait dans la simplicité solide, les notes, nombreuses (80 pages à double colonne), sont nettes, justes, perceptives sans basculer dans l’aventurisme d’Adam ou l’hypersexualisme qui constitue le point faible de Murphy qua exégète et d’une grande sagesse comme elle ne s’acquiert qu’au terme de cinquante ans de recherches sur Arthur. Cette édition est hélas rarissime d’occasion, partant onéreuse.

      • Nous avons beaucoup lu, aussi, la Pléiade d’A. Adam. Mais toujours avec un sentiment de frustration… À propos de Larme, par ex. (p. 72), les notes sont absolument inutiles : « Quand il dit qu’il est loin des troupeaux et des villageoises, Rimbaud ne veut naturellement pas dire qu’il est à Paris. Il est dans une bruyère, et il a soin de le préciser au vers suivant » (p. 927). Ben voui, on avait vu… « Je buvais, accroupi dans quelque bruyère » ! Donc ? – Pas un mot, en revanche, sur le fait (car c’est un fait, non une impression) qu’il y a là les premiers vers hendécasyllabiques du génial Arthur. Dommage !

        Dans nos quelques travaux collectifs, nous avons toujours évité ce genre de Note (en particulier les NdT sur les textes traduits), souvent de simples méta-notes faisant plaisir à l’éditeur-traducteur ; mais c’est là un débat complexe qu’il est hors de question d’aborder ici.

        Cordialement,

                 UAPI

  15. Bonjour à tous, quelqu’un aurait-il des renseignements à communiquer sur le nouveau titre à paraître dans la collection, à savoir « La Pléiade – Poésie, poétique ». Sous la direction de Mireille Huchon ? Merci par avance pour vos réponses.

  16. Bonsoir à tous. Je ne fais que passer sur la pointe des pieds et un peu honteux après un si long temps d’absence. Je rougis virtuellement. Mais j’ai besoin d’un petit renseignement à propos de Nabokov tome 1 et tome 2.

    Peut-on faire confiance à la qualité de fabrication de ces deux ouvrages… bref, je vous m’avez parfaitement compris : a-t-on affaire à du Aubin ou à du Roto ?

    P-s : C’est vraiment émouvant et beau de constater ( après – pardonnez-moi ah ah – près d’un an sans avoir consulté cette page ) que presque tous les fidèles sont toujours bien présent ici.

  17. Bonsoir Un Passant, mon tome 1 est du Aubin, avec les défauts mille fois signalés, mais pour moi acceptable, même si cela n’est pas très agréable. Pour le Tome 2 c’est du Roto, impeccable ! Mon estime pour Nabokov est un peu tombée après avoir lu Ada ou l’ardeur (Tome 3) bien prétentieux et bien ennuyeux et aussi parce que j’ai appris que l’auteur n’avait que peu de goût pour Flaubert et Faulkner… Excusez du peu ! Bonnes lectures.

    • Merci PETITLECTEUR.

      Aubin mince. Malheureux Tome un comme je te plains !

      J’ai pour principe de ne jamais acheté en neuf un Pléiade estampillé Aubin.

      Puisse une belle occasion se présenter-mais ce sera sans enthousiasme.

      • Petit rappel : la parution, en octobre dernier, du Cahier de l’Herne, Nabokov :

        « Riche de nombreuses contributions et de quelques inédits savoureux (comme la critique salée de Nabokov sur le Docteur Jivago), un Cahier à faire lire à tous les admirateurs d’Ada ou l’ardeur. »
        L’Express

        Ha ha ha ! Ha !

    • Je ne partage pas votre avis sur Ada ou l’Ardeur, un feu d’artifice de style où explose à chaque page tout le génie de Nabokov, un fleuron du postmodernisme américain. Certes, au premier abord, la lecture n’en est pas aisée, mais une fois qu’on a bien saisi les décors, temporalités et personnages, quel chef-d’œuvre, quelle virtuosité ! Nabokov tenait lui-même Ada pour son grand-livre.
      À titre personnel, il s’agit d’un de mes romans préférés.

      Quant aux détestations de Nabokov, elles sont nombreuses, connues et pas bien méchantes. Vous pouvez ajouter à la liste un certain Dostoïevski. Il y a un passage dans Ada où il se moque allègrement de La Parure de Maupassant, jugeant invraisemblable et ridicule que le mari, présenté comme un petit fonctionnaire pointilleux, ne se soit pas assuré de la valeur du collier avant de s’endetter pour la vie. Nabokov n’a pas tort mais dans ce cas, il n’y a plus de littérature.

      • Chacun, évidemment, a une approche différente et c’est très bien. Je ne commenterai pas. « La Parure » de Maupassant, lue quand j’étais adolescent et superbement adaptée à la télévision dans les années 60, m’a profondément marqué. Demande t-on a une œuvre de fiction de se conformer à la réalité ? Certes non ! Cela me fait penser à cette fameuse phrase concernant l’Ouest américain : »Quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende ». Dixit Ford. Bonnes lectures à vous.

    • Aubin ça change tout. C’est maintenant l’infortuné Tome 2 que je plains.

      Même si -par exception- il peut arriver de mettre la main sur des Aubin acceptable.

      Pauvre Tome 2 je cherche seulement à te consoler.

  18. Bonjour à tous !

    L’on a enfin le détail sur la nouvelle édition de Baudelaire :

    tome 1

    Les écrits de Baudelaire de 1836 à Février 1861 : Vers latins – Salon de 1845 – Le salon caricatural – Salon de 1846 – La Fanfarlo – Publications préoriginales de poèmes à paraître dans «Les Flers du Mal» – Les Limbes – Douze poèmes envoyés à Théophile Gautier – Exposition universelle de 1855 – Les Fleurs du Mal (les dix-huit poèmes de la «Revue des Deux Mondes») – Edgar Poe. Sa vie et ses œuvres (et autres textes sur Edgar Poe) – Les Fleurs du Mal (édition de 1857) – De l’essence du rire – Quelques caricaturistes français – Quelques caricaturistes étrangers – Théophile Gautier – Salon de 1859 – Les Paradis artificiels.

    tome 2

    Les écrits de Baudelaire de février 1861 à 1867 : Les Fleurs du Mal (Édition de 1861) – Richard Wagner et «Tannhäuser» à Paris – Réflexions sur quelques-uns de mes contemporains – Fusées – Hygiène – Le peintre de la vie moderne – Mon cœur mis à nu – La Belgique déshabillée – Amœnitates Belgicæ – Les épaves – Atelier du «Spleen de Paris» – [Pensées et aphorismes]. Appendice : Titres, projets et fragments – Notes de lecture – Carnet – Transcriptions.

    • Débile. Scandaleux. « Baudelaire déconstruit ».

      Attentat contre l’Oeuvre et contre l’Auteur. Entreprise destructrice.

      L’oeuvre mise en pièces. En puzzle (au lecteur de le reconstituer, mais un puzzle, même quand il se sert d’un tableau de Van Gogh, n’est jamais une oeuvre, pas même la reproduction d’une oeuvre).

      Travail de fouilleur de poubelles. Irrespect total de l’auteur, de son intention, de son projet, de sa réalisation.

      Inique. Honteux. À rejeter dans la poubelle dont il est sorti.

      • Et je me suis retenu tout au long d’employer les termes orduriers qui me venaient à l’esprit et qu’aurait mérité cette entreprise de démolition. De mise en ruines anté-construction.

        • « Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
          Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
          Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
          Le navire glissant sur les gouffres amers.

          A peine les ont-ils déposés sur les planches,
          Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
          Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
          Comme des avirons traîner à côté d’eux.

          Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
          Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
          L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
          L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !

          Le Poète est semblable au prince des nuées
          Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
          Exilé sur le sol au milieu des huées,
          Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. »

          Les z’éditeurs de cette « édition » sont les marins maltraitant et insultant le poète-albatros. Pauvre Baudelaire, décidément abonné au « guignon », même post-mortem, abîmé par les nains.

      • Décidément, cela se confirme, La Pléiade qui se voulait hier un phare de la Littérature dans sa plus haute expression, est devenu un phare de l’actuelle entreprise générale de destruction de la Littérature (je parle d’oeuvre littéraire, pas d’écrits de divertissement plus ou moins disneyens).

      • Nyugi, nyugi, Domonkos, comme on dit à Budapest. Je trouve ce parti pris d’une présentation chronologique plutôt stimulant. Il répond en tout cas au regret qu’avait exprimé Pichois (Œuvres complètes I, p.818), « Nous eussions souhaité pouvoir reproduire avant le texte de 1861 celui de 1857 : ce n’était pas possible ». Toutes les variantes des poèmes pouvaient être reconstituées grace à ses notes mais de les avoir directement sous les yeux sera tout de même bien pratique. Il va de soi que cette nouvelle édition ne saurait que compléter et aucun cas remplacer les volumes de Pichois, à espérer même que les deux soient stockées et proposées à la vente.

        • NeoBirt7 a déjà savamment répondu, de façon éclairante, et bien mieux mieux que je ne saurais le faire, quant à l’analyse de ce type d’édition.

          Quant à moi, je me pose une simple interrogation (dont je connais l’évidente réponse) : est-ce la place, dans la Pléiade, collection s’adressant au grand public cultivé, pour une édition qui intéresse les savants spécialistes et les maniaques (les deux se pouvant trouver chez un même individu, sans constituer une règle) ?

          Question secondaire : cette place indûment occupée, n’aurait-elle pas été mieux utilisée au profit d’un de ces « grands absents » que nous regrettons cruellement ?

          Enfin, sur le fond, je persiste à penser et à dire que, dans ce contexte, il s’agit d’un attentat contre l’oeuvre et contre le créateur. Celui qui, se fiant naïvement à la réputation d’excellence de La Pléiade, et ne connaissant Baudelaire que de réputation ou fragmentairement, se jetterait sur cette édition découvrirait un Baudelaire-mis-en-pièces, défiguré et rabaissé à l’absolue et quotidienne nécessité qu’il partage avec nous tous.

        • N’attendez de ma part la moindre retenue ni le plus petit remords, mon cher « petit rien. »

          Je vous trouve bien naïfs, aussi imprudents qu’impudents,, ô vous les amateurs de fragments, de variantes, de repentirs, d’hésitations, de bredouillements qui béent gaiement…

          Qu’espérez-vous surprendre ? Le secret de la création ?

          Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Outre l’indiscrétion commise et l’irrespect, plus vous plongerez dans les brouillons et les états intermédiaires, et les tournerez et retournerez, plus vous vous en éloignerez. Le secret de l’oeuvre est dans son achevé, non pas dans ces bas fouillages.

      • Le dogme chronologique appliqué à Baudelaire a déjà donné un monument : il s’agit des deux forts tomes de la collection Le Nombre d’Or au Club du Meilleur Livre (1955), munis d’une annotation étique et de notices ou introductions confiées à des écrivains fameux d’alors. Le résultat fut un farrago sans ordre ni lumière égalisant tout dans l’oeuvre créatrice de Charles, les ébauches inachevées d’un poème ou d’un écrit, les parutions préoriginales de ces derniers, et les recueils peaufinés, en y entrelardant les considérations de critique artistique ou littéraire, les écrits de circonstance et les ephemera, voire les notes de blanchisserie. Quel intérêt à cela, sachant que la justification de telles Oeuvres-Vies – mettre sous les yeux du lecteur toute la production répartie en couches stratigraphiques selon l’ordre de la biographie – est battue en brèche par l’absence délibérée de la correspondance, non moins digne pourtant de figurer aux bonnes dates parmi les ipsissima verba de l’auteur si l’on compose une édition en couches successives comme un oignon ? Au moins le Verlaine du Nombre d’Or par Bouillane de Lacoste et Borel fit-il sa place à la partie la plus instructive des lettres, celle intéressant la littérature et la personne du mari de Mathilde. Les oeuvres complètes les plus réussies, comme le Charles Cros de Louis Forestier et Pascal Pia (Pauvert, 1964), sont précisément celles qui répartissent la matière entre création littéraire et production utilitaire, histoire de ne point nuire à l’intérêt propre de chaque écrit, recueil ou pièce, en les ventilant selon l’ordre tout artificiel de la chronologie. Je partage parfaitement la colère de Dominique ; Guyaux tombe dans l’ornière symétrique de celle qui fit imaginer par Banville et Asselineau les Curiosités esthétiques ainsi que L’art romantique, qui pis est non point pour des motifs savants intrinsèques mais afin que sa Pléiade se distinguât de celles, superbes, de Le Dantec révisé par Pichois (le volume à posséder !), puis de Pichois seul.

        • Cher Neo-Birt7, si je vous ai bien lu, vous préférez donc l’édition de 1951 à celle de 1975-1976 ?

          Par ailleurs, j’avais écrit à Gallimard il y a quelques temps concernant les ajouts successives depuis l’éd. de 1973 de la correspondance car il semblerait que, bien que Gallimard ne le mentionne pas, les volumes aient évolué depuis. Je n’ai pas reçu de réponse ceci dit.

          J’avais noté, pour ma part, aussi sujet de la correspondance :

          ►PICHOIS Claude, deux vol., 1973/1993-1999 [nouvelles éd. non mentionnées, la date donnée par l’éd. restant 1973] (éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade »). Complétant et corrigeant ce corpus a paru : PICHOIS Claude, 2000, sous le titre Nouvelles lettres (éd. Fayard) ; DELONS Catherine, 2017, sous le titre Lettres à sa mère (éd. Manucius). Les lettres des correspondants de Baudelaire ont également paru : PICHOIS Claude, 1973, sous le titre Études baudelairiennes IV-V. Lettres à Baudelaire (éd. La Baconnière). Une éd. électronique de la correspondance est disponible : https://eman-archives.org/CorrespondanceBaudelaire

          Le site de la correspondance au format électronique indique en effet : « Notre projet se fonde sur trois éditions qui ont fait date dans les études baudelairiennes : la Correspondance générale, établie par Jacques Crépet aux éditions Louis Conard et parue en six volumes entre 1947 et 1953 ; les deux tomes de la Correspondance de Baudelaire, publiés par Claude Pichois, avec la collaboration de Jean Ziegler, dans la Bibliothèque de la Pléiade, en 1973, et dont un nouveau tirage du premier tome a paru en 1993 (avec un « Supplément » de 25 lettres et reçus), et un nouveau tirage du second tome, en 1999 ; les Lettres à Charles Baudelaire, publiées par Claude et Vincenette Pichois en 1973 aux Éditions de la Baconnière, à Neuchâtel. Plus récemment, deux ouvrages sont venus enrichir et corriger ces éditions : les Nouvelles lettres (Fayard, 2000), où Claude Pichois donne le texte de 75 lettres et documents inédits de Baudelaire ; les Lettres à sa mère (Manucius, 2017), établies par Catherine Delons, recueillant les 350 lettres de Baudelaire à Mme Aupick. En outre, depuis quinze ans, d’autres lettres auparavant inconnues de Baudelaire ont fait l’objet de présentations ponctuelles, en particulier dans L’Année Baudelaire. D’autres encore restent inédites. »

          • L’édition Pichois des années 70 est un travail de type maior, où presque la moitié de chaque tomeconsiste en notices, variantes et un commentaire très développé ; elle manque toutefois de commodité et de netteté, surtout quand il s’agit de se faire une idée des lieux variants. A cet égard, l’édition Le Dantec-Pichois en un très gros volume des années 50, munie de seulement 260 p. d’appareil critique où la part de l’exégèse est très réduite, permet fort commodément d’embrasser les textes et leurs variantes, en particulier pour les Fleurs du Mal. Je m’en sers comme d’un bréviaire à côté du gros Pichois, de l’édition Crépet-Blin des Fleurs du Mal (en collationnant l’originale contre sa révision par Pichois), et, pour l’élucidation, du Commentaire de Cherix, du Classique Garnier d’Adam et de la très stimulante édition scolaire de Delabroy (Magnard, collection Textes et Contextes, 1987).

          • Je trouve intéressant que vous mentionniez l’édition Textes et Contextes des Fleurs, que j’ai acquise il y a une vingtaine d’années complètement par hasard, et tellement appréciée que je me procurai plus tard le Contrat Social, le Père Goriot et Madame Bovary.

            Hélas, malgré quelques recherches, pas moyen de mettre la main sur un autre volume depuis. Certains, comme le Rouge et le Noir, annoncés sur la quatrième de couverture, m’ont mis en appétit, mais j’ignore s’ils furent même publiés, ou si cette annonce resta sans suite…

          • Les Fleurs du Mal, Candide, Le Contrat Social et Madame Bovary comptent parmi les fleurons de cette jolie collection, hélas tôt avortée et dont les professeurs du secondaire n’aimèrent jamais trop recommander l’usage à leurs élèves, entre ceux qui les pillaient dans leur propre enseignement et tous ceux qui n’y regardaient jamais, histoire de s’éviter un trop long labeur personnel. Brighelli et ses collègues écrivirent dans cette même série un superbe manuel d’histoire littéraire, plus répandu me semble-t-il que les volumes d’oeuvres car il ringardisait, même à des yeux chafouins de pédagogues blanchis sous le harnais, le sinistre Lagarde et Michard, mais trop fragile et dont les exemplaires en bel état se font rare (le cartonnage glacé s’adossait à des cahiers mal cousus et encollés à l’économie qui craquaient promptement).

          • Ces volume sont remarquables, et contiennent en effet bien plus de trésors qu’une édition scolaire quelconque. Dommage qu’elle ait sans doute avorté avant la parution de Phèdre ou Gorgias…

            J’ignorais par contre que le manuel ‘Textes et Contextes’ que j’ai parfois rencontré ne portait pas le même titre par simple coïncidence… Je suis un heureux possesseur des tomes de la collection d’Henri Mitterand. Comment compareriez-vous celle-ci à la susdite?

          • Vous parlez des manuels de littérature gris acier de chez Nathan? Ils sont sérieux et appliqués, mais assez sinistres, dans mon souvenir ; pas de quoi retenir l’attention d’un fou de nos lettres françaises dont la chambre de transmission est l’Antiquité classique, levantine, mésopotamienne. Trop de nos usuels sont soit des vieilleries (le terrible Morisset et Thévenot en latin, de qui des générations de tirons dérivent leur haine de cette langue) soit de méchants travaux collectifs torchés en hâte pour répondre au pédégogisme ambiant, sans grand recul, qui se repassent à peu près les mêmes extraits, en les découpant un peu différemment histoire de ne point trop paraître s’entre-plagier.

          • Neo-Birt7, je vous remercie pour votre réponse détaillée.

            Marsay, plusieurs autres volumes de cette collection (Racine, Augustin, Bergson, Maupassant, Voltaire, Corneille, Lafayette…) semblent bien disponibles d’occasion en ligne – pas toujours annoncés en très bon état cependant.

  19. Et pourquoi pas l’édition joliment illusté par Bernard Yslaire qui aprés la biographie trés personnelle de Baudelaire ( Mlle baudelaire) poursuit son travail autour des Fleurs du mal; d’une imagerie tragique, les poêmes de Baudelaire trouvent en Yslaire un passeur des plus poétisant

    Chez aire libre ( édition originelle de 1857)

    C’est simplement magnifique…

    • Absolument !

      « Je dirais même plus… »

      (Notamment son « Mlle Baudelaire » qui est une belle création, envoûtante ; sans tomber dans le piège du wokisme type « MeToo », ce qui constitue la plus belle façon de respecter les deux amants).

  20. Je radote et je m’en moque ; mise à plat dont décontraction de l’oeuvre, destruction de l’architecture de l’oeuvre, suppression de la hiérarchie des écrits et des publications, tout est mis au même niveau : au ras des pâquerettes.

    Conclusion : ce fameux Baudelaire, hein ? rien qu’un scribouillard comme tous les autres, en fin de compte…

    « Ce Baudelaire ailé, comme il est gauche et veule !
    Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid ! »

    • Je ne comprendrai décidément jamais pourquoi la Pléiade se refuse à exiger de ses éditeurs l’écriture d’un article de prolégomènes exposant la philosophie de chaque volume à paraître. Cela permettrait au lecteur de disposer d’un minimum d’éclaircissements, toujours bienvenus quand même l’édition n’innove guère dans son patron et indispensables si d’aventure une cote nouvelle, toujours a priori loisible d’apparaître mal taillée, a été adoptée. Trop peu de Pléiades se donnent la peine de rendre raison d’autre chose que de l’établissement du texte, en dialoguant avec le status quaestionis sur l’auteur : dans son admirable Fromentin, Sagnes justifia aussi l’existence de l’édition, rendit compte de son agencement, et signala quels secours il souhaitait apporter à l’utilisateur. Je gage que le Baudelaire selon le dogme chronologique se gardera bien d’aborder ces matières ; tout juste sera-t-il fait renvoyé à l’autorité de Pichois, peut-être aussi de Felix Leakey, l’Altmeister de cette tendance (en dernier lieu pour son Baudelaire. Collected Essays, 1953-1988, Cambridge, Cambridge University Press, 1990). Je le subodore en me basant sur la considérable réticence dont Guyaux fit toujours preuve lorsqu’il s’agit de s’expliquer sur ses méthodes et ses résultats, pour ne pas dire la morgue avec laquelle il traita ses contradicteurs sur Rimbaud, de Murphy à Lefrère. Pour ma part, j’eûs volontiers laissé cet érudit incapable d’admettre un autre point de vue que le sien ne serait-ce que « pour voir », professer dans sa Belgique natale.

      • Vieillesse naufrageuse, que me fis-tu écrire… Lisez : j’eusse volontiers etc.

        Que si l’on me trouve odieusement vipérin envers Guyaux, je voudrais pour preuve de ma sévérité la (peu) désarmante hauteur avec laquelle il crut devoir maintenir ses thèses en face de l’opposition la mieux constituée. Lefrère lui frotta-t-il les oreilles pour les faiblesses de son Rimbaud Pléiade ? Il fit le dos rond en vieux matou matois, sans même en rabattre une once de l’imbécile forfanterie qui lui fait imprimer en petit module les textes pour lesquels nous manquons d’autographes de la main du poète, jusqu’au Bateau Ivre. Un savant à ce point jaloux de l’auteur de l’édition critique la plus scientifique qui se puisse concevoir qu’il la traite dans sa propre édition comme si elle n’avait rien d’extraordinaire ni ne lui avait servi, vaut bien qu’on ne l’épargne point en retour, dédaignant le ton formaté et compassé qui spontanément lui vient.

        • Si cela peut flatter l’ego de votre vieillesse érudite, sachez qu’à la lecture, mes yeux ont effectivement buté sur votre « j’eûs volontiers », mais, me suis-je dit, il est impossible que Neo-Birt7 fasse une faute aussi grossière, il s’agit sans doute d’un usage du subjonctif inconnu de moi, hérité de quelque grammaire antique, il faudra que je lui pose humblement la question. Bref, me voilà rassuré par votre addenda.

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